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le 24/04/1999

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Mylène Farmer - Interview - Le Mag - MCM - 10 juin 2000






Lynda Lacoste: Bonjour et bienvenue dans "Le Mag". Aujourd'hui, c'est un mag exceptionnel puisqu'il s'agit de Mylène Farmer qui n'accepte que très rarement de venir à la télévision. N'oubliez pas que pour tous les artistes, vous pouvez poser des questions soit par internet, soit par minitel, soit par téléphone. Allons-y pour la première partie !


Bonjour Mylène. Merci beaucoup d'être venue dans "Le Mag". Alors, vos concerts sont toujours des spectacles avec une répétition, j'imagine, immense. Mais est-ce que ça vous est arrivée de littéralement ne plus pouvoir marcher sur vos pieds à cause des talons aiguilles ? Et, comment faites-vous pour vous récupérer vite ?
Mylène Farmer : Pour me récupérer vite, je me suis beaucoup entraînée avant de faire cette scène. J'ai un entraînement physique. Quant aux talons aiguilles, c'est assez facile de marcher avec, finalement !


Lynda Lacoste: Ah bon ? Moi, j'ai du mal. Mais, c'est le fait de danser avec...
Mylène Farmer: Je ne danse pas sur des talons aiguilles, ce sont des talons qui sont un petit peu plus larges, quand même. Mais c'est une difficulté, en tout cas un danger pour les chevilles, mais j'ai pris le parti que de choisir ces chaussures. C'est plus élégant.


Lynda Lacoste : Les concerts ne sont pas sans risques. Vous êtes tombée accidentellement à Lyon en 96. Qu'est-ce que vous vous êtes dit ? Est-ce que vous vous êtes dit "Bon, il faut virer quelqu'un tout de suite !", "Est-ce qu'il faut calmer la chorégraphie ? ", "Est-ce qu'il faut faire moins de concerts ?". Qu'est-ce que vous vous êtes dit ?
Mylène Farmer : Renvoyer tout le monde ! (rires)


Lynda Lacoste : Oh ! On vire tout le monde ! Ça m'étonnerait !  Oh oui ?
Mylène Farmer : Non. Je ne sais pas bien quoi répondre. Ça a été un grand choc pour moi, en tout cas.


Lynda Lacoste: Avec votre dernier album, il y avait quand même encore, même dans l'an 2000, des clips qui ont été censurés le jour. Est-ce que ça vous a choqué ou est-ce que vous cherchez exprès d'avoir des clips qui choquent parce que, comme ça, on en parle plus ?
Mylène Farmer : Je crois que ça n'a aucun intérêt que de vouloir choquer à tout prix pour que l'on s'intéresse à vous. Il se trouve que j'aborde des sujets qui sont peut-être un peu épineux, voire tabous. C'est un risque. Maintenant, la censure, et spécialement en France, je trouve, est un peu sévère et s'attaque à tout et n'importe quel sujet ce que je trouve vraiment regrettable.


Lynda Lacoste : Même votre premier clip, Maman a Tort, a été censuré à l'époque.  Mais vous êtes quelqu'un qui est capable de faire des clips qui peuvent durer jusqu'à dix-sept minutes. Quand vous voyez le niveau que vous avez atteint, vous, quelle est votre réaction sur le niveau des clips que l'on peut voir en France en l'an 2000 ?
Mylène Farmer : Là encore, vous me demandez de porter un jugement et j'avoue que c'est quelque chose que je n'aime pas faire. Je peux vous dire en revanche qu'il y a des artistes que j'aime beaucoup et qui font de très beaux clips. J'aime l'univers de Björk, j'aime ce qu'a apporté Peter Gabriel, David Bowie. Il y a beaucoup d'artistes qui ont des clips intéressants.


Diffusion d'un très long extrait du clip Optimistique-moi


Lynda Lacoste : Sur cet album, vous avez travaillé, bien sûr, avec j'imagine un homme dans lequel vous avez beaucoup de confiance, Laurent Boutonnat. Mais, vous avez travaillé avec d'autres compositeurs pour cet album-là. Est-ce que...
Mylène Farmer : Non !


Lynda Lacoste : C'était que lui qui a fait les chansons ?
Mylène Farmer : J'ai fait, moi, quelques chansons, comme compositeur et comme auteur.


Lynda Lacoste : D'accord.
Mylène Farmer :  Et c'est tout !


Lynda Lacoste: Ok. Mais pour les gens, les nouveaux gens avec qui vous avez envie de travailler, est-ce que vous demandez à Laurent son avis ou est-ce que vous lui parlez après d'avoir déjà pris votre décision sur les nouveaux gens avec qui vous avez envie de travailler ?
Mylène Farmer : Si vous me parlez de composition, je n'ai jamais eu le souhait que de travailler avec quelqu'un d'autre qu'avec Laurent. Maintenant, en terme de vidéos, oui j'ai fait appel à beaucoup de réalisateurs différents. Est-ce que je demande son avis : non ! (rires)


Lynda Lacoste : D'accord. Et, parce que justement vos clips sont d'un tel niveau, est-ce que vous accepteriez de travailler avec des nouveaux talents, ou, est-ce qu'il faut toujours quelqu'un qui ait déjà fait leurs preuves pour travailler avec vous ?
Mylène Farmer : C'est d'abord très, très difficile que de trouver un réalisateur, donc, je vois beaucoup, beaucoup de cassettes. C'est vrai qu'il m'est difficile d'aller vers quelqu'un qui n'a jamais rien fait parce qu'on ne peut pas s'appuyer sur un travail qui a déjà..., sur des choses qui sont concrètes, réelles. Donc je vais plus facilement vers des réalisateurs qui ont déjà réalisé des vidéos. Voilà. Donc mon choix s'est porté vers Marcus Nispel, Abel Ferrara et Michael Haussman  le dernier.


Diffusion d'un extrait du clip California

Lynda Lacoste : Vous avez un corps magnifique...
Mylène Farmer : (rires) C'est gentil !


Lynda Lacoste : Est-ce que, pour vous, votre corps est aussi important dans votre travail que votre voix ?
Mylène Farmer : Non. Non. (rires) Je ne sais pas quoi vous répondre, si ce n'est que je... (silence) Tout est important ! On va dire, aussi bien, alors l'apparence physique que le vêtement, que le verbe aussi. Tout est important pour moi. Maintenant, est-ce que je suis obsédée par ma ligne, par mon corps ? Non, absolument pas. Je ne fais du sport que quand je monte sur scène.


Lynda Lacoste : D'accord. Ok. Vous êtes la seule artiste française qui est aussi collectionnée, et même plus collectionnée que Johnny Hallyday. Est-ce que vous êtes quelqu'un qui prend plus de temps à choisir les objets que vous avez envie d'associer avec votre nom ? Et est-ce qu'il y avait des objets que vous avez systématiquement refusé ?
Mylène Farmer : Systématiquement refusé, je n'en ai pas souvenir. Mais je travaille en tout cas avec quelqu'un qui me donne des idées.  Parfois, j'apporte moi-même des idées. Et là encore, c'est quelque chose que je qualifie d'important. En tout cas, je fais attention, oui, à ce que je propose. Voilà !


Lynda Lacoste : Il y a beaucoup de questions sur l'internet, beaucoup de sites qui vous sont consacrés. Est-ce que ça vous intéresse l'internet ? Et, est-ce que vous regardez les sites qui sont consacrés sur vous ?
Mylène Farmer : L'internet m'intéresse, oui. Mais, j'utilise mon computer surtout pour les e-mails. J'aime bien correspondre.


Lynda Lacoste : Et est-ce que vous regardez les sites qui sont consacrés à vous ?
Mylène Farmer : On va rester... Je ne sais... Je m'y intéresse, oui. J'ai du mal à... Le culte de moi-même est quelque chose qui m'est difficile. Maintenant, je sais qu'il y a un travail qui est fait, qui est très bien fait. Donc je regarde ça de près et de loin. Je vais rester évasive ! 


Lynda Lacoste : Alors, sur l'internet, on dit qu'il y a des sites où on peut vous voir nue. Est-ce que votre entourage est au courant de ça ? Et, si c'est le cas, pourquoi ces sites existent-ils encore aujourd'hui ?
Mylène Farmer : Ecoutez, j'ignore ces sites ! (rires) Maintenant, il est facile de faire arrêt sur image quand on prend une vidéo et puis on va sortir l'image en question. Maintenant, si je suis dénudée ou nue dans une vidéo, qu'y puis-je ?  Le faire interdire, c'est très difficile. Très difficile. Même si on interdit, quelqu'un d'autre le fera. Donc tant pis pour moi ou...


Diffusion d'un extrait du clip Libertine

Lynda Lacoste : Pensez-vous qu'on vit dans une société où les jeunes se sentent obligés d'être parfaits, ambitieux, énergiques tous les jours ? Et, qu'est-ce que vous pouvez leur conseiller, les gens qui ont envie d'être individuels, uniques et différents ?
Mylène Farmer : De rester unique, c'est très important.(silence) Qu'est-ce que je peux rajouter ? Qu'il est important, et que je leur souhaite, d'avoir une passion dans la vie. C'est un moteur qui est fondamental pour vivre et survivre.


Lynda Lacoste : Vous avez beaucoup d'émotion en vous. Est-ce qu'il y avait des situations où vous vouliez absolument pas pleurer mais ça arrive, et vous sentez que ça monte quand même. Et, puisque ça arrive peut-être quand même souvent, vous avez une ruse pour éviter les larmes ?
Mylène Farmer : Non, ça, je crois que c'est quelque chose que je ne contrôle absolument pas, et je ne veux pas me défendre que d'avoir justement une émotion forte. C'est arrivé énormément de fois en scène, à des moments auxquels je ne m'attendais absolument pas justement. Et, si je crois, qu'il y a quelque chose qu'on peut partager en scène avec le public, c'est justement une émotion. Donc je n'ai aucune "immunition". (rires)


Lynda Lacoste : Alors, il y a beaucoup de comédiens qui adoreraient avoir autant d'émotions à leur portée. Est-ce que ça vous dirait un jour d'être prof de cinéma ou de théâtre ?
Mylène Farmer : Absolument pas ! (rires) Non !


Lynda Lacoste : Non ?
Mylène Farmer : Non. Et je crois qu'il y a beaucoup de comédiens qui ont leur propre émotion. (rires)


Diffusion d'un extrait du clip live Rêver puis publicité.


Lynda Lacoste : On se retrouve dans "Le Mag" avec Mylène Farmer. Deuxième partie.
Alors, un de mes films préférés, c'est un de vos films préférés aussi, c'est "Frances", joué par Jessica Lange. Et, il y a une scène dans ce film où elle revient chez elle, dans sa ville natale, en tant que grande star, et il y a une femme devant elle qui lui lèche les bottes, et elle dit "Vous n'étiez pas la femme qui m'a haïe il y a dix ans, qui m'a traitée comme pire que rien ?". Et donc, tout le monde a bien vu qu'elle l'a bien remis dans sa place. A l'époque où vous étiez mannequin, est-ce que vous avez eu des gens qui vous traitaient peut-être pas bien, quand vous étiez anonyme, et est-ce que vous avez pu vous faire justice aujourd'hui, avec la femme que vous êtes aujourd'hui ?
Mylène Farmer : Ecoutez, je n'ai pas beaucoup de souvenirs, si ce n'est que je vais détourner la question. Les personnes qui sont méchantes, vindicatives, il y en a, et j'en rencontre encore aujourd'hui. Maintenant, est-ce que j'ai une réaction ? En général, j'essaie, non, d'avoir la réaction contraire à ces instincts premiers, à savoir que je préfère répondre par la gentillesse à l'arrogance. C'est moins douloureux.


Lynda Lacoste : Alors, justement, vous avez dit que vous êtes dans une époque de votre vie où vous êtes en pleine forme, heureuse, beaucoup plus équilibrée, beaucoup plus de confiance en vous. Mais, pour les jeunes qui vous adorent, qui peut-être sont en train de vivre des enfances où ils ont du mal à vivre le bonheur, qu'est-ce que vous pouvez leur dire pour qu'ils sortent de là ?
Mylène Farmer : Là encore, je crois que je n'ai aucune, ni solution, ni même conseil, si ce n'est que j'en reviens à la réponse précédente : c'est tenter de trouver une passion, un moteur dans sa vie. Maintenant, je crois qu'au travers de la lecture, et c'est ce qui m'est arrivé, on peut découvrir des choses, trouver des pansements. Et je crois que, dans le fond, la chose fondamentale, c'est le dialogue, c'est pouvoir trouver une forme de communication.


Diffusion d'un extrait du clip XXL


Lynda Lacoste : Vous avez travaillé avec beaucoup d'américains, vous avez travaillé pas mal aux Etats-Unis. Que pensez-vous avoir appris avec les américains que vous avez pas pu peut-être apprendre ici, en France ?
Mylène Farmer : Probablement... (silence) Je pense au travail. Ce sont des gens qui sont très investis dans leur travail. Ce sont des personnes je crois qui n'ont pas peur du succès et, qui le revendiquent même. Je crois que c'est une rigueur dans le travail surtout. Maintenant, est-ce que j'ai appris ça d'eux, je n'en sais rien mais, en tout cas, j'ai pu, ne serait-ce que pendant les tournages de vidéos, de... Chacun est réellement à sa place et s'investit dans son travail, voilà. Il n'y a pas de mélange entre le sentiment et la fonction. Alors, parfois c'est désagréable, mais parfois c'est agréable parce que c'est efficace et que ça va vite.


Lynda Lacoste : Alors, ce qui est rare avec les artistes, c'est que vous avez des fans qui peuvent venir vingt-quatre heures avant un concert pour venir vous voir. Et donc ils sont là peut-être pour être sûrs d'au premier rang, alors peut-être ils mangent pas, peut-être ils boivent pas, et le concert commence, ils tombent dans les pommes donc ils voient même pas le concert ! (rires)
Mylène Farmer : C'est un peu dramatique tout ça, non ? (rires)


Lynda Lacoste : Non mais ça existe ! Alors qu'est-ce que vous avez envie de dire à tous ces pauvres gens qui vous adorent, qui ont même pas vu le concert du coup ?
Mylène Farmer : Et bien que c'est dommage pour moi ! 


Lynda Lacoste : Mais est-ce que vous pensez que c'est une des raisons pour lesquelles vous aimez bien sortir des live et faire des vidéos de vos concerts ?
Mylène Farmer : Je ne suis pas sûre de comprendre le sens...


Lynda Lacoste : Si il y a tellement de gens qui tombent dans les pommes donc ils voient pas le concert, ils vont le voir en vidéo ?
Mylène Farmer : (rires) Je ne sais pas. Mais, en tout cas, c'est quelque chose de très intéressant que de travailler sur un live, oui.


Lynda Lacoste : Alors, votre dernier concert a été filmé avec une douzaine de caméras, je crois. Est-ce que vous vous sentez différente le jour où vous savez que ça va être filmé, et est-ce que votre spectacle s'est organisé en fonction du fait que vous savez qu'il faut que ce soit filmé aujourd'hui ?
Mylène Farmer : Non, absolument aucun changement. Quant à mon comportement, moi-même, je crois qu'on ne peut pas ignorer totalement la présence des caméras. Maintenant, je crois qu'il y a une dimension telle en scène qu'on finit par oublier ces choses-là. Dans les dix premières minutes, c'est assez présent, et puis après, je fais totalement abstraction. Et le spectacle est totalement le même avant, après.


Diffusion d'un extrait du clip live La Poupée qui fait Non (en duo avec Khaled)


Lynda Lacoste : Alors, vous êtes la seule artiste française, encore une fois, mais cette fois-ci, vous êtes la seule artiste française pour être une artiste diamant. C'est-à-dire que tous les albums que vous vendez, ça se vend à plus de un million. Alors, puisque vous voyez que vous avez un tel succès en France, est-ce que vous avez envie, parce que, en plus, vous êtes quelqu'un qui adore travailler, vous avez envie peut-être d'apprendre d'autres langues pour toucher d'autres marchés dans le monde ?
Mylène Farmer : Ecoutez, jusqu'à présent, ça a été un refus de ma part. Plusieurs fois, on m'a, j'allais dire "proposé" de faire un album anglais ou dans une autre langue. Dans la mesure où j'écris moi-même mes textes, il m'est difficile d'envisager, ou une adaptation de quelqu'un d'extérieur, ou moi-même, je ne possède pas la langue suffisamment pour pouvoir traduire. Et dans la langue française, dans ma langue en tout cas, j'aime bien jouer avec les mots. Donc c'est très compliqué de trouver ça dans une langue qui n'est pas la vôtre.


Lynda Lacoste : On est souvent touché par les peintres parce qu'ils arrivent à nous toucher vraiment à l'intérieur de nous. Quelle est la dernière exposition que vous avez vue où vous avez été vraiment et réellement touchée ?
Mylène Farmer : C'était dans un musée à New York et... L'art moderne... Je peux vous dire les peintres que j'aime : Egon Schiele, évidemment.  J'aime Max Ernst. J'aime Picabia. Et, je vais oublier probablement tous ceux que j'aime ! Mais, j'aime la peinture, oui. Ce sont des moments très privilégiés.


Diffusion d'un extrait du clip Je te rends ton amour


Lynda Lacoste : Il y a un moment dans votre concert où il y a quelqu'un qui peut monter sur scène avec vous. Comment assurez-vous la sécurité dont vous avez besoin ? Parce que on sait jamais...
Mylène Farmer : Là encore... Est-ce que c'est de l'inconscience ? J'en sais rien. Mais je ne pense pas à ces moments d'hypothétique danger. Et là encore, c'est un moment spontané. J'ai mis beaucoup de temps avant que de faire monter quelqu'un sur scène. Et, je préfère là encore une spontanéité. Donc il m'est arrivé, ce n'est pas systématique, de faire monter quelqu'un. Et, dans ces cas-là, non, je pense à autre chose qu'à un danger. Plus un partage.


Lynda Lacoste : Vous êtes terriblement connue dans les pays francophones. De tous les pays d'Europe, pourquoi avoir choisi la Russie ?
Mylène Farmer : Pourquoi la Russie ? Parce qu'ils ont diffusé, quand j'ai commencé ce métier, ils ont diffusé énormément de vidéos. Et puis, il y a des personnes là-bas qui ont beaucoup travaillé sur moi. Et j'avais très envie de découvrir la Russie, en tout cas son public. Je ne peux pas vous dire que je connais bien la Russie, si ce n'est que Saint-Pétersbourg est une ville magnifique, que j'y ai fait quelques rencontres qui sont assez jolies aussi, avec beaucoup d'artistes, des peintres notamment, et que c'est un changement parce que c'est un public qui n'est pas "acquis", si tant est qu'on puisse avoir un public acquis, mais vraiment là, c'était quelque chose d'assez étonnant. D'autre part, ils sont quand même assez brimés : ils n'ont pas le droit de se lever pendant un concert, ils n'ont pas réellement le droit de manifester leur joie, et ils l'ont quand même fait, à la fin du concert : ils se sont levés, ils se sont approchés au bord de scène. Ce sont des moments assez forts.


Diffusion d'un extrait du clip Tristana


Lynda Lacoste : A la sortie d'une tournée, normalement, pour la plupart des gens, c'est des vacances. Mais vous avez déjà envie de retravailler tout de suite ?
Mylène Farmer : Je travaille déjà (rires). Je travaille sur le live en studio, sur le mixage. Et, bientôt sur le film du live. Et, j'ai quelques projets à venir, donc ce sera une période de travail.


Lynda Lacoste : Est-ce que vous êtes quelqu'un qui peut très bien prendre des vacances, ou est-ce que vous vous sentez tout de suite coupable le jour où vous ne travaillez pas ? Est-ce que vous êtes plus contente quand vous travaillez ?
Mylène Farmer : J'ai cette culpabilité, oui, mais j'ai ça en moi : j'aime le travail. C'est quelque chose que j'aime profondément donc c'est... Là encore, je me nourris de ça très facilement. L'oisiveté ne me sied pas du tout ! (rires)


Lynda Lacoste : Alors, ce qui est formidable, c'est que vous êtes, je crois, une perfectionniste, et c'est bien dans le travail. Mais est-ce que ça veut dire que, après chaque concert, vous prenez les musiciens, les chanteurs, les techniciens et que vous faites une espèce de résumé du concert ?
Mylène Farmer : Non, du tout.


Lynda Lacoste : Jamais ?
Mylène Farmer : Non, non. Ni avant. Je sais qu'il y a beaucoup d'artistes qui aiment prendre la main de leurs camarades et faire une prière avant de monter sur scène. J'avoue que je ne connais pas ça. Et après le travail, non. Après le travail, c'est terminé. Après, chacun ponctuellement apprécie ou n'apprécie pas le moment. Mais c'est plus quelque chose, j'allais dire, un état solitaire, de solitude, en tout cas pendant la première heure. Mais ce qui ne vous empêche pas les éclats de rire. Maintenant, quant au résumé de la situation, de ce qui s'est passé, non !


Lynda Lacoste : Justement, est-ce que, pendant un concert, vous avez envie de vous éclater de rire, parce que vous voyez un danseur qui a fait un faux pas, ou je sais pas quoi ? Et est-ce que ça vous est arrivé, devant votre public, de sortir de la chanson carrément ? Ou est-ce qu'il y a jamais eu quelque chose comme...
Mylène Farmer : Sortir de la chanson, non. Maintenant, des éclats de rire, oui, bien sûr. Bien sûr. Ce qui fait qu'on n'est pas des robots non plus ! (rires)


Diffusion d'un extrait du clip Je t'aime mélancolie


Lynda Lacoste : Il y a quelque chose dans mon émission où les téléspectateurs peuvent poser trois questions. J'en ai pris trois. Première question, c'est que, bien sûr, il y a beaucoup de vos fans qui se sentent frustrés parce qu'ils ne vous entendent pas assez en dehors de la scène, et ils ne vous voient pas assez non plus -moi, je suis ravie que vous êtes là aujourd'hui ! Et, est-ce que ça vous dirait un jour d'être un peu plus proche d'eux, dans leur avis ?
Mylène Farmer : Moi je n'ai pas la sensation que d'être loin d'eux. Donc, là encore, une pirouette probablement, mais, j'ai l'impression d'être très proche d'eux. Maintenant, est-ce que ça doit passer par l'interview, par la justification ? Je n'en suis pas sûre. Je me sens, en tout cas moi, proche d'eux.


Lynda Lacoste : Ok. Deuxième question . Vous avez dit que la vulnérabilité est un compagnon agréable et nécessaire. Est-ce que, finalement, ça vous ennuierait d'être parfaite, même s'il y a des jours où vous tentez à tout prix de l'être ?
Mylène Farmer: Là encore, je ne sais pas ce qu'est un être parfait... (silence puis rires)


Lynda Lacoste : Mais il n'y a pas des jours on a quand même envie au moins de faire le mieux qu'on peut faire ?
Mylène Farmer : Perfectionniste, oui. Parfait, absolument pas, non. Ce n'est pas une quête en soi. Mais perfectionniste dans mon travail, oui. Là, ça part, je crois, d'un respect de l'autre et respect de soi-même. Je prends du temps avant de faire une pochette, je réfléchis. J'ai envie d'offrir des choses qui, moi, me plaisent vraiment et...


Lynda Lacoste : Troisième question internet et dernière question. Pour les gens qui se sentent un peu perdus, peut-être ils sont athées, je ne sais pas, qu'est-ce que vous pensez que le bouddhisme pourrait leur apporter ? Et je crois qu'il y a plusieurs styles de bouddhisme…
Mylène Farmer : Ecoutez, ne serait-ce que par curiosité, découvrir cette philosophie. Dire qu'elle est probablement plus douce que d'autres philosophies ou religions, qu'elle est probablement, en tout cas ça l'a été pour moi, plus convaincante, que ce peut être simplement juste un passage dans leur vie, mais que c'est, en tout cas, intéressant que de s'ouvrir à cette philosophie. Ça peut panser l'âme, ça peut aider en tout cas. Là encore, j'en reviens à l'idée de dialogue. Si on n'a pas la chance d'avoir quelqu'un à qui parler, on peut le faire au travers d'une lecture comme ça, parce que vous avez beaucoup de réponses. En tout cas, si ce ne sont pas des réponses, en tout cas, des tentatives de réponses.


Lynda Lacoste : Ok. Je vous remercie beaucoup d'être venue.
Mylène Farmer : Merci à vous. 


Lynda Lacoste : Et bon travail !
Mylène Farmer : Merci beaucoup.


Lynda Lacoste : Merci bien.
Mylène Farmer : Merci.

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