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Mylène Farmer - Interview - Radio Contact - 15 novembre 1995






Interview d'une heure diffusée entre 20h et 21h le mercredi 15 novembre 1995 sur la radio belge Radio Contact.


Extrait de Et tournoie


Radio Contact : Mylène, bonsoir.
Mylène Farmer : Bonsoir.


Radio Contact : Mylène, le retour, je veux dire quatre ans d’absence. Vous n'avez pas trouvé le temps un petit peu long, non ?
Mylène Farmer : Non. J'avoue que j'ai eu besoin de ce temps. J'ai eu besoin du voyage, j'ai eu besoin de découvrir d'autres choses pour pouvoir me nourrir et pouvoir écrire, tout simplement.


Radio Contact : Ça veut dire qu'il y avait un ras-le-bol, une certaine lassitude qui s'était installée ? Qu'il y avait besoin de faire le vide autour de soi, de changer tout à fait son entourage, même sa vision des choses ?
Mylène Farmer : Changer son entourage ? Pas réellement. L'envie que de voyager, oui, définitivement. Et puis, après le film, j'avais envie de faire, est-ce qu'on peut appeler ça une rupture, je ne sais pas, mais en tout cas, effectivement, simplement l'envie de découvrir autre chose et de se régénérer.


Radio Contact : Voilà qui est fait ! Mylène Farmer qui nous revient Anamorphosée. Petite leçon de vocabulaire. Je suppose que c'est un mot que tout le monde ne connaît pas. Je vous laisse nous l'expliquer…
Mylène Farmer : Je vais plutôt vous donner l'explication que moi, j'ai bien voulu lui donner. Je vous laisserai faire l'explication du dictionnaire. Ma perception du monde a probablement changé, en tout cas s'est élargie, et l'idée de l'anamorphose... Cette idée que j'ai eu besoin de l'anamorphose pour "reconcentrer" toutes ces idées, toutes ces impressions et ces sensations pour n'en faire plus qu'une.


Extrait de California 


Radio Contact : Juste avant la pause, on s'écoutait California un des titres de l'album Anamorphosée de Mylène Farmer, un album qui nous vient d'ailleurs en droite ligne de la Californie, et plus précisément de Los Angeles. C'est une ville que vous connaissiez déjà avant ?
Mylène Farmer : Oui, j'ai passé beaucoup de temps à Los Angeles, et précisément, j' ai passé neuf mois. C'était avant, pendant et après l'album. J'ai passé quelques temps à New York également et, ma foi, je m'y sens bien, je m'y sentais bien en tout cas. J'avais besoin de cette idée d'espace, à la fois de perte d'identité puisqu'on ne me connaît pas là-bas, et pour pouvoir, moi, me retrouver.


Radio Contact : Ça fait du bien de se replonger dans une espèce d'anonymat, là-bas ? De se dire qu'on peut mener une vie tout à fait normale ? Parce que bon, ici, c'est vrai qu'il y a Mylène Farmer "la star". Même quand vous vous absentez, il suffit que vous réapparaissiez au détour d'un magazine ou au détour d'un coin de rue et, Mylène Farmer "la star" ressurgit. Là-bas, on peut se balader dans la rue, etc. Ça aide ?
Mylène Farmer : Vivre comme tout le monde, je crois que c'est important. Ne serait-ce que cette notion que de vivre normalement. C'était en tout cas très, très important pour moi. Donc, c'est vrai que ce que j'ai trouvé là-bas, j'aurais pu le trouver à Bali ou ailleurs, mais j'avais quand même besoin d'une ville, j'avais besoin, moi, que de me promener, que de faire les gestes de tous les jours sans avoir quelqu'un qui m'observe. Voilà pourquoi Los Angeles.


Radio Contact : C'était un peu votre rêve américain ou même le rêve californien parce que la Californie, aux Etats-Unis occupe même une place à part dans l'univers des américains. Il y a le rêve américain pour nous, européens que nous sommes et puis aux Etats-Unis, il y a le rêve californien. Californie, c'est toutes les stars, c'est le soleil à perpétuité.
Mylène Farmer : Je crois qu'il y a une qualité de vie qui est certaine. C'est vrai ! Ne serait-ce que le temps, le climat est très agréable. Je crois qu'ils ont une grande liberté. Avoir ce sentiment que l'américain, en tout cas le californien, ne juge pas l'autre, n'a pas le jugement facile, parfois ces regards qui vous dérangent, vous savez, parce qu'ils vous jugent de trop près ou anormalement. Maintenant LE rêve américain, non, je n'en ai pas... je n'en ai pas et je préfère New York par exemple à la Californie. New York est beaucoup plus proche de ma sensibilité, j'allais dire de ma façon de vivre. Maintenant, pour revenir à la Califonie, c'est un endroit qui est agréable, qui est agréable quand on peut y vivre bien. Il ne faut pas l'oublier, non plus.


Radio Contact : Oui. Los Angeles, c'est aussi la cité de toutes les contradictions, la cité des anges, mais également la cité des démons. C'est vrai que la plus grande pauvreté côtoie la plus grande richesse, comme partout aux Etats-Unis…

Mylène Farmer : Oui, c'est très, très fort, là-bas. Donc, c'est vrai que moi, j'étais très, très privilégiée sans jamais oublier ce qu'il se passe, parce que, malgré tout, c'est dans la rue, c'est au regard de tout le monde et puis cette idée de... J'ai passé mon permis de conduire là-bas, donc c'était un peu tardif mais c'est vrai que c'était aussi quelque chose d'important pour moi que de pouvoir prendre une voiture, ça parait désuet comme ça, mais que de pouvoir rouler... C'est vrai que les distances, là-bas, et les paysages sont magnifiques... donc c'est une sensation de liberté, tout simplement, dont j'avais envie.


Radio Contact : Ah bon ? Mylène Farmer a passé son permis de conduire là-bas ! Si tardif ? Pourquoi ? Elle avait peur de conduire ? C'est vrai que Paris, ce n'est pas évident…
Mylène Farmer : Parce que j'ai d'abord un sens de l'orientation absolument déplorable. Vous savez, parfois on n'explique pas bien les choses. Il suffit de changer d'univers pour s'autoriser certaines choses. Effectivement, c'est une peur que j'avais en moi que d'être seule à un volant parce que je pense qu'on m'a toujours dit que c'était dangereux et qu'éventuellement, je n'y arriverais pas. Et vous vous apercevez que c'est une conquête phénoménale que de décider et seule, et dans une autre langue, dans un autre pays, donc c'est une satisfaction un peu puérile, mais très agréable.


Extrait de XXL


Radio Contact : Il y a quelques instants, Mylène Farmer nous révélait qu'elle avait passé son permis de conduire. Ce qui ne vous empêche pas, Mylène, de prendre le train, comme dans le clip XXL. Pourquoi le train ?
Mylène Farmer : Le train... Le train, c'est le voyage, maintenant, vous dire pourquoi il est utilisé dans ce clip, ce n'est pas précisément pour cette raison. C'est vrai que l'idée de Marcus Nispel, le réalisateur, était une très, très belle idée selon moi, et que cette idée du ventre qu'est le train, qui a tous ces enfants à l'intérieur... et toutes ces vies... je trouve que c'est une très, très belle idée.


Radio Contact : Il y a une belle galerie de personnages dans ce clip, il y a des vieilles personnes, il y a des enfants, etc. Chaque visage a été choisi délicatement ?
Mylène Farmer : Oui, je pense que c'est un beau travail qu'ils ont, parce qu'ils font appel à des assistants qui, eux, font les castings après acceptation du réalisateur. C'est un beau travail. C'est vrai qu'en Californie, il y a des visages extraordinaires. Ces visages-là auraient pu être de Hongrie, de Russie...


Radio Contact : Voilà donc pour le clip. Clip qui illustre le premier extrait de cet album, XXL. Mylène Farmer toujours en quête d'amour maximal ?
Mylène Farmer : Oui. Si j'ai envie de résumer, en tout cas, mes envies d'aujourd'hui, c'est effectivement, et je crois que c'est le sentiment de tout un chacun, c'est un peu plus de sécurité et surtout un peu plus d'amour.


Radio Contact : Un amour qui reste quand même, je ne veux pas dire déçu, mais les amours qui transparaissent dans cet album sont quand même plutôt des ruptures, des déceptions. Moi c'est l'impression que j'en ai…
Mylène Farmer : Oui. Ce qui est intéressant, pour moi, aujourd'hui, c'est... J'ai écrit les textes et on se dépossède des chansons une fois qu'elles sont et écrites et interprétées. Donc maintenant c'est moi qui vais découvrir vos lectures. Et donc, pour moi, c'est à la fois une surprise et intéressant... L'évocation de la rupture, je sais pas si c'est que j'ai voulu dire, peut-être que c'est ce que j'ai écrit dans le fond. Maintenant, moi ma rupture, je la situais plus comme une élévation... c'est toujours compliqué, la justification, l'interprétation des choses... que cette envie de s'élever, tout simplement. Donc, tout en ayant à la fois les pieds sur terre et essayant de comprendre l'autre. Mais en n'oubliant pas et c'est peut-être l'espoir que moi, je me suis attribuée, que la mort n'est pas une fin en soi. Donc, en ce sens, si rupture il y a, c'est, j'allais dire, une rupture de l'esprit terrestre et cette envie que d'aller découvrir d'autres choses et d'envisager d'autres choses. Donc, dans le fond, c'est peut-être une envie de spiritualité, tout simplement.


Extrait de L'Instant X 


Radio Contact :  L'Instant X, une chanson de Mylène Farmer, un morceau où vous dites notamment que "l'an 2000 sera spirituel". Vous-même, vous êtes à la recherche de cette spiritualité ?
Mylène Farmer : Moi, j'en ai fondamentalement besoin et je pense quand j'écoute et que j'essaye de lire en tout cas les autres, je crois qu'on a tous envie de ça parce qu'on vit dans un monde qui est de plus en plus désespérant et totalement bouché. Donc qu'on ait ce souhait-là, oui, et pour justifier sa vie, une fois de plus ici et, pour pouvoir l'apprécier. Je crois qu'on a envie d'imaginer que notre vie ne s'achève pas, une fois de plus, quand la mort apparaît. C'est vrai que cette notion-là faisait partie de moi avant et aujourd'hui, je n'en veux plus, je ne l'accepte pas, sinon, moi, je n'arrive pas à vivre correctement donc après, c'est au travers de lectures, au travers ne serait-ce que de réflexions, de méditations... Tout cela est un peu confus dans ma tête !


Radio Contact : Il y a des livres qui vous ont marquée puisque là on a parlé de Malraux ? Je ne sais pas si Mylène Farmer a un livre de chevet qui l'a peut-être éclairée, justement, vers une autre vision des choses ?
Mylène Farmer : Oui. Très, très précisément j'ai eu plusieurs lectures, mais j'ai un livre, je ne sais pas si je peux dire que je recommande, mais en tout cas, moi, qui m'a, je pense, beaucoup appris et beaucoup aidée, qui est Le livre tibétain de la vie et de la mort  de Sogyal Rinpoché, un nom un peu compliqué... mais qui vous parle indépendamment, vous parle du bouddhisme mais... Je ne sais pas si c'était le sujet qui m'intéressait réellement, mais qui parle justement de votre importance, de l'importance de votre vie et de l'importance de lui trouver une qualité pour pouvoir, justement envisager sa mort relativement sereinement et pour pouvoir envisager des choses qui sont l'après-mort. Donc ce sont autant de choses qui sont... qui sont très belles d'abord et qui vous donnent un petit peu d'espoir.


Radio Contact : C'est un livre qui vous a aidée à exorciser, peut-être, cette image ou cette présence de la mort qui était ancrée profondément en vous ?
Mylène Farmer : D'une certaine manière, oui, je crois qu'on a... que chaque être est très, très isolé même s'il a des amis, même s'il a des conversations. On a quand même en soi cette solitude et cette difficulté que de communiquer. Donc on se pose de vraies questions, des questions parfois qui vous hantent toute une vie, et parfois, on trouve les réponses, on pense trouver les réponses. Donc, c'est vrai que j'ai eu sans acharnement, mais j'ai eu cette réponse et vous pouvez prendre quatre personnes différentes qui vont lire la même chose, elles vont y trouver des réponses différentes. Donc, moi, j'ai trouvé quelque chose qui m'a... comme un baume, donc j'y trouve un sens, voilà et c'est vrai que ça m'a beaucoup, beaucoup aidée.


Extrait de  Tomber 7 fois....


Radio Contact :  Mylène, on vient de s'écouter Tomber 7 fois… "se relever 8", c'est un peu votre devise dans la vie ?
Mylène Farmer : Oui, en tout cas, ça fait réellement partie de moi. Un, je ne me donne pas le droit de tomber, en tout cas plus bas que terre, et j'ai toujours cette volonté  que de relever la tête. Ce n'est surtout pas moi qui ai inventé cela, c'est un proverbe chinois qui dit: "tomber sept fois, toujours se relever huit". Et, que c'est toujours une belle idée, c'est toujours cette notion... cette résurrection, cette envie que de se redresser donc, c'était quelque chose que j'avais envie d'exprimer.


Radio Contact : Dans un autre genre plus futile dirons-nous, il y a Alice, la petite araignée. Les araignées, ce sont des petites bêtes qui vous intéressent ?
Mylène Farmer: J'ai une phobie des araignées (rires) mais j'ai toujours eu en mémoire... c'était une toute petite histoire d'une petite araignée dans une cellule et qui était le compagnon et le seul compagnon du prisonnier, ce qui n'a rien à voir avec le thème d' Alice, mais... mais je peux apprivoiser aussi une petite araignée ! (Rires)


Radio Contact : On dit "araignée du matin chagrin, araignée du soir espoir". Est-ce que l'araignée est un symbole particulier pour vous ?
Mylène Farmer : Non. Non. L'araignée... vous savez, parfois, on a des choses comme ça qui vous viennent, vous ne savez pas pourquoi... et c'est vrai, quand j'ai entendu cette musique qui a cette boucle, cette répétition et j'y voyais bien le... la marche d'un petit animal comme ça. Et puis après, vous ne savez pas, vous parle... Alice est devenue l'artiste et la représentation du mal-être de l'artiste. (Rires)


Extrait de Alice puis de Sans Contrefaçon.


Radio Contact :  Sans contrefaçon Mylène Farmer... Mylène qui me semble un peu bourrée de contradictions. À vous voir là, en face de moi, vous avez l'air un petit peu fragile, pourtant, ce n'est pas vraiment l'image qui transparaît de vous. On a plutôt une image qui est synonyme de provocation.
Mylène Farmer : Oui,  je pense que je ne suis pas un cas unique, je crois qu'on a tous des paradoxes qui sont assez violents en soi et ces paradoxes font partie de moi, oui. Maintenant, moi j'y vois, puisqu'on a la pochette devant les yeux... J'y vois quelque chose de plus pur que de provocateur... si ce n'est que l'idée de provocation fait aussi partie de ma vie, sans parler de revendication, je trouve que c'est important que de provoquer, au moins susciter quelque chose, une réflexion en tout cas ou une révolte.


Radio Contact : Ça ne s'arrête pas à Mylène la provocante comme on a pu, parfois, vous coller cette image, parfois un peu excessive…
Mylène Farmer : Bien sûr mais ça, malheureusement, on ne peut pas faire le procès de ces choses un petit peu caricaturales ou réductrices. Dès l'instant où vous chantez Libertine ou Sans contrefaçon, c'est vrai que la notion d'étiquette est quelque chose qui fait partie de notre société et donc, dès l'instant que moi j'ai accepté de l'idée de Libertine, pour ne parler que de ça, il faut accepter tout ce qui va aller avec, et les réflexions et la caricature.


Extrait de Libertine.

Radio Contact : Là, on a parlé des réflexions et autres commentaires qui ont accompagné cette chanson. Parfois, vous n'avez pas eu envie de remettre les pendules à l'heure ?
Mylène Farmer : Non. Qu'on ait des coups de colère quant à certaines réflexions, justement cette façon que de réduire un être à un état ou à une provocation... Oui, parfois...  Moi, c'est plus une notion de colère que de réelle tristesse, parce que dans le fond je n'attache pas beaucoup d'importance à ça, et je crois que, de tous temps, j'ai ressenti les choses de cette façon... Vous dire qu'on n'est pas touché, atteint, ce serait faux, un mensonge mais, une fois de plus, je n'y attache pas grande importance. Ce que l'autre pense de moi, s'il a envie d'essayer d'y découvrir certaines choses plutôt qu'un jugement hâtif, tant mieux pour moi, sinon, tant pis, ce n'est pas grave.  Moi, je vis bien avec ce que j'ai exprimé, donc voilà, je n'ai pas de...


Extraits de Mylène s'en fout et Tristana.


Radio Contact :  Voilà, cette émission consacrée à Mylène Farmer va bientôt toucher à sa fin mais j'en profite encore quelques minutes, car c'est quand même assez rare de vous avoir en promo.
Mylène Farmer : Oui, parce que d'une part, c'est un exercice difficile pour moi, d'autre part, la justification est un exercice, et en soi quelque chose qui n'est pas à mon sens indispensable. Si ce n'est que je m'aperçois que l'on me donne, je me dois de donner, donc, c'est pour ça qu'aujourd'hui j'accepte un petit peu plus l'idée du dialogue, parce que je pense que c'est important. Mais je sais que ça sera de toute façon des moments rares, en tout cas pour moi, je ne dis pas rares en sa qualité mais rares en tout cas dans sa multiplication.


Radio Contact : Comme on n'a pas l'occasion souvent de vous rencontrer, on va peut-être vous laisser un petit mot de conclusion, une pensée que vous auriez envie d'exprimer aux auditeurs belges.
Mylène Farmer : Oh, je ne sais pas, je ne suis pas sûre d'être très, très douée, si ce n'est que j'espère qu'ils aimeront mon album et que j'ai un très, très bon souvenir de mon passage en Belgique sur scène, c'était un moment assez magique.


Radio Contact  : Moment qui avait été immortalisé d'ailleurs en vidéo ?
Mylène Farmer : Oui, et je les remercie pour ce moment.


Radio Contact : Merci beaucoup et à très bientôt on l'espère.
Mylène Farmer : Au revoir.