TV
Magazine : Quel regard portez-vous sur votre carrière ?
Mylène
Farmer : C'est un long chemin fait de choix, de rencontres heureuses...
Un long fleuve tumultueux. Mais surtout une très longue et
passionnante conversation avec le public et cela me rend heureuse.
TV Magazine : Avez-vous l'impression d'avoir
changé ?
Mylène
Farmer : Fondamentalement, non... Mais je suis toujours
rongée par le doute, et je me demande encore : «
Pourquoi moi ? ». D'autres aussi certainement doivent se
poser cette question pour moi ! (Rires.) Si, pour certains, le
succès donne des ailes, moi, il m'aura aidée
à m'ouvrir davantage aux autres.
TV Magazine : Quel est le grand regret de votre existence
?
Mylène
Farmer : De n'avoir pu partager mes émotions avec deux
êtres disparus trop tôt de ma vie... Une absence
trop présente, dont je souffre chaque jour.
TV Magazine : Où êtes-vous le plus
heureuse : sur
scène, en studio ou en voyage ?
Mylène
Farmer : Probablement sur scène, alors que j'ai rendu ce
moment rare. C'est assez paradoxal. (Sourire.) Je ne sais pas si c'est
cela « être heureuse
», mais c'est en tout cas une sensation unique et
vertigineuse. Le voyage est souvent une source
d'émerveillement. Quant au studio, c'est un laboratoire
témoin de beaucoup de convulsions, de plaisirs, de
découragements ou, au contraire, d'immenses satisfactions
éphémères !
TV Magazine : On présente souvent Laurent
Boutonnat comme
votre mentor. Vrai ou faux ?
Mylène
Farmer : Un mentor est un guide dont la démarche est
personnelle, volontaire et gratuite. La relation que j'ai avec Laurent
est une relation de complicité et de
complémentarité. C'est une personne de grand
talent qui est indissociable de mon chemin de vie.
TV Magazine : Bleu
Noir
est le premier disque que vous ayez fait sans lui.
Est-ce une rupture définitive ou une passade ?
Mylène
Farmer : Bleu Noir
est tout sauf une passade ! Il s'agit bien de chansons qui sont
incarnées, qui sont des moments de la vie. De ma vie !
Laurent préparait un film et le fait de réaliser
moi-même ce disque était un choix de ma part. Mais
il est certain que nous nous retrouverons tous les deux.
TV Magazine : Avec quel artiste rêveriez-vous
de collaborer ?
Mylène
Farmer : Au paradis, avec Freddy Mercury. Et, sur terre, avec Hurts, un
groupe anglais encore méconnu du public français,
mais qui a beaucoup de talent, un son que j'aime, une image
travaillée et la voix incroyable du chanteur, Theo. George
Michael est aussi un artiste qui m'intéresse beaucoup.
TV Magazine : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes
chanteurs
débutants ?
Mylène
Farmer : La seule chose que je sais, c'est que tout est possible si on
a la force d'accepter de souffrir... et donc de vivre. Que
l'humilité est noble quand elle est vraie, qu'elle n'est pas
une faiblesse. Mais elle doit néanmoins être
soutenue et accompagnée de beaucoup de travail, de remise en
question.
TV Magazine : Pourquoi ne vous voit-on jamais aux Restos
du Coeur ou
dans des événements caritatifs ?
Mylène
Farmer : Si je comprends cette démarche, je ne me sens
toutefois pas à l'aise en groupe. Je suis plus sereine dans
une démarche individuelle. C'est une question de
caractère, je crois.
TV Magazine : Après Alizée et Lisa,
avez-vous
d'autres projets de parrainage de jeunes artistes ?
Mylène
Farmer : Non, je n'ai pas de nouveaux projets, mais parfois l'envie de
faire naître une nouvelle aventure et d'accompagner
quelqu'un. C'est aussi une énorme responsabilité.
On ne fait pas cela à la légère, il
faut vraiment avoir un coup de foudre pour une personne, un artiste...
TV Magazine : Quelle est la chose la plus
précieuse que vous
possédiez ?
Mylène
Farmer : Mes incertitudes.
TV Magazine : Qu'est-ce que votre statut de star vous
interdit de faire
?
Mylène
Farmer : De chuter sur les marches de l'Élysée !
(Rires.) (Invitée en mars 2010 par Nicolas Sarkozy pour la
visite du président russe Medvedev, la chanteuse avait
tébuché sur le perron de
l'Élysée.)
TV Magazine : Qu'est-ce qui est pour vous le comble de la
vulgarité ?
Mylène
Farmer : L'impudeur.
TV Magazine : Qu'aimeriez-vous laisser comme
épitaphe sur
votre tombe ?
Mylène
Farmer : J'ai désobéi, enfin...
Retranscription
le 30/09/2011