Les années Ainsi soit je… et Tour 89

Graffiti, le 01/04/1988

Depuis quatre ans, c’est le compagnon de nombreuses choses. Ce sont deux moitiés qui n’en font plus qu’une (je me prononce pour lui), ce sont deux bourgeons qui fleurissent ensemble…

Rock News, le 01/04/1988

La seule chose que je puisse dire, c’est que toute une période de mon enfance fut un « purgatoire », c’est à dire que, dans mon comportement, je ne figurais ni comme jeune fille, ni comme jeune garçon. Une chanson, c’est plus un plaisir et un amusement. Même si aborder ce sujet n’est pas un hasard, ce qu’il faut mettre en avant, c’est une chanson.

Rock News, le 01/04/1988

Quatre mois de studio et, avec l’écriture des textes, l’écoute des musiques de Laurent, etc., on peut estimer cela globalement à cinq, six mois de travail.

Rock News, le 01/04/1988

C’est vrai que de dire et d’affirmer « Ainsi soit je » est une forme de mégalomanie mais, dans mon esprit, je ne l’ai pas formulé dans cette intention. Maintenant, chacun va interpréter comme il le sent. Ainsi soit je…, c’est la présentation d’une jeune fille avec tous ses paradoxes et ses ambiguïtés. Ainsi soit je…, c’est aussi l’univers d’Edgar Poe et, indirectement, celui de Baudelaire. C’est la présentation d’une personne et de sa personnalité.

Rock News, le 01/04/1988

On me parle d’album concept (l’album Ainsi soit je…, NDLR), je comprends ce que ça veut dire sans trop le comprendre. Je peux en parler différemment, car j’ai écrit tous les textes et j’ai abordé des auteurs, des personnages et des thèmes qui sortent de moi. Quand je parle d’Edgar Poe, c’est parce qu’il est quelqu’un qui a vraiment fait partie de ma vie. Baudelaire, c’est encore autre chose. Sans logique, c’est le paradoxe satanique et angélique. Ma personnalité et ma dualité, c’esr réellement ça. Je peux basculer très facilement d’un extrême à l’autre.

Rock News, le 01/04/1988

Je n’aime pas définir quelque chose. Quand on répond à des interviews, on est un peu obligé de réduire les choses. Si je te dis que le premier album était intuitif et que le second est beaucoup plus profond, c’est caricatural, mais c’est un peu vrai. Quand tu fais une première oeuvre, disque ou livre, tu veux parler de tellement de choses que c’est parfois un peu confus. Avec un second album, tu maîtrises mieux ton oeuvre.

Rock News, le 01/04/1988

C’est vrai que la mort, la mère, l’infanticide, tous les thèmes tabous n’ont pas été tellement abordés et, quand on en parle, on dérange et on inquiète. Ce sont des sujets qui me passionnent et qui me tourmentent comme Edgar Poe, qui faisait ressentir à travers ses écrits toutes ses angoisses sur la mort et la peur du néant. Aborder ces thèmes dans une chanson peut déranger, voire choquer. Tout cela est dur à expliquer, les gens ont l’air d’apprécier ce côté ambigu de ma personnalité.

Rock News, le 01/04/1988

Le jour où je déciderai de faire de la scène, de donner rendez-vous aux gens qui m’aiment, il se passera forcément quelque chose d’important pour le public et pour moi.(…) Dans un an, deux ans, en tout cas pas au-delà de deux ans.

Rock News, le 01/04/1988

Il y a une chose très importante, c’est le courrier. Je ne parle pas des demandes d’autographes mais des lettres qui font deux ou trois pages et qui vous disent des choses sur vous, sur la manière dont les gens vous perçoivent. Plus ça va, plus ce courrier contient des choses importantes qui me touchent réellement par rapport à ce que moi je propose.

Rock News, le 01/04/1988

Le succès change forcément les choses, plus par rapport à l’esprit qu’à la vie courante. Je crois que c’est un mélange d’angoisse et de plaisir décuplés, et l’un ne va pas sans l’autre. C’est une jouissance qui vous meurtrit.