Les années Ainsi soit je… et Tour 89

Stars Magazine, le 01/03/1989

Monter sur scène est un projet ambitieux, et ce, dans n’importe quelle salle. Dès le début, j’ai tenu à placer la barre très haute. Je ne voulais pas une salle dite intimiste. La communication avec le public est évidemment nécessaire mais j’aime aussi l’idée de distance, d’une scène grande et profonde. La salle du Palais des Sports est celle qui a allumé en moi une petite flamme. Il va falloir que je surprenne, je le sais. Je ne peux rien en dévoiler, mais je travaille déjà tous les jours sur la chorégraphie du spectacle. Je me suis imposée un rythme de travail draconien.

Stars Magazine, le 01/03/1989

Le public des concerts sera composé en grande majorité de jeunes, mais pas seulement. C’est normal, vus les thèmes abordés dans mes chansons. Ce qui prouve qu’on peut être une artiste populaire tout en cultivant un certain élitisme. De toute évidence, il existe une envie de démolir les tabous, de se violer, soi et le public, avec des thèmes qui ne sont pas populaires. Seul Gainsbourg avait su jusqu’à présent les aborder.

Stars Magazine, le 01/03/1989

J’ai envie de succès mais, depuis mes débuts, je n’ai fait aucune concession. De Maman a tort à Libertine, nous ne sommes pas dans le mouvement pop. D’autres facteurs rentrent d’évidence en jeu, comme la médiatisation. Une partie du public s’attache à la personnalité d’une artiste, l’autre à son image.

Stars Magazine, le 01/03/1989

Je suis en quête de perfection. C’est une faille de ma personnalité, un défaut. On peut ne pas aimer ce propos. C’est pourtant l’image transparente de mon original. Ne pas être attaquable, c’est ne pas tendre de perches.

Stars Magazine, le 01/03/1989

La couverture ou rien. (…) Quand vous démarrez, on vous rappelle souvent ce que vous n’êtes pas encore. J’ai souffert et beaucoup travaillé pendant quatre ans. Maintenant, je suis en droit de demander quelque chose, une récompense peut-être. Pour moi, une couverture c’est magique et beau. La demander peut sembler agressif à certains. Je les laisse libres de ne pas parler de moi. Ce n’est pas grave.J’ai assurément un ego très fort. Mais pour moi, c’est plus la couverture en tant qu’objet qui compte. J’ai toujours admiré l’emballage d’un cadeau. C’est vrai, je suis narcissique !

Stars Magazine, le 01/03/1989

Mylène et Farmer sont mon identité, mon nom. Le tout forme sur moi et sur ma popularité une protection. Il n’y a pas de différence entre Mylène, ma vie intime, et Farmer, ma vie professionnelle. Je suis toujours la même, quelles que soient les situations dans lesquelles je me trouve.

Stars Magazine, le 01/03/1989

L’écriture a été pour moi une thérapie. Je l’ai découverte seule quand je vivais mal le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Je l’ai ressentie comme un viol. Écrire, c’est s’avouer des choses. Il m’est arrivé de rayer des phrases que ma main écrivait. Mon esprit me poussait à les retirer. Je ne me sentais pas encore prête pour les révéler.

Stars Magazine, le 01/03/1989

Je ne peux pas écrire en période de promotion car j’ai besoin d’une concentration permanente. Tout ce que je peux faire, c’est extraire des phrases de mes lectures ou des pensées. Le plus gênant, c’est que j’arrive de moins en moins à ouvrir un livre. Pour lire, j’ai besoin de temps, de repos, comme un recueillement, ce qui m’est impossible quand je travaille beaucoup. Je parviens heureusement à dévorer un livre de temps en temps.

Stars Magazine, le 01/03/1989

Je vous recommande L’apprentissage de la ville et Le bonheur des tristes de Luc Dietrich. Il est mort d’une blessure de guerre alors qu’il écrivait un troisième bouquin sur les hôpitaux psychiatriques.

Stars Magazine, le 01/03/1989

Je n’aime pas jouer. Quand je parle, je ne joue pas. Je hais les jeux, sous toutes leurs formes. Sans doute par appréhension de perdre. De plus je ne triche pas. Tricher, c’est mentir. La façon dont je me présente est le reflet de mes sentiments internes. La monotonie est si laide…