Tout le monde crie au
miracle, mais...
... crier au génie parce que Mylène RE-quitte le
surdoué mais parfois je l'avoue maladroit et
incompréhensiblement agaçant Boutonnat (capable
du meilleur - "point de suture, pardonne moi, avant que l'ombre, je te
rends, peut-être toi, consentement, monkey me, souviens-toi",
etc...- et du pire - "be me, réveiller le monde, ici-bas,
à l'ombre, du temps" et autres horreurs -), c'est trop
facile.
L'encenser parce qu'elle fait de la musique normale, why not.
Mais c'est le souci pour moi de cet album sur-estimé avant
l'heure sur la toile en folie depuis 48 H. Mylène se
libère, ok, redécouvre la
variété normale et essaye de chanter un peu sur
n'importe quels styles et airs convenus. Ok. MAIS. Son aria cosmique
manque d'ampleur, de magie, de ténèbres, de
sublime. Sur le même thème,
préférez Starchaser de Sarah Brightman ou Aerial
de Kate Bush s'impose !!!!! Soyons honnêtes : si
Hélène Ségara ou Eve Angeli osaient
chanter par exemple"City Of Love" (niaise et banale au possible), on
hurlerait au foutage. Ce nouvel opus n'est pas
épargné par les mélodies molles, les
paroles issues d'un journal intime d'une écolière
autiste ("crayon de papier sans mine", "la neige fond au
printemps", "retrouver une étoile", merci Nolwenn Leroy,
c'est presque ça texto je vous jure, non mais je
rêve...).
La reprise de cheap trick est par exemple en effet un tour de
passe-passe un peu cheap, juste une erreur (pourquoi le choix d'une
chanson déjà oubliée et pas
très bonne pour la rendre encore plus tiède et
mollassonne ?). "Voie lactée" est juste
inécoutable et insupportable, "C'est pas moi"
malgré les louanges et les promesses de meilleur tube
farmerien depuis des lustres, a un refrain trop plat et
décevant pour faire le job (j'adule sans soucis à
la place mon pétillant et culte "appelle mon
numéro"), "un jour ou l'autre" et ses accents celtiques hors
sujet, s'avère peu naturelle et sincère, trop
caricaturale et lassante, etc.. Car oui, en effet, pour rester quand
même un peu encore Farmer, Mylène caricature
toutes ses intonations et ses paroles, se parodiant presque
elle-même en un best of de ses pires réflexes...
Laurent n'est plus là pour l'élever dans cette
classe gothique et vénéneuse dont il savait (sauf
je l'ai dit lors de ses coups de calcaires) la vêtir....
Que garder ? Du coup, oui la chanson éponyme est une pure
bombe mais trop courte (ggrrrr !!! Vite une version longue ou live ou
remixée)
"A rebours" est... jolie.
Retenons aussi "Love Song", hymne doux amer à la
construction addictive et pour le coup tubesque-farmerien (Laurent
serais-tu là ? ;-)) et le sous estimé et vaporeux
Insondables : à l'écoute de l'ensemble, ces deux
chansons prennent vite des airs de chef d'oeuvres classes et
mystérieux. Avec au fil des écoutes, une vraie
priorité sur "Love Song", qui, avec "Interstellaires", fait
sans doute partie des 2 meilleures chansons qu'on introduira en
priorité dans la discographie posthume de Mylène.
"Pas d'access", la seule chanson se rapprochant de l'ex univers
angoissant cauchemardesque de Mylène, contant l'histoire
d'un fou tendance défenestré se prenant pour un
oiseau, est presque passable, et aurait pu/du être - mais non
pas tout à fait Martin - le nouveau délire
capiteux à la "Alice, M'effondre, Porno Graphique, Moi Je
Veux".... On récupèrera presque aussi
"Stolen Car", après les 4 médiocres chansons qui
clôturent l'album : électro fine et
mystérieuse, plus élégante et
ambitieuse que presque tous les autres tracks de fait, donc oui,
à garder.
Pour conclure, 6 tracks à garder : Mylène va
mieux, elle est devenue normale ou presque. La nymphe vampirique est
redevenue humaine. Le mystère s'est enfin
dissipé, et on a vu ce qu'il a
révélé.libéré :
pas grand chose. En tous cas pas une fusée hypersonique.
Juste un gentil cerf-volant ; Mylène est apaisée.
Dommage. Bleu noir, sa première
infidélité, était bien plus
kiffante.