Aussi l'annonce d'un
nouvel album, s'il pouvait susciter l'émoi dans sa
communauté de fans, ne déclenchait qu'un
léger haussement d'épaules chez les autres. Le
duo avec Sting en septembre nous a un peu pris de court. Puis la
révélation d'une amitié artistique
entre Michel Onfray et la diva rousse. On rendra grâce
à Onfray, polémiste assez facile, un peu sec,
contesté – comme tout polémiste, de
gauche ou de droite- d'avoir rappelé à quel point
Mylene Farmer faisait partie de notre patrimoine hexagonal, qu'on le
veuille ou non. Et peut-être même du patrimoine
européen. Il n'y a pas d'équivalent dans le reste
de l'Europe d'une 'femme superstar' du rang de Mylene Farmer.
Mais, et les fidèles lecteurs de ce site le savent, ici, ce
ne sont pas les chiffres qui nous impressionnent. Nous en prenons acte,
ils ne sauraient nous servir de grille de lecture pour
déterminer si un artiste est intéressant ou pas.
Un chanteur peut vendre 5 cds et être
inintéressant. Un chanteur peut vendre 5 cds et
être captivant. Et on rajoute le sentiment de
subjectivité par dessus...
INTERSTELLAIRE. Voilà un album dans l'air du temps :
l'espace, les étoiles, la galaxie, tout ça
revient à la mode. Diantre, l'homme reprend conscience de sa
place misérable dans l'immensité de l'univers. La
crise et le réchauffement climatique y seraient pour quelque
chose ? L'ESPACE est dans l'air du temps, à travers le
cinéma, la littérature, la bande
dessinée, la peinture et là, la musique.
L'ouverture rock, qui donne son nom à l'album (ou l'inverse)
est efficace, sans être novatrice. Stolen Car, le duo
Sting/Farmer est l'intrus du disque, la chanson la plus terrienne, et
assurément l'une des meilleures. L'idée de
revisiter un titre méconnu de Sting à la sauce
2015 était bonne. Si les couplets de A Rebours sonnent
très 'Gainsbourg', années 70, le refrain est
décevant, sirupeux. Le quatrième titre est sans
conteste LE tube de l'album : C'est pas moi. Celui qui devrait avoir la
faveur des radios, des discothèques, de mulitples remix.
Très funk, planant, de la pop farmerienne pur jus. Ici et
là j'ai lu des critiques négatives d'Insondables.
Je m'inscris en faux. Titre sombre, vintage, évoque la
cassure entre deux êtres, sans fracas : peut-être
la collaboration Mylene Farmer/Laurent Boutonnat. Celui-ci ne participe
pas du tout à l'album. Preuve en est que la chanteuse a su
s'affranchir d'une présence peut-être trop
encombrante et s'entourer de nouveaux talents : Martin Kierszebaum
à la direction artistique, aux musiques – la
chanteuse se réservant les paroles, fidèle
à ses jeux de mots, ses voyelles qui traînent, ce
fameux style vocal éthéré. Love Song
est entêtante. Mais Pas d'access passe à la
trappe. La reprise I want you to want me est un joli bol d'air. Je
ferai l'impasse sur Voie Lactée et City of Love,
plutôt médiocres. Le titre final termine le disque
en apogée, magnifique Un jour ou l'autre.
Ce n'est pas l'album de la maturité. Ce n'est pas l'album le
plus novateur. Mais dans l'ensemble un album d'une incontestable
qualité, , soutenu par un superbe livret, qui montre que la
chanteuse, même si ses choix ne nous plaisent pas toujours,
n'a rien perdu de son audace.
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