Dès
l'année 2003, commence à se propager une rumeur.
Près de dix ans après l'échec
commercial du film Giorgino,
Laurent Boutonnat serait de plus en plus décidé
à
repasser derrière la caméra pour un nouveau long
métrage.
Deux projets sont régulièrement cités:
un film
basé sur la recherche de Joseph Mengele, ancien
médecin
et criminel nazi, coupable d'avoir torturé et tué
de
nombreux juifs pendant la seconde guerre mondiale et
déja...une
adapatation du roman d'Eugène Le Roy, Jacquou le croquant.
"Avant de me lancer dans l'aventure Jacquou, je travaillais sur un
thriller anglo-saxon, dont l'action ne se déroulait pas en
France. Un film beaucoup plus simple et moins lourd à monter
en
termes économiques, mais que j'aurais sans doute mis plus de
temps à imposer auprès de co-producteurs".
(Laurent
Boutonnat "MF et Vous")
Au
début, il y eut un déclic....grâce
à un magnétoscope
C'est lors d'un week-end avec des amis, en essayant de faire
fonctionner un magnétoscope pour un enfant que Laurent
Boutonnat
a redécouvert le feuilleton tourné dans les
années
années 60. Touché par "la force historique" et
"convaincu
qu'il y avait matière à un beau film" il s'est
immergé dans ce roman "très noir mais
très fort"
jusqu'à se décider à franchir le pas :
faire de Jacquou le
croquant un film pour le grand écran.
"J'avais vu ce feuilleton quand j'étais gamin puis j'ai
été séduit par le livre
d'Eugène Le Roy qui
touche à beaucoup de choses auxquelles je suis
très
sensible: l'aspect humain, la lutte entre les bons et les
méchants qui constitue le toile de fond...Et cette
période historique à la fois passionnante et
méconnue de la Restauration". (Laurent Boutonnat)
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Roman
d'Eugène Le Roy publié en feuilleton dans "La
Revue de Paris" en 1899.
Histoire:
Fils
de métayers, Jacquou, garçon de neuf
ans est plongé dès l’enfance
dans les conditions de vie effroyables qui sont celles de la
paysannerie française au XIXe siècle.
Son père, métayer est exploité par le
comte de Nansac. Il est condamné injustement pour un meurtre
qu'il n'a pas commis et est déporté aux
galères.
Jacquou subit tout, la faim, le froid, le malheur et la tyrannie du
comte de Nansac. Mais, face à
l’adversité, il possède deux armes :
son énergie et surtout son instinct du milieu naturel, ce
coin de Périgord où il se meut comme un poisson
dans l’eau.
Sa
mère meurt peu de temps après après.
Orphelin, il est recueilli par le curé Bonnal qui s'occupe
de son éducation. Devenu adulte, Jacquou n'aura de cesse de
combattre l'injustice dont sa famille a été
victime et de se venger du cynique comte de Nansac.
Grâce à des amis sûrs et à
une jeune fille patiente et lumineuse, il deviendra en quelques
années un jeune homme déterminé et
séduisant. Il saura transformer son désir de
vengeance en un combat contre l’injustice, et prouver
qu’un simple croquant n’est pas
dénué de grandeur.
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L'auteur
de "Jacquou le Croquant" aurait dû être
prêtre. C'est tout du moins le destin que ses parents,
respectivement intendant et lingère au château de
Hautefort, en Dordogne, avaient prévu pour lui.
Fréquentant, adolescent, l'École des
Frères de Périgueux, le jeune Eugène le Roy
(1836-1907) n'y acquerra pourtant pas la vocation. Tout au contraire,
il deviendra dès l'âge adulte farouchement
anticlérical, militant républicain et
franc-maçon actif.
Eugène le Roy n'a pas
connu l'enfance misérable de Jacquou. En pension dans une
ferme durant sa prime jeunesse, il a toutefois approché de
près l'univers des paysans et la dureté de leur
existence, dont il fera la matière de la plupart de ses
écrits futurs.
Engagé à 18 ans, pour quatre ans, comme chasseur
à cheval dans un régiment d'Afrique,
Eugène Le Roy a ensuite mené une
carrière de fonctionnaire. En 1863, il est nommé
percepteur dans le sud-ouest, poste dont il sera
révoqué en 1871 pour avoir manifesté
trop nettement sessympathies
républicaines avant d'être
réintégré en 1877. Eugène
Le Roy s'est marié civilement et a eu trois enfants.
Il est mort en
Dordogne à Montignac.
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Si
le premier ouvrage d'Eugène le Roy ("Le Moulin du Frau" -
1895) lui avait valu un succès d'estime, c'est avec "Jacquou
le Croquant" (1900), initialement publié en feuilleton dans
"La Revue de Paris" sous le titre "La Forêt Barade" en 1899,
que l'auteur accède à la
notoriété.
Plus
qu'un simple roman "régionaliste" ou "champêtre" -
genre mis à la mode par George Sand ("La Petite Fadette",
"La Mare au diable"...) - "Jacquou le Croquant" revendique et
possède en effet une dimension plus large. En plus d'une
description fine et fidèle des us et coutumes paysannes au
début du XIXème siècle en
Périgord et de la société provinciale
de la Restauration, et au-delà d'un certain "folklore",
c'est un roman de dénonciation sociale, une œuvre
militante qui stigmatise le retour à l'Ancien
Régime, le pouvoir discrétionnaire du roi et de
l'aristocratie, l'influence des religieux... et plaide pour
l'égalité et la justice républicaine.
À
sa sortie, le succès du livre est immédiat et
perdurera. Car cette grande aventure humaine, ce roman d'apprentissage
et d'initiation, conte une histoire intemporelle : celle d'un
être en lutte pour sa survie au sein d'un monde hostile...
"Jacquou
le Croquant" est aujourd'hui étudié dans les
collèges.
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source: alalettre.com
Avant le film...le feuilleton |
Diffusé
à l'automne 1969 sur la 2ème chaîne.
6 épisodes
Produit par l'ORTF
Réalisé par Stellio Lorenzu (1921-1990)
Grand succés
Rediffusé en 1981 |
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Mai 2005:
Périgord (près de Sarlat, Senli,
Périgueux...)
"On y a trouvé beaucoup de gens encore très
marqués par l’importance du mythe de Jacquou le
Croquant, véritable héros local, et
très enthousiastes à l’idée
de le faire revivre au cinéma."
(Laurent Boutonnat)
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Février 2005 à Avril 2005: Roumanie
"Dans les Carpates, j'ai trouvé des décors
extraordinaires" (...) " c'était la Dordogne telle que je me
la
représentais du temps de Jacquou".
(Laurent Boutonnat) |
Septembre
2005:
Studios à Stains (lieu de tournage de plusieurs
clips de Mylène Farmer) pour les retakes
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Chrisitan Marti et Laurent Boutonnat ont fait un travail minutieux de
référencement iconographique. Ils se sont
inspirés
de peintures de l'époque notamment celles de
Jean-François Millet, peintre des paysans, mais aussi de
Louis-Léopold Bally, Géricault et de Illia
Répin,
peintre russse.
Rembrandt, bien que du XVIIè siècle les a
également inspirés pour les intérieurs
et la
qualité des lumières.
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Il
n'y avait pas de désir de reconstituer de façon
parfaite l'époque du
roman mais de garder la "liberté d'aller chercher des
atmosphères et
des ambiances d'autres pays et d'autres époques que celles
des années
1820 ou 1830". (JD Vuillermoz). " Nous n'avons pas
essayé de
reconstituer le décor de l'époque avec une
fidélité parfaite"..." mais
nous l'avons fait sans jamais perdre de vue le réalisme
historique aidés
en cela par nos références picturales".
(Christian Mati) |
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Pour
son rôle, Jocelyn Quivrin devait être enlaidi et
vieilli ce
qui nécessitait 2 heures de maquillage chaque jour.
Jocelyn Quivrin devait initialement interpréter Jacquou mais
l'acteur n'était pas intéressé par le
rôle.
Laurent Boutonnat lui a alors proposé le Comte de Nansac. |
Gaspard
Ulliel a initialement hésité à
accepter le rôle de Jacquou. Il
venait de terminer le tournage du film de Jean-Pierre Jeunet, "Un long
Dimanche de fiançailles" et, était
réticent à l'idée
d'enchaîner deux
films "populaire(s) à grand spectacle". Laurent Boutonnat
saura le
convaincre. |
Laurent
Boutonnat vu par Gaspard Ulliel
"Il est incroyablement serein. Je ne sais pas si ce n’est
qu’une façade et si derrière il est
angoissé, mais en tout cas on le sent assez sûr de
lui. Malgré l’ampleur du film, il est toujours
très disponible pour les comédiens. On a
l’impression qu’on a toute la vie pour faire le
film et c’est assez agréable ! En fait, il y avait
sur ce tournage un côté très ludique,
si bien qu’on n’avait pas toujours
l’impression de travailler, sauf quand on était
dans la boue pendant trois heures d’affilée,
qu’il faisait froid, et qu’on était en
heure sup’ ! Enfin, c’est quelqu’un qui a
l’œil partout, sur chaque poste. Il est partout, il
valide tout, même pendant la préparation.
Là-dessus, il me fait penser à Jean-Pierre
Jeunet. Laurent peut être parfois très
précis, être attentif au moindre
détail, et puis à d’autres moments, il
ne l’est pas du tout, il sait se laisser emporter par le
mouvement, par l’énergie, par la vie
d’une scène. Au fond, il n’y a pas de
règle avec Laurent. "
(source: commeaucinema.com) |
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Jean-Daniel
Vuillermoz, créateur des costumes avec la chef
costumière
Séverine Demaret a confectionné 500 costumes au
total
avec 4 000 pièces de vêtements
nécessitant 10 mois
de préparation et de réalisation.
A la fin des quatre mois de tournage, 150 000 mètres de
pellicule
étaient disponibles...le montage pouvait commencer. |
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Le
film de Laurent Boutonnat ne retrace que les vingt premières
années de la vie de Jacquou.
" J'abandonne Jacquou à 20 ans alors qu'il en a 90
à la
fin du bouquin! mais pour développer une telle histoire,
s'arrêter sur les personnages, il faut du temps". (Laurent
Boutonnat) |
Une
différence entre le livre et le film
Le personnage de Lina (interprété par Judith
Davisdan)
meurt à la fin du roman, ce qui n'est pas le cas dans le
film.
" C'est vrai qu'il s'agit à la base d'un roman
très noir.
Il y a effectivement des choses vers lesquelles je ne suis pas
allé. Dans le roman, Lina meurt, se suicide. Dans d'autres
temps, peut-être l'aurais-je fait mourrir". (Laurent
Boutonnat,
La Montagne, 16/01/2007) |
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Budget
du film:
20,3 Millions d'euros
Deux diffusions prévues en soirée sur TF1
à partir de 2009.
Le film sera finalement diffusé pour la première
fois sur une chaîne hertzienne (après Canal + et
Ciné Cinéma) le dimanche 31 octobre 2010 sur
France 2 à 20h35. |
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