Canal Plus Magazine
Février 2008
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Le Soir
17 janvier 2007
Interview Laurent Boutonnat |
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Télé 7 Jours
Interview de Gasapard Ulliel |
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Télé Star
Article + Interview Laurent Boutonnat |
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Interview Laurent Boutonnat
(dossier de presse) |
D’où vous est venue l’idée
d’adapter Jacquou Le Croquant ?
Il se trouve qu’un jour, il y a quatre ou cinq ans,
j’ai
revu le feuilleton par hasard. Je n’en gardais
qu’un vague
souvenir, j’étais tout petit à
l’époque. En le revoyant, j’ai
été
frappé par la force de l’histoire et je me suis
dit
qu’il y avait là matière à
un beau film. Du
coup, cela m’a ramené au roman
d’Eugène Le
Roy. Je l’ai acheté et je l’ai lu.
C’est un
roman très noir mais très fort...
Qu’est-ce qui, dans ce roman, vous donnait envie
d’en faire un film ?
C’est un livre qui a une structure assez classique mais dont
les
éléments me touchent beaucoup, comme je pense
qu’ils peuvent toucher tout le monde. Une enfance malheureuse
marquée par la perte d’êtres chers, la
solitude
heureusement brisée par de belles rencontres, la promesse de
vengeance, puis, à l’âge adulte,
l’amour et
l’amitié, la juste revanche contre
l’injustice,
l’accomplissement d’un destin romanesque... et
aussi les
champs, la campagne, la nature.
Dans quel esprit, avez-vous travaillé à
l’adaptation ?
Notre premier travail, avec Franck Moisnard, a
été
d’éliminer, de réduire... Car si on
avait
adapté le livre tel quel, le film aurait fait plus de huit
heures ! Adapter, ça veut dire choisir, changer,
transformer, et
parfois simplifier. On n’a gardé que ce qui nous
paraissait le plus excitant, et le plus cinématographique.
On a
fondu plusieurs scènes ensemble, on en a inventé
d’autres, on a cristallisé plusieurs personnages
dans un
seul... Alors que dans le livre, Eugène Le Roy raconte la
vie de
Jacquou jusqu’à 90 ans, on a tout de suite
été d’accord pour se consacrer
à
l’enfance et à la jeunesse de Jacquou. Et pour
traiter de
manière à peu près
équivalente ces deux
parties du film. La première partie - l’enfance -
touche
à des émotions extrêmement fortes
liées
à la perte de sa mère et de son père,
à la
solitude, au désespoir. Dans la deuxième partie,
l’émotion devient action. Elle est alors de nature
différente, d’autant qu’entrent en jeu
les relations
amoureuses... Mais les deux parties sont indissociables. Chacune
éclaire l’autre. Et lorsqu’arrive
Jacquou adulte, il
bénéficie de tout ce qu’on a vu avant,
et son
affrontement avec le comte de Nansac va prendre tout son poids...
Et alors, qu’avez-vous fait ?
Je suis allé le voir chez Pathé avec un premier
traitement de Jacquou le Croquant... et le projet a
été
lancé. C’est un film
d’époque, il y a des
reconstitutions, des décors, des costumes, des figurants,
tout
cela coûte cher... Très vite, on s’est
demandé où le tourner. J’ai
d’abord
sillonné la Dordogne, le Périgord noir,
où se
déroule l’action du livre. Et puis, nous sommes
allés repérer aussi à
l’étranger...
Et c’est en Roumanie, dans les Carpates, que j’ai
trouvé des décors extraordinaires. On y a
tourné
une partie du film. Puis on est revenu tourner en Dordogne, sur les
lieux mêmes de l’action. On y a trouvé
beaucoup de
gens encore très marqués par
l’importance du mythe
de Jacquou le Croquant, véritable héros local, et
très enthousiastes à l’idée
de le faire
revivre au cinéma.
Comment avez-vous commencé le casting ?
C’était un an avant le début du
tournage. À
l’époque, j’avais
déjà mon idée
de Jacquou adulte... mais la première étape a
été de trouver Jacquou enfant. La directrice de
casting,
Françoise Ménidrey en a rencontrés
entre 300 et
400, qu’elle a filmés. Très vite
Léo a
retenu mon attention. Il était timide et se cachait
derrière ses cheveux longs, mais quand il était
face
caméra, il se passait un truc magique. Il avait beau
être
mal à l’aise, je sentais quelque chose de vraiment
intéressant, une blessure dans le regard et une vraie
photogénie... Et en plus, il avait cette correspondance
physique
crédible avec l’idée que je me faisais
de Jacquou
adulte... Gaspard.
Qu’est-ce qui vous faisait penser que Gaspard Ulliel ferait
un bon Jacquou adulte ?
C’est quelqu’un qui crève
l’écran ! Il
y a quelque chose qui me séduisait beaucoup chez lui. On
s’est rencontrés, je lui ai donné le
scénario. Il a hésité, il
m’a dit oui, il
m’a dit non, il m’a redit oui, il m’a
redit non... Il
venait de faire Un Long dimanche de fiançailles, il
craignait
d’enchaîner deux «gros» films,
deux films en
costumes, deux films «spectaculaires» et
populaires. En
plus, il lui fallait se battre, il n’était pas
très
chaud. Et puis, de conversations en rencontres, il a finalement
accepté ! Gaspard dégage quelque chose de
magique.
Jacquou, c’est quelqu’un qui se bat, qui se venge,
mais
qui, en même temps, est un peu dépassé
par ce
qu’il lui arrive. Ce n’est pas un
super-héros.
Gaspard a rendu Jacquou extrêmement touchant et ça
ne
tient pas qu’à l’histoire
qu’on raconte mais
à la bonté que Gaspard lui-même
dégage,
à la lumière de son regard... En plus, sur un
plateau,
c’est un bonheur !
source: commeaucinema.com
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Interview Léo Legrand
(dossier de presse) |
Jacquou le Croquant, ce n’est pas ton premier film...
Non, c’est mon troisième. Avant Jacquou le
Croquant,
j’ai joué dans Tout pour plaire (de
Cécile
Telerman, avec Anne Parillaud, Judith Godrèche et Mathilde
Seigner), et dans un court métrage. Après,
j’ai
fait un autre film qui s’appelle Les yeux bandés
(de
Thomas Litli, avec Jonathan Zaccaï et Guillaume Depardieu).
Mais
Jacquou le Croquant, c’est mon plus grand rôle.
Qu’est-ce qui te faisait le plus peur dans
l’aventure de Jacquou le Croquant ?
Comme c’est quand même un gros rôle, je
devais
tourner longtemps. Ça me faisait peur de partir longtemps
tout
seul en Roumanie. Mes parents venaient me voir à peu
près
tous les quinze jours, et puis je suis revenu quelques fois en France
aussi. Le plus difficile en fait, c’était de faire
mes
devoirs en même temps puisque le tournage s’est
déroulé aussi en période scolaire. Il
y a quand
même des jours où je rentrais tard du tournage et
c’était dur d’enchaîner. Bon,
il y avait les
dimanches mais là, j’étais le seul
à
travailler !
Quel a été ton sentiment lorsque tu
t’es vu pour la première fois dans le costume de
Jacquou ?
Je ne me suis pas reconnu. Je me suis dit que j’avais vieilli
de 200 ou 300 ans.
C’était facile de retenir les dialogues ?
Ça va. Le texte, vous l’apprenez la veille,
après
vous n’avez plus qu’à le jouer. Ce
n’est pas
comme à l’école où il faut
apprendre les
poésies et les réciter par cœur.
Ça,
c’est une tannée ! Mais là, on dit le
texte
à sa façon et surtout, ce que j’aime,
c’est
jouer avec quelqu’un d’autre. Quand je dis un
texte,
j’aime bien que quelqu’un me réponde.
Comment t’entendais-tu avec les autres jeunes acteurs qui
forment la bande de Jacquou ?
Très bien. C’étaient des potes. Mais en
Roumanie je
ne les voyais pas souvent. Je me retrouvais donc un peu seul. Mais les
grands acteurs, heureusement, étaient très
sympas.
Marie-josée Croze et Albert Dupontel, qui jouent les parents
de
Jacquou, ils sont vraiment drôles. Albert fait toujours des
têtes marrantes. A chaque fois qu’on finit une
prise il dit
toujours une blague, il est toujours très gai.
Marie-Josée aussi. Et quand il y avait une scène
d’émotion, on disait : «On y va, on
déconne
pas !» Olivier Gourmet, il est très sympa aussi.
Gaspard Ulliel joue Jacquou adulte. Aviez-vous travaillé
ensemble avant le tournage ?
Non, mais on a beaucoup de points communs, je trouve, au niveau
physique. Et puis Jacquou reste Jacquou, avec son caractère.
Il
n’y a pas mille façons de le jouer.
Quel est ton meilleur souvenir de toute l’aventure de Jacquou
le Croquant?
C’est difficile. Tout était bien, toutes les
scènes
étaient bien. J’ai bien aimé celle
où je
sors de la tuilière et où tout est orange... Mais
franchement, tout m’a plu.
Et ton pire souvenir?
Le pire, c’était quand je jouais dans le froid
pendant le
pré-tournage, en février en Roumanie. Pour la
scène où mon père se fait capturer et
où
Laurent voulait qu’il y ait de la neige...
As-tu un acteur préféré qui pourrait
être ton modèle ?
Non, moi j’aime bien regarder des films comme ça
mais je n’ai pas un acteur
préféré.
Et un film préféré ?
Celui qui me fait le plus rigoler en ce moment, qui est sorti depuis
longtemps mais qui m’est resté dans la
tête,
c’est Brice de Nice ! C’est vraiment trop
drôle !
Aujourd’hui, avec le recul, qu’est-ce qui te touche
chez Jacquou ?
Jacquou, c’est quelqu’un que j’admire.
C’est
qu’il est super courageux. Il ne baisse jamais la
tête. Il
fait des choses, il va au bout de ses envies et puis voilà,
même si ses parents meurent, il arrive à
s’en
sortir. Jacquou, c’est vraiment quelqu’un.
C’est un
sacré bonhomme.
source: commeaucinema.com
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Interview Christian Marti,
architecte décorateur
(dossier de presse) |
Comment avez-vous abordé le travail de création
des décors sur Jacquou le Croquant ?
Pour un tel film, il y a au commencement un gros travail de
références iconographiques. C’est
d’abord et
surtout de la peinture de l’époque dont nous nous
sommes
inspirés, car les représentations graphiques dont
nous
disposons sur la période sont essentiellement la peinture et
la
gravure. La première référence, sur la
recommandation de Laurent Boutonnat, a été
Jean-François Millet, peintre des paysans. Sont venus
s’y
ajouter d’autres artistes de l’époque,
notamment des
peintres russes tel Ilia Répine, qui ont eux aussi beaucoup
représenté les milieux ruraux et la
misère
paysanne. Rembrandt, bien qu’appartenant au
XVIIème
siècle, nous a également beaucoup
aidés pour les
intérieurs et la qualité des lumières.
N’est-il pas un peu étrange de prendre la peinture
russe
ou hollandaise en référence pour
évoquer des
paysans du Périgord ?
C’est vrai, mais ce qui nous intéressait avant
tout
était de retrouver des ambiances de lumière, de
couleur,
et de nous imprégner des situations et des
matières...
Partant de là, malgré la pauvreté et
l’austérité de
l’environnement paysan, nous
avons essayé de magnifier cet univers. Si nous regardons les
toiles de Millet, les paysans sont toujours dignes et beaux. Dans leur
dénuement, il y a de la poésie. Cette
poésie,
cette dignité, nous voulions qu’elles existent
dans
l’inconscient du spectateur. Même si son propos
n’est
pas l’Histoire avec un grand “H”, Jacquou
le Croquant
est inscrit dans une réalité historique, sociale,
esthétique... précise.
Peut-on parler, s’agissant des décors,
d’un travail de reconstitution historique ?
Nous n’avons pas essayé de reconstituer le
décor de
l’époque avec une fidélité
parfaite. Le film
n’est pas un documentaire. Nous nous sommes avant tout
attachés à l’aspect
cinématographique, aux
ambiances de couleurs, à tout ce qui est de
l’ordre du
visuel et qui peut amener une dynamique à l’image.
Mais
nous l’avons fait sans jamais perdre de vue le
réalisme
historique, aidés en cela par nos
références
picturales. En fait, il s’agissait de nous ancrer dans
l’univers de l’époque afin, ensuite,
d’être un peu plus libres pour
l’interpréter.
Ce qui est intéressant dans une démarche telle
que
celle-ci, c’est que l’on devient en quelque sorte,
pour un
moment, un artisan de cette époque, en tentant de
résoudre les problèmes qui se posaient
à eux, en
essayant de comprendre pourquoi ils fabriquaient comme ceci ou comme
cela, et en cherchant à retrouver les techniques qui
étaient les leurs. À cet égard, avoir
tourné une partie du film en Roumanie a
été un
avantage, car le pays est encore très rural. Moins
industrialisé que la France, il conserve de très
nombreux
artisans aux savoir-faire traditionnels.
Quelle est la part respective des décors naturels et de la
reconstitution en studio ?
Nous avons construit les décors à hauteur de 80 %
! Cela
peut paraî- tre beaucoup quand on sait les nombreuses
ressources
architectura- les du Périgord. Mais le problème
des
décors d’époque, notamment en Dordogne,
c’est
qu’ils ont aujourd’hui tous
été
restaurés. Tout est presque trop beau. Finalement, nous
sommes
plus fidèles à l’époque en
fabriquant nos
décors qu’en nous appuyant sur ce qui a
survécu !
Et nous pouvons adapter les décors que nous concevons au
format
du cinémascope dans un rapport plus pertinent avec le cadre.
Quelles ont été les indications de Laurent
Boutonnat ?
Laurent a affirmé une réelle volonté
de
spectaculaire. Il tenait aussi beaucoup à ce que
l’on
ressente l’importance du temps, la patine, l’usure
des
choses, notamment dans les intérieurs. Le
«vécu» des objets et de
l’architecture est
très marqué dans le film. Nous étions
aidés
par le parti pris du clair-obscur qui apporte de la densité
et
du contraste.
L’action de Jacquou le Croquant se déroule en
pleine période romantique. Le film s’en ressent-il
?
Dans la peinture romantique, la nature est souvent
magnifiée.
Dans le film, elle est présente dans tous les plans,
même
dans les scènes de village. Nous avons beaucoup
travaillé
sur son aspect, sur la forme des arbres par exemple. Cette
omniprésence de la nature apporte de la poésie
aux
images. Dans Jacquou le Croquant, on se trouve ainsi toujours
à
mi chemin entre la composition picturale et le réalisme de
la
photo. Entre deux univers, réel et imaginaire. Nous
n’avions pas vraiment l’obsession du
réalisme et de
la fidélité historique, mais plutôt la
volonté, je le répète, de faire passer
une
atmosphère, une sensation, une émotion
à travers
tous les plans du film. C’était la direction de
notre
travail.
Comment, avec un tel parti pris, éviter le piège
de l’esthétisme ?
Ce sera jugé esthétisant si ce n’est
pas
réussi ! Dans le cas contraire, on ressentira
l’émotion, tout simplement. Quand quelque chose ne
marche
pas dans une image, ce peut être lié à
beaucoup de
para- mètres, par exemple à la
lumière, qui
n’est pas juste. Car avec la lumière on peut
rematérialiser les choses différemment, comme le
fait le
peintre sur la toile. Il peut aussi s’agir d’un
problème de décor, les facteurs sont multiples.
Mais
soyons juste, le décor est un fond. Le film, c’est
d’abord les acteurs. Ce sont eux qui tiennent la plus grande
part
de l’image. Nous sommes là pour les servir. Nos
décors visent à faire ressortir les visages et
leur
présence, à la ren- dre plus intense. Nous
n’avons
pas essayé de faire des décors qui se voyaient,
mais des
décors qui fonctionnaient.
Y a-t-il des scènes où le décor tient
un
rôle particulier, où il est partie prenante de la
narration ?
La chaumière de Jacquou est typiquement un décor
personnage. Il raconte une partie de l’histoire. Il est
très important pourexprimer le contexte dans lequel vit la
famille de Jacquou. Avec ce décor, tout est dit, la
précarité, la dureté des temps, la
pauvreté.
Quel type de collaboration avez-vous eue avec le créateur
des costumes, Jean-daniel Vuillermoz ?
Nous avons travaillé sur des
références communes,
notamment la peinture, notre véritable colonne
vertébrale. Nous avons beaucoup parlé ensemble du
stylisme de l’image et travaillé dans la
même
dynamique, dans les mêmes univers. Nous avons ainsi
conçu
des décors assez monochromes et assez denses pour mettre
acteurs
et costumes en avant. Notre collaboration est en ce sens, je crois,
assez réussie. Sur certaines scènes
précises, nous
avons travaillé en très étroite
collaboration.
C’est le cas pour la grande scène du
dîner au
château. Nous avons véritablement
ajusté costumes
et décors pour recréer tout un univers
coloré dans
les verts, le vert étant la couleur des ultraroyalistes, les
“Ultras”. Cette collaboration a porté
sur le choix
et la qualité des tissus, des imprimés, la
répartition de ce vert dans l’image, sur les
costumes, les
décors, les rideaux...
Au final, en termes de décors, Jacquou est un film de
«grand spectacle»?
Le film a demandé beaucoup d’énergie
pour maintenir
le niveau de qualité souhaité. On peut dessiner
les plus
beaux décors, il faut les réaliser ! Et
là, on
dépend d’autres personnes, celles qui peignent,
qui
moulent, qui construisent... l’équipe des meubles
et des
accessoires, c’est un travail collectif, mes collaborateurs
ont
été d’une aide précieuse. Ce
film a
été d’autant plus exigeant
qu’il y a de
nombreux décors, et qu’entre la conception, la
fabrication
et le tournage, il s’est passé très peu
de temps.
L’essentiel de la difficulté était
là :
obtenir dans ce temps très court la qualité et
l’harmonie.
Que retiendrez-vous de ce travail ?
us avions tous le sentiment de participer à un projet
comportant
de grandes exigences. La personnalité de Laurent Boutonnat,
la
confiance qu’il nous a accordée, la
qualité de
notre collaboration ont apporté au projet un état
de
grâce. La décoration d’un film est une
guerre
d’un genre particulier : les batailles sont les
échéances, les livraisons des décors ;
l’enjeu c’est d’être
prêt quoi
qu’il arrive, avec la conviction d’être
toujours dans
l’univers de l’industrie du rêve.
source: commeaucinema.com
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Interview Gaspard Ulliel
(dossier de presse) |
Quand on vous a proposé le rôle de Jacquou le
Croquant,
aviez-vous déjà entendu parler du personnage ?
J’avais
entendu parler du feuilleton télé très
vaguement par ma grand-mère. Et
quand le projet m’a été
proposé, mon agent m’a parlé de la
série en me
disant qu’elle adorait ! En revanche, autour de moi, les gens
de ma
génération ne connaissaient pas beaucoup. Avant
le tournage, j’ai quand
même acheté les DVD et j’en ai vu
quelques épisodes. Juste pour avoir
une idée.
Quelle a été votre réaction
à la lecture du script ?
J’ai
trouvé l’histoire très
intéressante mais, surtout, j’ai
rencontré
Laurent à plusieurs reprises parce que, pour être
franc, j’hésitais.
Qu’est-ce qui vous faisait hésiter ?
Je
sortais du film de Jean-Pierre Jeunet, Un Long dimanche de
fiançailles,
et je n’étais pas sûr de vouloir
enchaîner avec un autre «film
populaire à grand spectacle».
Qu’est-ce qui vous a convaincu alors ?
Laurent.
Et toutes les discussions qu’on a eues ensemble. Il avait
l’air très
serein et semblait vraiment maîtriser son projet. Et puis, le
reste du
casting était excitant... D’ailleurs, au final,
c’était une très belle
expérience de travailler avec tous ces gens.
Une fois qu’il vous a convaincu (Laurent Boutonnat), comment
vous
êtes- vous préparé à
interpréter
Jacquou ?
Il
y a eu la préparation physique, sportive presque. Je suis
allé courir,
j’ai fait de la gym en salle, des entraînements,
des montées à la
corde. Ensuite, il y avait la préparation et la
répétition des combats
avec Mario Luraschi. C’est avec lui aussi que je devais
m’entraîner à
monter à cheval mais pour ça, je n’ai
pas eu beaucoup de temps. J’étais
déjà très pris par la
préparation physique, l’entraînement des
combats
au bâton, et par l’apprentissage de la danse - il y
a une scène de bal
très importante - et... on ne peut pas dire que la danse
soit mon fort
! J’ai dû m’entraîner beaucoup
pour maîtriser les pas. Alors, du coup,
le cheval est passé un peu après. Mais
dès que je suis monté, j’ai eu
un vrai coup de foudre.
Comment définiriez-vous Jacquou ?
C’est
quelqu’un qui a beaucoup souffert pendant son enfance parce
que, très
jeune, il a perdu ses parents. Il a appris à vivre seul,
à se défendre
seul. Son désir de vengeance est un vrai moteur et
c’est ça qui va le
pousser à soulever les paysans pour faire fuir le comte de
Nansac.
C’était excitant à jouer parce que je
ne suis pas vraiment comme ça
dans la vie, je suis même plutôt
l’inverse.
Le fait qu’il y ait
deux acteurs pour jouer le même personnage à des
âges différents,
est-ce que ça posait des problèmes de jeu
particuliers ?
On
pouvait se dire qu’il était important que le plus
jeune voit comment
jouait le plus vieux, ou l’inverse, pour essayer de trouver
une
cohérence. C’est Léo qui a
commencé parce qu’il y a eu un
pré-tournage
l’hiver. J’ai demandé à
Laurent de me montrer des images mais... il
n’aime pas tellement ça ! Et puis,
après tout, c’est lui qui nous
dirigeait tous les deux. En même temps, je me souviens que
lorsque j’ai
vu les premières images de Jacquou enfant j’ai
été frappé par
l’énergie, et même
l’exubérance de Léo. Je craignais de ne
pas en
apporter autant et puis, après, je me suis
rassuré en me disant que
Jacquou adulte avait forcément dû canaliser son
énergie et se
concentrer sur sa mission. En plus, la manière dont
était écrit le
personnage a imposé automatiquement certains
mimétismes...
Vous disiez au début de cet entretien que cela avait
été une belle expérience de travailler
avec tous
ces acteurs...
Oui,
c’était un vrai bonheur de travailler avec tous
ces gens. Avec Jocelyn,
avec Gérald (Thomassin), avec Malik (Zidi), qui sont des
acteurs
passionnants. Malik et Gérald avaient des rôles un
peu moins importants
et ils ont réussi à faire vraiment exister leurs
personnages. Jouer
avec Olivier (Gourmet) ou avec Tchéky (Karyo),
c’est encore différent .
Ils ont une autre expérience, ils ont une autre
énergie, ils ont des
caractères tellement forts, des natures d’acteur
tellement
différentes... Pareil avec Dora DollFranchement, je trouve
qu’au niveau
du casting, c’est un sans faute !
Comment définiriez-vous Laurent Boutonnat sur le tournage ?
Il
est incroyablement serein. Je ne sais pas si ce n’est
qu’une façade et
si derrière il est angoissé, mais en tout cas on
le sent assez sûr de
lui. Malgré l’ampleur du film, il est toujours
très disponible pour les
comédiens. On a l’impression qu’on a
toute la vie pour faire le film et
c’est assez agréable ! En fait, il y avait sur ce
tournage un côté très
ludique, si bien qu’on n’avait pas toujours
l’impression de travailler,
sauf quand on était dans la boue pendant trois heures
d’affilée, qu’il
faisait froid, et qu’on était en heure
sup’ ! Enfin, c’est quelqu’un
qui a l’œil partout, sur chaque poste. Il est
partout, il valide tout,
même pendant la préparation. Là-dessus,
il me fait penser à Jean-Pierre
Jeunet. Laurent peut être parfois très
précis, être attentif au moindre
détail, et puis à d’autres moments, il
ne l’est pas du tout, il sait se
laisser emporter par le mouvement, par l’énergie,
par la vie d’une
scène. Au fond, il n’y a pas de règle
avec Laurent.
Si vous ne deviez garder qu’une image, qu’un
moment, de toute l’aventure de Jacquou le Croquant?
Ce
qui me vient instantanément à l’esprit,
c’est plus qu’une image, ce
sont les deux semaines de tournage pendant lesquelles on a fait la
scène de la danse... C’était
éprouvant mais c’est une
scène-clé du film
qui devrait marquer. L’autre image que je garderai,
c’est celle de la
vie d’équipe. Il faut dire que de tourner
à Bucarest, ville plutôt
glauque et plombante, nous a soudés. On était
très près les uns des
autres. On avait même des rapports très
fusionnels. C’était aussi une
belle expérience humaine.
source: commeaucinema.com
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Interview J.D. Vuillermoz,
créateur des costumes
(dossier de presse) |
Comment aborde-t-on un film ancré dans une
période historique aussi forte ?
Au départ, c’est la demande
particulière du metteur
en scène qui conditionne la direction à prendre.
Bien
sûr il y a la nécessité de constituer
une vraie
documentation sur l’époque. Mais la question est
de savoir
si l’on va tenir une direction historique rigoureuse ou si
l’on va s’autoriser une certaine marge
d’interprétation. C’est ce que nous
avons fait, en
recréant la mode qui correspond à cette
époque
mais à partir de plusieurs sources d’inspiration
et en
intégrant des apports d’autres périodes.
Quelles étaient les indications de Laurent Boutonnat ?
La crédibilité ! C’est notamment pour
cela que
l’on est allé assez loin dans la patine des
costumes, pour
montrer qu’ils avaient une histoire. Dès
qu’on
habillait quelqu’un, on se demandait préalablement
d’où il venait, ce qu’il avait
vécu. Nous
voulions que le spectateur ressente l’usure du temps,
l’authenticité. Ce n’est
évidemment pas
réservé au monde paysan. Les costumes de la
bourgeoisie
et de la noblesse ont connu le même traitement. Dans ce
dernier
cas, on est parti de très beaux tissus, de soies, de
taffetas
naturels qu’on a salis, usés, graissés
pour leur
donner un vécu.
Quelles ont été les principales sources
d’inspiration ?
À cet égard, le travail avec Laurent et avec
Christian
Marti a été fondamental. Nous sommes bien
évidemment partis de plusieurs sources picturales de
l’époque mais pas seulement. Pour les paysans, on
a
cherché du côté des peintres du
XIXéme
comme, Jean-François Millet, bien sûr, ou
Louis-Léopold Boilly, mais également
Géricault ou
la peinture russe (comme Ilia Répine par exemple). Nous nous
sommes également inspirés de peintres du
XVIIéme,
tels Greuze, Le Nain, l’Italien Ceruti... Et même
du
photographe contemporain espagnol Sébastien Salgado, pour
les
amis de Jacquou enfant. Il a en effet réalisé des
portraits d’enfants des rues dans le monde entier.
Bien-sûr, on a aussi beaucoup travaillé
à partir du
livre d’Eugène Le Roy, en repérant tout
ce qui
concernait la description précise des personnages. Mais
globalement, nous nous sommes donnés la liberté
d’aller chercher des atmosphères et des ambiances
d’autres pays et d’autres époques que
celles des
années 1820 ou 1830.
Justement, jusqu’où va cette liberté
par rapport à la fidélité historique ?
Par exemple, pour la noblesse, nous avons choisi d’utiliser
des
costumes à la française de l’Ancien
Régime.
On a travaillé à partir de coupes des
années
1810-1815 mais comme si l’on fabriquait des costumes
XVIIIéme. Pour les robes, ce sont des tissus Empire ou
antérieurs à la Révolution, mais
transformés pour les remettre à la mode du jour.
La
volonté était d’accentuer le
côté
parvenu de ces nobles qui sont, il faut le dire,
particulièrement arrogants.
Jusqu’à la caricature ?
Pour ces personnages effectivement, nous n’avons pas
hésité à forcer le trait, en
accentuant leur
côté «nouveaux riches». Ainsi,
si les femmes
sont habillées à la mode romantique 1830, avec la
coiffure à la «girafe» de
l’époque,
nous les avons poudrées comme sous Marie-Antoinette. Tout
est
exagéré, ils en font trop, comme s’ils
ressortaient
et exhibaient tous les signes qu’ils avaient dû
cacher
pendant la Révolution. Pour les habitants de la campagne,
les
couleurs des costumes sont celles de la terre, avec
différentes
nuances de brun, ocre jaune, rouille. Nous avons conçu les
costumes des paysans pour donner une vision différente de
ceux-ci : habituellement, le cinéma les habille dans des
sortes
de haillons. Nous souhaitions les rendre plus gracieux. Nous voulions
qu’il se dégage des paysans de la
dignité et
même une certaine sensualité.
Combien de costumes, au final ?
Pour assurer le bon déroulement de la préparation
et du
tournage, j’ai travaillé en collaboration avec une
chef
costumière, Séverine Demaret. Nous avons
fabriqué
cinq cents costumes complets pour la figuration et cent pour les
rôles, ce qui représente près de quatre
mille
pièces de vêtements. Ils ont requis
l’utilisation
d’environ dix mille mètres de tissu, et dix mois
de
préparation et de réalisation.
source: commeaucinema.com
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Le
magazine des abonnés de Canal + (Janvier 2007)
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Le Journal du Dimanche (14
Janvier 2007) |
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sud-ouest.com
Avant-première
en Dordogne avec l'équipe du film
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Indétrônable. Jacquou le
Croquant reste une figure
emblématique du Périgord. Le film de Laurent
Boutonnat, présenté en avant-première,
lundi soir, dans onze salles du réseau Ciné
Passion, a fait un carton côté
fréquentation.
«
Plus de 2 100 entrées, davantage de monde que pour la sortie
des Bronzés 3 », constatait Rafaël
Maestro, directeur. Plusieurs salles affichaient complet, certaines ont
refusé du monde.
Montignac,
le fief « historique », recevait
l'équipe du film. Laurent Boutonnat était venu
avec Gaspard Ulliel, alias Jacquou, Jocelyn Quivrin, alias le comte de
Nansac, et deux producteurs, Dominique Boutonnat, le frère
du réalisateur, et Romain Legrand.
Les
autographes. « Ici Jacquou, c'est un mythe,
déclarait Bernard Cazeau, qui les accueillait au
Prieuré. On ne pouvait pas imaginer un film sur Jacquou sans
une partie tournée chez nous. » Le
Département s'est engagé pour 150 000 ?, sur un
budget global de 2 millions. L'équipe, qui a fait
l'essentiel des prises de vues en Roumanie,
est restée
dix-huit jours en Périgord. Elle en garde un bon souvenir.
« C'était extrêmement plaisant
», soulignait hier Laurent Boutonnat.
Retrouvant
les figurants, le réalisateur et les deux
interprètes ont signé des autographes et se sont
pliés de bonne grâce au jeu des
questions-réponses. Avant puis après la
projection au cinéma Vox.
Petites
histoires. Dans ce film à grand spectacle traité
avec des effets spéciaux, on est loin de
l'écriture d'Eugène Le Roy, du feuilleton de
Stellio Lorenzi, de la vision sociale des révoltes paysannes.
«
J'aime beaucoup retrouver des petites histoires dans la grande
histoire. Jacquou, c'est un peu ça. Dans le roman, j'ai
été séduit par les pages qui traitent
de la nature,
de l'enfance. J'ai été touché par ce
petit garçon, l'amour qu'il porte à sa
mère, les relations ambiguës qu'il entretient avec
la fille du comte de Nansac », poursuivait Laurent Boutonnat.
Avis
partagé par Gaspard Ulliel : « Ce qui
était intéressant, c'était de suivre
l'évolution du personnage à travers les
années. » Tandis que Jocelyn Quivrin avouait avoir
« bien aimé jouer les méchants sans
pour cela racheter le comte de Nansac »."
http://www.sudouest.com/100107/reg_dordogne.asp?Article=100107aP200441.xml
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Le Mag du conseil
général de la Dordogne
Juin 2006 |
merci à Claudine de
Périgueux
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