Il nous aura fallu
patienter près de trois ans et demi pour
découvrir le nouvel album de Mylène.
Point
de Suture,
son 7ème album studio, aura la lourde tâche de
succéder à Avant
que l'ombre...,
album souvent incompris et qui avait profondément divisé les
fans.
Loin d'être un
échec comme l'affirment les éternels
détracteurs (il s'est écoulé
à environ 500 000 exemplaires), Avant que
l'ombre... pêchait
par l'absence de réél renouveau sur le plan
musical et l'absence de titres forts ou de tubes, habituellement
incontournables sur les disques de Mylène.
Cependant,
après plus de vingt ans d'une carrière quasiment
sans faux pas, l'essentiel est-il encore d'enchaîner les
tubes? Probablement pas, comme le rappelle Mylène dans
l'interview qu'elle accorde ce mois-ci à "Têtu":
"Une carrière n'est pas seulement une succession d'albums
à tubes. J'ai la chance de pouvoir partager avec mon public
des chansons qui n'ont jamais été des singles
mais, qui, je pense ont touché le coeur des gens. Cela est
bien plus important pour moi."
Bien que restant
fidèle à
Laurent Boutonnat qui compose toutes les musiques de cet
album, Mylène semble déterminée
à s'offrir un
virage musical, un virage parfaitement
contrôlé bien sur.
Point
de Suture est
essentiellement un album pop-électro
dans lequel s'enchaînent des titres up-tempo diablement efficaces et qui
donnent une irrépressible envie de danser (Dégénération
le premier
single qui reste l'ovni de l'album, Sextonik, Je m'ennuie,
C'est dans l'air...).
Parfois le rythme se
ralentit. Point de
Suture
pourra s'ajouter sans problème à la liste des ballades faciles
mais vite inoublialbes, liste à laquelle on pourrait
déjà inclure Rêver ou Les Mots devenus des classiques dans le répertoire de Mylène. Et si
j'avais au moins... conclut
l'album (avant le titre caché Ave Maria) en toute beauté et
simplicité. On ne peut s'empêcher à son
écoute de penser à d'autres chansons de
Mylène aux sonorités
épurées et mélancoliques (Laisse le
vent emporter tout, Et pourtant...).
Les nostalgiques de
l'époque Anamorphosée se laisseront
peut-être séduire par le très pop-rock Paradis
Inanimé.
D'autres seront ravis de retrouver une Mylène mutine sur Appelle mon
numéro, chanson
proposant une une mélodie classique, entêtante,
probablement la plus "boutonnesque" (les fans disent ainsi maintenant)
de l'album avec Réveiller
le monde.
En invitant Moby
sur la chanson Looking for
my name,
pour la première fois de sa carrière,
Mylène propose un seconde collaboration avec le
même artiste. D'un abord moins évident
que le précédent titre associant les deux
chanteurs (le tubesque Slipping
away (Crier la vie)
en 2006), Looking for
my name,
qui n'est pas sans rappeler certains morceaux de Massive Attack,
nous ennivre progressivement. Il divise les fans. Rejet ou
addiction. Mylène qui n'aime pas le tiède sera
ravie. Jamais deux sans trois? On est en droit d'espérer que
Moby participera à certains concerts de Mylène en
2009, notamment au Stade de France.
Les textes de
Mylène étrangement conspués par
certains depuis quelques jours sont plutôt de bonne facture.
On retrouve les jeux de mots malicieux, les thématiques
chères à Mylène. Le sens profond des
textes est parfois simple (Point de
Suture, Si j'avais au moins...), parfois trompeur et plus
complexe ou riche qu'il n'y paraît (difficile d'imaginer
à la première écoute de
l'entrâinante Je m'ennuie que l'on pourra
découvrir ou deviner à travers certaines lignes
des influences inattendues tel le philosophe Heidegger) , parfois
provocateur (l'hymne au sextoy, il fallait oser). Enfin, petit exploit
sur Dégénération, puisque Mylène nous
livre l'un de ses textes les plus courts mais aussi obscurs (pour ne
pas dire incompréhensibles) de sa carrière.
Notons, enfin, deux (petits) bémols.
Même si il est
évident que l'on n'acquiert pas un cd pour un livret,
comment ne pas se sentir frustré de devoir contempler une dizaine de photos (certes très
belles) d'une poupée (certes très originale et
symbolique) et devoir se contenter d'une unique photo (certes
sublimissime) de Mylène. En
découvrant le coffet collector (boîte
métallique avec deux faux instruments chirurgicaux), on ne
peut qu'être consterné devant tant de laideur et
vacuité. On en arriverait presque à imaginer
Mylène nous susurrant de moins nous intéresser au
contenant et plus au contenu, les chansons. Et elle aurait raison...
Second bémol
(le dernier, keep cool!) le côté overmarketing qui
entoure ce retour. L'omniprésence de sfr, des projets
multiples (Creepie, le site communautaire...) sans réel lien
évident sauf, un probable
désir d'envahir les médias via ses
créations. Mylène déclarait en 2006 ne
pas appartenir au "système". C'est aussi pour cela
que nous l'aimons tant.
Les fans semblent
moins divisés par cet album que par le
précédent et la plupart sont très enthousiastes.
Les débats
sont riches, vifs, parfois houleux sur les sites ou forums. On note une
bien inhabituelle unanimité
autour de la chanson C'est dans
l'air, qui,
en effet a tout d'une petite bombe.
Une bombe,
peut-être, mais une bombe à retardement
puisque ce titre ne semble pas avoir été retenu
pour devenir le deuxième
single de l'album. Alors que de très
sérieuses rumeurs annonçaient une
diffusion imminente de Je m'ennuie sur les ondes, certains sites
internet relevaient récemment un
intérêt particulier pour le titre Appelle mon
numéro,
à la fois des internautes sur les sites de
téléchargement ou de streaming mais aussi de
certaines radios qui l'auraient choisi ou annoncé comme
deuxième single. Mystère
donc...
Ce come-back
déjà couronné de succés et
records nous charme, balayant bien des doutes.
Effacer
toute idée d'usure de nos pensées, essayer de
panser nos blessures... Mylène vient de poser son Point de
Suture.