Diffusion
ce soir sur Arte du film "Backstage"
Ce film s'est-il inspiré de Mylène?
DIFFUSION SUR ARTE
Jeudi 01 octobre 2009 à 20h45
Mercredi 07 octobre à 03h00
Synopsis:.
"Lucie, 17 ans, est une
adolescente "ordinaire". Sa mère,
collectionneuse d'autographes, voue un véritable culte
à un tas de
vedettes et consacre tout son temps libre à ses
activités de fan.
Mais
Lucie, elle, ne disperse pas ses sentiments. De star dans son coeur,
dans sa tête, il n'y en a qu'une. Tout le monde le sait. Ses
photos
recouvrent les murs de sa chambre, les pages de son cahier de texte.
Un jour, son destin va la conduire à
pénétrer dans la vie de son idole."
Réalisatrice:
Emmanuelle Bercot
Acteurs:
Emmanuelle Seigner, Isild Le Besco, Noémie Lvosky,
Valéry Zeitoun.
Ce film, à sa sortie le 16 novembre 2005 avait
suscité de
nombreux
débats entre les fans de Mylène,
beaucoup pensant que la réalisatrice, Emmanuelle Bercot,
s'était fortement inspirée pour son
scénarion de la relation de Mylène avec certains
fans.
Il faut reconnaître qu'il est très difficile de ne
pas y penser en regardant ce long-métrage qui raconte
l'histoire de la
rencontre
plutôt destructrice entre une star de la musique
aussi mystérieuse qu' inaccessible et une jeune fille dont
l'existence ne semble plus réduite qu'à sa
condition de fan.
Les
critiques
étaient plutôt positives lors de la sortie du film
(et on pouvait souvent lire le nom de Mylène). Voici par
exemple celle de Télérama:
"«
Y a quelqu'un qui est mort ? » pouffe Lucie,
interloquée par les messes basses de sa mère, qui
lui prépare une
surprise carabinée : la venue à domicile de
Lauren Waks, sa chanteuse
préférée, devant les
caméras de la télé s'il vous
plaît. L'adolescente
n'a pas tout à fait tort. Seulement elle ne sait pas encore
que la
morte, c'est elle. Dans un instant, elle pourra dire adieu à
son
train-train, rendre son dernier soupir de bonne à rien. Le
visage
blafard et les cheveux tirés, son idole apparaîtra
chez elle, la
prendra par la main, et l'emmènera pour toujours.
Sous ses allures de conte de fées pour midinette, Backstage
est un fascinant film de vampire. Avec La Puce et Clément,
Emmanuelle
Bercot s'était déjà
passionnée pour les transferts d'adoration entre
les êtres que tout sépare : âge, milieu,
intérêts. Cette fois, elle
monte en puissance, délaissant ses petites histoires de
défloration
pour une grande histoire de dévoration. Une star et sa fan
ne sont pas
faites pour se rencontrer. Sans ce tabou, c'est le règne de
l'anthropophagie. Qui se ressemble se phagocyte... Quand la glace se
brise, Lauren et Lucie se rendent compte qu'elles ne sont que le reflet
l'une de l'autre.
La beauté du film vient de ce parallèle
aveuglant, mis en lumière par l'excellente chef op
Agnès Godard, qui
réussit à créer une ambiance
ensorcelante à la Vertigo, de Hitchcock.
Lucie et Lauren ont la même mauvaise mine, la même
décoloration
décapante, la même démarche lourde.
Toutes deux parlent sur un ton
rogue à leur entourage, et prennent la fuite devant les
flashs imprévus.
L'admiration
a vidé Lucie de sa substance, pour en faire un clone. Au
commencement,
la passion ne fait que combler son existence médiocre. Quand
le rêve se
réalise, elle tourne en roue libre et mène
à la folie. Emmanuelle
Bercot saisit à merveille les méfaits de cette
concrétisation du désir.
Comme toujours, elle excelle à restituer les emballements
intérieurs
propres aux adolescents, ivres de régner dans un monde
parallèle sans
contrainte, où les chansons remplacent les
pensées et où les poses
tiennent lieu d'action.
Tout le film est joué comme un souvenir.
Imperceptiblement, les deux actrices saccadent leurs mouvements et
s'immobilisent comme sur des photographies. Elles lâchent
leurs
répliques sur un ton cérémonial et
enfantin, comme si elles
prononçaient des phrases clés ou des refrains.
Remarquable de bout en
bout, Emmanuelle Seigner (entre Patricia Kaas et Mylène
Farmer) envoûte
et dégoûte avec la même
énergie. Quant à Isild Le Besco, la dangereuse
fan, elle réalise le rêve que nous exprimions
à la sortie de La Puce :
devenir l'Antoine(tte) Doinel d'Emmanuelle Bercot, qui l'a fait
naître
à l'écran. De plus en plus vorace et
magnétique, cette drôle de petite
bête grandit à vue d'œil."
A propos de ses
inspirations, la réalisatrice s'est
exprimée dans différentes interviews:
"Backstage a pour thème, une fois encore, l’amour
impossible. Le monde
des « fans » et celui du show-biz
s’y confrontent mais l’aspect
passionnel pourrait nous concerner vous et moi. J’ai voulu
faire un
portrait de « fan » sans bien
comprendre ce phénomène. Depuis longtemps
certaines images, des scènes
d’idolâtrie, au cours de grands concerts
notamment, m’intriguent."
(L'Humanité)
Elle se disait surprise que l'on puisse penser qu'elle
s'était inspirée de Mylène pour le
personnage de Lauren (la star) mais précisait: "
Je ne connais pas du tout ce monde. Je sais
que,
en France, Mylène Farmer est la seule à
déclencher cet engouement
fanatique. Elle a à la fois des fans
âgés, qui la suivent depuis ses
débuts, mais continue depuis vingt ans à toucher
des adolescents.
L'univers de Mylène Farmer fonctionne essentiellement sur le
mécanisme
du mystère et sur celui du manque qu'elle crée en
se montrant très peu.
C'est un univers très noir, dépressif. Elle joue
avec la religion, le
mysticisme, la sexualité. J'ai repris, par souci de
réalisme, des
touches de cet environnement pour le personnage de Lauren. Mais,
à
partir de là, on l'a complètement
inventé, avec les costumes, les
chansons... Nous voulions créer un personnage unique,
singulier.
Qu'elle puisse être une star de la chanson à part
entière. Emmanuelle
Seigner s'est beaucoup inspirée de Debbie Harry et, pour la
psychologie, de Marilyn Monroe. (Le Monde)
Enfin, au site
dvdrama, la réalisatrice semblait plus facilement
admettre s'être (un peu) inspirée de
Mylène: "
Je ne connais
pas très bien les chansons, les
spectacles de Mylène. Mais je me suis
intéressée au phénomène
qu’elle
provoque. C’est la seule en France à faire
ça. J’ai voulu faire une
étude sur l’univers qu’elle avait mis en
place, sur ce qui faisait
qu’elle accrochait les jeunes et les moins jeunes. On peut
dire Mylène,
mais on pourrait aussi dire Madonna. Elle fonctionne sur les
mêmes
codes, le sexe, la religion, l’ambiguïté
sexuelle, le mystère, le
morbide… J’ai repris un certain nombre de ces
recettes pour créer le
personnage de Lauren. Et pour moi, la comparaison
s’arrête là."
Le personnage de Lauren semble très
éloigné de Mylène. Le rapport
évident que l'on peut établir est la
présence de fans "extrêmes" ou "paumés"
qui ne représentent d'ailleurs qu'une infime
minorité des fans mais une minorité bruyante et
qui intéresse les médias. Les scènes
de concerts (en particulier certains plans sur le public) peuvent
évoquer les shows de Mylène (en
très minimalistes) mais peut-être avons-nous un
appréciation biaisée, la réalisatrice
ayant affirmé n'avoir jamais vu de concerts de
Mylène avant de réaliser ce
long-métrage.
Le rôle de Lauren est tenu par
Emmanuelle Seigner.
On a souvent lu ici ou là que Mylène et
Emmanuelle Seigner se connaitraient bien.
Une photo sur laquelle on les retrouve ensemble; c'était le
01er octobre 2007 lors de la remise de la Légion d'Honneur
à David Lynch à l'Elysée.
Sur la B.O du film, Emmanuelle Seigner pousse la chansonnette sur huit
titres. Certains trouvaient d'ailleurs que les mélodies
avaient un côté "boutonnesque" .
Emmanuelle Seigner était également l'actrice
principale du film "Corps à Corps" sorti en 2003 et
réalisé par François Hanss
(réalisateur de plusieurs clips et films de concerts de
Mylène)
Bacskstage est un très bon film qui mérite
d'être vu ou revu.Il met habilement en avant le
côté profondément stérile et
malsain d'une fascination excessive qui ne peut aboutir qu'au
rejet des autres, au rejet par les autres puis à un
inexorable rejet de soi.
Et vous:
Qu'avez-vous
pensé de ce film?
Vous a-t-il
évoqué Mylène?
Que pensez-vous des fans
qui ne vivent plus que pour leur idole?