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Nathalie Rheims

Par Julien, le 04/09/07 - 21:21
Dernière modification le 05/09/07 - 18:55 , lu 7 318 fois.


"Journal Intime", le nouveau livre de Nathalie Rheims publié aux Editions Léo Scheer est disponible en librairie depuis le 03 Septembre.

Il est dédié à Mylène.


Journal Intime


Histoire:

Journal intime, roman narre la rencontre d'une femme et d'un homme, relation qui se noue dans l'écriture de l'un et de l'autre. L'homme tient un journal intime que la femme tente d'envahir peu à peu. Elle met en oeuvre une stratégie pour en devenir l'objet, lisant pour cela de nombreux journaux d'écrivains et tenant elle-même le carnet de cette intrusion. Si c'est à travers le journal de l'homme que la femme se dévoile, c'est à travers celui de la femme que l'homme nous apparaît, chacun livrant sur l'autre un contrepoint. Jeu de séduction, de miroir et de cache-cache, ce roman met en scène la sublimation d'une possession amoureuse. Les deux voix se mêlent en même temps qu'une histoire d'amour se révèle. De celles, sublimes et intemporelles, qui naissent de la rencontre de deux âmes fusionnant. Nathalie Rheims retrouve ici la veine littéraire de ses premiers livres, notamment Lettre d'une amoureuse morte, où l'intime s'inscrit au coeur de l'écriture, et invite le lecteur à un questionnement sur ce qu'est l'amour. Est-ce un bras de fer dans lequel l'un doit nécessairement céder à l'autre, ou est-il la rencontre de deux individualités ? Les sentiments surgissent-ils soudain, comme à l'improviste, ou peuvent-ils être suggérés, suscités ? 

source: alapage.com


Vidéo:
Nathalie Rheims présente "Journal Intime"



Nathalie Rheims

Critiques

La deuxième femme

Nathalie Rheims renoue avec ce qu’elle sait faire de mieux : s’exposer. Délaissant la fiction et les sciences occultes, l’auteure du Cercle de Meggido et de L’Ange de la dernière heure laisse à nouveau aller sa plume au gré de sa souffrance. Ecrire pour ne pas tomber, soigner ses plaies et trouver un sens à une aventure passionnelle qui l’a fait déchoir. Toute passion est dévastatrice, mais il en ait certaines qui ravagent plus que d’autres encore, comme les passions adultérines. Ne sont-elles pas, dès le début, vouées aux gémonies ? La narratrice le savait lorsqu’elle croise le chemin de cet homme, presque voisin, au cours d’une séance de signatures dans une petite librairie de quartier. Pourtant tout sera vain face à l’implacable machine. Il lui envoie des fleurs et, déjà, elle pressent la proche défaite, l’indicible mal qui la rongera peu de temps après. Car si la passion habite le couple le temps d’un week-end dans la campagne anglaise, si les mots doux, et les rencontres furtives se succèdent, l’amour n’est pas assez fort pour que l’amant infidèle change de vie et quitte le domicile conjugal. Ainsi, il aura deux femmes, et il échoit à la narratrice la place de seconde épouse dans un harem qui n’a rien de moderne, hormis sa place dans le siècle.

Malgré l’appellation « roman », on aura du mal à lire cette longue et belle confession comme tel. Les premières pages sonnent autrement, hésitant entre les genres : est-ce de l’autofiction, est-ce une fabrication dont l’auteure a seule le secret ? On ne saura rien du nom, ni de la profession de l’amant… tant mieux ! Grâce à cette contrainte, Nathalie Rheims esquisse une histoire où l’intérêt réside entièrement dans le style et évite la vulgarité que le sujet aurait pu faire naître. Le danger d’un tel aveu était de tomber dans une littérature autobiographique où les livres finissent par ressembler à des magazines people. L’anonymat devient le garant du roman, où de nombreuses femmes reconnaîtront leur propre histoire.

Ce livre ne plaira pas à tout le monde, le lecteur est fait prisonnier, contraint malgré lui de devenir le confident des souffrances de la narratrice : Nathalie Rheims entre en auto-analyse et dissèque ses sentiments ; elle décrit par le menu, avec néanmoins beaucoup de modestie, ses états d’âme qui sont d’abord des symptômes physiques. Beaucoup de larmes, mais point trop de larmoiement. La romancière est sèche dans son écriture. Quel est l’intérêt de ce livre, demanderont les esprits chagrins et raisonnables ? Elle le dit elle-même à plusieurs reprises : faire vivre son amour clandestin, qui hormis la feuille, n’a aucun lieu d’existence. Le livre devient l’instrument d’évaluation, le réceptacle du secret pour comprendre la douleur, l’ausculter jusqu’à ce qu’elle cesse et disparaisse, et divaguer sur d’autres écrivains qui ne seront pourtant d’aucune utilité (peut-être trop de références). Ainsi, Nathalie Rheims se retournant sur son passé, se souvient de sa mère qui, un jour, quitta le domicile conjugal en promettant de revenir. Elle ne revint jamais et Nathalie en fut inconsolable. Plus de trente ans après, l’adulte ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec elle. Au fond, toujours la même histoire : jusqu'où peut aller une femme amoureuse ?
Un éclair de plaisir. Des bêtises. Un océan de douleur. Et puis, s’en va.

Nathalie Six

source: http://fnacblog.typepad.fr/rentreelitteraire/2007/09/nathalie-rhei-1.html



On y entre,intrigué, voyeur automate attiré par son semblable, sans jamais être totalement certain de se trouver du côté de la littérature. L'écriture du « je » passionne ou irrite, laisse très peu indifférent. Nathalie Rheims nous offre pour la rentrée un Journal Intime, brut et d'une sincérité poignante qui dit les dégats d'une passion amoureuse.

On se pose souvent la question de savoir ce qui nous attire dans la lecture d'un journal intime. Question légitime tant la nature humaine, exècre, en général,toute preuve de son évidence première et éclatante: son égocentrisme. Je est un étrange narrateur qui se raconte et devient littérature dès lors que ses mots nous parlent. Les auteurs se cachent souvent derrière leurs personnages pour mieux transpirer dans les mots employés. D'autres s'exhibent avec brio. C'est le cas aujourd'hui de Nathalie Rheims qui, après une longue liste de romans ancrés dans un univers étrange et aussi repérable que sa chevelure, a choisi d'intituler son dernier roman: Journal intime . Pour la première fois, le « je » est le personnage principal de son texte; un texte au plus profond de l'intime.
Nathalie Rheims ne cherche pas à dissimuler ce que contiennent les pages de son Journal Intime. Brut et sans fioritures, le texte raconte l'histoire d'une passion amoureuse. Un amour ravageur qui accapare la totalité du personnage, tout son être.On en ressort avec une sensation étrange de s' imiscer dans un lieu défendu où le coeur se débat , impuissant, et cherche à retenir une passion enfuie.


La délivrance du dire
Epuré de tout supplément romanesque,le texte se sert brut. C'est là une façon, pour la romancière, de se démarquer des autofictions maquillées que l'on trouve habituellement sur les tables des librairies de la rive gauche.Ici, le coeur se bat ligne après ligne pour exister aux yeux d'un autre, celui d'un homme qui a choisit l'éloignement. Nathalie Rheims écrit avec ses tripes- mais des tripes poétiques- et elle n'hésite pas à user de métaphores qui se posent justement sur les douleurs. Aucun fil romanesque, seules quelques bribes de souvenirs précis et des phrases passionnelles peuple ces pages. Un homme désire posséder une femme, et reste prisonnier d'une autre, écrit la romanicère. Voilà le thème de cette étrange texte proche d'une lettre qui alterne le tu et le je, tous deux emmelés dans les souvenirs intimes de la narratrice qui dit faire ce texte pour s' 'avouer vaincue et pour triompher du mal . Ce Journal intime est là pour nous rappeler toujours cette nécéssité qui existe entre la vraie vie et la littérature. Nathalie Rheims écrit vouloir crocheter les serrures à coups de stylo. Un stylo qui délie les douleurs dans un long champ lexical de la falaise, du gouffre.
La romancière signe ici un livre singulier et qui agit comme un miroir évident pour tout lecteur ayant été frotté à la passion. Son écriture habite la solitude et le désarroi de sa narratrice, écrivain, elle aussi...

Oilivia Michel



Les évitables de la rentrée littéraire

Et si le dernier Nathalie Rheims cachait, derrière ses apparences de «roman d'amour autofictionnel», un Bottin mondain littéraire? En 150 pages (à gros caractères), sont en effet conviés Montaigne, Philippe Lejeune, Robbe-Grillet, Butor, Morand, Genevoix, Queneau, Rousseau, Gide, Sartre, Leiris, Mallarmé, Serge Lebovici, Proust, Roger Martin du Gard, Jean-Marie Vianney, Mara (Journal d'une femme soumise), Bernanos, Fénelon, Jeanne Guyon, Beauvoir, Aragon, Bossuet, Céline, Pierre Pachet, Maurice de Guérin, Benjamin Constant, Casanova, Stendhal, Balzac, Racine, Tchekhov, Kafka, Diderot, Magdalena van Schinne (on oubliait une certaine «Mylène», à qui le livre est dédié), etc. Si les thrillers fantastiques de Nathalie Rheims avaient un côté série Z plutôt sympathique, Journal intime mêle avec une désarmante maladresse souvenirs familiaux et considérations théorico-passionnelles sur le «journal». Verdict: histoire de rester dans le name dropping cher à l'auteur, pour le meilleur, on fait face à du sous-Camille Laurens et, pour le pire, du sous-Christine Orban.

source: lire

Nathelie Rheims

Interview

Vous avez intitulé votre roman Journal intime or, il n’est pas construit comme tel, ne comporte pas de dates… Pourquoi ce titre ?

Nathalie Rheims : Comme à chacun de mes livres, c’est un point dont je discute longuement avec mon éditeur. Personnellement, j’avais pensé aux Noces de cendres, mais Léo Scheer m’a fait remarqué qu’il avait déjà été utilisé, en outre, il le trouvait trop noir. Dans ce roman — car ce n’est ni un essai ni de l’autofiction —, je raconte l’histoire d’une femme qui, à défaut de pouvoir vivre avec l’homme qu’elle aime, envahit son journal intime et finit par en écrire un elle-même. Je me suis aussi intéressée à d’autres journaux intimes de la littérature, j’ai relu de nombreuses correspondances d’écrivains, notamment celles de Gide, de Diderot à Sophie Volland, Les Lettres de Jean-Jacques Rousseau.

On perçoit une souffrance si intense dans votre roman que l’on est tenté, malgré tout, de croire à de l’autofiction. Quelle est la part de réalité?

N. R. : Cette histoire est pour moitié vraie, tissée de souvenirs, moitié fausse. J’ai réellement vécu une passion avec un homme, mais il était hors de question de pouvoir l’identifier. Les lettres, en particulier celle de rupture, sont vraies. Pour autant, elles ne donnent aucun indice sur l’homme qui me les a envoyées. Est-ce que tous les détails sont exacts ? Cette histoire d’amour existe-t-elle encore ? Je reste floue et le roman ne donne pas toutes les réponses. J’avais déjà écrit mon précédent livre, L’Ombre des autres, pour cet homme, mais lorsque je l’ai eu fini, je me suis rendue compte que ce n’était pas suffisant. La douleur était encore là, je ne m’étais pas assez engagée à travers mes personnages. Il fallait aller plus loin. Ce texte a répondu à une double tension née du besoin de raconter mon histoire et du besoin de protéger cet homme. J’avais besoin de solder un certain nombre de choses ; l’écriture permet de mettre à distance les sentiments, c’est une force incroyable.


Avec Journal intime, vous revenez à une forme d’écriture plus personnelle, après avoir écrit des romans plus populaires comme Le Cercle de Meggido…

N. R. : J’ai certainement écrit Le Cercle de Meggido et l’Ombre des autres pour me prouver que je pouvais construire une pure fiction, faire des récits différents. Avec ces deux livres, soyons honnêtes, j’ai gagné de nouveaux lecteurs. Journal intime est dans la même veine que Lettre d’une amoureuse morte, il est plus littéraire, et c’est un des livres où je me suis le plus engagée après Les fleurs du silence qui imaginait/mettait en scène la mort de mon père.

Considérez-vous l’écriture comme une catharsis, comme une autoanalyse ?

N. R. : Une catharsis certainement, mais pas une autoanalyse car il n’y a pas de dimension psychanalytique. A mes yeux, la maîtrise du style est importante, j’ai une écriture courte, serrée qui en est le résultat, bien que je corrige finalement très peu mes textes après les avoir écrits. Je travaille généralement deux jours avec mes éditeurs qui m’empêchent de me perdre, d’aller trop loin dans l’abandon.

Pourquoi avez-vous choisi de publier ce texte ?

N. R. : Peu importe que cette histoire soit véridique ou non, car c’est avant tout un processus d’interrogation : pourquoi plonge-t-on dans une passion ? Pourquoi se laisse-t-on aller à une telle extrémité ? Parce que l’on est plus vulnérable et réceptive à certains moments de sa vie ?s Je crois que toutes les femmes ou presque, ont ressenti ce sentiment de fragilité à un moment donné de leur vie. On donne tout à l’être aimé et pourtant, cela ne suffit pas. On n’arrive plus à s’accrocher à rien, on ne sait plus qui l’on est. C’est ce qui fait l’universalité de ce texte.

Vous faites référence à Jeanne Guyon, grande mystique du XVIIe siècle. Êtes-vous une mystique ?

N. R. : Dans ma vie en général, non. Je ne crois pas que des esprits fantômes nous entourent et vivent avec nous. J’ai plutôt tendance à croire qu’il existe quelque chose après la mort, mais personne n’en sait rien. En revanche, l’amour que je ressens pour cet homme a un petit côté mystique. Semblable, comparable à la passion du Christ même si l’homme s’incarne plus que le Christ. On est à chaque fois dans l’absence de l’autre.

Finalement, votre relation à l’écriture n’est-elle pas votre plus belle histoire d’amour, celle qui ne vous a jamais déçue ni trahie ?

N. R. : Oui. J’ai pour habitude de dire que je suis née le jour où j’ai décidé d’écrire. Mon détour par le théâtre a été important bien sûr, il exprimait déjà un amour de la langue. L’écriture est un exercice solitaire incomparable, suivi de rencontres avec les gens lorsque le livre est publié et que je me rends sur des salons pour des signatures. Ce double mouvement qui va de l’intérieur vers l’extérieur est d’ailleurs très agréable.

Propos recueillis par Nahalie Six

source: http://fnacblog.typepad.fr




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