"Journal Intime",
le nouveau livre de Nathalie Rheims publié
aux Editions Léo Scheer est disponible en librairie depuis
le
03 Septembre.
Il est
dédié à Mylène.
Histoire:
Journal
intime, roman narre la rencontre d'une femme et d'un homme, relation
qui se noue dans l'écriture de l'un et de l'autre. L'homme
tient un journal intime que la femme tente d'envahir peu à
peu. Elle met en oeuvre une stratégie pour en devenir
l'objet, lisant pour cela de nombreux journaux d'écrivains
et tenant elle-même le carnet de cette intrusion. Si c'est
à travers le journal de l'homme que la femme se
dévoile, c'est à travers celui de la femme que
l'homme nous apparaît, chacun livrant sur l'autre un
contrepoint. Jeu de séduction, de miroir et de cache-cache,
ce roman met en scène la sublimation d'une possession
amoureuse. Les deux voix se mêlent en même temps
qu'une histoire d'amour se révèle. De celles,
sublimes et intemporelles, qui naissent de la rencontre de deux
âmes fusionnant. Nathalie Rheims retrouve ici la veine
littéraire de ses premiers livres, notamment Lettre d'une
amoureuse morte, où l'intime s'inscrit au coeur de
l'écriture, et invite le lecteur à un
questionnement sur ce qu'est l'amour. Est-ce un bras de fer dans lequel
l'un doit nécessairement céder à
l'autre, ou est-il la rencontre de deux individualités ? Les
sentiments surgissent-ils soudain, comme à l'improviste, ou
peuvent-ils être suggérés,
suscités ?
source: alapage.com
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Vidéo:
Nathalie Rheims présente "Journal Intime"
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Critiques
La
deuxième femme
Nathalie
Rheims renoue avec ce qu’elle sait faire de mieux :
s’exposer. Délaissant la fiction et les sciences
occultes, l’auteure du Cercle de Meggido
et de L’Ange de la dernière heure
laisse à nouveau aller sa plume au gré de sa
souffrance. Ecrire pour ne pas tomber, soigner ses plaies et trouver un
sens à une aventure passionnelle qui l’a fait
déchoir. Toute passion est dévastatrice, mais il
en ait certaines qui ravagent plus que d’autres encore, comme
les passions adultérines. Ne sont-elles pas, dès
le début, vouées aux gémonies ? La
narratrice le savait lorsqu’elle croise le chemin de cet
homme, presque voisin, au cours d’une séance de
signatures dans une petite librairie de quartier. Pourtant tout sera
vain face à l’implacable machine. Il lui envoie
des fleurs et, déjà, elle pressent la proche
défaite, l’indicible mal qui la rongera peu de
temps après. Car si la passion habite le couple le temps
d’un week-end dans la campagne anglaise, si les mots doux, et
les rencontres furtives se succèdent, l’amour
n’est pas assez fort pour que l’amant
infidèle change de vie et quitte le domicile conjugal.
Ainsi, il aura deux femmes, et il échoit à la
narratrice la place de seconde épouse dans un harem qui
n’a rien de moderne, hormis sa place dans le
siècle.
Malgré
l’appellation « roman », on aura du mal
à lire cette longue et belle confession comme tel. Les
premières pages sonnent autrement, hésitant entre
les genres : est-ce de l’autofiction, est-ce une fabrication
dont l’auteure a seule le secret ? On ne saura rien du nom,
ni de la profession de l’amant… tant mieux !
Grâce à cette contrainte, Nathalie Rheims esquisse
une histoire où l’intérêt
réside entièrement dans le style et
évite la vulgarité que le sujet aurait pu faire
naître. Le danger d’un tel aveu était de
tomber dans une littérature autobiographique où
les livres finissent par ressembler à des magazines people.
L’anonymat devient le garant du roman, où de
nombreuses femmes reconnaîtront leur propre histoire.
Ce
livre ne plaira pas à tout le monde, le lecteur est fait
prisonnier, contraint malgré lui de devenir le confident des
souffrances de la narratrice : Nathalie Rheims entre en auto-analyse et
dissèque ses sentiments ; elle décrit par le
menu, avec néanmoins beaucoup de modestie, ses
états d’âme qui sont d’abord
des symptômes physiques. Beaucoup de larmes, mais point trop
de larmoiement. La romancière est sèche dans son
écriture. Quel est l’intérêt
de ce livre, demanderont les esprits chagrins et raisonnables ? Elle le
dit elle-même à plusieurs reprises : faire vivre
son amour clandestin, qui hormis la feuille, n’a aucun lieu
d’existence. Le livre devient l’instrument
d’évaluation, le réceptacle du secret
pour comprendre la douleur, l’ausculter
jusqu’à ce qu’elle cesse et disparaisse,
et divaguer sur d’autres écrivains qui ne seront
pourtant d’aucune utilité (peut-être
trop de références). Ainsi, Nathalie Rheims se
retournant sur son passé, se souvient de sa mère
qui, un jour, quitta le domicile conjugal en promettant de revenir.
Elle ne revint jamais et Nathalie en fut inconsolable. Plus de trente
ans après, l’adulte ne peut
s’empêcher de faire le rapprochement avec elle. Au
fond, toujours la même histoire : jusqu'où peut
aller une femme amoureuse ?
Un
éclair de plaisir. Des bêtises. Un
océan de douleur. Et puis, s’en va.
Nathalie
Six
source:
http://fnacblog.typepad.fr/rentreelitteraire/2007/09/nathalie-rhei-1.html
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On y
entre,intrigué, voyeur automate attiré par son
semblable, sans jamais être totalement certain de se trouver
du côté de la littérature.
L'écriture du « je » passionne ou
irrite, laisse très peu indifférent. Nathalie
Rheims nous offre pour la rentrée un Journal Intime,
brut et d'une sincérité poignante qui dit les
dégats d'une passion amoureuse.
On se pose souvent la
question de savoir ce qui nous attire dans la lecture d'un journal
intime. Question légitime tant la nature humaine,
exècre, en général,toute preuve de son
évidence première et éclatante: son
égocentrisme. Je est un
étrange narrateur qui se raconte et devient
littérature dès lors que ses mots nous parlent.
Les auteurs se cachent souvent derrière leurs personnages
pour mieux transpirer dans les mots employés. D'autres
s'exhibent avec brio. C'est le cas aujourd'hui de Nathalie Rheims qui,
après une longue liste de romans ancrés dans un
univers étrange et aussi repérable que sa
chevelure, a choisi d'intituler son dernier roman: Journal
intime . Pour la première fois, le « je
» est le personnage principal de son texte; un texte au plus
profond de l'intime.
Nathalie
Rheims ne
cherche pas à dissimuler ce que contiennent les pages de son
Journal Intime. Brut et sans fioritures,
le texte raconte l'histoire d'une passion amoureuse. Un amour ravageur
qui accapare la totalité du personnage, tout son
être.On en ressort avec une sensation étrange de
s' imiscer dans un lieu défendu où le coeur se
débat , impuissant, et cherche à retenir une
passion enfuie.
La
délivrance du dire
Epuré
de tout supplément romanesque,le texte
se sert brut. C'est là une façon, pour la
romancière, de se démarquer des autofictions
maquillées que l'on trouve habituellement sur les tables des
librairies de la rive gauche.Ici, le coeur se bat ligne
après ligne pour exister aux yeux d'un autre, celui d'un
homme qui a choisit l'éloignement. Nathalie Rheims
écrit avec ses tripes- mais des tripes
poétiques- et elle n'hésite pas à user
de métaphores qui se posent justement sur les douleurs.
Aucun fil romanesque, seules quelques bribes de souvenirs
précis et des phrases passionnelles peuple ces pages. Un
homme désire posséder une femme, et reste
prisonnier d'une autre, écrit la
romanicère. Voilà le thème de cette
étrange texte proche d'une lettre qui alterne le tu
et le je, tous deux emmelés dans les
souvenirs intimes de la narratrice qui dit faire ce texte pour s' 'avouer
vaincue et pour triompher du mal . Ce Journal
intime est là pour nous rappeler toujours cette
nécéssité qui existe entre la vraie
vie et la littérature. Nathalie Rheims
écrit vouloir crocheter les serrures à
coups de stylo. Un stylo qui délie les douleurs
dans un long champ lexical de la falaise, du gouffre.
La
romancière signe ici un livre singulier et qui agit comme un
miroir évident pour tout lecteur ayant
été frotté à la passion.
Son écriture habite la solitude et le désarroi de
sa narratrice, écrivain, elle aussi...
Oilivia Michel
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Les
évitables de la rentrée littéraire
Et
si le dernier Nathalie Rheims cachait, derrière ses
apparences de «roman d'amour autofictionnel», un
Bottin mondain littéraire? En 150 pages (à gros
caractères), sont en effet conviés Montaigne,
Philippe Lejeune, Robbe-Grillet, Butor, Morand, Genevoix, Queneau,
Rousseau, Gide, Sartre, Leiris, Mallarmé, Serge Lebovici,
Proust, Roger Martin du Gard, Jean-Marie Vianney, Mara (Journal d'une
femme soumise), Bernanos, Fénelon, Jeanne Guyon, Beauvoir,
Aragon, Bossuet, Céline, Pierre Pachet, Maurice de
Guérin, Benjamin Constant, Casanova, Stendhal, Balzac,
Racine, Tchekhov, Kafka, Diderot, Magdalena van Schinne (on oubliait
une certaine «Mylène», à qui
le livre est dédié), etc. Si les thrillers
fantastiques de Nathalie Rheims avaient un côté
série Z plutôt sympathique, Journal intime
mêle avec une désarmante maladresse souvenirs
familiaux et considérations
théorico-passionnelles sur le «journal».
Verdict: histoire de rester dans le name dropping cher à
l'auteur, pour le meilleur, on fait face à du sous-Camille
Laurens et, pour le pire, du sous-Christine Orban.
source:
lire
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Interview
Vous
avez intitulé votre roman Journal intime
or, il n’est pas construit comme tel, ne comporte pas de
dates… Pourquoi ce titre ?
Nathalie
Rheims : Comme à chacun de mes livres,
c’est un point dont je discute longuement avec mon
éditeur. Personnellement, j’avais pensé
aux Noces de cendres, mais Léo Scheer
m’a fait remarqué qu’il avait
déjà été
utilisé, en outre, il le trouvait trop noir. Dans ce roman
— car ce n’est ni un essai ni de
l’autofiction —, je raconte l’histoire
d’une femme qui, à défaut de pouvoir
vivre avec l’homme qu’elle aime, envahit son
journal intime et finit par en écrire un
elle-même. Je me suis aussi intéressée
à d’autres journaux intimes de la
littérature, j’ai relu de nombreuses
correspondances d’écrivains, notamment celles de
Gide, de Diderot à Sophie Volland, Les Lettres
de Jean-Jacques Rousseau.
On
perçoit une souffrance si intense dans votre roman que
l’on est tenté, malgré tout, de croire
à de l’autofiction. Quelle est la part de
réalité?
N.
R. : Cette histoire est pour moitié vraie,
tissée de souvenirs, moitié fausse.
J’ai réellement vécu une passion avec
un homme, mais il était hors de question de pouvoir
l’identifier. Les lettres, en particulier celle de rupture,
sont vraies. Pour autant, elles ne donnent aucun indice sur
l’homme qui me les a envoyées. Est-ce que tous les
détails sont exacts ? Cette histoire d’amour
existe-t-elle encore ? Je reste floue et le roman ne donne pas toutes
les réponses. J’avais déjà
écrit mon précédent livre, L’Ombre
des autres, pour cet homme, mais lorsque je l’ai
eu fini, je me suis rendue compte que ce n’était
pas suffisant. La douleur était encore là, je ne
m’étais pas assez engagée à
travers mes personnages. Il fallait aller plus loin. Ce texte a
répondu à une double tension née du
besoin de raconter mon histoire et du besoin de protéger cet
homme. J’avais besoin de solder un certain nombre de choses ;
l’écriture permet de mettre à distance
les sentiments, c’est une force incroyable.
Avec
Journal intime, vous revenez
à une forme d’écriture plus
personnelle, après avoir écrit des romans plus
populaires comme Le Cercle de Meggido…
N.
R. : J’ai certainement écrit Le
Cercle de Meggido et l’Ombre des autres
pour me prouver que je pouvais construire une pure fiction, faire des
récits différents. Avec ces deux livres, soyons
honnêtes, j’ai gagné de nouveaux
lecteurs. Journal intime est dans la
même veine que Lettre d’une amoureuse
morte, il est plus littéraire, et c’est
un des livres où je me suis le plus engagée
après Les fleurs du silence qui
imaginait/mettait en scène la mort de mon père.
Considérez-vous
l’écriture comme une catharsis, comme une
autoanalyse ?
N.
R. : Une catharsis certainement, mais pas une
autoanalyse car il n’y a pas de dimension psychanalytique. A
mes yeux, la maîtrise du style est importante, j’ai
une écriture courte, serrée qui en est le
résultat, bien que je corrige finalement très peu
mes textes après les avoir écrits. Je travaille
généralement deux jours avec mes
éditeurs qui m’empêchent de me perdre,
d’aller trop loin dans l’abandon.
Pourquoi
avez-vous choisi de publier ce texte ?
N.
R. : Peu importe que cette histoire soit
véridique ou non, car c’est avant tout un
processus d’interrogation : pourquoi plonge-t-on dans une
passion ? Pourquoi se laisse-t-on aller à une telle
extrémité ? Parce que l’on est plus
vulnérable et réceptive à certains
moments de sa vie ?s Je crois que toutes les femmes ou presque, ont
ressenti ce sentiment de fragilité à un moment
donné de leur vie. On donne tout à
l’être aimé et pourtant, cela ne suffit
pas. On n’arrive plus à s’accrocher
à rien, on ne sait plus qui l’on est.
C’est ce qui fait l’universalité de ce
texte.
Vous
faites référence à Jeanne Guyon,
grande mystique du XVIIe siècle.
Êtes-vous une mystique ?
N.
R. : Dans ma vie en général, non.
Je ne crois pas que des esprits fantômes nous entourent et
vivent avec nous. J’ai plutôt tendance à
croire qu’il existe quelque chose après la mort,
mais personne n’en sait rien. En revanche, l’amour
que je ressens pour cet homme a un petit côté
mystique. Semblable, comparable à la passion du Christ
même si l’homme s’incarne plus que le
Christ. On est à chaque fois dans l’absence de
l’autre.
Finalement,
votre relation à l’écriture
n’est-elle pas votre plus belle histoire d’amour,
celle qui ne vous a jamais déçue ni trahie ?
N.
R. : Oui. J’ai pour habitude de dire que je
suis née le jour où j’ai
décidé d’écrire. Mon
détour par le théâtre a
été important bien sûr, il exprimait
déjà un amour de la langue.
L’écriture est un exercice solitaire incomparable,
suivi de rencontres avec les gens lorsque le livre est
publié et que je me rends sur des salons pour des
signatures. Ce double mouvement qui va de
l’intérieur vers l’extérieur
est d’ailleurs très agréable.
Propos
recueillis par Nahalie Six
source: http://fnacblog.typepad.fr
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