Rejoignez les milliers de
signataires (dont Mylène Farmer)
pour sauver une femme de la
lapidation
"Sakineh
Mohammadi Ashtiani attendait dans la prison de Tabriz, à
l’ouest de l’Iran, où elle croupit
depuis cinq ans, la réponse à une demande de
réexamen de son cas – prévue,
initialement, pour le 15 août.
Son “crime” (qu’elle n’a
avoué, rappelons-le, que sous la torture et qui
consisterait, selon ses accusateurs, à avoir eu deux
relations amoureuses hors mariage) avait déjà
été puni par 99 coups de fouet
administrés en présence de l’un de ses
deux enfants.
Mais voilà qu’une nouvelle et nébuleuse
accusation a débouché, il y a quelques mois, sur
une condamnation à mort – et pas
n’importe quelle mort puisqu’il devrait
s’agir d’une mort par lapidation!
L’opinion internationale, touchée par
l’horreur de cette menace qui pèse sur Sakineh,
attendait avec elle la révision d’un verdict aussi
inique que barbare – quand, le 11 août
dernier au soir, se produisit l’un de ces coups de
théâtre dont l’Iran commence
à être coutumière : le
régime diffusait à la
télévision, dans une émission de
grande écoute, les prétendus « aveux
» de la jeune femme qui, couverte par un tchador noir qui ne
laissait voir que son nez et l’un de ses yeux, tenant une
feuille de papier entre les doigts comme si elle récitait
une leçon mal apprise, une voix off en farsi couvrant sa
propre voix qui s’exprimait dans sa langue maternelle,
l’azéri, confessait sa supposée
“complicité” dans le meurtre de son mari.
Son actuel avocat, Hutan Kian, a affirmé que cette
déclaration, contraire à toute vraisemblance, a
été arrachée, à nouveau,
sous la torture et rapporte que les enfants de Sakineh sont, quant
à eux, « complètement
traumatisés » par l’émission.
Outre le fait que l’on peut avoir des doutes sur
l’identité de la femme qui est apparue ce
soir-là, sur les écrans, dissimulée
sous un tchador étonamment couvrant, ces propos vont, par
ailleurs, clairement à l’encontre de ceux
rapportés par le Guardian, la semaine dernière,
et où Sakineh expliquait que les autorités
iraniennes l’avaient déjà, en 2006,
lavée de cette accusation infame; qu’elles
mentaient donc sciemment en revenant ainsi sur une charge
abandonnée depuis longtemps et ce dans le seul but de semer
la confusion dans les médias et de les préparer
à une exécution à la sauvette; et que
la “justice” ne s’obstinait sur son cas
que « parce qu’elle est une femme » et
qu’elle vit « dans un pays où les femmes
sont privées de leurs droits les plus
élémentaires. »
Que Sakineh soit privée de ses droits les plus
élémentaires, cela ressort du fait
qu’elle n’a même pas eu droit, dans cette
affaire, à un jugement limpide, dans une langue
qu’elle puisse comprendre (« quand le juge a
prononcé la sentence, a-t-elle déclaré
au Guardian, je n’ai même pas
réalisé que j’allais être
lapidée à mort car j’ignorais ce que
signifiait le mot “rajam”; ils m’ont
demandé de signer la sentence, ce que j’ai fait,
et quand je suis retournée en prison et que mes
codétenues m’ont avertie que j’allais
être lapidée, je me suis immédiatement
évanouie»); cela est confirmé par les
mésaventures de son ancien avocat, Mohammad Mostafaei,
celui-là même qui a attiré
l’attention internationale sur son cas et qui s’est
vu, pour cela, menacé d’emprisonnement (il
n’a dû son salut qu’à la fuite
en Turquie où il attend un visa pour la Norvège
– mais non sans que son épouse, Fereshteh Halimi,
ait été retenue en otage et
emprisonnée); et cela est attesté, enfin, par le
fait que, nonobstant l’horreur de la chose même, et
quitte à entrer dans les détails les plus
scabreux, une mise à mort par lapidation n’est
possible en “droit” iranien que lorsque la famille
de la victime en fait la demande (ce qui, dans le cas de
Sakineh et de sa famille, n’est, evidemment, pas le cas!).
Mais par delà ces considérations dans lesquelles
nous n’avons ni le goût ni peut-être,
désormais, vraiment le temps d’entrer, il est
urgent d’intervenir pour empêcher une mise
à mort dont les observateurs de la scène
iranienne ont tout lieu de redouter l’imminence.
Il est urgent de répondre à l’appel des
enfants de Sakineh, Fasride et Sajjad Mohammadi Ashtiani, nous adjurant
de ne pas fermer les yeux sur une mise en scène aussi
grossière et de ne pas laisser leur « cauchemar
devenir réalité ».
Il est urgent d’exiger des autorités, pour
Sakineh, le renoncement à toute forme
d’exécution, une remise en liberté sans
délai et la reconnaissance de son innocence.
Des dizaines de femmes sont, chaque année, en Iran,
condamnées au fouet, à la lapidation ou
à d’autres peines dont la barbarie glace, tout
autant, les sangs: il est urgent, au-delà même du
cas de Sakineh, que l’ONU rappelle au régime des
Mollahs les promesses faites, en 2002 et en 2008, quant à
l’abolition de ce type de châtiments.
La vie d’une femme est jeu.
La liberté et la dignité de milliers
d’autres se jouent également là.
Et il s’agit enfin de l’honneur d’un
grand pays, doté d’une culture aussi magnifique
qu’immémoriale, et qui ne peut se voir
résumer, sous les yeux du monde, au visage
ensanglanté, réduit en bouillie, d’une
femme lapidée."
Pitié pour Sakineh."