-
Date
22 janvier 2016
-
Média / Radio
Option Musique (Suisse)
-
Interview par
-
-
Fichiers
-
Catégories
interviews
La radio suisse Option
Musique a diffusé cette semaine dans l'émission
"Passé(e) par ici" une
interview inédite et très intéressante
de
Mylène.
Elle était accompagnée lors de l'enregistrement
(début novembre à Paris) par Sting et Martin
Kierszenbaum.
Mylène parle de son duo avec Sting, de son travail avec
Martin Kierszenbaum, mais également de sujets plus
inattendus : Liloup, les supports collectors, les photos du livret de
l'album, certaines chansons, et même de son TOC.
Nous vous proposons une retranscription intégrale de cet
entretien ainsi que l'audio.
Place à l'interview "Tout dans l'axe ! "
Option
Musique (Philippe Robin)
: Le premier plaisir, c'est de constater qu'elle accepte cette
interview, événement très rare voire
exceptionnel
dans sa carrière. Alors, est-ce qu'elle a changé
d'avis
à propos des interviews ?
Mylène
Farmer : Pas du tout. Là, c'était
l'opportunité de partager ces moments avec Sting, et puis
avec
Martin. Et bien évidemment, c'est plus simple pour moi qui
parle
peu, et voilà, je trouvais ça important pour le
coup de
partager ces moments avec eux.
Option
Musique : Sting, le premier extrait de l'album de Mylène
Farmer,
c'est une nouvelle version de l'une de vos chansons, Stolen Car.
Comment en êtes-vous venus à travailler ensemble ?
Sting : Je
connaissais la célébrité de
Mylène et sa légende. Martin m'a
demandé si je
voulais écrire une chanson pour son nouvel album. J'ai dit
que
je n'avais pas de chanson, mais qu'on pourrait reprendre un titre que
j'avais fait il y a douze ans, Stolen
Car que j'avais toujours
imaginé être chanté par un homme et une
femme.
C'est une histoire intéressante, une histoire d'amour
compliquée : "Peut-être que tu pourrais l'aimer
?", et
j'ai dit à Martin : "Envoie-lui la chanson !". Et elle l'a
aimée, alors on a décidé de
l'enregistrer ensemble
à Paris alors que j'étais au milieu de ma
tournée.
Et le reste, c'est de l'histoire, on a un gros succès
maintenant. Incroyable !
Option
Musique : Mylène, comment vous avez reçu cette
nouvelle
lorsqu'on vous a dit que vous alliez travailler avec Sting ?
Mylène
Farmer : Je suis allée chercher cette nouvelle, si
je puis dire. J'ai effectivement demandé à
Thierry Suc
qui connaissait donc bien Sting avec qui il a travaillé sur The
Last Ship sa comédie musicale qu'il a
jouée à
Broadway - magnifique comédie musicale, d'ailleurs - et je
lui
ai demandé si je pouvais rencontrer Sting. Je l'avais vu moi
plusieurs fois évidemment en concert, j'aime l'artiste
depuis
très très longtemps, et donc nous nous sommes vus
une
première fois à Londres, puis après
à New
York, et je lui ai demandé si il acceptait de partager un
duo
avec moi, et il a répondu : "Oui". Et on m'a
proposé
cette chanson Stolen Car.
Option Musique : Alors, vous avez
réécrit la chanson avec une partie en
français...
Mylène
Farmer : C'est plus une adaptation parce que le texte de
Sting était là, et c'est lui qui raconte
l'histoire.
Effectivement je lui a demandé si je pouvais
écrire pour
le public français la partie en français,
justement dans
la langue française, et il a très
généreusement accepté. Mais, je
précise
vraiment, c'est une adaptation de son texte.
Option Musique : Stolen Car,
ce fut l'occasion de tourner un clip sur les quais de la Seine et dans
une chambre d'hôtel, un célèbre
hôtel
parisien. Un clip particulièrement sexy dont Sting et
Mylène Farmer nous parlent.
Sting : C'est une
histoire intéressante que de transformer cette
chanson en un petit film parce qu'il y a plusieurs personnages. J'en
joue deux : le voleur, et je joue aussi l'amant. Mylène ne
joue
qu'un personnage, elle joue une fille très sexy. C'est une
histoire sexy, et je pense qu'elle est drôle aussi. Et Paris
est
l'endroit parfait pour la raconter. Paris est en fait aussi un
personnage dans le film : Notre Dame, la Seine, les ponts... Je trouve
que c'est une vidéo fantastique.
Option
Musique : Mylène, comment vous avez vécu ce
tournage
particulier au bord de la Seine, sur les pavés comme
ça,
en public finalement, c'était en public...
Mylène
Farmer : Oui d'une certaine... c'était en tout cas
à l'extérieur, effectivement. Ça a
été un
moment magique, deux jours de tournage. Sting a joué les
deux
caractères, donc avait plus de travail que moi.
Ça s'est
merveilleusement bien passé parce qu'il est très
très généreux de sa personne, c'est un
merveilleux
acteur aussi. Et puis de travailler avec Bruno Aveillan - c'est
quelqu'un avec qui j'avais travaillé sur deux autres
vidéos, sur Si
j'avais au moins, et puis Dégénération
- et nous sommes aussi très amis, et c'est quelqu'un qui a
vraiment, évidemment une vision très
cinématographique, mais aussi il adore la peinture et la
photographie. J'aime beaucoup ses lumières, j'aime beaucoup
ce
souci du détail. C'est quelqu'un qui a beaucoup de talent.
Option Musique : Sur l'album, une
reprise surprenante, I
want you to want me de Cheap Trick.
Mylène
Farmer : Absolument. J'ai découvert, moi cette chanson - je
sais
que les américains connaissent très
très bien
évidemment cette chanson - moi, je l'ai
découverte il y a
peu, et c'est grâce à Gary Jules avec qui j'ai
partagé la scène, un duo, et c'est lui qui avait
fait
cette reprise à l'origine. Et je me suis dit : "Tiens,
ça
m'amuserait de m'y essayer." Et Martin m'a encouragée.
Voilà, elle fait partie de l'album.
Option Musique : Et vous avez
choisi de ralentir la chanson, elle est plus douce avec vous.
Mylène
Farmer : Pour être tout à fait honnête,
Gary Jules
avait déjà fait cet exercice, il avait totalement
ralenti
cette chanson, et c'est ce pourquoi sans doute j'ai
été
attirée.
Option Musique : Est-ce qu'il
faut une autorisation comme ça pour reprendre une chanson,
aujourd'hui ?
Mylène
Farmer : Non, quand on fait un cover, tout le monde peut faire un
cover. Maintenant, effectivement de la ralentir... (Mylène
hésite) C'est une bonne question, il faudrait demander plus
à Sting...
Sting : Je ne crois
pas, non. Si tu la changes radicalement, alors, oui, tu as besoin d'une
autorisation.
Option Musique : Il y a une
chanson qui ferme l'album qui s'appelle Un jour ou l'autre qui
est une chanson particulière, elle est placée
là,
à la fin de l'album, pas par hasard, j'ai l'impression...
Mylène
Farmer : Non, et à la fois je vais presque
être désagréable avec vous parce que je
ne parle
jamais de mes chansons, en ce sens que je les écris, je les
enregistre, et je les offre au public. C'est très difficile
pour
moi de re-rentrer à l'intérieur et de trouver
justifications, si ce n'est que vous avez raison, elle n'est pas
placée là par hasard (sourire).
Option
Musique : À la fin de cette chanson intitulée Un jour ou l'autre,
on a l'impression d'une plongée dans une ambiance
écossaise, au point de s'attendre à entendre
à un
moment ou à un autre des cornemuses sur les
dernières
mesures ce que confirment Mylène Farmer et le compositeur
Martin
Kierszenbaum.
Mylène
Farmer : Oui on avait envie avec Martin de s'essayer
à cet univers écossais, et nous avons fait appel
à
ce qu'on appelle un orchestrateur, Graham (Graham Preskett
crédité pour
les arrangements des cordes sur plusieurs chansons de l'album, ndlr)
qui nous a fait ces jolis
moments et ces jolis passages.
Option
Musique : Alors on ne va pas parler du contenu de vos chansons, mais
est-ce que vous pensez que tout est dans les chansons, justement.
Peut-être que d'ailleurs si vous faisiez peu d'interviews ces
derniers temps, c'est que vous pensiez que tout était dit
dans
les chansons...
Mylène
Farmer : Tout ce que je veux bien dire, évidemment c'est
dans mes
chansons. Le reste m'appartient, le reste est mon jardin secret. Donc,
je donne tout, si je puis dire, oui, dans mes chansons,
sûrement.
Option
Musique : Est-ce que l'auditeur doit tout comprendre dans les chansons
ou est-ce qu'elles doivent rester mystérieuses ?
Mylène
Farmer : Je ne voudrais pas faire de ma réponse une
généralité, mais moi j'aime beaucoup
la
poésie. Dans une poésie, je pense que si Sting
lisait la
même poésie, ou Martin, peut-être
comprendrions-nous
des choses différentes. L'important, c'est
l'émotion
qu'elle suscite.
Option
Musique : Amusons-nous au jeu des questions croisées en
demandant à Sting ce qu'il admire le plus chez
Mylène
Farmer et inversément...
Sting : C'est une
immense star, et en même temps une petite
fille, humble, très timide, très douce, et je
trouve que
c'est un accomplissement étonnant d'avoir cette
drôle de
vie et de ne pas changer du tout. Elle est adorable.
Option Musique : Il a dit
ça la main sur votre épaule, doucement. Il est
très câlin, avec vous ?
Mylène
Farmer : Il est très, je dirais, protecteur. J'ai
beaucoup de chance, j'ai beaucoup de chance qu'il accepte aussi et
qu'il partage ces moments de promotion parce que c'est quelqu'un qui
est évidemment extrêmement sollicité,
très
très occupé. C'est un cadeau de la vie pour moi,
réellement.
Option
Musique : Alors, j'ai la même question pour vous : est-ce que
quelque chose vous impressionne particulièrement chez Sting ?
Mylène
Farmer : Je dirais, oui son talent bien
évidemment, son charisme, ça tout le monde le
sait, mais
c'est son authenticité avant tout : c'est quelqu'un qui est
ce
qu'il écrit, qui est l'homme qu'il présente,
c'est
quelqu'un de formidable et assez unique.
Option Musique : À
l'époque dans les années 80, et même
avant, vous aviez vu Police ?
Mylène
Farmer : Bien évidemment, oui, oui, bien sûr. Je
connais
sa musique depuis très très longtemps, depuis ses
débuts.
Option
Musique : Sur les photos que l'on trouve sur le nouvel album de
Mylène Farmer, on peut voir en pages centrales de la
pochette,
la chanteuse aspergée d'une quantité
impresionnante d'une
mysétérieuse poudre blanche. Les fans de
Mylène
Farmer sont nombreux à se demander ce que ça peut
bien
être cette poudre, et notre curiosité nous a
poussés
à poser la question à la chanteuse victime de ces
projections curieuses.
Mylène
Farmer : Il s'agit de poudre de talc et de poudre pigmentée.
C'était pour justement pour représenter les
nébuleuses, l'interstellaire, les étoiles, et
ça a
duré quelques... quelques... huit fois en tout, je crois, on
m'a
envoyé de la poudre sur le visage. Non, non, ce
n'était
pas désagréable, difficile par contre pour avoir
la bonne
image. Ça se fait dans le moment, en direct.
Option Musique : Vous participez
à la création de tout l'album, y compris la
pochette, les photos, la conception ?
Mylène
Farmer : Je suis même, si je puis dire, à
l'origine de
toutes ces choses, déjà le choix du photographe
(Ralph Wenig, ndlr), et
j'étais très heureuse de travailler avec lui,
parce que
lui m'a amené un univers incroyable. Il travaille en
binôme avec... je crois on appelle... quelqu'un qui travaille
derrière un écran pardonnez-moi mais j'ai
oublié
le nom... peu importe... et donc voilà... je suis perdue....
(rire)
Option Musique : On parlait de la
création, de la manière dont vous supervisez tout
ça...
Mylène
Farmer : J'avais en fait donné deux mots
clés à Ralph, je lui avais dit effectivement
Interstellaires
qui est le titre de l'album, je lui avais parlé
de voie lactée, et puis de douceur surtout, de quelque chose
d'intemporel. Et puis, nous avons fait cette séance photos,
et
voilà ce qui est arrivé...
Option
Musique : À propos des objets que vous mettez en vente,
lorsqu'un
disque sort, il y a beaucoup de choses : il y a un vinyle, il y a la
boîte en plastique, il y a l'édition de luxe, il y
a un coffret... Il y
a toujours en ce qui vous concerne beaucoup de choses qui sortent.
Mylène
Farmer : Oui, parce que j'aime l'idée du cadeau, j'aime
l'idée de la
multiplicité, et je sais... en tout cas, je crois savoir que
le public
aime ça beaucoup. Les collectors, je connais plein plein de
gens qui
adorent justement les choses très particulières,
des choses qui sont
tirées avec un tirage minimum. Voilà...
Option
Musique : Vous faites partie des artistes les plus
collectionnés...
Mylène
Farmer : On me l'a dit, en effet, oui.
Option
Musique : Vous collectionnez vous-même quelque chose ?
Mylène
Farmer : Je collectionne... (Mylène hésite) euh,
non ! Par
contre, je remets tout droit dans l'axe, ce qui n'a rien à
voir, mais
c'est un TOC. (rires)
Option Musique :
C'est-à-dire au restaurant les fourchettes, les couteaux...
Mylène
Farmer : Tout dans l'axe ! (rire) C'est une névrose !
Option
Musique : Sur scène ça doit être
terrible, parce que sur scène les choses bougent, ne sont
pas forcément...
Mylène
Farmer : Non, non ! Tout est dans l'axe ! (rires)
Option
Musique : Je vous ai vue en photos dans un magazine avec votre chienne,
je crois, Liloup. Ça a toujours une importance un animal
chez une
personne. La dernière fois qu'on a fait une interview
ensemble, vous
m'aviez dit : "Je cherche un caméléon."
Mylène
Farmer : Je ne m'en souviens pas. J'aime beaucoup les
caméléons. J'ai
vécu, moi, vingt-trois ans avec un singe, un singe capucin,
et
maintenant c'est effectivement avec cette très
très jolie chienne.
Option
Musique : Elle vous équilibre ?
Mylène
Farmer : Ça je ne sais pas, mais elle donne beaucoup. La
chose
exceptionnelle avec les animaux, nous le savons tous, c'est qu'ils sont
très heureux de vous voir, vous donnent
énormément sans se poser de
questions, et puis immédiatement, et chaque minute... vous
disparaissez
d'une pièce, vous revenez, et c'est une fête.
C'est extraordinaire de
s'occuper d'un animal.
Option Musique : Vous savez
toujours où elle est, elle est avec vous en
tournée ?
Mylène
Farmer : Non, en tournée, non, la pauvre, non, non. Elle
reste à la maison.
Option Musique : Ce nouvel album
de
Mylène Farmer est sorti également aux Etats-Unis
sous l'impulsion du
réalisateur de ce disque Martin - Cherry Cherry Boom Boom,
c'est son
surnom - Kierszenbaum. Il est très
impliqué aux États-Unis, il possède
un label de disques, là-bas. Alors, est-ce que cela peut
être pour
Mylène Farmer le début de quelque chose de
nouveau ?
Mylène
Farmer : J'ai cette chance effectivement que Martin m'ait
proposé de mettre cet album sur son label parce qu'il avait
envie de le
travailler, de donner à l'album une chance. Maintenant, ce
n'est pas,
un but en soi, c'est une très jolie surprise pour moi.
Option
Musique : Mais ça pourrait être l'excitation du
début de quelque chose de nouveau ?
Mylène
Farmer : Ecoutez, moi là encore je suis... mon pays c'est la
francophonie. Maintenant c'est toujours agréable
d'être écoutée à
l'étranger, bien évidemment, mais c'est quelque
chose qui existe déjà.
Là, les États-Unis, c'est très
particulier, et puis j'oserais dire :
'Ne rêvons pas', c'est quelque chose d'extrêmement
difficile comme
marché à atteindre. Moi, ce qui est important
pour moi, c'est de
pouvoir partager avec Martin.
Option
Musique : Vous venez de dire un mot important pour vous, c'est le mot
'rêve', il arrive souvent dans vos chansons. Est-ce que vous
êtes
allée, pour paraphraser l'un de vos amis, est-ce que vous
êtes allée au
bout de vos rêves ?
Mylène
Farmer : J'espère que non ! J'espère que non ! La
preuve
aujourd'hui, ces deux personnes à mes
côtés, et non, non, non, jamais.
L'important c'est de toujours espérer quelque chose, autre
chose. Mais
je vis le moment présent, malgré tout, donc
là j'apprécie tous ces
moments.
Option Musique : Vous paraissez
rayonnante, en pleine forme, joyeuse...
Mylène
Farmer : C'est vrai ? Oui, c'est les deux larrons autour de moi
qui me mettent dans cette humeur ! (rire) Mais parce que ça
se passe
bien et que c'est toujours... c'est tellement agréable !
Option
Musique : Comment va votre jambe ?
Mylène
Farmer : Ça va beaucoup mieux, je vous remercie, beaucoup mieux.
Option
Musique : Le 16 mars, vous avez fait une chute, un accident qui vous a
immobilisée...
Mylène
Farmer : Oui je me suis cassé la jambe, et j'ai
été immobilisée pendant quatre mois.
Option
Musique : Ce qui vous a permis de plus travailler ?
Mylène
Farmer : Ce qui m'a permis de travailler sur l'album, et de travailler
sur les illustrations d'un livre, d'un conte philosophique de Michel
Onfray. C'est ce que j'ai fait pendant cette période
d'immobilisation,
donc c'était un joli voyage pour moi.
Option Musique : À
quoi va ressembler l'année 2016 pour vous Mylène
Farmer ?
Mylène
Farmer : Je ne sais pas. Je ne sais pas parce que je ne me projette pas
dans un futur immédiat. Là, c'est la sortie de
l'album, et je me
concentre là-dessus.
Ecoutez
l'interview en cinq parties
Un anonyme
le 22/01/16 à 18:48 top comm'On découvre Mylène sous un nouvel angle et c'est finalement ce qui caractérise Interstellaires : de la nouveauté de la fraîcheur
J'aime beaucoup l'album, il est très soigné, de la pochette aux morceaux en passant par la promo et les clips. Du très grand Farmer!
Quelle chance de posséder une artiste française aussi singuliere, humble et talentueuse !