Habilleuse sur les
concerts Mylenium
Tour
Février/Mars/Avril 2006
Fanzine IAO - N°7
Avez-vous travaillé avec Mylène avant le Mylenium Tour ?
A vrai dire, oui, il y a très longtemps, à
l'époque de Maman
a tort. Je suis
styliste à la base, et je dois avouer que la
première
fois que j'ai vu cette fille à la
télé, je
me suis dit que tout ce que je faisais depuis des années lui
correspondrait tout à fait. Elle aimait les tenues qui
soient
à la fois portables à la ville et en
même temps
empreintes de théâtralité.
J'avais tout un
book comme ça, avec notamment des redingotes.
Donc vous êtes
entrée en contact avec elle
à cette époque ?
Oui, mais j'ai mis longtemps à y parvenir ; elle
était déjà difficilement approchable
(rires). Ça
m'a pris un an je crois.
Et comment y
êtes-vous parvenue ?
Pas hasard. En fait, il s'avère que, un
jour,
j'ai rencontré Pierre Perrin, qui était
le
photographe de Mylène à ses tous
débuts, mais
aussi son ancien compagnon, avant Laurent Boutonnat. Il
m'avait
d'ailleurs raconté qu'il
n'avait pas cru au
potentiel commercial de Maman
a tort
et que
c'est un peu ça qui avait conduit à une
rupture. Il
m'a donné les coordonnées de
Mylène et je
l'ai contactée. Mais même avec ses
coordonnées privées, j'ai eu du mal
à
l'atteindre.
Mais vous l'avez vue ?
Oui. Je lui ai montré mon book et ça lui a plu.
Mais la
difficulté pour moi, c'était qu'elle avait
déjà une costumière, Carine Sarfati,
qui m'a
visiblement prise pour une rivale potentielle. Moi je
démarrais
dans le métier, alors je n'ai pas
insisté. Mais
Mylène a tout de même porté une de mes
tenues en
télé. C'était un chemisier
un peu
particulier, avec des manches pointues qui se terminaient par un anneau
sur les mains.
C'était pour
quelle émission et quelle
chanson ?
Je crois que c'était On est tous des
imbéciles dans une émission du
matin
sur FR3.
Et vous ne l'avez plus
revue après ?
Non. Je l'ai retrouvée via Dominique Borg
lorsqu'elle est venue travailler avec elle sur les costumes
du Mylenium Tour.
Parce que vous
travailliez alors avec Dominique Borg ?
A l'époque, oui, je travaillais beaucoup avec elle.
Vous êtes
allée voir Mylène
à ce
moment-là pour lui dire : "Tu te souviens de moi
?" ?
Non car on était toute une équipe, et elle
était très protégée.
Vous aviez quand
même accès à sa loge,
non ?
Oui mais parfois certaines personnes la mettaient vraiment sous
cloche. Et le pire, c'est que je ne suis même pas
sûre que ce soit sa volonté. Je me souviens que
parfois,
je l'entendais dire : "Mais laisse-la entrer,
c'est
Corinne, ça fait trois mois qu'elle me voit nue
tous les
jours !" (rires).
Vous vous occupiez de
l'habiller ?
Avant le spectacle, je m'occupais surtout des danseurs.
Mylène, c'était plus pour les
changements de
costumes pendant le spectacle, car il fallait être plusieurs
filles dans la mesure où il s'agissait de tenues
délicates.
Elle retournait en loges
pour se changer ?
Ah non ! C'était impossible. Il fallait que ce
soit
extrêmement rapide. On faisait ça dans une cabine,
en
arrière plateau, presque dans le noir, avec trois lampes
torches. D'ailleurs, elle n'a pas porté
toutes les
tenues qui étaient prévues à la base
car elle
avait peur que ça fasse trop de changements rapides.
Mais pourquoi ne pas y
avoir réfléchi avant,
pendant les
essayages avec le créateur des vêtements par
exemple ?
Le problème c'est que les tenues sont
déjà vendues quand on arrive au moment des
essayages.
Combien de tenues
Mylène a-t-elle
délaissées alors ?
Deux ou trois. Je me souviens notamment d'une tenue en
résine chair, avec comme des gouttes de corail ou des
flammes
dessus. C'était une pure merveille. Elle valait
bien 10 000 euros d'ailleurs. Mais c'était un
vêtement tellement délicat qu'il
était
impossible de l'enfiler rapidement. Mylène ne
l'a
donc pas portée pendant le Mylenium Tour. En
revanche, elle a fait une télé avec
(l'émission "100 % Johnny" sur TF1 le
12 novembre
1999, ndlr).
Et elle porte cette tenue
sur l'affiche de ses concerts de
cette année.
Ah je ne savais pas. C'est bien car je me souviens de
Dominique
avait été très
déçue que
Mylène ne le porte pas en scène.
Mylène
parlait-elle pendant les changements de tenues ?
Non, pour la simple raison qu'elle avait encore ses micros.
On
faisait tout par gestes. Par exemple, on lui tapait sur le mollet pour
qu'elle lève le pied gauche (rires). Tout
était
très bien organisé.
Et il y a
déjà eu des cafouillages ?
Oui. Je me souviens qu'un soir, lorsqu'on lui a
enfilé la tenue du final, un superbe vêtement
monté
sur tulles, elle a paniqué quand son micro s'est
pris dans
le dos du vêtement. Elle était prête
à
l'arracher au ciseau. On a juste eu le temps de
l'arrêter car comme elle remettait la tenue le
lendemain ou
le surlendemain, ça aurait été la
catastrophe.
Elle paniquait souvent pendant les changements rapides, à
deux
ou trois moments du concert.
Pourquoi cela ?
Je ne sais pas. Il faut reconnaître que certaines personnes
de
son entourage étaient assez stressantes. Je me rappelle
d'une d'entre elles en particulier qui venait
parfois la
voir entre deux chansons pour lui dire qu'elle avait
oublié tel mot dans les paroles ou qu'elle avait
fait
telle erreur dans les pas de danse. C'était assez
déplacé, je trouve.
Vous aviez des relations
avec elle en dehors du spectacle ?
Oui, un peu. Mais elle avait besoin de beaucoup de calme. Elle arrivait
souvent à la Michael Jackson, l'écharpe
au ras du
nez et le bonnet jusqu'aux yeux. En même temps,
elle
pouvait se montrer totalement disponible ; elle venait discuter un peu
avec nous au catering. Je n'ai pas eu le sentiment que c'est
quelqu'un qui refuse la communication. Elle ne fait pas sa
star.
Je pense qu'elle est simplement
surprotégée.
A quelle heure
arrivait-elle en général ?
Assez tôt. Vers 16h ou 17h.
Et en sortant de
scène, elle parait aussitôt ou
elle restait un peu ?
Elle partait. C'était un tel délire. Je
me rappelle
d'ailleurs que certains fans qui l'attendaient
dehors me
prenaient parfois pour elle quand je passais devant des espaces
vitrés car, à l'époque,
j'étais
rousse avec les cheveux un peu en pétard. Et ils criaient
!!! (rires) J'étais obligée de sortir
pour leur
dire que je n'étais pas Mylène et
qu'elle
était déjà partie.
Mais elle partait avec sa
tenue de scène ?
Non, elle se changeait pour enfiler des choses plus confortables, et
partait rapidement.