Photographe sur le
tournage du film Giorgino
Octobre 2003
Fanzine Instant-mag - HS Giorgino
Tournage
Je suis arrivé sur Giorgino
au bout de 6 semaines. Le
rapport
avec Laurent a été bon tout de suite. Je ne
connaissais
pas son travail, tout juste quelques chansons de Mylène.
Laurent
n'avait pas de demandes particulières à mon
égard, mais bon, il avait peut-être trop de soucis
par
ailleurs, et je crois me souvenir qu'il avait des
problèmes de financement perpétuels. Ce qui m'a
tout de suite frappé quand je suis arrivé sur le
tournage, c'est le visuel. En général, dans les
comédies, la recherche esthétique n'existe pas,
puisque tout est centré sur les personnages et les
situations.
Avec Giorgino,
c'était différent, tout
était
centré sur le décor, les costumes, avec une vraie
recherche esthétique. C'est formidable pour un
photographe. En ce qui concerne les conditions climatiques, j'ai
eu la chance d'arriver au bon moment, les choses dures avaient
été vécues par les autres !
Drôle de couple
Laurent et Mylène, c'est un drôle de couple, comme
on dit. J'ai senti des choses, pas forcément favorables.
Mais j'ai vécu des situations bien plus
épouvantables, comme quand on tourne avec Maurice Pialat. A
côté, Mylène et Laurent, c'est de la
rigolade
! Cependant, je ne rentre jamais dans les rapports intimes entre les
gens. J'essaie au maximum de garder ma distance et de ne faire
que mon travail, car il ne faut pas se laisser piéger par
les
atmosphères. J'ai souvenir de petites remarques un peu
sèches, mais, je vous le répète, j'ai
tellement vu, sur des tournages, de mots et de gestes violents, que le
tournage de Giorgino
en comparaison, ce n'était pas
très grave !
Metteur en
scène
Comme Laurent avait fait des clips audacieux que les gens avaient
beaucoup aimés, il pensait que son film allait
être
révolutionnaire. Et il a eu du mal à se plier
à
des règles commerciales. Giorgino, c'est
comme un long et
beau clip, développé de façon
peut-être
déraisonnable. Il faudrait que Laurent fasse un autre film,
pour
prouver l'étendue de son talent. Je pense que pour
Giorgino,
le visuel l'a vraiment emporté, que Laurent
s'est complu dans ça. Comme l'esthétisme
était plus fort que l'histoire, il a dû perdre le
fil, je crois.
Mylène et
Laurent
Mylène n'a posé aucun problème formel,
elle
n'avait aucune exigence particulière, ce qui est
très rare. Après, elle a choisi les photos, ce
qui est
normal. J'étais très fier, car Studio magazine a
fait un sujet sur le film avec une de mes photos en couverture. Je me
souviens de deux ou trois dînettes avec Mylène et
Didier,
le maquilleur, qui était vraiment un très bon
copain.
J'ai fait onze films avec Depardieu, et je n'ai jamais
dîné avec lui. Je suis très distant. Je
garde un
souvenir plutôt sympathique de Laurent. Quand je suis
arrivé, dans une grande maison, il m'a accueilli avec sa
pipe, il était au piano. Le contact est bien
passé. Je
conserve le souvenir d'un tournage agréable, c'est
un beau souvenir, ce qui n'est pas le cas avec tous les films.