François Hanss - Interview - RTL - 03 novembre 2024
Réalisateur de Nevermore Le Film
03 novembre 2024
"RTL Petit Matin Week-end" - Interview par Vincent Perrot
Interview diffusée quelques jours avanr la diffusion de Nevermore Le Film au cinéma..
Vincent Perrot : Comment les choses ont-elles commencé avec Mylène ? Comment cette collaboration a-t-elle pris forme, François ?
François Hanss : C'est une rencontre, en fait, avec Laurent Boutonnat puisque j'étais jeune assistant réalisateur. Et, j'ai eu la chance de rencontrer l'un des co-compositeurs à l'époque de Maman a tort qui s'appelait Jérôme Dahan, qui avait fait avec Laurent le titre Maman a tort. Ensuite, on s'est très très bien compris, on avait la même envie, la même passion pour la cinéma, les films, la musique de films aussi. Et moi, en tant qu'assistant plus précisément, j'ai pu faire de l'assistanat sur des clips que Laurent a réalisés.
Quels clips ! On parle quand même de Libertine, de Pourvu qu'elles soient douces, de Tristana. L'époque où, quand même, il ne s'agissait pas d'un petit clip de maison de disques comme les autres, les clips de Mylène Farmer à l'époque...
On est à une époque où la notion de clip émergeait. Il y avait des références fabuleuses. Il y avait Jackson avec ses clips que John Landis avait réalisé. Ce format existait déjà mais c'est vrai qu'en France, il y a eu ce clip, ce film, presque, musical avec des intros, des épilogues, des musiques additionnelles ce qui faisait qu'on avait un spectacle cinématographique autour d'un titre. Et quel titre ! Puisque Libertine a été le premier sur lequel on a pu travailler ensemble. C'était ambitionné comme un film, en fait.
Vous voyez ce que j'ai entre les mains. C'est le double laser disc des vidéos des clips de Mylène Farmer. Et, ce qu'on voit surtout dans le deuxième disque, c'est que dans les coulisses du clip California : François Hanss. Dans les coulisses de Pourvu qu'elles soient douces, dans les coulisses de Désenchantée. Vous réalisiez les making-of déjà...
Alors, j'ai toujours aimé en tant que spectateur tout ce qui va autour et les backstage. Tout ce qui fait qu'on aime le cinéma, c'est aussi ceux qui le font. Il se trouve que j'ai pu aussi avoir quelques occasions comme ça d'aller faire le tournage du tournage. Et, c'était des petites aventures parallèles parce que là, je n'étais qu'un observateur neutre avec une petite caméra. Et, j'aimais énormément ce rapport comme ça d'ambiance, des gens qui tournent, les attentes... Tout ce qui fait la magie du cinéma mais opéré d'une manière curieuse et ludique. La musique qui se déploie sur un plateau...
Il y a un moment donné où vous prenez en charge ce que l'on appelle les captations de spectacles. Mais, sur les DVD, sur les Blu-ray, on voit toujours : "un film de François Hanss"...
C'est vrai que la notion de film, on l'a tout simplement parce que déjà, il y a cette possibilité de co-exister dans la préparation, dans le comment les choses se mettent en place sur scène. Comment les chorégraphies, comment les musiciens, les lumières... C'est important, pour moi, d'être toujours en amont quels que soient les concerts que vous avez cités, donc les films. C'était important pour moi d'être juste un témoin, d'arriver avec des caméras et de filmer. On filme vraiment, on respecte les lumières des gens qui designent la lumière de scène. Donc, je dirais qu'il y a un process de film.
Mais, il y a une chose importante. On sent bien dans les shows si particuliers de Mylène Farmer qu'il y a un sens de l'image extrêmement marqué. Et, comme on sait qu'elle est à la base de la conception, c'est peut-être autant une femme d'image, qu'une femme de chant, de musique ou de son ?
Exactement ! Vous avez tout dit. En fait, elle a d'abord une passion pour le cinéma, elle aime énormément l'image, elle aime le cadre, elle aime le rythme, elle aime l'émotion suscitée par une image. C'est quelque chose auquel elle est très attachée. Donc, elle donne aussi des moyens que d'autres n'ont pas. Enfin, j'ai l'impression qu'on est dans quelque chose de très à part avec Mylène. Et, sur le dernier, Nevermore, on a eu vraiment des moyens extraordinaires pour opérer. Quelqu'un qui a conscience et qui produit des shows comme elle le fait, a aussi envie que la restitution, que le donner à voir soient aussi qualitatifs. Il y a une exigence de sa part parce qu'elle a aussi le goût de l'image, c'est certain.
Puisque vous parliez de Nevermore Le Film : on sait qu'il va y avoir un Blu-ray magnifique en 4K. Mais, quand on sait que le film va être projeté au cinéma, ce n'est pas banal ! Est-ce qu'on a des moyens différents ? Est-ce qu'on a une pression différente ? Est-ce qu'on le vit différemment ?
La chance qu'on a, c'est que c'est une trilogie qui est en train de s'installer sans le savoir. On a eu la chance d'avoir Timeless en 2013, en 2019 le film de l'Arena et là, Nevermore. On a un accompagnement un peu privilégié avec ce distributeur Pathé Live qui finalement a aussi ce goût de l'événement. Il y a un an, quand on a commencé la tournée des stades avec Mylène et qu'il y a eu le projet de faire le film, c'est vrai qu'on savait qu'on allait avoir aussi l'écrin de la salle de cinéma. Et nous, techniquement, on a cette exigence fois 10. Même si on sait qu'après, les gens vont le découvrir chez eux, aujourd'hui, dans des conditions uqi sont aussi très très belles.
Vous ne seriez pas avec tout ça un réalisateur un peu privilégié et heureux, je suppose ? Ça n'est pas donné tout à fait à tout le monde...
J'en suis conscient. C'est vrai que c'est même très impressionnant, on est à quelques heures de la sortie du film et je mesure finalement : le sablier se retourne et on se dit on a quand même une chance : autant de gens qui vont pouvoir le voir, c'est vrai que ça n'est pas donné à beaucoup d'artistes aujourd'hui d'avoir cette prolongation des salles ou du stade en l'occurrence, puisque là c'était 14 stades qui ont été achevés récemment et là le film qui fait le jeu d'une découverte d'un spectacle que les gens vont voir, à mon avis, comme personne ne l'a vu.