Acteur - Rôle masculin principal (le
Capitaine anglais) du clip Pourvu qu'elles soient douces
Avril 2006
Fanzine IAO (Hors Série Pourvu
qu'elles soient douces)
Connaissiez-vous
Mylène Farmer avant
de tourner dans Pourvu
qu’elles soient
douces ?
Je connaissais la chanteuse, mais
pas la femme.
Comment
êtes-vous arrivé dans cette
aventure ?
J’ai été contacté par un ami
qui
s’appelle Sandy Whitelaw, qui est traducteur
de films et qui connaissait Laurent
Boutonnat (et qui joue Swift dans le clip,
ndlr). Ça s’est
fait assez rapidement puisque j’ai été
approché
en juillet et qu’on a tourné en août.
Comment vous a
été présenté
le projet ?
J’étais en Bretagne. Je sortais d’une
année de
théâtre et j’avais envie de me reposer.
Sandy
m’a appelé pour me parler de ce projet. Il
m’a
dit qu’il s’agissait de la suite de Libertine que
j’avais beaucoup aimé pour son
côté Barry
Lindon. J’avais aussi beaucoup aimé
le
clip de Sans
contrefaçon. On sentait
qu’il y avait de
la vraie qualité dans le travail de Boutonnat,
et un vrai univers. J’ai donc accepté.
D’autant
que l’idée de tourner dans un clip me plaisait
bien car je ne l’avais jamais fait.
Quand avez-vous
rencontré Mylène et
Laurent ?
J’ai rencontré Laurent Boutonnat
dans le grand Sofitel de l’avenue du Port-
Royal, dans le XIVe arrondissement de Paris.
Là il m’a raconté son projet. Sandy
Whitelaw
était là. Il m’a prévenu que
ça prendrait
une semaine. On s’est ensuite retrouvé sur le
tournage, en forêt de Rambouillet. Et ce fût
une aventure assez extraordinaire.
C’est
là que vous avez fait la connaissance
de Mylène ?
Oui. Elle était adorable. Comme
tous les membres de l’équipe d’ailleurs,
acteurs comme techniciens. Il y avait une
vraie osmose au sein du groupe.
Comment
était-elle comme partenaire de
jeu ?
Charmante et très professionnelle.
Vous aviez notamment une
scène d’amour
torride…
Torride, c’est beaucoup dire ! (rires).
C’était en tous cas très
agréable. Je me
souviens que la scène a été
tournée à minuit,
en comité très restreint – le chef
opérateur,
le caméraman et le réalisateur. Peu de temps
avant la scène, je suis allé voir
Mylène dans sa
caravane. Je l’ai retrouvée dans sa minuscule
salle de bain, où elle se préparait. Elle
était
dans une position hallucinante pour faire sa
petite toilette. Elle m’a expliqué
qu’elle avait
été contorsionniste dans le passé.
Elle faisait
des numéros professionnels si j’ai bien
compris Je ne crois pas que ce soit dans sa
biographie, c’est elle qui me l’a dit.
Vous parliez beaucoup ?
Non. Mylène n’est
pas quelqu’un de très chaleureux car elle a
un tempérament très
réservé, très timide.
Et puis on sentait qu’il y avait déjà
un petit
phénomène ‘star’ qui
s’installait ; il y avait
donc un staff autour d’elle qui la protégeait.
Comment s’est
passé le tournage ?
C’était
très intense car il y avait beaucoup de travail
: on commençait à 7 heures du matin et
on finissait à 10 heures du soir. Mais on ne
voyait pas le temps passer. J’ai particulièrement
apprécié Laurent Boutonnat que j’ai
trouvé d’une élégance rare.
J’ai rapidement
compris qu’il y avait beaucoup de talent
dans cette entreprise.
Et beaucoup de moyens.
Cela vous a-t-il
surpris ?
Je pensais qu’on allait tourner un
petit clip. Et on s’est retrouvé sur un moyen
métrage. Une vraie production de cinéma.
Et du bon cinéma, comme on l’aime !
Quand vous
êtes-vous rendu compte qu’il
s’agissait de plus qu’un simple clip ?
Quand
j’ai su qu’il durerait près de 18
minutes, et
surtout quand je suis arrivé sur le tournage
et que j’ai vu une équipe de gens
passionnés
et talentueux.
Avez-vous le souvenir de
contraintes
particulières ?
Des contraintes, non. Mais
je me souviens que je montais à cheval dans
ce clip, ce que j’adore, mais on m’avait
donné
un cheval totalement fou. Il était noir, magnifique,
mais il allait à une vitesse incroyable.
Les cascadeurs et les techniciens étaient
obligés de faire des barricades pour
l’arrêter.
C’était une fusée (rires).
J’ai réellement cru
que ma dernière heure était arrivée.
Il s’appelait
Apollo ; je me souviens de son nom,
c’est vous dire s’il m’a
marqué ! (rires)
Vous souvenez-vous de
scènes qui
n’auraient pas été retenues au montage
final ?
Oui, encore par rapport à ce cheval,
je me souviens d’une magnifique cabrade
qui n’a pas été choisie au final. Mais
je crois
qu’elle figure dans le making-of du clip.
Quand avez-vous vu le
film fini ?
Après le
tournage, chacun est reparti à ses occupations.
Laurent a monté le clip dans son coin.
Et on a tous assisté à une projection
à l’UGC
Normandie, sur les Champs Elysées, la plus
belle salle de Paris. J’étais ébloui.
Il s’agissait
de l’avant-première pour
la
presse ?
Oui. Pour la presse et les professionnels.
Et bien sûr, tous ceux qui avaient
participé à l’aventure
étaient là. C’était
fabuleux.
Le film est passé en boucle pendant
deux heures. Tout le monde était
étonné par
ce clip.
Vous arrive-t-il de le
regarder chez vous
aujourd’hui ?
C’est marrant car je l’ai vu il y
a peu…au Cambodge ! J’ai allumé la
télé, et
le clip est passé en entier. Je ne l’avais pas vu
depuis longtemps.
Cette aventure vous
a-t-elle marqué ?
Ce
clip a marqué beaucoup de gens. On m’en
parle encore assez souvent. Je suis très fier
d’avoir fait partie de cette aventure. C’est un
clip à part.
Avez-vous revu Laurent et
Mylène depuis
?
Oui, un an après, car Laurent m’avait
rappelé pour un autre clip dans lequel il
réunissait
tous les personnages de ses grands
clips (A quoi je
sers…, ndlr). On
s’est
donc tous retrouvé dans un grand marais en
dehors de Paris. Mais j’ai trouvé ce clip un
peu décevant. Ce qui n’enlève rien au
talent
de réalisateur de Laurent.
Auriez-vous
aimé retravailler avec lui ?
Oui. Il a fait un film qui n’était pas
très bon, Giorgino.
Je l’ai vu par
curiosité, mais j’ai
été très déçu.
Je n’ai pas compris le film ;
l’image était intéressante, mais
l’histoire ne
tenait pas debout. Le film était totalement
décousu. Il n’était ni drôle
ni émouvant. Et,
sans vouloir être méchant, on ne peut pas
demander à Mylène d’être une
actrice. Ceci
dit, je regrette que Laurent Boutonnat ne
soit pas le grand réalisateur qu’il aurait
dû
devenir. Ce sera peut être avec Jacquou le
croquant que j’irai voir…
Vous ne pensez pas que
Mylène pourrait
se lancer dans une carrière d’actrice ?
Non. C’est une interprète, un personnage,
un phénomène, mais pas une actrice. Je ne
la crois pas réellement douée pour le jeu.
Je ne pense pas qu’elle ait ça dans le sang.
Elle a un beau visage, un regard que j’aime
beaucoup, mais c’est pour moi davantage un
personnage de scène qu’une actrice.
Vous ne pensez pas
qu’on puisse être doué
pour les deux ?
A part Yves Montand ou
Jacques Dutronc, je n’en vois pas. Madonna,
c’est une catastrophe à
l’écran. Johnny est
sublime sur scène, mais quand il se met à
jouer, c’est pathétique. Quant à Bruel,
je fais
de l’urticaire.
Quand il chante ou quand
il joue ?
Les deux (rires).
Etes-vous sensible au
travail de Mylène
chanteuse ?
J’aime bien son univers musical.
Il y a des choses très belles et très
intéressantes.
Je comprends le phénomène. Mais le
côté mystérieux commence à
irriter un peu car on peut se demander si ce n’est pas du
bluff. Je n’ai pas vu son dernier spectacle, mais
j’en ai eu des échos enthousiastes.