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Interview de Mylène Farmer - RTL - 12/09/2009






Interview le dimanche 06 septembre 2009 en début d'après-midi depuis une suite d'un hotel de Genève au bord du lac Léman (après les deux concerts au Stade de Genève).
Premiers extraits diffusés dans l'émission "Laissez-vous tenter" sur RTL, le mercredi 09 septembre 2009 entre 09h et 09h30
Mylène Farmer RTL Interview
Diffusion de l'interview en intégralité sur RTL, le samedi 12 septembre 2009 entre 15h et 16h dans l'émission "Grand Studio Spécial Mylène Farmer"
Source :
http://www.rtl.fr/fiche/5928163487/mylene-farmer-invitee-exceptionnelle-du-grand-studio-sur-rtl.html



Anthony Martin : Bonjour Mylène Farmer.
Mylène Farmer : Bonjour


Merci de m'accorder cet entretien. Nous sommes à Genève, vous avez donné un concert, hier devant 32 OOO personnes à Genève. Comment vous sentez-vous, au lendemain de ce concert ?
Je vais vous répondre, comblée et, à la fois évidemment très très fatiguée. Mais, des moments inoubliables, inoubliables.


Vous ne vous ménagez pas sur scène. Vous arpentez la scène de long en large, dansez aussi évidemment, puisque l'on vous attend aussi pour ça. Vous concevez la scène comme un défi physique, aussi ?
En tout cas, je m'y prépare. J'ai à peu près six mois d'entraînement avant que de me produire en scène avec un coach qui s'appelle Hervé Lewis, avec qui on fait un travail incroyable. Il me connaît depuis presque, j'allais dire, une quinzaine d'années. Donc, on se connaît vraiment très très bien. Donc, oui l'appréhension physique si je puis dire, en tout cas l'exercice physique fait partie du spectacle. Mais, quand on est porté par un public... celui que j'ai devant moi, c'est quelque chose de tellement porteur qu'on en oublie l'effort. C'est plus l'émotion qui gagne le terrain.


Vous adorez entendre chanter le public. Souvent, à la fin d'un morceau, d'un tableau, d'une chanson, vous reprenez a cappella pour les entendre ? Ça, c'est finalement le plus beau cadeau pour un artiste ?
C'est le moment probablement le plus magique, en tout cas un des moments les plus magiques, c'est vrai, puisqu'ils s'approprient et la chanson, et... j'allais dire, c'est presque de l'ordre du divin, ce sont des mots un petit peu graves toujours, mais, c'est quelque chose, je reprends le mot, de, magique. C'est exceptionnel, oui, de vivre quelque chose comme ça, bien évidemment.


Quand on vous voit sur scène, on se dit que vous ne pouvez pas préférer l'ombre à la lumière. Vous avez l'air si forte, si vivante dans la lumière.
Je vais vous répondre que le choix de l'ombre et la lumière est le choix entre la vie privée et la vie publique, qu'on peut rester aussi vivant dans l'ombre. J'ai ce paradoxe en moi. Je suis capable de vivre aussi bien dans l'ombre et de m'exprimer dans la lumière. 


Mais on a l'impression que votre timidité est transcendée quand vous vous trouvez comme hier soir, par exemple devant 30 000 personnes. Vous l'expliquez comment ça ?
Alors ça, je crois que je n'ai pas d'explications, je l'ignore moi-même si ce n'est que je sais mon handicap devant trois personnes et, je ne sais pas si je peux qualifier ça d'aisance, devant 30 000 personnes ; mais, en tout cas, il y a une bascule qui se fait presque naturellement. J'ai plus de difficultés, oui, avec deux, trois personnes que devant une immense audience. 


Parce que finalement vous n'avez pas à leur parler, vous êtes là pour leur offrir et recevoir, c'est peut-être ça ?
En tout cas, les mots sont à travers mes textes et là, pour le coup, il n'y a rien de préparé. Quand j'ai envie de dire quelque chose, c'est que j'en ressens le besoin. Là, c'est place au naturel, c'est place à l'émotion en direct pour le coup. 


Vous parliez de vos textes. Justement, quand vous écrivez vos textes est-ce que vous pensez déjà à l'aspect visuel d'un tableau dans un futur sur scène ?
Non. Sincèrement, là, je suis dans une pièce isolée. Je travaille avec Laurent Boutonnat qui est aussi compositeur et, les mots s'appuient, s'accrochent, s'harmonisent avec la musique. Donc, j'ai besoin de la musique avant d'écrire des mots. Parfois, la musique m'inspire des sentiments, des  sensations. Parfois, j'ai une envie de texte et puis la musique s'accorde avec ce texte mais, en aucun cas l'image n'apparaît dans ma mémoire à ce moment-là, non.


Vous me disiez que vous êtes dans une pièce quand vous écrivez vos paroles, donc vous êtes seule, comme un écolier à son bureau avec une page blanche, le stylo, vous vous mettez un fond sonore, vous inspirez de la musique. Ça se passe vraiment comme ça ? 
Tout à fait. Dans une pièce totalement isolée, j'en ai besoin. Comme un écolier, écolière. J'ai un très mauvais souvenir de scolarité. En tout cas, besoin, bien évidemment d'isolement et puis, la musique sur laquelle je mettrai des mots.
 

Sur scène, vous incarnez vraiment, et c'est ce qui est fascinant, l'intimité et la grâce dans une mise en scène gigantesque. Quel est le secret pour marier tout ça, pour y arriver ?
J'ai toujours aimé, en tout cas, avoir besoin du gigantesque et du spectaculaire. Maintenant, j'ai besoin de moments d'intimité et c'est ce qu'on a essayé de créer sur ce spectacle, à savoir avec le proscenium et la croix qui est au centre du stade-même et c'est là qu'il y a un vrai vrai partage, j'allais dire, il y a un partage même lorsqu'on est sur une scène frontale mais, vraiment, au milieu sur cette croix, on crée ce moment intime qui, pour moi, est de l'ordre de la communion presque, encore un mot fort, mais, c'est vrai que c'est un vrai vrai moment d'intimité. Malgré le grand nombre, ce grand nombre devient "un", devient quelque chose d'assez exceptionnel pour moi.


Il y a un autre couple, on a parlé gigantisme et intimité, il y a aussi le couple qui frappe quand on vous voit sur scène, le couple discrétion- provocation. Comment faites-vous pour que discrétion et provocation fassent bon ménage ?
Tout dépend si vous évoquez discrétion dans la vie privée ou discrétion sur scène même.


Sur scène, vous êtes discrète, intime et en même temps vous êtes forte, vous êtes présente. Ça tient sur vous, c'est vous qui menez ce gros "barnum", le mot n'est pas beau, mais au moins on comprend ce que je veux dire. Et vous êtes dans la provocation aussi, dans les chorégraphies, les tenues.
Je vais vous faire une réponse assez banale. Toutes ces facettes font partie de moi. Je suis de nature discrète en général, de nature timide parfois mais, l'éclat de rire fait partie de moi aussi, vous avez pu le constater (rires), nous avons eu du mal à démarrer puis, à la fois je crois que j'ai cette..., là pour le coup cette fois je n'y suis pour rien, c'est un cadeau de la vie, j'ai à la fois sans doute cette fragilité et cette force, en tout cas je vais l'exprimer de cette façon : c'est une force qui me permet de surmonter toutes mes peurs, tous mes démons au moment où j'en ai le plus besoin.


Il n'y a plus que trois concerts dans cette tournée 2009. Est-ce que vous avez une appréhension de la fin de tournée, le "spectacle-blues" ?
Je l'ai. Je crois que je l'avais dès le premier jour puisqu'on sait que tout début a une fin. Maintenant, quant à la gestion de ce blues, de ce grand vide, c'est quelque chose qui m'est d'abord très personnel mais, je ne vous cache pas que tout artiste vous répondra, oui, c'est un vide qui est presque insurmontable. Je crois que le secret dans ces cas là, c'est, ma foi, de se reprojeter dans une création. Créer quelque chose, non pas pour oublier, mais pour se redonner la force, et de continuer et de vivre.


Donc, c'est par la création que vous allez remplacer les applaudissements chaque soir à 21 heures, parce qu'il n'y aura plus personne pour vous applaudir dans votre salon ?
Alors, remplacer ça va être compliqué. De toute façon, c'est irremplaçable. Oui, mais c'est certainement par la création que je vais retrouver des forces, l'envie de continuer.


Que faites-vous Mylène Farmer dix minutes avant d'entrer en scène. Si on peut faire le décompte, vous êtes avec qui, vous êtes où, vous avez des rituels, des objets qu'il faut absolument avoir sous la main ?
Ecoutez, quant aux rituels je ne sais pas si je peux... non, là, la pudeur encore regagne du terrain. J'ai auprès de moi Anthony qui reste avec moi dans la loge (son meilleur ami, ndlr), les dix dernières minutes sont un moment de recueillement, j'allais dire c'est plus de la concentration et puis, pour trahir un peu nos petits secrets, Laurent passe cinq minutes avant l'entrée en scène (Laurent Boutonnat, ndlr), me serre la main et me dit: "Fais le vent" (rires). Personne ne comprend mais "fais le vent" ça veut dire "respire", c'est une manière de respirer, d'essayer de déstresser un peu. Mais, c'est vraiment dans le silence. Et, quant aux objets, ma foi, ils sont là mais ils sont miens.


Vous en avez en tout cas ?
J'en ai !


Vous êtes attentive aux productions des autres artistes à la fois sur scène et en studio, les albums? Vous écoutez beaucoup ?
J'écoute beaucoup de musique, je suis attentive, j'ai évidemment comme tout le monde des préférences. Mes goûts musicaux sont assez éclectiques. Je vais vous donner quelques noms. J'adore Sigur Ross, j'adore leur univers. J'adore Depeche Mode, j'adore David Bowie, j'adore Archive, Juliette Gréco etc... Il y a énormément d'artistes que j'apprécie bien sur. Et ce sont en général des artistes qui ont leur propre univers sur scène, qui ont envie de proposer au public des choses incroyables même si elles restent très très intimes si on parle là d'une Juliette Gréco par exemple. Mais, c'est une telle présence, un tel univers de mots et de personnes profondes qui me touchent beaucoup.


C'est marrant, parce que Juliette Gréco que j'ai rencontré il y a deux mois à peu près en interview à l'occasion de la sortie de son nouvel album m'a parlé de vous en interview en me disant tout le bien, l'admiration qu'elle avait pour vous. 
C'est gentil, ça me touche.


Puisqu'on parle des autres artistes, est-ce que la mort de Michael Jackson vous a... en tout cas, qu'est-ce qu'elle vous inspire cette mort ? 
Le tragique. La notion, ici encore, d'incompatibilité de vie privée et vie publique, de médias. C'était un immense, immense artiste, nous le savons tous. C'est quelqu'un dont j'appréciais comme beaucoup d'entre nous les spectacles mais l'homme aussi, sa fragilité, sa sensibilité. Et, c'est tragique. C'est le mot qui me vient à l'esprit, je suis triste comme beaucoup de personnes.


Et les albums, les dvd, vous les avez à la maison ?
Absolument.


Si on fait le point, Mylène Farmer, parce qu'on se rencontre en 2009 au mois de septembre, ça fait 25 ans, 25 ans de carrière. Pour durer, le secret, c'est le travail ?
J'ai toujours peur de donner des leçons mais, en tout cas, le travail ; l'opiniâtreté est essentielle.


Parfois dans la souffrance ?
Je crois que c'est indissociable, en tout cas, je ne vais parler que de moi. Tout travail est, certes un plaisir, un acharnement mais la douleur en fait partie. La douleur parce que les doutes, peut-être la douleur physique parce qu'il faut aller au-delà de soi.


Je me posais la question, parce que votre univers on le connaît, très défini, très cohérent, depuis le début. Où est-ce que vous allez chercher votre nourriture artistique ?
Un peu partout. Je peux vous parler d'une exposition que j'ai découverte à New-York il y a quelques temps, et qui s'appelait "Our Body". Beaucoup d'écorchés, c'est l'humanité décharnée, découpée. J'avoue que j'avais été très, non pas choquée, mais, très impressionnée, intriguée. Ceci fait partie aussi d'une réflexion et m'a donné l'idée en tout cas de l'envie d'exploiter l'écorché et justement le corps. Et donc, est venue, est née cette idée de l'écorché et j'en ai parlé à Jean-Paul Gaultier qui était enchanté à l'idée de pouvoir créer un écorché multiplié par tous le danseurs (rires). Et c'est le tableau d'ouverture. Voila, ce peut être une source d'inspiration. Maintenant, bien sur, la peinture, la littérature, tout ce qui peut passionner, faire partie de notre vie. Des auteurs: Stefan Zweig, mais là encore, je vous épargnerai la liste, parce que... (rires).


C'est intéressant de savoir, peut-être les voyages vous inspirent ? Est-ce qu'une rencontre humaine vous inspire ?
Je crois que l'être humain m'inspire tout simplement. Maintenant, vous dire: est-ce que cette personne aura déclenché telle idée, ponctuellement, je ne peux pas vous le dire, je n'en sais rien. Mais, les rencontres, les belles rencontres sont très très rares mais elles sont indispensables à sa vie.


Je le disais, 25 ans de carrière, Mylène Farmer. Est-ce que vous avez le sentiment d'avoir construit une œuvre ?
Non. Stefan Zweig va construire une œuvre. J'ai construit quelque chose. Je suis fière de ce que j'ai pu construire, sans prétention aucune. Je suis heureuse d'avoir rencontré un public. Je suis heureuse de cette fidélité. Voilà...


Est-ce que le fait de durer aussi, répond à une obsession de laisser une trace ?
Ecoutez, très sincèrement, l'obsession de laisser une trace ne fait pas partie de moi. Maintenant, pour être tout à fait honnête, j'aimerais que l'on ne m'oublie pas. Mais, ma vie n'est pas finie. Donc, à moi de le construire.


Vous avez peu de souvenirs de votre enfance. Est-ce que vous avez imprimé ces 25 dernières années de chansons, de musiques, de tournées, de rencontres avec le public ?
J'ai imprimé des moments uniques. J'ai une mémoire qui est très, très sélective aussi. Je crois que c'est nécessaire, sinon, on est envahi par trop de choses, et des choses qu'on voudrait ou qu'on a oublié et, c'est nécessaire, je crois, pour sa santé mentale. Et, des choses qui sont inscrites très fortement, bien évidemment, tout au long de ces années, forcément.


Ce sont des images de scène ?
Aussi. Aussi et surtout. Mais, il y en a d'autres aussi, plus douloureuses, mais, qui ont nourri ma vie.


Et puis la présence chaleureuse du public qui se manifeste pendant les concerts et peut-être aussi entre les concerts quand vous croisez les fans ?
Ça, vous savez, j'ai une fois de plus là encore.. c'est moi qui répond, mais, j'imagine que tous les artistes répondent la même chose. Si ce n'est que... j'allais dire, je leur dois tout. Je ne sais pas si c'est la vérité, mais j'ai une chance inouïe, je le sais. Ce sont eux qui m'ont soutenue, aidée, qui m'ont probablement permis de vivre. C'est incroyable, c'est incroyable! C'est encore un cadeau de la vie que je ne soupçonnais pas possible pour moi. Et même si on évoquait le travail, laissons le magique opéré et, ce public, pour moi est magique et dans son intensité, et dans sa fidélité. Bien évidemment, j'ai une chance inouïe.


Est-ce que finalement ce métier a été votre survie ?
Oui, oui. Là, définitivement, oui. C'est quelque chose qui m'a aidé à m'incarner, là où j'avais le sentiment plus jeune de n'être pas incarnée du tout, de n'être attachée à rien, de n'être reliée à rien. Oui, c'est fondamental.


C'est très fort, finalement, de dire oui à cette question...
Parce que là encore, je crois que c'est l'honnêteté, même si ça peut paraître enfantin ou démagogue. Peu importe, vous êtes témoin (rires), c'est spontané et c'est vrai.


Est-ce que vous avez apprivoisé vos peurs et vos souffrances, avec le temps, avec le succès ?
Non. Et, c'est sans doute pas grave ou très grave (rires), je ne sais pas, je n'ai pas la réponse. Mais, j'ai certainement pansé des plaies. Il y a toujours ce mot qui revient dans le vocabulaire de chacun d'entre nous, c'est : faire le deuil de quelque chose. Malheureusement, je ne crois pas que l'on puisse faire le deuil de quelque chose. Maintenant, on peut tenter de faire réémerger la vie et des choses qui vous aident à tenir, qui vous aident à vous réveiller, qui vous aident à sourire. Maintenant, tout ce qui est douleur, tout ce qui est doute, tout ce qui est peur, sont là, ancrés, et là encore, ça fait partie de votre sang, de vos veines. C'est là, c'est présent, mais c'est sans doute nécessaire, peut-être pas, mais c'est là en tout cas.


Nécessaire à la création ?
On va dire que forcément ça aide, en tout cas à une certaine créativité.


Dans le spectacle, visuellement sur les grands écrans géants, on voit beaucoup de têtes de morts. Est-ce que l'idée de mourir, vous terrifie-t-elle encore ?
L'idée de mort, de ma propre mort, en tout cas l'idée de la mort me terrifie, fait partie de chaque seconde de ma vie. Est-ce que ma propre mort me terrifie, je vais vous dire, parfois oui, parfois non. Parfois, le mot fatalité est plutôt serein, je me dis, bon, ça se fera, de toute façon, c'est inéluctable. Parfois, elle me hante et, parfois, je l'oublie. Là encore, c'est tout et son contraire. Je ne vous aide pas beaucoup dans ma réponse (rires).


Qu'est-ce qui vous fait rire dans la vie, Mylène Farmer ?
Les débuts d'interviews (rires). On a un air très dramatique quand on commence. L'absurde, probablement.


L'absurde, sous toutes ses formes, visuelles, dans les dialogues aussi ?
Toutes ses formes.


Au cinéma ? Je sais que vous avez une passion pour le cinéma.
Je voudrais aller voir le film de Tarantino puisqu'on m'en a dit grand bien et, ça a provoqué beaucoup d'éclats de rire. Je n'aime pas tout. Il y a certains films que j'ai adoré. De même que j'accepte qu'on n'aime pas tout de moi. Mais, ce film là, en particulier, m'intrigue.


Vous avez finalement passé 25 ans et ça va encore continuer, on le sait et, évidemment, je vous le souhaite, à peaufiner les contours de votre univers artistique avec ce culte, ce mystère. Comment est-ce que vous définissez le mot mystère ?
Le mot mystère. Mon Dieu ! D'abord pour commencer, il n'y a pas de stratégie du mystère me concernant. J'espère qu'on l'a compris. Maintenant, vous dire quelque chose sur le mystère, c'est quelque chose qui est caché, qui peut être d'un ordre religieux, mais là je vais vous donner une définition de dictionnaire. Laissons cette réponse mystérieuse. Je ne suis pas sûre de pouvoir définir le mystère.


Nous sommes le 12 septembre. C'est une belle journée, Mylène Farmer, c'est votre anniversaire. Vous n'êtes pas prête d'aller vous coucher puisqu'un gros cadeau vous attend au Stade de France ce soir. 80 000 personnes pour le dernier concert de votre tournée en France. Vous aimez faire la fête pour votre anniversaire ?
Je vais vous faire une confidence. Il y a fort longtemps que je ne célèbre plus mon anniversaire. Mais, pour être tout à fait franche, mon anniversaire devant 80 000 personnes au Stade de France, c'est quelque chose qui sera, je crois, in-croyable à vivre. Donc, j'adore cette idée-là (rires). Celle-ci je l'aime. Et, cette date n'a évidemment pas été choisie. Il se trouve que le Stade de France était libre le 11 et le 12 septembre. Il se trouve que le 12 septembre est cette fameuse date anniversaire, donc, ce sera quelque chose d'assez unique, effectivement, pour moi. Ce sera un immense cadeau de 80 000 personnes, c'est incroyable (rires).


Puisqu'on parle de l'avenir, vous m'avez dit d'ailleurs, après une tournée, le meilleur, c'est de se replonger dans la création. Est-ce que vous avez une idée du prochain disque studio ?
Absolument pas. Absolument pas. Parce que bien évidemment, on pense à: "qu'est-ce que je vais faire demain", maintenant je n'ai pas les réponses. J'ai le projet d'un long métrage, on verra. J'ai, bien évidemment, le projet d'un prochain album. Mais, là encore, c'est une page blanche, une page totalement blanche, mais, très envie de m'y remettre très très vite.


On évoquait votre passion pour le cinéma. Vous me dites projet de long métrage. J'imagine que c'est quelque chose qui vous tient très à cœur. On peut en savoir un peu plus ?
C'est un projet qui avait été initié par Claude Berri, que j'aimais profondément, tiré d'un ouvrage de Nathalie Rheims et dont le metteur en scène sera Bruno Aveillan. Et ce sera pour lui son premier long métrage et, ma foi, après, l'avenir dira...


Et ce sera pour vous un premier rôle ?
Ce sera pour moi un premier rôle, un deuxième film et, j'espère, une rencontre avec le public.


Est-ce que ça veut dire pour l'avenir aussi, que peut-être, un jour, vous essaierez de laisser une part plus importante au cinéma ?
Je n'ai aucune réponse à cette question. J'ai besoin de la musique. J'ai besoin des mots. Je pense, je suis même convaincue que je suis quelqu'un d'instinct, d'instinctif. Donc, je sais que le jour où je ne souhaiterai plus dire ces mots, chanter, je choisirai ce moment avant qu'il ne me choisisse, qu'il ne me saisisse. Est-ce que ce sera pour laisser la place au cinéma, je n'ai sincèrement pas la réponse, je ne sais pas.


Vous connaissez la date, l'échéance ?
Non, bien sûr que non. Non, non...


Vous me rassurez...
C'est gentil. Non.


Qu'est-ce qui vous ferait arrêter la musique ?
L'absence de désir. Vous allez avoir un énorme silence pour une radio ici.


C'est parfois intéressant...
Quand on n'a plus envie de donner, ni envie de recevoir, d'abord, j'imagine qu'on est un être mort, donc je ne me le souhaite pas. Mais, je crois que tout art a ses limites. Je ne sais pas. Je vais peut-être dire une énorme absurdité. Je ne sais pas. Je reviens encore à l'idée d'instinct. Je crois que ce sera spontané, quelque chose en moi me dira : là, il faut arrêter.


Ça révèle une vraie force de caractère...
Peut-être ça fait partie aussi de moi, oui, cette force de caractère, sans doute. En tout cas, ne pas tricher avec soi-même, ne pas se mentir et essayer de dormir un petit peu de temps en temps (rires).


Vous dormez tranquille, enfin, aujourd'hui ?
Non (rires). Non, ce n'est pas possible.


Mais là encore, je crois qu'on va conclure cette interview. J'ai plus une chance incroyable. Je vis des moments incroyables. Je remercie à nouveau de vive voix le public. Je remercie cette fidélité et puis, je vais essayer de ne pas pleurer là. On va arrêter. Merci beaucoup.


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