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Mylène Farmer - Interview - Têtu - 20 août 2008






Interview parue le jour de la sortie digitale de l'album Point de Suture.

C'est le journaliste Benoît Cachin qui a proposé cette interview pour "Têtu" à Thierry Suc. Mylène a accepté. La "Une" aurait été demandée. Apparemment, il n'était prévu aucune autre interview pour la presse écrite pour la sortie de Point de Suture avant que celle-ci ne soit décidée.

L'interview s'est déroulée le 31 juillet 2008, à 10 heures du matin, dans un salon du Park Hyatt, un grand hôtel près de la place Vendôme.
(source: iao - hiver 2008/2009)

Grâce à ce numéro le magazine Têtu a réalisé sa troisième meilleure vente pour l'année 2008.
(source: OJD / merci à Greg)

Cinq photos inédites de Robin (réalisées entre le 15 et 30 juillet 2008) - petit deal entre le magazine et Mylène: ok pour la "Une"  mais à condition que Mylène fasse un clin d'oeil en posant en garçon - ce qu'elle a immédiatement accepté, enchantée par l'idée
Mylène aurait retenu environ trente photos de ce photoshoot. D'autres seront utilisées pour le calendrier officiel Mylène Farmer 2009.

Le journaliste n'avait reçu aucune consigne et était libre de poser les questions qu'il souhaitait. Mylène a refusé de répondre seulement à de rares questions: son absence de collaboration avec les photographes Pierre et Gilles, son souhait ou non de faire un duo avec Etienne Daho, une éventuelle filiation avec Sylvie Vartan et le projet avorté d'une collaboration avec Michel Polnareff.

Mylène a demandé à relire l'interview avant publication (comme le font tous les artistes ou presque) mais toutes les questions et réponses ont été publiées intégralement.
(source: iao - hiver 2008/2009)


Vous avez accepté de poser en garçon pour Têtu. Cela vous plairait-il d'être un garçon "sans contrefaçon" et sans "mouchoir dans le pantalon".
Vous voulez dire un vrai garçon? Je ne sais plus qui a dit: "Le printemps, c'est la saison à laquelle les garçons commencent à peine à comprendre ce que les filles savent depuis le début de l'hiver"... J'y pense tous les matins en me rasant. (Rires)


Quel type d'homme aimeriez-vous être ?
J'aimerais être un homme terriblement sexy. {Sourire.} J'aime l'élégance.


Qu'est-ce qui vous séduirait chez les femmes ?
Leur imprévisibilité. C'est ce qui transforme le quotidien en aventure et la vie en destin.


Vous qui avez chanté "J'aime l'infirmière..." et "Sans contrefaçon, je suis un garçon", la bisexualité est quelque chose qui pourrait vous choquer ?
C'est du domaine de la vie privée, mais non bien sûr, cela ne me choque pas.


Depuis vos débuts, vous êtes une icône gay, avec un très fort public gay, très fidèle. Comment le vivez-vous ?
Je me méfie du terme "icône"... Ce sont celles que l'on brûle en premier! {Silence.} J'ai le sentiment d'être privilégiée. C'est un public sensible, pointu et avant-gardiste. Nous nous suivons depuis de nombreuses années, c'est important pour moi. Je pense aussi que je partage avec le public gay, comme avec d'autres publics d'ailleurs, le sentiment d'être "différent", sensation qui provoque des difficultés de vivre dans ce monde.


Que pensez-vous du mariage et de l'adoption d'enfants pour les couples de même sexe ?
C'est un sujet de société que certains voudraient traiter sous l'angle moral... Pour moi cela pose la question de l'égalité des droits. Au 21è siècle, il serait temps de traiter le sujet!


On parle de vous comme de la "Madonna française", une autre icône gay. Cela vous flatte, vous amuse ou vous agace ?
Non, cela m'indiffère, mais la formule est curieuse. Définir une personne par une autre...  Cela montre que les gens ont besoin de repères, de comparaisons. Cette logique est absurde. Elle est une grande artiste et elle est unique en son genre.


Pourtant, certains vont plus loin, et prétendent que vous copiez son style, son côté sulfureux...
Copier ne fait pas partie de mon vocabulaire. C'est ennuyeux et ça ne dure pas.


En revanche, votre nouveau single, Dégénération, n'annonce pas un album ennuyeux mais plus up tempo que le précédent, Avant que l'ombre. C'est une envie ou une "obligation" par  rapport à la tournée de 2009 ?
Comme Dégénération, mon humeur aujourd'hui est au mouvement...  Il s'agit d'une humeur plus que d'une envie. Certainement pas une obligation ! Je ne sais pas moi, mais faut que ça bouge ! {Sourire.}


Parlez-nous de ce nouvel album, dont les titres sont évocateurs: Je m'ennuie, Sextonik ou Si j'avais au moins revu ton visage... Quelles ont été vos influences pour l'écrire ?
Point de Suture est un rendez-vous important. Les influences ? Je ne sais pas... Je pense que je subis les influences de la vie, du temps qui passe inexorablement... Si je reprends les titres que vous citez, ce n'est après tout qu'un moment de l'existence, on commence par l'ennui puis vient le temps du Sextonik... Et, dans Si j'avais au moins..,. on termine par un constat : "Qui n'a connu douleur immense, n'aura qu'un aperçu du temps." Mais il y aussi Appelle mon numéro: tout n'est pas perdu !


Votre album s'intitule Point de Suture, donc. Avec ce disque, quelle plaie avez-vous refermée ?
Dans le livret de cet album, il y a une réplique d' Al Pacino qui incarne Carlito dans le film L'Impasse. Avant de mourir, en voix off, il dit: "Tous les point de suture du monde ne pourront me recoudre." C'est aussi ce que je ressens. J'ai pour ma part choisi l'ambiguïté. "Point de suture", ici au singulier, évoque aussi bien qu'il n'y a aucune possibilité de suturer les plaies que l'espoir de guérison.


Le visuel de l'album montre des instruments chirurgicaux. Un peu osé, voire décalé comme pochette, non ?
Il ne s'agit pas de la pochette définitive mais d'un détail de la photo choisie. Ces instruments chirurgicaux prendront toute leur signification dans le visuel de l'album. Ces photos sont nées de la découverte de l'univers unique, vraiment incroyable, d'un photographe japonais. Si c'est osé ou décalé, c'est en tout cas un univers qui ne laisse pas indifférent.


Même si votre précédent album Avant que l'ombre... a bien marché, ce n'est pas un album "à tubes". Comment l'avez-vous vécu ?
Une carrière n'est pas seulement ce que vous appelez une succession d'albums à tubes. J'ai la chance de pouvoir partager avec mon public de nombreuses chansons qu n'ont jamais été des singles mais qui je pense, ont touché le cœur des gens. Cela est bien plus important pour moi.


Le clip de Dégénération est très réussi et vous montre encore dans un univers très particulier. Comme dans le clip de Bruno Aveillan, vous sentez-vous une "espèce de créature" vivant sur terre pour donner de l'amour ?
Bruno Aveillan est un des réalisateurs les plus doués de sa génération. C'est aussi une personne de grande qualité. Je souhaitais depuis longtemps travailler avec lui. Ce clip est sa vision. Il faudrait lui poser la question directement.
Mais si l'on réfléchit, que pouvons-nous faire d'autre que de vivre sur terre pour donner de l'amour et en recevoir ?


Votre duo avec Moby, Slipping away (Crier la vie) fut un beau succès, néanmoins vous restez toujours fidèle au compositeur de vos débuts, Laurent Boutonnat. Vous n'auriez pas envie de confier la composition et la réalisation d'un album à quelqu'un d'autre?
On peut tout imaginer ! Mais ce n'est pas d'actualité...  Il s'agit de l'album Point de Suture... Je vis le moment présent. Autant que faire se peut.


Et pourquoi pas un album 100% Farmer car, peu de gens le savent, mais vous avez composé un titre sur l'album Anamorphosée et cinq sur l'album Innamoramento... 
Voue êtes têtu ! (Rires.) C'est vrai, mais je préfère, je crois, partager ces moments avec quelqu'un, rebondir, apporter une mélodie de voix sur un couplet ou un refrain... Je pourrais recommencer l'expérience, mais je n'en ressens pas vraiment la nécessité.


Votre tournée sera sans nul doute l'événement 2009, notamment votre passage au Stade de France. Sera-t-elle une rétrospective de vos vingt-cinq ans de carrière ou un spectacle axé sur la nouveauté en laissant un peu de côté vos anciens tubes...
Je ne sais pas encore quels titres seront choisis... Mais il me semble assez évident qu'il y aura des titres issus de tous mes albums. A chaque fois que je pense, par exemple, à Désenchantée pendant un spectacle, c'est une émotion inscrite au plus profond de moi! Le public s'est approprié cette chanson et me bouleverse quand il commence à chanter, à vibrer. C'est incroyablement fort, indescriptible...


Envisagez-vous d'inviter des guests lors de votre tournée ?
Nul ne sait !


Les concerts au Stade de France furent sold out en quelques heures. Cela vous aide-t-il à ne plus vous préoccuper de "l'aspect matériel du spectacle" ou au contraire, ce raz de marrée vous met-il encore plus la pression ?
L'immense bonheur que le public m'a procuré en se manifestant de cette manière m'a d'abord fait verser quelques larmes... et s'est bien vite transformé en une angoisse terrible ! Peur de décevoir ! J'ai gravé dans mon cœur l'énergie transmise par seize mille personnes tous les soirs à  Bercy, et je sais le cadeau qui m'est fait pour le Stade de France, et la tournée... Pourvu que mon cœur ne lâche pas !


En 2009, cela fera dix ans que vous n'aurez pas fait de tournée en province et à l'étranger. Êtes-vous heureuse, impatiente, de retrouver votre public "non parisien" ?
À Bercy lors de mon dernier spectacle, le public n'était pas seulement parisien, il est venu de partout en France et, parfois, de l'étranger... Mais oui, je suis heureuse cette fois d'aller vers eux. Vous savez, ce public est unique. J'en suis consciente ! C'est lui qui me donne l'envie de me dépasser à chaque fois. Il m'aide à avancer.


Envisagez-vous de vous produire à nouveau en Russie ou, pour la première fois, au Japon où vous avez de nombreux fans ?
Les dates des concerts viennent d'être définitivement calées pour la Russie, en juillet 2009. J'en suis ravie.



Après la tournée, on annonce votre retour au cinéma. Où en est le projet de film, adaptation du roman de votre amie Nathalie Rheims, L'ombre des autres
C'est un projet qui me tient à cœur. Mais je préfère rester prudente. Nous ne savons pas encore quand le tournage aura lieu précisément. C'est en cours d'écriture. C'est une histoire et un rôle magnifique ! J'attends.


Ce retour au cinéma est-il un challenge pour vous, au regard de l'échec commercial de Giorgino en 1994 ?
Si c'est un échec commercial, il n'en reste pas moins que c'est un film que j'aime. Quant au "challenge" comme vous dites, j'y vois moi plutôt le désir de refaire un film. Tout simplement.


Il y a toujours beaucoup de rumeurs qui vous entourent. Par exemple, on prétend que vous avez acheté les droits de la comédie musicale Peau d'âne. Info ou intox ?
C'est une énorme... ânerie ! {Rires.}


Dans ses mémoires, Michel Polnareff raconte votre projet d'album en commun. Projet assez vite avorté, selon lui. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Non ! {Sourire.}


Autre projet, annoncé depuis plus d'un an, celui de votre ligne de vêtements et de produits dérivés, Lonely Lisa. Où en êtes-vous ?
Je suis ravie d'apprendre qu'il y a une ligne de vêtements ! Il n'y a jamais eu d'annonce officielle. La marque a bien été déposée et une certaine presse a imaginé le reste. Mais, puisque vous me posez la question, Lonely Lisa donnera naissance à un site internet communautaire, dans les prochains mois. Je ne peux en dire plus pour l'instant.


N'en avez-vous pas assez d'être enfermée dans un registre de chanteuse mélancolique, gothique, voire dépressive alors que, dans vos textes vous montrez un réel sens de l'humour et même du second degré. Je pense précisément à des titres comme Je t'aime mélancolie ou L'Amour n'est rien, où vous semblez vous moquer de vous-même...
Je ne me sens enfermée dans aucun registre. Je suis faite de tout cela et de bien d'autres choses. L'humour est ce qui rend la mélancolie supportable au quotidien. Le second degré est, me semble-t-il, une hygiène de vie et rend les choses plus légères... Peut-être ceux dont vous parlez n'ont pas votre curiosité ? C'est aussi leur droit après tout.


De la même façon, sur scène, vous êtes souriante, à l'aise, proche du public. Cependant, les journalistes, et souvent le grand public, ne retiennent que les moments d'émotion sur Ainsi soit je... ou Redonne-moi...
Cela me paraît tout à fait normal. Pourtant, ces moments d'émotion n'existeraient pas sans tout le reste. De même que les mots prennent leur dimension grâce au silence qui les entoure. La scène est une rencontre privilégiée, un échange unique de plus de deux heures où toutes les émotions se bousculent.


Vous semblez sensible à l'enfance. vous avez chanté une chanson sur la BO des Razmoket à Paris, doublé la voix de Princesse Sélénia dans Arthur et les Minimoys de Besson, et vous signez les paroles de la chanson générique du dessin animé Creepie. Quel rapport entretenez-vous avec l'enfance ?
J'ai un rapport amnésique à l'enfance... Je n'ai aucun souvenir ou si peu. J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à travailler sur les projets que vous citez.


Pouvez-vous nous parler de l'interprète, Lisa qui chante Drôle de Creepie
{Silence.} Elle est d'une grande sensibilité, se pose déjà des milliards de questions, a les pieds sur terre malgré son jeune âge et adore, tout comme moi d'ailleurs, Sigur Rós. (NDLR: un groupe de rock islandais.)


Que pensez-vous du téléchargement illégal qui, succès oblige, vous touche de plein fouet ? Comme 52 artistes qui ont soutenu le projet de loi contre le téléchargement illégal, estimez-vous que "le projet de loi (...) nous donne de très bonnes cartes pour qu'internet, la culture et la création soient réconciliés" ?
Je regrette qu'on en soit arrivé là et je m'interroge sur ce qui me paraît être un sujet de société plus profond. La possibilité de disposer gratuitement et à sa guise de l'oeuvre d'un autre pour sa satisfaction personnelle, c'est une dévalorisation du travail des artistes, et que serait une société sans artistes ? Qui a intérêt à ce que cela arrive ? C'est absurde. 


Pour finir, imaginons qu'une personne ne connaisse absolument pas votre oeuvre, par quoi lui diriez-vous de commencer pour vous connaître un peu ?
Par le titre caché dans ce nouvel album, mais chut... c'est un secret !