Extraits de l'interview au magazine Platine paru en janvier 2006
Propos recueillis le 10 novembre 2005
(...)
Quand rencontrez-vous
Mylène Farmer
Au tout début, vers 1982. L'histoire s'est passée
ainsi.
Un jeune éditeur-producteur qui malheureusement s'est
suicidé par la suite est venu me voir car il organisait mon
travail avec Yves Simon et d'autres. Il m'a dit : "Je vais vous
présenter deux garçons qui ont écrit
une chanson
et qui veulent en faire une maquette." J'ai vu débarquer les
deux garçons, Laurent Boutonnat et
Jérôme Dahan qui
étaient super sympas. On s'est entendus comme larrons en
foire.
Pourquoi avez-vous
accepté de travailler avec des débutants ?
Sentiez-vous leur potentiel ?
Oui, ils avaient du talent. Quand ils m'ont
présenté leur
truc de Maman a tort,
je trouvais ça très nouveau,
même si il n'avaient qu'un petit début de machin...
Avez-vous fait
l'arrangement de la maquette de Maman a tort, dont la musique
était des deux, mais le texte de Jérôme
seul ?
Non, mais je l'ai enregistré en donnant mes conseils, en
leur
donnant des sons, car j'avais un ARP Odyssée.
C'était
tout nouveau.
Ecrivaient-ils les
arrangements comme vous les faisiez ou alors tatonnaient-ils avec vous ?
Non, ils n'écrivaient pas les arrangements. Disons que je
leur
proposais des choses, je leur programmais le séquenceur car
je
n'avais pas encore d'ordinateur, et ils acceptaient ou refusaient.
Pensez-vous qu'ils aient
beaucoup apporté à l'enregistrement de Maman a tort ?
Ah oui ! je trouvais leurs idées très bonnes,
ça me plaisait énormément.
Quand vous avez
travaillé avec eux sur la maquette, Mylène
était-elle là ?
Non, ils maquetté dans une tonalité sans avoir la
chanteuse ! Ensuite, ils ont fait venir la soeur de leur
associé, le jeune éditeur-producteur qui avait 17
ans et
qui chantait très bien et qui faisait l'affaire.
Malheureusement, ce jeune éditeur-producteur avait de
grosses
ambitions pour sa soeur et voulait monnayer tout ça. Cela
n'a pas
plu à Laurent et Jérôme et ils se sont
séparés de lui et de sa soeur.
Avez-vous eu des
nouvelles de ce garçon par la suite ?
Oui, car je n'étais pas fâché avec lui.
Nous nous
sommes appelés deux ou trois fois, mais nous n'avons pas
retravaillé ensemble. En attendant, Laurent et
Jérôme ont organisé un casting pour
trouver une
chanteuse, et un jour, Mylène a
débarqué avec eux.
Vous qui aviez vu
beaucoup d'artistes en sutdio, vous êtes-vous
dit la première fois : "cette fille est magique" ou pas du
tout ?
La première impression que j'ai eu quand elle s'est mise
derrière le micro, c'est que sans connaître la
chanson,
elle a réussi à l'enregistrer tout de suite ! De
plus,
elle n'était pas chanteuse professionnelle et pourtant sa
voix
passait miraculeusement ! Et même si j'avais un
très bon
micro, toutes les voix ne passaient pas comme la sienne ! En plus, elle
était très jolie et surtout elle riait tout le
temps, ce
qui était sa caractéristique. A chaque fois
qu'elle
s'entendait, elle riait, elle éclatait de rire
même, et
nous éclations de rire avec elle (rires).
Etait-elle juste ? En
place ?
Les deux et naturellement Mylène ne chantait absolument pas
faux. Elle avait un talent naturel. S'il y a une chose que j'ai
toujours eu, c'est le sens de la justesse, et quelqu'un qui chante
faux, pour moi n'est pas un chanteur, sauf quelques exceptions comme
Rod Stewart qui n'a jamais chanté juste et qui est une
grande
star. Mylène, en revanche, était une chanteuse
née.
Etiez-vous
payé au forfait pour ce travail ou avez-vous eu une promesse
d'intéressement ?
Non je n'étais pas co-producteur. J'étais
payé par
Laurent et Jérôme à la
séance, mais je ne
demandais pas cher et en plus je leur faisais crédit.
Avez-vous
démarché avec eux pour signer chez RCA ?
Non, ils l'ont fait tout seul. Ils étaient très
forts
pour ça. Ils avaient beaucoup de leçons
à me
donner. Moi, j'ai beaucoup appris avec eux.
Vous tenaient-ils au
courant de leurs démarches qui ont
duré des mois, puisqu'ils ont même fait plusieurs
fois le
tour des maisons de disques, prétextant des nouvelles
versions
de Maman
a tort alors
que c'était toujours la même qu'ils faisaient
écouter ?
Oui, on était très lié. Je pense
qu'ils avaient
aimé la façon dont ils avaient
travaillé avec moi,
je leur avais donné beaucoup de temps, beaucoup
d'énergie... je ne comptais pas.
Avez-vous
été découragé par le temps
qu'ils ont mis à signer ?
Non, car j'y croyais. Je pensais que ce morceau était bon et
qu'ils arriveraient à le caser. En plus, en attendant, je
faisais autre chose. Je recommençais à gagner ma
vie
correctement.
Vous souveznez-vous de la
version anglaise de Maman
a tort, adapté par FR David en My Mum is wrong ?
Non, pas du tout.
Après le
succès du premier 45 tours, c'est vous
à nouveau qui enregistrez le second, On est tous des
imbéciles, signé paroles et musique
par
Jérôme, alors que Laurent se rattrape sur la face
B,
L'annonciation...
Oui, on a travaillé comme pour le prmeier disque. Seuls les
mixages n'étaient pas faits dans mon studio.
Comment en arrivez-vous
à composer la musique de Libertine ?
Ça, c'était en 1984. Cette chanson a toute une
histoire : j'avais
composé une musique sur laquelle un chanteur, Georges
Sibolle -
qui n'est pas très connu - avait mis un texte qui s'appelait
"L'amour tutti frutti". On avait même fait une maquette
très rock avec une chanteuse, on l'a
présentée aux
maisons de disques, mais personne n'en voulait. Je me souviens que
Jérôme et Laurent l'adoraient et me disaient
toujours :
"C'est un carton ton truc !" Ils m'ont même aidé
à
la démarcher, on leur a dit : "Ça, en anglais, ce
serait un
carton !" C'est une des rares fois de ma vie où je me suis
dit
que je tenais quelque chose. Je sentais bien que cette musique
était la chance de ma vie, mais rien ne se passait.
Après
l'échec d'On
est tous des imbéciles chez RCA,
Jérôme et Laurent ont signé chez
Polygram pour un
album. Je me souviens qu'on avait fêté ensemble
leur
nouveau contrat à la Closerie des Lilas.
Avaient-ils des chansons
d'avance ?
Non, comme tous ces jeunes de l'époque, ils arrivaient en
studio
avec rien. Le studio était pour eux non pas un endroit de
finalisation mais de création. On a donc commencé
à faire de petites séquences, mais
très
vite, il y a eu des dissenssions entre Jérôme et
Laurent.
Du coup, ils venaient chacun à leur tour :
Jérôme
travaillait sur des trucs difficiles, partait dans des
méandres
que Mylène ne parvenait pas toujours à suivre...
Mylène
venait-elle aussi au studio ? Avec Jérôme comme
avec Laurent ?
Oui, elle venait tout le temps. Aux beaux jours (ndlr :
été 1985), je me souviens qu'elle se faisait
bronzer sur
le balcon du studio.
Donnait-elle son avis ce
que vous faisiez avec Laurent ou Jérôme ?
Pas trop, elle laissait faire et quand on lui demandait d'essayer, elle
essayait.
On raconte que
Jérôme voyait Mylène comme une
nouvelle Françoise Hardy et Laurent comme une Jeanne Mas
puissance dix...
On ne parlait ni de Françoise Hardy ni de Jeanne Mas.
Jérôme était très
compliqué. Il avait
une musique très personnelle. Finalement, ça ne
se passa
pas chez moi, mais Laurent et Jérôme se
séparèrent. Un jour, j'ai vu arriver Laurent et
Mylène et ils me l'ont annoncé très
simplement.
Jérôme
vous l'a aussi annoncé ?
Oui, je suis resté également en rapport avec
Jérôme, qui m'a dit : "Je ne travaille plus avec
Mylène, mais tu peux travailler avec Laurent, il n'y a aucun
problème. On pourra même retravailler ensemble par
la
suite." Et cela a été le cas, j'ai
retravaillé
avec lui pour son propre disque, également pour une de ses
productions.
Où en
était l'album de Mylène Farmer à ce
moment-là ?
On n'avait toujours pas de chanson (sourire), surtout que seul
Jérôme avait fait des trucs... C'est alors que
Laurent,
qui n'avait pas encore travaillé sur l'album et qui ne
connaissait pas sa puissance de compositeur m'a dit : "Je crois me
souvenir que tu as une très bonne musique, c'est "L'amour
tutti
frutti", en revanche, je voudrais refaire le texte." Comme cette
chanson
était plus ou moins tombée à l'eau,
j'ai
répondu : "Allons-y !"
Georges Sibolle
était d'accord ?
Je ne lui ai pas demandé son avis, d'abord parce que ce
n'était pas déposé à la
SACEM, ensuite
parce qu'il avait créé le texte sur ma musique et
pas le contraire.
Laurent a-t-il
gardé la musique comme elle était ?
Non, comme il avait toujours beaucoup d'idées pour les sons,
un
potentiel faramineux : il avait mille idées à la
seconde.
Plus que
Jérôme ?
Oui, mais Jérôme était plus musicien...
Laurent
n'était-il pas plus efficace et Jérôme
plus torturé ?
Oui, c'est bien résumé (rires). Laurent
a donc
commencé à accélerer la musique de ce
qui allait
devenir Libertine,
puis il m'a demandé de retravailler un
refrain plus long à partir d'un gimmick qui existait et sur
lequel il allait écrire le fameux : "je, je suis
libertine..."
Enfin, il m'a demandé d'écrire une musique pour
le
couplet, "cendre de lune.." et il a abandonné un ou deux
motifs, notamment une partie parlée, un peu comme du rap,
sur
une musique techno avant le mot. Cette partie venait après
le
gimmick. En revanche, Laurent a gardé le pont.
Quand Laurent Boutonnat
a-t-il écrit le texte Libertine
?
Bien après la musique, sur laquelle Mylène a
d'abord enregistré une voix en yaourt en faisant "La, la,
la" - ce que j'avais déjà trouvé
très bien-, Laurent a écrit son texte petit
à petit, en tâtonnant beaucoup car il ne
travaillait qu'au studio, même les paroles. ce n'est pas le
genre d'arriver au studio avec un texte ficelé, car quand il
est hors du studio, il a autre chose à faire... (rires) A
l'époque, il travaillait déjà dans la
pub.
Le texte "Je suis
libertine, je suis une catin" ne vous a-t-il pas choqué ?
Si ! (rires) D'ailleurs, s'il a écrit son texte petit
à petit, il est quand même arrivé un
jour avec le texte du refrain. J'ai eu un choc énorme quand
il m'a chanté : "Je, je suis libertine...". J'ai
essayé de lui expliquer que les jeunes ne parlaient plus de
libertinage en 1985, que c'était désuet.
Cependant, il m'a répondu tellement sûr de lui que
j'ai vite abdiqué. Ensuite, il m'a chanté la
suite : "Je suis une catin". Alors là, je lui ai dit
carrément que ça ne passerait jamais en radio !
Que disait
Mylène dans ces moments-là ?
Rien. Pour elle, c'était tout à fait naturel. Ni
chaud, ni froid. Elle se voyait tout à fait le chanter,
surtout qu'elle avait beaucoup de facilités à
enregistrer.
Est-ce que Polygram a
écouté Libertine
tout de suite ?
Non, Laurent a fait tout son album avant. Comme il était
producteur, ils l'ont laissé faire jusqu'au bout. D'ailleurs
c'est moi qui lui ai trouvé les musiciens pour l'enregistrer
: Slim Pezin qui est resté longtemps en studio et sur les
tournées, Alain Hatot... et même les choristes :
Carole Fredericks et Yvonnes Jones. J'ai aussi amené deux
soeurs pour chanter la fin de Libertine,
cet espèce d'hymne africain. En revanche, ce n'est pas moi
qui ai trouvé Gilles Chouard, le batteur.
Qui étaient
Les Moines Fous du Tibet ?
Ça, c'était encore une invention de Laurent !
(rires) J'appréciais d'ailleurs beaucoup ce genre de
délire...
Pourquoi n'avez-vous pas
écrit les autres chansons ?
Parce qu'après Libertine,
Laurent a été inspiré. Il a donc fait
très vite toutes les autres musiques et tous les textes car
Mylène n'écrivait pas à
l'époque.
Quand l'album a
été fini, sentiez-vous que votre chanson
était la meilleure ?
Oui, mais tout le monde le sentait, Mylène et Laurent aussi !
Pourquoi avoir sorti fin
1985 Plus Grandir comme premier extrait de l'album
?
C'est ça aussi l'histoire ! (sourire) Après
l'enregistrmeent, chez moi, nous sommes allés au studio
Palais des Congrès pour mixer. C'est moi qui l'ai fait en
qualité d'ingénieur du son, avec Laurent, le
producteur qui a énorménement d'idées
niveau son, à côté de moi. Ce n'est
qu'après le mix que Laurent a invité Alain
Lévy - qui n'avait rien entendu - à venir
écouter. On était certain qu'il allait mettre le
doigt sur Libertine
et donc on lui a fait écouter en premier. Il
réagit donc très positiviement et demande
à écouter le reste. On le lui fait
écouter et c'est là qu'il nous annonce qu'il va
sortir Plus Grandir
d'abord.
Pour vous, Plus Grandir arrivait juste après Libertine ?
Oui, car les autres titres étaient des chansons d'albums,
pas des singles. Cet album ne comptait que deux singles... Le seul vrai
single était cependant Libertine.
Ils ont néanmoins mis le paquet sur Plus Grandir, fait
même un clip... mais ça n'a pas
fonctionné et j'ai commencé à me dire
que c'était foutu car on commençait à
jeter les artistes après un seul échec...
Alliez-vous sur les
tournages des clips ?
Non, non, mais j'étais très
impressionné par les clips de Laurent.
Déjà par le clip de Plus Grandir.
Aviez-vous des rapports
avec Bertrand Le Page qui avait rejoint l'équipe de
Mylène et Laurent ?
Ah oui, on s'aimait bien...J'ai même rempli la
déclaration SACEM de Libertine
chez lui puisqu'il était devenu
co-éditeur des chansons avec Polygram. Heureusement, au
printemps 1986, Polygram s'est enfin décidé
à sortir Libertine
pour l'été 1986 et Laurent a tourné
son clip. J'ai su à la fin de l'été
que c'était un succès.
(...)
Est-ce que Libertine vous a
permis ensuite de placer des musiques à d'autres artistes ?
Non, mais je n'ai peut-être pas apporté les bons
titres, ce que je faisais était trop techno.
Pourquoi, à
votre avis, la version anglaise de Libertine,
Bad Girl n'est-elle
pas sortie ? Pensiez-vous qu'elle ferait ensuite une
carrière inernationale ensuite en Allemgane, au Japon ou en
Russie ?
Dans Bad Girl
je crois que Mylène n'était pas encore assez au
point en anglais et je ne sentais pas ce texte-là.
Qui l'avait
écrit ?
Je ne me souviens plus.
Suiviez-vous
Mylène quand elle faisait des petits galas ?
Avec Bertrand ? Non, je n'allais pas dans ce genre de promotion.
Vous ne la voyiez
qu'à votre studio ? Pas non plus rue Quincampoix ?
Si, je l'ai vue chez elle, mais assez peu. Je me souviens d'ailleurs de
ses premiers petits singes.
Alliez-vous
dîner quelques fois avec Laurent et Mylène ?
Ça m'est arrivé, oui.
Pensiez-vous faire partie
alors de leur "famille" ?
Non, non, je ne faisais pas partie de la "famille". En plus,
après la sortie de l'album, cela a vite
dégénéré. Après
le succès de Libertine,
je pensais que je pouvais apporter à Laurent d'autres
musiques. J'ai donc propposé plusieurs fois à
Laurent de travailler avec lui, mais je voyais que cela ne
l'intéressait pas beaucoup.
Etait-ce pour lui un
problème d'argent ? Voulait-il garder pour lui 100% des
droits ?
Non, c'était un problème d"égo.
Laurent avait un égo démesuré. Je le
savais depuis le début.
Reconnaissait-il que vos
musiques étaient meilleures ?
Non, il a reconnu que
Libertine était une grande chanson, mais il
s'en attribuait les mérites. D'ailleurs, ensuite, quand il
donnait des interviews, il ne parlait jamais de moi. J'ai donc
supporté ça quelques mois jusqu'au jour
où je lui ai dit ce que j'avais sur le coeur.
C'était justement le jour du mixage de Bad Girl. Laurent
n'a pas apprécié et cela a
été notre dernier jour de travail ensemble. Il
m'a dit : "C'est fini, on ne travaillera plus ensemble." Je pense qu'il
avait commencé au Studio Méga et que ma "crise"
l'arrangeait.
Pensz-vous que Laurent
vous ait poussé à bout pour que la rupture vienne
de vous ?
Possible. Je pense que sa psychologie était : "Moi Laurent
Boutonnat, je suis capable de faire à 100% les chansons de
Mylène Farmer, je n'ai besoin de personne." En un sens, il a
eu raison, le futur l'a prouvé. J'aurais cependant pu
élargir leur univers....
Pensez-vous que
Mylène et Laurent ont réalisé
qu'après les 100 000 Maman
a tort les 40 000 On
est tous des imbéciles et l'échec de Plus Grandir, s'il
n'y avait pas eu Libertine,
tout se serait arrêté pour eux ?
Je ne sais pas, mais c'est évident.
Qu'est-ce que cela leur
aurait coûté de vous prendre une musique
par album, ne serait-ce que par fidélité ?
Pas grand chose. Il y a des gens qui sont fidèles, pas eux.
Pensez-vous que Laurent
ait été jaloux de votre talent ?
Je pense...
Avez-vous revu ensuite
Laurent Boutonnat ou Mylène ?
Non, jamais. Je n'ai même jamais pu la voir sur
scène...
Aviez-vous
confié vos problèmes avec Laurent à
Bertrand Le Page ?
Nn. Je ne l'ai pas revu non plus.
Comment avez-vous
vécu ce "divorce" ?
Mal. Je me suis remis en question. Aujourd'hui, la plaie est
cicatrisée.
Votre chanson fait
toujours partie des incontournables ?
Ça m'a rassuré, notammnt de la trouver dans tous
les live en intégralité, sauf dans un - le
Mylenium - où elle ne figurait que dans un medley. Le public
a dû la réclamer car, dans le tour suivant, la
chanson était à nouveau en entier. Je me souviens
la première fois où je l'ai entendue en version
live, elle faisait 12 minutes et cela a été un
drôle de choc !
Suivez-vous la
carrière de Mylène ? Savez-vous que son dernier
album marche moins ?
Oui, je sais. D'ailleurs, pour son dernier album, j'aurais pu lui
être utile. Maintenant, c'est trop tard, mais j'aurais pu me
mettre sur une création totale, il n'y a aucune raison que
j'ai perdu cette veine mélodique. Je l'ai d'ailleurs
déjà dit lors d'une interview que j'ai faite par
le net pour un magazine consacré à
Mylène, un magazine qu'elle doit contrôler vu le
nombre de photos auquel ils ont accès.
Avez-vous senti des
faiblesses dans le dernier album ? Que Mylène se
répétait peut-être ?
Oui, tout à fait.
Après
Mylène, on retrouve votre nom sur l'album de Jean
René en 1987, mais aussi ceux de Serge Lama, sutdio puis
live en 1987 et 1988. Vous composez également Enlève ton walkman
pour Corinne Catherine chez Déesse / CBS toujours en 1987...
Avez-vous eu des clones de Mylène qui sont venus vers vous ?
Non, pas de clones mais je n'ai jamais retrouvé une artiste
comme Mylène et ce n'est pas faute d'avoir
cherché ! Vers 1988- 1989, j'ai travaillé pour
Anne chez Walt Disney avec laquelle j'ai eu un album d'or, mais je n'ai
pas trouvé ça terrible, même si j'y ai
composé deux musiques et j'ai fait tous les arrangements.
Les textes étaient de Pierre Grosz, dont je ne garde pas un
bon souvenir : il passait son temps à me dire que ma musique
était trop compliquée, trop riche avec trop
d'harmonies... qu'il fallait que j'écoute untel ou untel. Au
mixage de l'album d'Anne il m'a même fait tout refaire, car
il voulait la voix bien devant.
Avez-vous
continué longtemps avec lui ?
Non, en 1990, je me suis retrouvé détruit. Comme
les droits de Libertine avaient
été très corrects en 1987 et 1988 et
que j'avais quelques réserves, j'ai
préféré travailler seul,
écrire des musiques que je présentais
à des éditions. J'ai dû faire une
trentaine de musiques, une majorité sans texte, quelques
unes avec des paroles à moi, non pas parce que j'ai eu une
révélation d'auteur, mais plutôt parce
que je n'ai pas le sens de l'équipe. J'aurais
été ravi de trouver un auteur et un
éditeur qui placent nos chansons mais je ne dois pas
"exciter" les gens...
Quand avez-vous
arrêté la musique ?
En 1992. les droits de la version originale de Libertine ont
baissé et le studio ne marchait plus assez pour me mener
jusqu'à la retraite : j'ai donc décidé
d'arrêter la musique et de faire autre chose dont je n'ai pas
envie de parler. Je suis donc devenu artisan pendant six ans,
uniquement pour nourrir ma famille - ma femme ne travaillait plus
depuis plusieurs années - et surtout pour payer des
études à mes deux filles qui étaient
adolescentes. (...)
Les droits de Libertine sont
quand même repartis ?
Oui, vers 1995 - 1996 avec les nouveaux live, les vidéos...
Cela a même été du gâteau,
d'autant plus que je ne m'y attendais pas. Ensuite, dans les
années 2000, il y a eu une reprise européenne
(Ndlr : Kate Ryan) donc ça a été
très, très bon jusqu'à aujourd'hui, au
point que je m'y suis habitué, même si je me dis
toujours que cela va redescendre.
Mylène
va-t-elle la prendre dans le nouveau live de janvier ?
Peut-être qu'elle va essayer de s'en passer...
Combien Libertine représente-t-il
de vos droits d'auteur ? 80% ?
Oui (rires), et même plus !
Avez-vous eu des demandes
pour que Libertine
soit exploitée par la pub ou le cinéma ?
Oui, plusieurs. J'ai d'ailleurs toujours donné mon accord,
mais je sais que Laurent s'y est toujours opposé.