Créateur des
costumes
du Tour
2009
Automne 2009
Fanzine IAO
IAO : Depuis quand
connaissez-vous Mylène ?
Jean Paul Gaultier : J'ai rencontré Mylène il y a
pas mal de
temps, lors de ses premiers spectacles des années 80.
J'étais étonné par son
concert ; elle faisait les choses bien avant Madonna - la
scène avec l'effet des portes du
cimetière qui s'ouvrent... Elle
était avant-gardiste.
Vous avez
habillé Mylène à plusieurs
reprises dans le passé (pour les clips de Je t'aime
mélancolie, Que
mon cœur lâche, L'Instant X,
la
pochette
d'Anamorphosée,
plusieurs photos de presse de 1995-1996 et 1999), elle a
assisté à plusieurs de vos
défilés et a même partagé
une de vos tenues avec Alizée ! Pouvez-vous nous
parler de ces différents moments où vos routes se
sont croisées ?
Il est vrai que, dans les années 90, Mylène
portait parfois mes vêtements, et que nous nous sommes
plusieurs fois croisés, mais la vraie rencontre ne
s'est faite que l'année
dernière. La vie est faite de ces heureuses rencontres.
Mylène est quelqu'un de très
respectueux et de très professionnel ;
c'est un vrai plaisir de travailler avec elle. Cette
collaboration m'a enrichi.
Avez-vous
travaillé seul sur ce spectacle, de votre
côté, ou Mylène intervenait-elle ?
Nous avons travaillé ensemble sur les tenues -
elle savait ce qu'elle voulait, mais en même temps
j'avais une totale liberté créative.
Peut-être que cela peut vous sembler être un
paradoxe, mais ça n'en est pas un pour moi.
Comment s'est
organisé votre travail ?
Quelles ont été les différentes
étapes ?
Nous avons commencé avec les écorchés
car c'était le début du spectacle. Et
peu à peu, les cinq autres tenues pour Mylène se
sont dessinées. J'avais aussi le plaisir de
créer les costumes pour les danseurs et d'habiller
tous les musiciens. J'espère que nous avons
réussi à obtenir une identité visuelle
très forte, avec Mylène toujours au centre,
toujours au cœur du spectacle.
A quel rythme vous
rencontriez-vous pour travailler les
tenues ?
Les tenues de Mylène ont été faites
dans mon atelier haute couture. Nous avons fait six ou sept essayages,
je ne me souviens pas exactement. Chaque essayage était un
plaisir complet, même quand il y avait des changements dans
les tenues et des décisions difficiles à prendre.
Lesquelles ?
Il y a toujours des décisions pénibles
à prendre dans ce genre d'aventure, même
s'il y en a eu très peu pour ce projet. En
l'occurrence, nous avons dû abandonner une tenue
qui était prévue, mais je ne peux pas vous en
dire plus.
Pouvez-vous nous parler
plus précisément de
chaque tenue ?
Comme c'est de la haute couture, j'ai pu utiliser
des matières qui ne sont pas habituellement
utilisées pour la scène. Par exemple, la robe
rouge est entièrement brodée en cristaux
Swarovski et le trench est fait dans le même satin que
j'utilise pour mes défilés de haute
couture. La robe bleue est en georgette de soie très
fine ; nous l'avons refaite en blanc pour le Stade
de France.
Pourquoi ?
C'était une demande de Mylène car, au
concert du Stade, elle portait cette tenue quand elle se trouvait au
milieu de la pelouse, seule avec Yvan Cassar ; il fallait
qu'elle soit particulièrement lumineuse.
Les vêtements
existent-ils en plusieurs exemplaires ?
Oui. Toutes les tenues ont été faites en double -
pour Mylène et pour les danseurs.