"J'adore travailler avec
elle et c'est vraiment des aventures. Quand
c'est pour quelqu'un qu'on aime et qu'on admire, c'est fabuleux !
Voilà, retrouvailles, on recommence, et on met ça
! Participer au montage du spectacle, c'est quelque chose quand
même ! Déjà il y avait cette
idée avec les robots. C'est une apparition, quelque chose
d'un peu futuriste.
Ah bah ça, c'était les sources d'inspiration :
Barbarella, Métropolis pour le côté
futuristique et Jeanne d'Arc pour un côté un peu
guerrière moyenâgeuse.
Je dois être influencé par elle. C'est on peut
dire une collaboration réelle. Pour les hommes, elle a tout
suivi ainsi que pour les musiciens. Tout passe par elle. C'est normal,
c'est elle qui voit tout. C'est son univers, ça doit
être du Mylène Farmer !
Alors il y a du Jean Paul Gaultier dedans mais pour Mylène
Farmer... Ah il y a eu des choses assez drôles quand
même... Par rapport au vêtement du final. J'avais
une chose qu'elle aimait bien. C'est un artiste qui avait fait comme
une espèce de sculpture entièrement transparente
comme si c'était des gouttes d'eau.
Et j'ai refait des recherches d'abord de matières et tout...
C'est une espèce de matière
plastifiée, très brillante et caoutchouteuse et
qui a une espèce de couche un peu d'hologrammes. Et que des
bandes ! Que des bandes ! C'est un travail de folie ! Chaque trait,
c'est une bande comme ça qui est posée sur une
matière transparente pour que ça tienne, pour que
le volume soit là.
J'avais fait la moitié, parce
que c'est tellement d'heures de travail et tout, qu'on avait fait la
moitié en ébauche. Et en voyant
l'ébauche... Elle a dit... "C'est beau comme
ça, tu touches à rien"... Sur le coup
j'étais un peu genre : "hein ? On touche plus
à ... rien ?" Parce que j'avais prévu
autrement vous voyez ?
Et en fin de compte, en la regardant je me suis
dit c'est beaucoup plus beau comme ça ! Ça c'est
cette force et cet apport qu'a eue Mylène, je dois dire qui
est assez remarquable. Et c'est de la créativité
le fait de pouvoir dire : Non ! Bon bah voilà c'est une
artiste donc elle voit la beauté là où
elle est ! Et elle a su voir la beauté en quelque chose
d'inachevé. Et du coup d'autres vêtements ont
été faits un petit peu dans cet
esprit-là. *rire*
Une partie de la tenue de la fin est devenue aussi le début.
Ça c'est un autre grand changement. Parce que la tenue du
début, j'ai pataugé
énormément pour la faire !
C'est-à-dire que j'avais du structuré et du flou,
de l'élastique et du non élastique dans le
même vêtement. Ça
été des changements, des changements, des
changements, tout le temps, tout le temps ! Du coup à la
fin, c'est non ! Non ! Et ça c'est une décision
aussi de Mylène et je trouve ça très
bien ! Elle adorait comment la combinaison était
gravée à la fin qui se mettait avec une jupe. Et
elle a dit : "mais on garde celle-là et
on fait les choses qu'on doit faire",
c'est-à-dire une asymétrie qui était
prévue en mousseline. Et c'est devenu donc cette
espèce de couleur qui lui sied par rapport à sa
couleur de peau quoi ... comme une espèce de cape lingerie
comme ça qui s'envole.
Quand elle est apparue et tout, je dois dire que j'avais peur ! Je me
suis dis mon dieu ! Avec en plus la mousseline qui était
très volatile qui avait comme une espèce de
souffle qui la faisait envoler. J'avais peur qu'elle se prenne les
pieds dedans et tout... Parce qu'en plus il y a un escalier. Il ne faut
pas trop regarder les marches, il faut qu'elle regarde son public et
tout... Il y a un sacré boulot ! Donc on est là
plutôt pour essayer d'arranger et trouver des solutions. Et
on est arrivé à plus pur et plus beau : la
chevelure, son teint pâle, ses envolées de
mousseline... C'était vraiment très,
très, très, très beau ! Il y avait
cette espèce de pureté d'ange comme
ça... C'était une guerrière mais quand
même très angélique.
C'est notre petite
princesse à nous... Absolument éblouissante ! En
plus avec eux tout blanc comme ça, les brillances et tout.
Si vous voulez l'idée des bandes comme ça,
c'était dans le côté ar-ti-cu-la-tion
en fin de compte. Or les robots c'est, ce sont des articulations. Je
dois dire que ce sont de très bons partenaires les robots.
Ils ont réussi à être humains,
très, très, très, très
bons. Les costumes qui sont pas mal non plus... Donc tout... Le beau
avec le beau ça ne peut donner qu'encore plus beau !
Voilà!
La robe Swarovski... D'abord, ça a été
le poids le problème. Le poids parce que c'était
vraiment une chaîne d'une certaine qualité et
en fin de compte du fait de la couleur qui a été
choisie...
Au début on était dans les turquoises,
dans le rouge mais le rouge elle l'avait déjà eu
un peu... Une robe courte. Donc, c'était... Il fallait une
autre couleur ! C'est dans l'orange etc. avec ses cheveux et
tout... Et puis après j'ai vu cette couleur dans la gamme
Swarovski, j'ai dit : "C'est celle-là !" Et c'est vrai que c'était celle-là.
Mais celle-là, pourquoi est-ce qu'elle était si
belle ? C'est parce qu'elle avait une projection métallique
or qui donnait cette intensité et cette nuance mais du coup
elle était plus lourde ! Donc du coup, quand on a
commencé à faire la robe, ça a
été : "Mon dieu ! Mon dieu ! On ne va
pas pouvoir la faire !" Parce que c'était trop
lourd ! Et du coup, comme quoi, c'est ça qui est merveilleux
! C'est que dans un sens quelque fois, des contraintes, des
obligations et tout ouvrent à la
créativité. C'est-à-dire
qu'à ce moment-là, eh ben moi j'avais en
tête... Quand même, je trouve qu'elle a de sublimes
jambes. Du coup, je lui ai dit : "Eh ben, on ouvre
là et ça te fait comme une espèce robe
Payne devant, avec entièrement les hanches et les jambes
montrées." Et du coup, elle est beaucoup plus
légère. Aussi, il fallait la prendre à
la taille bien, pour que le poids soit réparti en deux
parties. Il y a une matière un peu transparente qui permet
de tenir le décolleté. Et voilà ! Je
dois dire que la couleur avec la couleur de sa peau et ses jambes comme
ça... Ses jambes nues c'était quelque chose
d'assez formidable ! Avec le dos, le dos qui était nu. Elle
est éblouissante et en même temps avec un
côté intimiste. C'est ça qui est assez
étonnant ! La mise en place, même avec le piano,
c'est ça cette intimité qui était un
moment très... très différent.
Après, il y avait une partie qui était plus
romantique. Comme époque 80, silhouette androgyne, genre
18ème siècle. Quand elle était comme
une espèce de chevalier officier et tout... Ange
noir, voilà un peu l'idée ! Au début,
il n'y avait pas les cordes. Peu à peu je lui ai
proposé donc comme une blouse victorienne. J'en avais
trouvé une et je l'avais mise sur un mannequin et je l'avais
laissée ouverte.
Ouverte comme ça pour montrer un
côté quand même sexy et tout. Elle avait
bien aimé ça. Donc après, j'avais
travaillé autour de ça.
Alors lui donner peut être de la longueur derrière
et la faire un peu comme balafrée. Mais je n'avais pas
trouvé un élément et quand
même j'ai pensé : cordages... Cordages un peu qui
font référence un petit peu aux sadomasochistes.
Ça a été fait vraiment comme un
cordage, de bandages et tout... qui soulignent en même temps
à la fois la poitrine, tout en ligotant... tout en ligotant.
Donc c'était tout à fait... Bien sûr,
il
ne fallait pas lui ligoter trop le cou quand même
puisqu'il faut quand même qu'elle puisse ... que ces cordes
vocales puissent s'exprimer. Donc voilà avec tout ce
côté un peu comme des balafres, un peu un coup
d'escrime quoi. Et d'un seul coup, on aperçoit un peu de
peau ce qui est évidemment, évidemment sexy.
Ajouter queue de pie, faux-cul volanté,
boursouflé ... qui serait porté avec des
pantalons serrés et genre des bottes et tout.
Très importantes les chaussures ! Pour pouvoir danser, pour
pouvoir bien bouger, qu'elle se sente à l'aise dedans. Elle
ne doit pas y penser. Dans les vêtements, c'est la
même chose. Elle ne doit pas souffrir dedans. On voit qu'elle
pense comment elle va bouger dedans... Si ça l'encombre, si
elle se sent gênée, si elle se sentira
bloquée ou si ça, ça va quand
même. Il y a non seulement elle mais elle voit aussi tous les
danseurs.
Quand je lui ai montré justement, les camisoles de force
qu'on a revues et corrigées, bien sûr je n'ai pas
fait des vraies camisoles de force. Aussitôt, ça
a été d'accord. Bon, Ça rentrait
très bien dans son univers, j'ai proposé aussi
parce que je savais que ça allait dans son univers.
Voilà.
La couleur est arrivée. C'est un laqué... Un
rouge comme ça un peu laque chinoise. Le rouge qui a
été enfin de compte évident. Quelle
était l'autre couleur qui pouvait aller ? Le soleil rouge,
donc c'était ça. L'empire du soleil levant, eh
ben voilà... Comment on en est arrivé au
côté japonais ? La chorégraphie est
totalement intervenue. C'est ça qui a tout
déclenché. J'étais entre les
samouraïs et tout... Et j'ai commencé
là, chose curieuse, par les hommes. C'est-à-dire
que j'ai commencé en faisant des espèces de... de
pantalons-jupes de samouraïs. Et voilà...
C'était entre le samouraï et égyptien.
Une espèce de bermuda avec un payne. Ce qui donne une
idée un petit peu d'une jupe, alors qu'en
vérité c'est un bermuda. J'ai ouvert des deux
côtés pour qu'ils puissent danser.
L'idée est venue comme ça et avec des
espèces de corsetages. Du coup, pour Mylène je me
suis dis, c'est bien aussi mais peut-être avec des jeux de
longueur. Et c'est comme ça qu'on est arrivé
à des espèces de chaps de samouraïs.
Ça n'existe pas mais enfin bon... à ça
! Le premier croquis ça a été
ça. Et il y avait cette espèce de jupe, sur-jupe.
Et donc, avec le jeu de transparence quand même sexy et en
même temps comme une espèce de bandeau sur la
poitrine...qui est à la fois une sexualité
subtile et voilà. Et qui rejoint un peu aussi les bandages.
Ça, c'est la zone censure, en même temps une
autorisation, enfin dans ce mélange-là. Bah, il y
a une espèce de strip-tease, avec une robe micro qui
était plus comme un manga là. Personnage manga
auquel je trouve elle va... elle correspond vraiment bien. C'est un
manga à elle toute seule. Notre manga français !
Donc c'était ça, donc c'était
Mylène manga.
Il y a eu plein de surprises, c'est-à-dire que jusqu'au
dernier moment il y a eu des surprises et des changements.
Il y a une chose qui est restée, qui n'a pas
bougé... C'était un côté
costume d'homme. Là, elle avait un corset sous son costume
d'homme, un petit corset, un serre-taille on va dire. J'ai une personne
qui me fait les corsets, qui est... qui doit être
fétichiste du corset et qui refuse de mettre un zip. Bon
là, avec Mylène c'était impossible
parce que ça met 3 minutes à mettre quoi. Et en
plus, quand on est énervé et qu'il y a vraiment
les
gens qui sont là et qu'il faut vite y aller. Il n'y a pas eu
de problèmes parce que je n'ai pas fait faire à
la
personne qui refuse de me mettre des zips dans le corset. Donc,
ça c'est bien passé et ça c'est
zippé et tout... Et aucun problème.
Il peut y avoir des choses de cet ordre-là,
c'est-à-dire : adapter par exemple quelque fois quelque
chose qui s'enfile plus facilement. Des problèmes techniques
et de mouvements et d'enfilages. Il y a tout ça qui rentre
aussi énormément en ligne de compte.
C'est-à-dire après, pouvoir se
déshabiller rapidement. Il y a les histoires de... de aussi
de boitiers, toujours. Ça c'est toujours le truc... Je me
dis que la prochaine fois, le boitier deviendra
l'élément essentiel, ça deviendra
ça la base du vêtement ! C'est vrai ! A la limite,
au plutôt que d'essayer de les cacher, eh bien
voilà on en fait une œuvre d'art ! *rires*
Ça a été vraiment une aventure ! Bah,
un spectacle c'est ça! Non ? Ce n'est fait que
d'imprévus, d'évolutions,
d'évolutions, voilà ! C'était comme la
chrysalide avec le papillon qui va sortir et tout.."
Retranscrit par Romain.