Violoncelliste sur le Tour
89
2006
Livre Belle de
scène
Avant les concerts
Quand je suis arrivé aux répétitions,
je
n'avais pas rencontré ni Laurent ni Mylène. Je ne
connaissais pas vraiment leur univers et j'avais simplement
écouté un album et entendu deux titres
à la radio.
J'avais vu les clips et j'avais compris que ça
ne rigolait pas ! J'avais rencontré un des chefs
opérateurs et je savais qu'ils avaient tourné
leur
premier clip en 48 heures en 35 mm dans le froid, dans la
forêt de Fontainebleau. Personne ne s'était
posé de questions sur les conditions de travail, tant la
volonté de Laurent était forte. Chacun avait
suivi le
projet sans sourciller. Pour moi, l'univers de Mylène
était un monde dans
lequel il y avait beaucoup de bruits, dans lequel tout l'espace
sonore est occupé. J'arrivais avec un violoncelle
d'une toute petite formation par rapport à la masse de son
créée... D'abord, nous avons travaillé
avec l'orchestre. Ensuite, Mylène est venue
répéter avec nous.
Mylène
J'ai vu débarquer quelqu'un qui n'était
jamais monté sur scène. On a compris au fur et
à
mesure qu'elle allait changer de costumes à chaque
chanson, ce que personne ne faisait car c'était trop
complexe. Elle chantait, elle dansait... Elle travaillait sans
arrêt, toute la journée. La matin, elle prenait
des cours
de chant, puis elle allait faire son jogging, prenait des cours de
danse et venait ensuite répéter. Elle
réglait
aussi tous les ballets.
Mylène était d'une grande
disponibilité et
d'une grande rapidité d'esprit. Quand elle
était dans ce qu'elle faisait, elle était ultra
professionnelle. Je ne sais pas où elle avait appris
ça,
mais elle savait exactement comment aller vers
l'efficacité. Le travail était clinique, on
n'était pas là pour se fatiguer mais pour
régler les détails, on ne reprenait pas les
morceaux pour
rien.
Les concerts
Arrivé à la première, tout
était presque
parfait et tout semblait naturel. Tout était prêt.
Elle
montait sur scène pour la première fois et avait
osé faire tout ce que les autres n'avaient jamais
osé faire. Nous n'avions qu'une envie : soutenir ce
petit bout de femme adorable et d'une gentillesse énorme.
Les concerts se passaient de mieux en mieux. Elle nous
étonnait
de soir en soir. Et il existait une vraie émotion dans ce
spectacle. On savait qu'on participait à un truc grandiose.
Ça n'arrive pas assez souvent dans notre métier.
On a fait cette tournée dans des conditions
matérielles
et psychologiques vraiment formidables. Jamais il n'y a eu un mot
plus haut que l'autre. Dans le classique, on faisait des
tournées, mais chaque musicien est assez isolé
car seul
le chef d'orchestre compte. Là, chacun comptait en tant
qu'individu. C'était la première fois que
j'avais un road et un backliner pour moi. Il y avait deux
semi-remorques. Quelqu'un me portait mon violoncelle,
l'accordait. Je n'avais qu'à jouer et
arriver à mon poste avant que le rideau ne se
lève. On
était tous avec le casque sur les oreilles. On n'entendait
que nous et la chanteuse de façon très distincte,
très peu les bandes, un peu comme dans un concert de musique
de
chambre. Le bruit était dans la salle.
C'était une structure de son très confortable
alors
que souvent les concerts de ce type nous bousillent les oreilles.
Quand on a fini le spectacle de Mylène, on s'est
réunis tous ensemble et nous nous sommes rendus en rase
campagne
chez un cascadeur illustre. Nous avions remonté le
décor
du spectacle et on l'a brûlé en pleine campagne.
C'était si étrange et magique ! Ce
bûcher a
été filmé et fait partie de
l'histoire. Il y
a un avant et un après le spectacle. Il y a
forcément
quelque chose à apprendre dans ces projets-là
à
l'heure où on enregistre, on grave, on commente, on
diffuse. Tant mieux, cette histoire n'était pas
reproductible. Nous avons eu des moments d'émotions
terribles sur scène et en coulisses. Laurent et
Mylène
sont des artistes. Ils sont tout le contraire des grands gagnants du
loto du show business. Beaucoup considéraient que
c'était une tare de connaître la musique, eux non.
Mylène et Laurent savaient de quoi ils parlaient et ils
avaient
le bon langage.