Laurent Boyer - Interview (2003)
Laurent Boyer présentait l'émission
"Pour un clip avec toi" diffusée
sur M6 le 7 avril 1991 et enregistrée sur le
tournage du clip
Désenchantée.
Mylène Farmer
Magazine : Comment as-tu obtenu le luxe suprême de non
seulement
interviewer Mylène Farmer, ce qui est
déjà énorme en soi, mais en outre de
le faire sur le lieu de tournage de son clip ?
Laurent Boyer : En fait, on a souvent demandé des interviews
de
Mylène à sa maison de disques, et un jour, on
nous téléphone, et on nous propose de partir
à Budapest pour la rencontrer et assister au tournage de son
nouveau clip événement. Evidemment ça
ne se refuse pas ! D'autant que c'était
tous frais payés par Polydor, ce qui tombait
plutôt pas mal vu qu'à
l'époque on n'avait pas trop de moyens.
M6 n'avait que quatre ou cinq ans et très peu
d'émissions auto-fabriquées.
Combien de temps as-tu
passé là-bas ?
Deux jours et trois nuits si je me souviens bien.
Tu mangeais et dormais
avec l'équipe ?
Oui. On était tous logés dans ce sublime palace
à Budapest... je ne me rappelle plus comment il
s'appelle. Tout le monde se retrouvait autour d'une
table le soir. C'était très sympa.
Tout le monde ?
Même Mylène ?
Oui bien sûr. Mylène, Laurent Boutonnat,
l'équipe technique, mon équipe
télé et les gens de Polydor.
Comment était
Mylène dans ces
moments-là ?
Très peu expansive. Elle est vraiment comme ça,
je crois. C'est sa nature.
Et en journée,
ça se passait comment ?
Très bien. Vraiment. On avait le droit de filmer ce
qu'on voulait. On se baladait sur le tournage du clip avec
notre caméra et on faisait tout ce qu'on voulait. Je
n'ai pas souvenir de la moindre restriction. Tout le monde
était vraiment disponible pour nous. Y compris Laurent
Boutonnat, qui avait pourtant beaucoup de boulot -
c'était un clip à gros budget.
C'est pourtant quelqu'un
qui va peu vers les
médias, encore moins que Mylène. On ne
l'a plus entendu ou vu depuis neuf ans.
Je sais, mais avec nous, ça s'est fait
tranquillement. On allait vers lui et il prenait le temps de
répondre à nos questions. Vraiment dispo.
Le clip de Regrets a été
tourné en même temps que celui de Désenchantée, as-tu
également assisté un peu à son
tournage ?
Non. On a assisté 'uniquement'
à celui de
Désenchantée.
Comment était
Mylène pendant ce tournage ?
Je lui ai trouvé beaucoup de
témérité et de volonté. Il
faut savoir que les conditions de tournage
n'étaient pas évidentes : il faisait
très froid. Mais jamais je ne l'ai vue se plaindre
et jamais je ne l'ai vue lâcher.
Et pour ce qui est de
l'enregistrement-même de
l'interview ?
Je l'ai trouvée très
renfermée sur elle-même dans un premier temps,
puis elle s'est débridée peu
à peu. Elle a fini par se livrer. Il a fallu du temps, mais
elle s'est ouverte. Je crois qu'elle a
été totalement sincère.
Vous avez
diffusé une image prise hors interview pendant
laquelle on vous voit côte à
côte, attendant de reprendre l'entretien
et vous ne dites pas un mot. Toi tu prends le soleil et
Mylène semble un peu perdue, elle ne sait pas trop
où poser
son regard. Vous ne vous parliez pas entre les prises ?
Si bien sûr. On parlait beaucoup. Je crois même que
Mylène a fini par me tutoyer au bout d'un moment.
Le plan dont tu parles a été conservé
pour le fun. Il est assez marrant à regarder justement parce
qu'il est silencieux. Mais en fait, à ce
moment-là, il y avait une petite éclaircie dans
le ciel et on en a profité pour prendre un peu le soleil :
il
faisait vraiment froid !
Mylène et son
staff avaient-ils des exigences quant
à la manière de la filmer ?
Non, pas que je m'en souvienne. J'ai vraiment le
souvenir d'une totale liberté. Et puis tu sais, on
a profité du fait que toute son équipe technique
était là pour utiliser son ingénieur
lumière.
Après
diffusion du document, as-tu eu des échos
de Mylène ?
Je crois qu'elle a aimé.
Comment se fait-il que
son portrait ne soit jamais rediffusé
la nuit, comme les autres ? Même lorsque vous faites un
best of de l'émission, elle en est absente.
Pourquoi ?
Je pense que ça a été
bloqué à sa demande, mais je n'en suis
pas sûr (la chargée de production de
"Fréquenstar" nous a confirmé que les
images ont été bloquées par le
management de Mylène, NDLR).
Pourquoi n'a-t-elle
jamais refait de "Fréquenstar" ?
Je ne sais pas. Ce n'est pas faute de l'avoir
invitée en tous cas (rires). Y compris pour "Graines de
star". Mais à chaque fois,
c'est une fin de non recevoir. Je ne m'en offusque
pas, j'ai déjà eu
l'incroyable honneur de faire celui-là. Mais
j'avoue avoir été surpris quand
j'ai vu qu'elle accordait une interview
à une chaîne du câble et du satellite.
Les Dutronc, Goldman ou Hallyday qui, comme Mylène, se font
rares en télé, ont quand même fait
plusieurs "Fréquenstar".
J'adorerais en refaire un avec elle !
Malgré le fait
que tu ne l'aies
interviewée qu'une seule fois, on fait souvent
appel à toi pour témoigner quand un sujet se
monte autour de Mylène (+ vite que la
musique, Mister Bizz). Comment
l'expliques-tu ?
Je crois que ce portait est devenu culte. On m'en parle
encore, douze ans après ! On a reçu beaucoup de
courrier après sa diffusion. Encore aujourd'hui,
beaucoup de fans nous écrivent pour nous demander sa
rediffusion. Je crois que ça a vraiment marqué
les esprits. Tu sais quand un gars prépare un sujet sur
Mylène, il doit se dire : "Tiens, Boyer a
passé plusieurs jours avec elle et il a fait une longue
interview, c'est rare, il doit avoir des choses à
dire". Et puis il y a aussi cette fabuleuse histoire avec
Alizée qui voulait être graine de danseuse et qui
s'est retrouvée graine de chanteuse pour
finalement devenir une star.
D'ailleurs tu as
retrouvé à la fois
Alizée et Mylène sur la scène du
Zénith de Lille en novembre 2000 pour les M6 Awards. En
as-tu profité pour inviter Mylène à un
prochain ""Fréquenstar" ?
Non. Je ne l'ai vue ni avant ni après le show. On
ne s'est vu que sur scène.
L'as-tu revue depuis ?
Oui, je l'ai croisée deux fois, au restaurant. Une
fois il y a deux ou trois ans, et l'autre l'an
dernier.
Et là, as-tu
pu lancer ton invitation ?
Non, je l'ai saluée rapidement, c'est
tout. Tu sais, si elle a envie de refaire un "Fréquenstar"
ou autre chose, elle me le fera
savoir. Je pense, ou du moins j'espère,
qu'elle sait que je suis à sa disposition. Si elle
me dit qu'elle a envie de faire ça, je le fais.
Artistiquement parlant,
que penses-tu de Mylène ?
J'aime beaucoup
XXL.
Je trouve que
tout ce qu'elle fait est très bien fait.
A-t-elle une place
particulière parmi les nombreux
invités que tu as reçus ?
Bien sûr. J'en garde un souvenir ému,
d'autant que c'était à son
initiative et qu'elle s'est livrée. Et
puis, il faut savoir que c'est avec cette émission
que "Fréquenstar" est né.
Avant, c'était une émission en plateau.
L'interview de Mylène était la
première qu'on tournait en extérieur.
En rentrant de Budapest, dans l'avion, j'ai eu
l'idée d'en faire la marque de fabrique
de l'émission. Je lui dois beaucoup pour
ça. D'ailleurs, pour les dix ans de
"Fréquenstar", j'aurais bien
aimé faire un nouveau portrait avec elle pour boucler la
boucle, mais ça ne s'est pas fait.