IAO : Avant tout, expliquez-nous
en quoi consiste votre métier ?
Laurent Buisson : Je suis chargé de la diffusion du son dans
la salle. Cela
consiste à reprendre tous les micros des chanteurs et
instruments indépendamment sur scène pour
reproduire un
son agréable dans la salle.
Vous avez
travaillé sur les trois tournées de
Mylène. Pourquoi n'a-t-on pas fait appel
à vous
pour les concerts de cette année (concerts Avant que l'ombre...
à Bercy en 2006, ndlr) ?
Je ne sais pas. Il faut demander à la prod. A
l'époque de la tournée
d'Alizée, je
n'étais pas libre et je me doutais que celui qui
ferait
Alizée ferait le prochain Mylène. C'est
comme
ça. Et puis il y a des modes dans ce métier. En
ce
moment, c'est Stéphane (Plisson, ndlr)
qui a la
cote, tant mieux pour lui.
Comment
êtes-vous entré dans
l'équipe Farmer ?
Par Thierry Suc, qui m'a fait confiance à
l'époque.
Vous étiez en
totale charge du son sur le
Tour 96 et le
Mylenium
Tour alors que vous étiez en retrait
derrière
Thierry
Rogen et Patrice Cramer en 89. Pourquoi cela ?
J'étais juste assistant en 89, j'ai fait
quelques
dates à la place de Thierry et de Patrice, je suis ensuite
resté pour les autres tournées.
Est-il plus difficile
pour vous de travailler un Bercy qu'un
Bataclan ou un Olympia ?
Forcément, les impératifs ne sont pas les
mêmes.
Pour les concerts de
janvier, ils ont utilisé un nouveau
système permettant d'avoir du son partout dans
Bercy au
lieu du traditionnel son frontal. Vous regrettez de ne pas avoir
été de cette aventure novatrice ?
Ce n'est pas quelque chose de nouveau. Je l'avais
déjà fait pour Michel Sardou à Bercy
il y a une
dizaine d'années.
Quelles sont les
principales difficultés de votre job ?
Avec Mylène, la principale difficulté venait de
son filet
de voix qui est très petit. Elle chante toujours juste, mais
elle n'a pas beaucoup de puissance. Il y a aussi les
nombreuses
programmations à gérer. Mais ça
devient une
habitude aujourd'hui.
Participez-vous
à l'enregistrement des albums live
?
Non.
Selon vous, sont-ils
fidèles aux concerts sur lesquels vous
avez travaillé ?
Ils sont bien faits mais ne restitueront jamais les émotions
du
live. Surtout pour Mylène où l'ambiance
dans le
public est incroyable !
Avec qui travaillez-vous
le plus sur un concert de Mylène ?
Laurent ou Mylène ?
Avec Laurent Boutonnat pour le Tour
96 et Yvan Cassar pour le Mylenium.
Quelles sont leurs
exigences au départ ?
Que ce soit génial !
Mylène
a-t-elle recours à du play-back ?
Non, jamais.
Devez-vous avoir recours
à des astuces
particulières
compte tenu du fait que Mylène a une voix très
fluette ?
Chacun a des astuces de pro. Qui seraient trop longues à
expliquer. Disons simplement que la technique des micros a beaucoup
progressé.
Les choristes sont-elles
particulièrement mises en avant
dans un concert de Mylène ?
Non. Pas plus que pour d'autres artistes.
Avez-vous le souvenir de
gros problèmes de sons sur certains
concerts des trois tournées ?
Il nous est arrivé d'avoir des coupures de courant
en
plein concert ! Ce qui est curieux, c'est que c'est
arrivé une fois par tournée (rires) ! Pour la
dernière (le Mylenium
Tour, ndlr), c'était à Lyon. Je
me souviens
qu'on n'entendait plus que Abbe (Abraham Laboriel
Jr) qui
continuait à taper comme un malade sur sa batterie dans une
salle déchaînée, même sans
son ! (rires)
Comment réagit
Mylène dans ces
moments-là ?
Très bien. Il y a toujours eu une bonne ambiance.
Mylène
est très gentille, vous savez. Et ça
n'a
duré qu'une minute.
Lyon ne lui porte pas
chance ! Vous rappelez-vous de sa chute de
scène lors du Tour 96 ?
Oui bien sûr. Le pire, c'est que c'est
arrivé
lors d'un rappel qu'on ne faisait pas
habituellement.
Mylène
a-t-elle déjà eu de gros
problèmes de voix sur certaines dates ?
Non, rien de sérieux.
Participe-t-elle
activement à toutes les étapes
sans rechigner, comme la balance ?
Mylène ne fait quasiment jamais de balance.
Comment faites-vous pour
régler son micro dans chaque salle
alors ?
Elle vient une minute ou deux, pas plus. Sinon on se
débrouille.
C'est commun chez les
artistes de ne pas faire de balance ?
Ils sont quelques-uns à ne pas aimer ça, oui.
Quelle est la
tournée de Mylène qui vous a
demandé le plus de travail ?
Le Mylenium car
il y avait un manque de
cohésion au niveau de l'équipe
technique son
façade.
Comparativement
à ce que vous avez fait par ailleurs,
estimez-vous que Mylène attache beaucoup
d'importance et
accorde beaucoup de moyens au son ?
Pas plus que les autres.
Avec quels autres
artistes travaillez-vous ?
Michel Sardou, Laurent Voulzy, Véronique Sanson,
Hélène
Segara,
MC Solaar... Je suis dans le métier depuis
vingt-quatre ans.
Est-il
particulièrement valorisant ou intéressant
de travailler pour Mylène ?
Oui car ses shows sont toujours exceptionnels.
Est-elle plus exigeante ?
Non.
Quelle est votre
tournée
préférée (toujours quant à
votre partie) ?
Le Tour 96.
Au niveau du son, c'est le travail dont je suis
le
plus fier, et au niveau humain, c'est là
qu'il y
avait la meilleure ambiance. Mais toutes les tournées
étaient réussies.