Guitariste sur les concerts Avant
que l'ombre... à Bercy
Hiver 2006/2007
Fanzine MF&Vous
MF & Vous : La
guitare a-t-elle été votre premier amour ?
Milton McDonald : J'ai débuté par le piano et
j'ai vite compris que j'avais l'oreille musicale. J'ai eu une courte,
mais intense, histoire avec les percussions pour finir par un coup de
foudre avec la guitare dès 10 ans. Ado, j'ai
formé des petits groupes. On était de
très mauvais musiciens et on reprenait des titres de Black
Sabbath (groupe fondateur du heavy-metal, avec Ozzy Osbourne au chant,
ayant vendu des millions de disques dans les années 1970,
ndlr) !
Mylène vous
présentait en live sous le nom de Milton. De quand date ce
surnom ?
Quand je suis arrivé à Londres, j'ai fait partie
du groupe Boomerang Gang. Nous étions quatre, dont trois
Mikael. Je venais de Milton Keynes, une ville nouvelle entre Londres et
Birmingham, et on a commencé à m'appeler Milton.
En fait, j'ai aimé et je l'ai gardé. Seule ma
mère m'appelle Mikael aujourd'hui.
Vous avez
réellement débuté en 1984,
l'année où Mylène Farmer
sortait Maman
à tort. Les eighties étaient-elles
une belle époque pour débuter une
carrière ?
Il faut croire puisque Mylène a construit une
carrière des plus intéressantes en France ! Moi,
j'ai appris mon métier dans ces
années-là avec des groupes que vous ne devez pas
connaître, et que d'ailleurs personne ne doit
connaître non plus en Angleterre. Trêve de
plaisanterie... Si j'avais pu choisir, j'aurais
préféré débuter dans les
années 1960 au temps du rock progressif où les
artistes faisaient de la musique pour les bonnes raisons. Aujourd'hui,
le business a pris le pas sur la créativité. Les
maisons de disques sortent ce que veut entendre le public. C'est ce que
j'ai apprécié en premier lieu chez
Mylène Farmer. Elle a rencontré un
succès énorme en France mais a su
préserver un univers tellement singulier qu'aucun autre
artiste ne pourrait se l'approprier.
Vous avez
travaillé sur chaque disque des Spice Girls en groupe ou en
solo, S Club Seven ou Atomic Kitten... Comment a
débuté cette collaboration entre vous et les
producteurs de ce type d'albums, Paul Wilson, Andy Watkins et Tracy
Ackerman ?
Dans les années 1990, j'ai continué à
faire du live mais j'ai aussi rencontré les producteurs du
collectif Absolute. Ils faisaient des hits à la
chaîne et m'appelaient toutes les deux semaines pour des
parties de guitare. Evidemment, je ne connaissais pas les chanteurs de
ces albums. Eux apprenaient ce qu'ils allaient chanter le jour de
l'enregistrement. La plupart ne connaissaient rien à la
musique. C'était une période faste car je gagnais
bien ma vie et je me suis fait connaître dans le monde du
studio, même s'il s'agissait de projets ciblés et
faciles...
... bien loin des shows
farmériens d'aujourd'hui ?
Certainement ! Je n'étais pourtant pas frustré
mais je séparais dans mon esprit ce travail studio de mes
projets solo en live. Ça m'a permis de travailler sur des
albums de qualité comme 24-7 de Tina
Turner, rencontrer d'autres producteurs et ainsi, bosser avec Mick
Jagger, Skin ou Robert Palmer dont je suis très fan !
Depuis, travailler avec Mylène et Patricia Kaas a
été une forme de consécration.
Elles sont les deux
artistes françaises les plus aimées dans les pays
de l'ex-URSS. Aviez-vous entendu parler de Mylène pendant la
tournée russe de Patricia Kaas en mars 2005 ?
Pas vraiment, j'en avais surtout entendu parler en France, car je me
tenais au courant de l'actualité musicale. En Angleterre,
Mylène n'est pas connue et le vrai problème,
c'est la langue. Les Aglais ne maîtrisent pas suffisamment le
français pour comprendre les paroles.
Mylène
travaillait depuis 1996 avec Jeff Dahlgren et Brian Ray. Comment vous
êtes-vous retrouvé engagé sur cette
série de concerts ?
J'ai appris par un percussionniste anglais qui avait
travaillé avec eux qu'ils cherchaient des guitaristes. Quand
il m'a dit ça, c'était
l'été 2005 et j'étais en
tournée avec Patricia. Yvan Cassar recherchait des
guitaristes anglais et je savais qu'un premier casting avait lieu cet
été-là. Après cette
première étape, ils m'ont laissé
passer la seconde audition à Londres où il ne
restait que quatre guitaristes. Six mois après donc, j'ai
auditionné, rencontré Perry Gwynedd qui est
devenu un très bon ami, et j'ai été
engagé par Mylène pour Bercy.
Bercy en janvier dernier
n'était pas une première pour vous. Vous y aviez
joué avec ABWH, la déclinaison du groupe YES
(Anderson, Bruford, Wakeman et Howe)...
Oui, à la fin des années 1980 (le 19 novembre
1989, ndlr) quand je suis devenu leur guitariste. Ce fut une incroyable
expérience. Je me souviens être venu à
Paris avec le chanteur qui était un homme très
spirituel et n'écrivais que ce qu'il ressentait au plus
profond de lui. Je le pensais étrange. Aujourd'hui, je me
rends compte de ce que j'ai vécu à ce
moment-là.
En revanche, aviez-vous
fait partie d'un show aussi important qu'Avant que l'ombre…
à Bercy ?
C'est le plus gros et le plus cher auquel j'ai participé.
Des amis anglais sont venus me voir et ils ont
été impressionnés par les moyens de la
production.
Quand avez-vous
débarqué en France pour la première
fois ?
C'était pour une télé en 1984 avec le
groupe new wave Blue Zoo. Mais ma première
véritable rencontre a été avec
Patricia Kaas. Elle avait enregistré son album Piano Bar en
Angleterre. Je n'avais pas participé au disque mais j'ai su
qu'elle cherchait des musiciens. Un ami m'a proposé de faire
sa tournée, j'étais las de mon travail en studio
et j'ai sauté sur l'occasion.
Depuis, vous avez
participé à sa dernière
tournée et joué sur Sexe Fort,
réalisé par Fred Helbert
(ex-Indochine) que vous avez rejoint récemment pour
un set de Mélissa Mars...
On a enregistré mes parties de guitare pour Sexe Fort en deux
jours en Belgique. Fred m'a rappelé en novembre dernier pour
une première partie de Mélissa à
l'Olympia. C'était très intéressant de
travailler avec cette jeune fille...
Quand Mélissa
Mars a sorti son premier album chez Polydor, de nombreux
médias ont dit d'elle qu'elle était la nouvelle
Mylène Farmer. Seriez-vous d'accord ?
C'est toujours dangereux de comparer deux artistes, mais je comprends
le parallèle. Elles sont toutes deux très jolies
et aussi un peu mystérieuses. Mais leur musique n'a rien
à voir.
Quel souvenir
garderez-vous de Mylène ?
Je ne peux pas dire que la connaisse vraiment puisque j'ai simplement
travaillé avec elle pendant deux mois. Je cerne mieux
Patricia avec qui je travaille depuis quatre ans et qui est une fille
de scène, une chanteuse hors pair. Mylène l'est
aussi, mais dans un style différent. Elle propose bien plus
que de la musique et elle a une approche probablement plus globale de
son art... En tout cas, Mylène a été
vraiment très douce, très sympa, très
amicale et elle souriait en permanence lors des
répétitions. Elle a la réputation
d'être une artiste mystérieuse et j'ai cru
comprendre qu'il s'était forgé une sorte de
légende autour d'elle... Je l'ai trouvée
très simple et au contraire très abordable. Ce
fut un bonheur de participer à ce spectacle.
Comment avez-vous
vécu les répétitions en tant que
"nouveau" dans la troupe ?
L'ambiance était très bonne... Laurent Boutonnat
et Yvan Cassar sont de grands artistes. Ils avaient une idée
très précise du son qu'ils voulaient
imprégner à ce show. Nous avons suivi ce qu'ils
avaient prévu de nous faire jouer. On a
répété aux studios Music Live pendant
quatre semaines et nous connaissions vraiment le show en arrivant en
répétitions à Bercy. Le concert
était un événement technologique et un
gros travail de mise en scène. C'est Nicolas Montazaud, le
percussionniste, qui avait selon moi le travail le plus difficile sur
les instrumentaux flamencos et il a fait un vrai travail de
création.
Il se murmure
que Je te rends
ton amour était
initialement prévu dans le show. L'aviez-vous
répété ?
Oui, et c'est dommage car j'aimais d'ailleurs beaucoup l'arrangement de
guitare qui avait été écrit. Je crois
qu'ils ont abandonné l'idée de la jouer car elle
ne s'accordait pas bien aux autres titres. Si je me souviens bien, elle
était prévue dans le premier tableau du show en
quatrième ou cinquième chanson, avant que
Mylène ne se change pour la première fois.
Au début du
spectacle, la chanson d'ouverture était Peut-être toi,
mais vous n'étiez pas visible pour le public...
L'autre guitariste Perry, Paul le bassiste et moi étions
complètement sous la scène. C'était un
moment étrange puisque nous jouions seuls dans le noir, au
milieu des câbles ! Quand on commençait XXL, la plateforme
montait et un des meilleurs moments pour moi était notre
arrivée où nous découvrions la masse
de public qui criait.
Quels sont vos prochains
projets ?
Je travaille avec Take That sur leur nouvelle tournée. Pour
la France, je crois que j'ai un show à Nice avec Patricia
Kaas juste avant Noël et j'espère continuer
à travailler avec elle. Je suis vraiment tombé
amoureux de la France.