Mylène Farmer et Feder - Interview - Le Lab - Virgin Radio - 6 janvier 2019
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Date06 janvier 2019
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Média / Radio"Le Lab" - Virgin Radio
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Interview parLionel Virgille
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Catégories interviews
Interview de Mylène et Feder enregistrée au mois de décembre 2018. Elle est diffusée entre 22h et Minuit dans une émission spéciale du "Lab" sur Virgin Radio.
Interview pour la promotion de l'album Désobéissance dont une réédition en coffret est sortie le 30 novembre, ainsi que pour les concerts de juin 2019 à Paris La Défense Arena.
Lionel Virgille : C'est parti. Emission exceptionnelle du "Lab" ce soir sur Virgin Radio. La plus grande star française de tous les temps est avec nous ! Bonsoir, Mylène Farmer !
Mylène Farmer : Bonsoir ! (rires)
Lionel Virgille : Bienvenue à Virgin Radio. J'ai dit une bêtise ? Non ? Ça te fait rigoler...
Mylène Farmer : Non, je vois l'air de Feder, déjà...
Feder : Je suis désolé ! (rires de Mylène)
Lionel Virgille : C'est la spéciale Mylène avec donc Feder qui est avec nous aussi en studio. Salut Hadrien !
Feder : Salut, ça va ?
Lionel Virgille : Très bien. Je suis très content de vous avoir tous les deux dans "Le Lab" ce soir. L'émission vous est entièrement consacrée pour la sortie de l'album Désobéissance. Première question, Mylène : comment on se tourne vers Feder pour composer ce nouvel album et comment s'est passée la rencontre ?
Mylène Farmer : On se tourne très facilement... C'est un homme charismatique, c'est un homme qui a beaucoup de talent, c'est un homme hypersensible, travailleur, qui se remet beaucoup en question et je reviens à son talent de musicien, de compositeur.
Lionel Virgille : Que de compliments ! Hadrien...
Feder : Merci beaucoup !
Lionel Virgille : J'ai entendu dire que tu avais découvert un peu, surprise, le laboratoire de Feder. (Mylène acquiesce) C'est quoi ? C'était un peu fantastique ? C'était comment ?
Feder : Il y en a deux, en fait.
Lionel Virgille : Tu en as découvert deux ?
Mylène Farmer : J'en ai découvert deux, absolument. Mais c'est surtout l'homme dans son environnement. C'est confiné. C'est quelqu'un qui vous fait écouter énormément de choses, qui est curieux de tout, qui est respectueux, d'une personnalité, d'une autre personnalité que lui-même. C'est quelqu'un qui est à l'écoute. C'est quelqu'un qui a envie de casser les frontières. Non, c'est quelqu'un de vraiment intéressant.
Lionel Virgille : Tu avais rangé ta chambre, Hadrien ou...
Feder : Mais comme j'ai pu l'expliquer, justement, la première fois qu'on m'a donné l'info que Mylène venait au studio, j'étais dans ce studio, c'était un cube, en fait : il y avait le frigo apparent qui sortait, enfin il y avait des trucs.... Oh ! Quand j'y repense, franchement je suis pas très fier ! Mais oui, effectivement, j'ai tout cleané ! De telle sorte que si j'avais pu refaire la peinture... (rires)
Mylène Farmer : Je vais rassurer Feder : tous les studios ont des frigos ! (rires)
Feder : Ça, c'est important !
Lionel Virgille : Oui, c'est important...
Feder : Non, mais si j'avais pu refaire la peinture, tu vois, je pense que je l'aurais refait. Mais en tout cas, ça s'est bien passé. Il y avait ce côté intime qui fait qu'en fait, finalement, ça peut casser aussi les barrières d'avoir un studio qui est pas si impressionnant, tu vois...
Lionel Virgille : Comment toi tu as réagi quand on te dit : "Il y a Mylène qui débarque. Il y a Mylène qui veut bosser avec toi" ?
Feder : Comme je te l'ai dit, justement, je crois que j'ai passé deux jours à cleaner, à préparer des choses. Forcémenet, moi, J'étais impressionné, et je le suis toujours encore aujourd'hui. J'ai passé, je pense, deux jours à préparer des maquettes, à avoir du contenu justement pour la rencontre, parce que je pense que le plus important, c'est la musique. Du coup, je voulais arriver avec des choses, je voulais présenter des choses de divers univers. Donc, ne sachant pas encore sur quoi on pouvait s'entendre, voilà, j'ai essayé d'ouvrir un peu le champ là-dessus.
Lionel Virgille : Le premier truc, c'est Rolling Stone ? Vous travaillez direct là-dessus ? Sur quel morceau vous bossez déjà, direct ?
Mylène Farmer : Feder m'a fait écouter plusieurs morceaux, et c'est vrai que quand j'ai écouté, à l'époque, Rolling Stone, je lui ai dit : "Je veux absolument ! Je veux... (rires)
Feder : C'est vrai !
Mylène Farmer : ... absolument ce titre". J'adorais cette musique, j'adorais ce groove, cette ambiance, quelque chose de sexy, de dark. Tout ce qui me ressemble. En tout cas, j'avais très envie de poser une démo sur cette musique, et il a accepté.
Feder : C'est vrai que ça s'est fait comme ça. Je crois qu'on avait commencé sur un premier titre, c'était, oui je crois que c'était Histoires de..., il me semble... (Feder hésite puis se reprend). Et Rolling Stone, je l'avais, j'avais commencé une démo instrumentale et je me dis : "Je vais la faire écouter quand même, on sait jamais. Peut-être ça plaira, peut-être ça plaira pas", et effectivement, c'est vrai que Mylène a eu ce coup de cœur. Et je pense que - d'ailleurs, elle l'a dit très justement - en fait, elle ne partirait pas sans cette musiqu. (rires) Du coup, j'ai prévenu les labels, tout le monde que c'était peut-être déjà un premier coup de cœur et que c'était intéressant de travailler sur cet univers-là, justement.
Difffusion de Rolling Stone.
Lionel Virgille : La spéciale Mylène Farmer sur Virgin Radio. Et oui, on a la reine avec nous pour le premier "Lab" de l'année 2019. Mylène Farmer et Feder sont nos invités. Je peux vous dire qu'on a beaucoup beaucoup de chance parce que les interviews de Mylène, c'est quand même super rare, surtout à la radio. Justement, j'ai l'impression qu'avec cet album, Mylène - tu vas me dire si je me trompe - il y a comme une envie de se livrer encore plus avec le public. Dans le titre Désobéissance, par exemple, tu dis : "Sortir du grand jour, marcher dans le vent, être soi". Est-ce qu'il y a un changement d'attitude avec Mylène Farmer, au fond ou...
Mylène Farmer : Non, non. Dans le fond, j'ai l'impression, moi, d'avoir toujours parlé de moi mais de la façon dont je voulais parler de moi . À savoir, c'est vrai, que je suis quelqu'un de pudique et discret. Depuis le premier jour, depuis que j'ai pris la plume j'ai toujours parlé de moi et évoqué des choses qui me sont profondes et intimes. Maintenant, après effectivement dans l'explication de texte, j'ai beaucoup plus de mal. Néanmoins, non, je ne pense pas être différente aujourd'hui, mais chaque fois qu'on rencontre un nouvel artiste, comme Feder par exemple, on a envie de poser peut-être d'autres histoires, d'autres "moi" qui n'auront pas été abordés. Ça, j'avoue que je ne sais pas si c'est à moi de le dire. C'est plus aux personnes qui m'aiment et qui m'écoutent. Mais je n'ai jamais eu l'impression, moi, de me cacher, de ne pas me dévoiler. J'ai juste décidé qu'est-ce que j'ai envie de dire et de faire apparaitre et de partager. C'est le désir de quelqu'un, moi, qui m'interpelle, qui me fait du bien et qui me donne envie de faire des choses, de me remettre en question, de me réinventer. Donc, Feder fait partie, oui, de ces rencontres qui sont très importantes. Et voilà, j'ai décidé de le voir, de le rencontrer et j'ai découvert un homme qui est exceptionnel, qui est d'abord profondément gentil. Ce n'est pas un mot galvaudé, aujourd'hui. C'est quelqu'un de gentil, c'est quelqu'un de poli, c'est quelqu'un qui pense au public, qui se demande : "Est-ce que je vais abimer ? - Moi, en l'occurrence - Est-ce que je vais lui apporter quelque chose ? Est-ce qu'on va faire des choses qui vont réinventer d'autres choses ?". Et je crois que c'est cette rencontre.
Diffusion de Désobéissance.
Lionel Virgille : C'est la spéciale Mylène Farmer ce soir dans "Le Lab" sur Virgin Radio avec Feder pour le succès de l'album Désobéissance et pour les huit concerts à Paris à La Défense Arena (il y aura finalement neuf concerts, une neuvième date sera annoncée quelques jours plus tard, ndlr). Là, il me tarde ! Je vais vous dire un truc à tous les deux, et à toi Mylène, aussi, en particulier : le concert qui m'a fait le plus kiffer, c'était les treize Bercy. J'ai pas fait les treize... En janvier 2006, pour la tournée Avant que l'ombre.... Enfin, c'était même pas une tournée, justement, c'est ça qui m'intéresse dans La Défense Arena, c'est que ça va être au même endroit, donc je pense que ça va être aussi fort que Avant que l'ombre..., si ce n'est plus !
Mylène Farmer : J'espère ! Merci, en tout cas !
Lionel Virgille : C'est le concert, je le dis tout le temps, et j'en ai vu des artistes : des artistes américains, des artistes internationaux etc. etc. Je suis ressorti de là, quand le truc se referme, j'étais choqué dans le bon sens du terme, mais, tu vois, complètement bouleversé. Et ça fait, c'est quoi ? 2006 ? Donc ça va faire treize ans !
Mylène Farmer : Incroyable ! Mais c'est une émotion partagée. Moi, quand la porte se fermait, j'étais bouleversée et je ne pouvais plus parler pendant près d'une heure. Après, c'est une émotion forte, ce que vous venez de dire. C'est quelque chose de profond. C'est difficile même d'y mettre des mots parce que c'est une émotion pure. C'est un vrai vertige.
Lionel Virgille : Donc alors, c'est juin : 7, 8, 11, 12, 14, 15, 18, 19 (une neuvième date, le 22 sera ajoutée, ndlr). On pourrait continuer tout l'été parce que je suis sûr que ça remplirait ! (rires de Mylène) Il y a 120 000 tickets qui ont été vendus en 48 heures. Il y a déjà des dates qui sont complètes. Qu'est-ce qu'on peut dire sur ce concert ? J'imagine que c'est secret total, mais bon...
Mylène Farmer : Même par respect pour le public, là encore, bien sûr, moi je suis dans le secret et c'est ma nature profonde. Mais je pense aussi au public qui a envie de découvrir quelque chose qu'il ne sait pas encore. On a une tendance aujourd'hui à vouloir absolument tout définir, tout dévoiler. Je continue, moi, dans cette attitude qui est aussi le respect du public, et c'est pas une rétention d'informations, c'est juste, voilà... Vous avez eu la gentillesse de vouloir me voir encore une fois, respectons ce cadeau. En tout cas, moi, je le vis comme un cadeau pour moi-même. Donc je crois que la notion du secret est importante, de découvrir quelque chose, le prendre en plein visage.
Lionel Virgille : Donc tu as dit qu'il fallait une salle fermée, il fallait un…
Mylène Farmer : Parce que j'avais besoin du noir. Quand j'exprimais ce noir, c'est pas nécessairement, comment dirais-je, la dévastation, mais j'ai besoin du noir pour faire une entrée qui est comme celle que j'imagine, et donc on a besoin de ça. C'est pour ça que les stades, effectivement, ouverts étaient une difficulté pour moi.
Lionel Virgille : Un souvenir de Mylène en live, Feder ? Est-ce que déjà t'as...
Feder : Non, moi j'ai pas eu la chance, mais je vais découvrir justement, en juin. Et là, déjà, ne serait-ce que ce que tu dis, ça m'impressionne ! (rires de Mylène et de Feder) J'imagine les choses et je sais pas, je me suis jamais posé encore ces questions de mon côté, vis-à-vis même de l'Olympia, je cherchais pas forcément le noir. Et le fait de chercher ça, déjà, je trouve ça impressionnant parce que c'est vrai que si tout de suite on se met dans une ambiance à ne pas savoir à quoi s'attendre, justement, à mettre déjà dans le cadre du sombre, du noir, moi, j'ai un peu hâte aussi, parce que je pense que déjà je vais être à une place où je vais regarder et je vais me demander comment les sons vont sortir, la première seconde qu'est-ce qui va apparaître. Donc, voilà... Et moi, j'ai aucune info, donc c'est autant mystique pour moi. J'ai vraiment hâte, c'est clair !
Diffusion de Prière et de Sentimentale.
Lionel Virgille : L'album s'appelle Désobéissance. Vous savez, moi je suis très très fan de Mylène Farmer, donc je suis très content de vous avoir tous les deux ce soir dans l'émission...
Mylène Farmer : Merci !
Lionel Virgille : On va parler aussi de Charles Baudelaire parce qu'il est important sur l'album Désobéissance. Il y a trente ans, tu avais fait L'Horloge, en 1988. (Mylène acquiesce) Là, ça s'appelle Au Lecteur. Déjà, Feder, comment on met en musique un morceau comme ça ?
Feder : On essaie de pas faire de rythmique. On essaie déjà de pas chercher à mettre un groove ou quoi que ce soit. On suit effectivement un temps, mais je pense qu'il faut laisser le plus de place à la voix et au texte. Et, du coup, je pense que pour ça, il faut mettre très peu de choses, mais juste ce qu'il faut pour pouvoir donner un ton, et voilà. Et, s'effacer quand il faut parce que, justement, là, l'important c'est pas la rythmique, c'est pas le groove, c'est pas tout ça : c'est ce qui va être dit et les notes qui sont avec. À un moment donné, j'avais même demandé à Mylène : "Est-ce que tu penses qu'il faut que j'en rajoute un peu plus ?" "Non, non, non surtout pas !" Je pense que c'était la meilleure des choses à faire, c'était de rester sur, peut-être, quatre pistes de musique, et ça suffit...
Mylène Farmer : Je vais t'interrompre, mais ça, c'était un titre fantôme, en ce sens qu'il était très hanté, et depuis le début. Parmi toutes les musiques que j'avais donc découvertes de Feder au fur et à mesure de l'album, cette chanson revenait, ce titre-là revenait inlassablement. Il me disait : "Mais tu vas faire quelque chose avec ?" et je lui disais : "Oui, bien sûr". C'était une certitude. Maintenant, quoi ? Voilà, c'était le mystère, pour le coup, et puis sur la dernière ligne droite, je lui ai dit : "Je veux absolument faire ce titre", et j'ai repensé à ce poème de Baudelaire. Je lui ai proposé, il m'a dit : "Allez! Banco ! On y va'. Et pour vous donner quelque chose de plus intime, c'est en studio évidemment... d'enregistrement, mais c'était en une seule prise. Ce qui est étonnant, parce qu'on ne peut pas anticiper la longueur d'un poème et la façon dont on va le lire. Il se trouve qu'au moment où j'ai démarré ce poème jusqu'à la fin, et je redis, c'était une prise, donc il n'y a pas eu de montage, la magie de la chose, ça s'est terminé exactement, naturellement et avec quelques mesures derrière, et fin.
Lionel Virgille : Charles Baudelaire, c'est l'inspiration qui t'a suivie aussi toute ta carrière. Tu dis souvent que c'est un auteur qui te ressemble.
Mylène Farmer : Qui me ressemble, je ne sais pas, mais en tout cas qui m'émeut, qui me parle énormément, mais comme à beaucoup d'entre nous. Quelqu'un d'essentiel à ma vie, en tout cas.
Lionel Virgille : Il y a une histoire incroyable autour des Fleurs du Mal parce qu'il y a un peu aussi de la désobéissance de la part de Charles Baudelaire...
Mylène Farmer : Aussi...
Lionel Virgille : ... lorsqu'il a été condamné sous Napoléon III. Il a écrit une lettre à l'impératrice. Il a fallu attendre 1946 pour qu'il y ait une révision des condamnations. (Mylène acquiesce) Victor Hugo avait écrit à Baudelaire pour lui dire : "Je te soutiens". Donc, c'est très fort ça aussi...
Mylène Farmer : C'est quelqu'un qui revendique, c'est quelqu'un qui avait besoin de ça pour vivre, pour survivre, surtout. C'est cette mélancolie, moi, qui me touche profondément. Tous ces thèmes abordés : aussi bien le mal, que la religion, que la mort... Voilà, je ne suis pas non plus une spécialiste, si ce n'est que je suis une amoureuse de Baudelaire.
Lionel Virgille : Alors, même si la dernière partie du recueil des Fleurs du Mal, c'est la mort, j'ai l'impression que c'est pas si mal que ça parce que j'ai là un petit peu la fin des Fleurs du Mal : "La Mort qui console, hélas ! et qui fait vivre [...] Portique ouvert sur les Cieux inconnus !" C'est aussi ça que j'ai ressenti quand je suis arrivé au dernier track, à la fin de l'album Désobéissance...
Mylène Farmer : Il y a toujours cette notion d'espoir même si parfois j'ai du mal à l'intégrer à ma vie. Je partage plus une lucidité, donc quelque chose de plus dur. Les angles sont durs, mais néanmoins, oui, il y a toujours l'idée de : "Et pourquoi pas un au-delà ? Et pourquoi pas des choses qui vous transcendent, des choses qui vous échappent ?". J'ai toujours envie de croire à ça comme on peut croire au Père Noël. (rires)
Lionel Virgille : Le morceau, il s'appelle Au lecteur, c'est un extrait du nouvel album Désobéissance, et c'est donc la spéciale Mylène Farmer dans "Le Lab" jusqu'à minuit sur Virgin Radio.
Diffusion d'Au lecteur.
Lionel Virgille : Mylène Farmer et Feder sont nos invités ce soir sur Virgin Radio. On va jouer plein de titres de l'album Désobéissance. J'ai une question pour toi, Feder : est-ce que tes prods ont pu donner une ambiance un peu hip-hop à l'album, ou en tout cas plus urbain que les précédents albums de Mylène Farmer ? Il y a certains titres, par exemple, je pense à Prière, je pense à Get up Girl sur lequel, carrément, tu parles à toi, Mylène... Il y a Histoires de fesses aussi, où je me dis aussi : "Tiens, Mylène elle aurait pu rapper !" Est-ce qu'on est loin...
Feder : C'est une très grande question, ça ! (rires de Mylène) C'est une très bonne question aussi ! Il y a plein de moments où on s'est posé la question. Et, t'as pas cité le titre, en l'occurrence, qui était visé, c'était Histoires de fesses. Ce titre-là, il a été beaucoup visé pour un côté un peu rappé, et d'ailleurs dans la version deluxe, justement, Mylène fait quelque chose d'un petit peu hybride, proche du rap. Et, oui, on s'est posé cette question. Le fait est qu'il ne faut pas inclure de style ou vouloir faire du zèle de technique pour faire du zèle technique. Il y avait des intentions aussi, il devait y avoir quelque chose lié à du rap, c'est que Mylène considère que ça vaut le coup et que c'est intéressant dans l'album. S'il y en a eu un soupçon, là, dans Histoires de fesses, c'est que peut-être c'était suffisant. Pour Prière et pour celle dont tu parlais, Get up Girl, effectivement il y a des instruments, comment dire, je dirais plus des instruments qui ont été choisis, que j'ai choisi et qui sont des instruments que je pourrais choisir effectivement pour du hip-hop, mais néanmoins je suis quand même resté dans quelque chose d'un peu plus deep, un peu plus électro, tu vois, parce que je pense que ça colle plus à Mylène. Si demain Mylène cherchait à faire quelque chose d'un peu plus urbain, je pense qu'on irait un peu plus loin,là-dessus, tu vois...
Lionel Virgille : Du coup, je vais peut-être poser la question à Mylène : est-ce que tu pourrais rapper ?
Mylène Farmer : Je repense à mon premier rap qui était Pourvu qu'elles soient douces...
Lionel Virgille : Oui, c'est vrai...
Mylène Farmer : ...donc j'étais presque précurseur, sans vanité aucune (rires). Mais, jaime le rap, j'aime cette manière de rapper. Maintenant, je crois que c'est un presque métier et une technique qui est incroyable et qui est inenvisageable pour moi, si ce n'est qu'il y a une musicalité dans le rap qui est très étonnante et très jouissive. Mais faire un album de rap : non, bien sûr ! Je crois qu'il y a des personnes qui savent très bien le faire. (rires)
Feder : Lionel, je vais te dire un truc. Je vais rebondir là-dessus. Je travaille en ce moment avec des rappeurs, et tout le monde me parle de cette collaboration qu'on a eue avec Mylène, et il y a un truc qui ressort partout : Mylène a posé une référence dans le rap. Je dis pas ça parce que tu es là aujourd'hui, mais c'est vrai qu'en fait, des artistes comme Médine, que tu peux connaitre, très engagé, très bon parolier aussi, justement, et je peux t'en citer d'autres... Damso disait que c'était une artiste qu'il respectait beaucoup... Ça fait partie des références dans le groove, dans les intentions, dans les rythmiques, même dans la top line, en fait, il y a des choses qui sont reprises aujourd'hui. C'est pour ça que c'est très fort. Moi, je serais pas étonné, et honnêtement, il se peut même que j'essaie un peu de pousser Mylène à aller un peu plus là-dessus (rire de Mylène), mais ça sera à ma mesure, de mon côté. C'est vrai qu'aujourd'hui il y a un truc très fort qui est connecté avec le hip-hop. On le voit aujourd'hui avec la puissance que ça prend aussi, et moi, je suis très fier de savoir que c'est Mylène aussi qui est un peu derrière tout ça.
Diffusion du titre de Feder, Control.
Diffusion d'un extrait d'une interview de LP sur Virgin Radio dans lequel elle parle de Mylène.
LP : J'étais très connectée avec elle, elle est très cool. Elle est intellectuellement intéressante et c'est une personne artistiquement sophistiquée. J'ai apprécié sa compagnie et son talent. Donc c'était vraiment très cool. Quand elle m'en a parlé, j'avais une approche différente et elle a réécrit le concept, et ça m'a vraiment touchée car mes deux parents sont décédés donc je comprends quand on perd quelqu'un proche de soi. Alors, oui, je crois ue nous avons compris cela que trop bien, cela nous a parlé à toutes les deux.
Lionel Virgille : Elle nous a raconté aussi combien elle avait eu froid sur le tournage du clip (rire de Mylène) en Islande avec Laurent Boutonnat. C'est une rencontre importante, LP, pour elle comme pour toi ?
Mylène Farmer : Oui, très. Très importante parce qu'on ne choisit pas par hasard de faire un duo, en tout cas, pas moi. J'avais envie de rencontrer LP. Quelqu'un m'en avait parlé et m'avait dit : "Tu devrais aller la voir en concert". Donc je suis allée la voir à Paris dans une toute petite salle (le Café de la Danse le 16 septembre 2016, ndlr). Je l'ai trouvée très, très étonnante, une présence incroyable. Et, j lui ai effectivement proposé une collaboration. À l'origine, je lui avais plutôt demandé de me faire un titre, et puis elle m'a envoyé deux ou trois titres, je ne sais plus, et j'ai choisi N'oublie pas, qui à l'origine n'avait pas de titre, et j'ai commencé à écrire le texte, donc, en intégralité en français, et puis je me suis heurtée d'abord, comment dirais-je, à un phrasé qui était extrêmement fluide, extrêmement rempli. Elle a une capacité, elle, vocale qui est phénoménale. Je me suis dit : "C'est étrange parce qu'il y a quelque chose qui n'est pas assez fluide", et je me suis que j'adorerais dans le fond faire un duo avec elle. Je lui ai proposé de faire sur cette chanson un duo. Le texte, à nouveau, était déjà écrit en français, et ce qu'elle a fait, c'est qu'elle a réadapté en direct live, si je puis dire, en studio, elle a écrit toute sa partie en anglais, en se posant bien évidemment sur les mots français, mais néanmoins en réinventant des choses. Elle l'a fait très spontanément et puis c'est étonnant de la voir derrière un micro, planter sa voix, c'est phénoménal ! (rire) Mais c'est quelqu'un que j'aime bien. C'est quelqu'un que j'aime bien et qui a une énergie incroyable, qui est, je trouve, très, très unique dans le paysage musical. C'est quelqu'un qui est authentique, ce qui n'est pas souvent le cas. Et c'est quelqu'un qui a beaucoup de talent, un tout petit morceau comme ça qui a une pêche incroyable.
Diffusion de N'oublie pas (avec LP).
Lecture de très nombreux messages de fans postés sur les réseaux sociaux pendant la diffusion de l'émission.
Diffusion de publicités.
Lionel Virgille : (...) Avant que vous fassiez votre playlist avec des chansons de Mylène Farmer qu'on va réécouter, j'ai une dernière question. Quand on écoute ce disque, on ressent plein de choses qui peuvent aboutir à la même réflexion. Vus me dites tous les deux si je me trompe. Un, qu'on est à la fois face à une fin et à un début, comme la fin d'un chapitre, mais la fin d'un chapitre de vie, le début d'une autre histoire, un truc nouveau qui arrive. Deux, qu'on est à la synthèse de trois décennies de carrière avec plein de petits clins d'œil, comme tu disais : "Dix, onze, douze / Pourvu qu'elles soient douces" dans le titre Sentimentale, "Ainsi soit-il" dans le titre On a besoin d'y croire, le poème de Baudelaire qui renvoie à L'Horloge de 1988. Et puis trois, la réflexion du temps qui passe et la mort qui pourraient signifier une envie de changement, une envie de profiter et donc peut-être une envie d'arrêter. Et donc, si je fais 1 + 2 + 3, voilà ma question : est-ce que ça pourrait être un dernier album, ou est-ce qu'on se pose des questions sur quand est-ce qu'on arrête ? Comment ça se passe ? Il y a un titre qui s'appelle Parler d'avenir : c'est quoi la suite pour Mylène Farmer ? Est-ce qu'on y pense déjà ?
Mylène Farmer : Là, je vais être sans doute désagréable, mais c'est vraiment de l'ordre de l'intime absolu, parce que bien évidemment je me pose toutes ces questions, et ce, depuis de nombreuses années. Je ne suis pas sûre d'avoir trouvé la réponse, donc je vais vous laisser un petit peu dans le vague.
Feder : Je l'espère pas, quand même !
Lionel Virgille : Non, non, non, j'espère pas mais moi, quand j'écoute l'album, ça fait tellement de souvenirs...
Mylène Farmer : Ce qu'il y a d'assez passionnant dans le processus de création - c'est un grand mot, mais néanmoins c'est une création - c'est que souvent on ne réfléchit pas à tout ça. Les choses s'imposent à vous, et dans cet album les choses sont revenues certainement en boomerang, mais sans que je puisse, on va dire, préméditer les choses. C'est venu naturellement, donc c'est ce que je trouve magique toujours dans ce processus de création. C'est que, bien sûr, on réfléchit, bien sûr, on pense, mais les choses viennent à vous assez naturellement.
Diffusion de Parler d'avenir.
Lionel Virgille : Merci d'être là, Mylène Farmer, ce soir dans "Le Lab" sur Virgin Radio. Tiens, question complètement improbable : pourquoi il y a des A et des N qui sont écrits à l'envers sur l'album ?
Mylène Farmer : Mais ça, je ne le dévoilerai pas ! Il y a plein de gens qui ont plein, plein d'idées, et je vais les laisser fantasmer dessus ! (rires)
Lionel Virgille : Bon, très bien ! L'interview de Mylène Farmer et Feder dans "Le Lab" sur Virgin Radio. On va faire la playlist de Mylène Farmer. On a passé tous les sons du nouvel album Désobéissance. Moi, ce que j'aimerais ce soir pour finir l'émission, c'est que chacun, vous choisissiez trois titres. Feder, tu choisis trois titres de Mylène, et puis Mylène, tu choisis trois titres de toute ta carrière.
Mylène Farmer : Je peux commencer ? Après, je vais oublier !
Lionel Virgille : Tu veux commencer ? Alors, vas-y !
Feder : Oui, parce qu'il y a quand même une discographie ! Tu me permets quand même... (rires de Mylène)
Lionel Virgille : J'ai encore une petite question juste avant, mais vas-y si tu veux y aller…
Mylène Farmer : C'était mon élégance ! (rires) Je prendrais, mais là aussi à la volée, sans réflexion aucune, je prendrais Désenchantée, Avant que l'Ombre... et Point de suture.
Lionel Virgille : Feder ? Feder est en train d'ouvrir Spotify pour écouter...
Mylène Farmer : Le pauvre !
Feder : Non, parce qu'il y a tellement de…
Lionel Virgille : Ah oui, il y en a tellement. Non, mais c'est pour ça : à la volée, comme ça, d'un coup...
Mylène Farmer : Je peux lui en souffler quelques-unes ?
Lionel Virgille : Vas-y, tu peux !
Feder : Pourvu qu'elles soient douces, effectivement. Enfin, j'aimerais prendre deux titres, si je peux me permettre, de ta discographie et en choisir un qu'on a pu faire ensemble, au moins comme ça, on se...
Lionel Virgille : Vas-y...
Feder : Alors, Pourvu qu'elles soient douces...
Mylène Farmer : Moi, j'aurais dit California...
Feder : Je choisirais donc California, j'allais dire peut-être un autre, mais California c'est très bien. Et je pense que celui qui m'a le plus surpris, et c'est toi qui m'a permis quand même de l'accepter, de l'adorer finalement, c'est Histoires de fesses. J'en ai déjà parlé tout à l'heure, mais voilà, ce titre-là, il m'aura surpris dans tous les sens...
Mylène Farmer : Et réciproquement. C'est vraiment quelque chose qu'on a partagé. (rires)
Feder : Et puis j'aime le titre, en fait ! Parce qu'à chaque fois, je le dis en radio, et je trouve que ça passe tellement bien alors qu'on pourrait se dire : "Histoires de... quelque chose", vous voyez ?
Mylène Farmer : C'est parce qu'il aime les histoires de fesses ! (rires)
Feder : Celui-ci, j'aime bien. J'aime beaucoup.
Lionel Virgille : Je rappelle les dates : 7, 8 juin - il y a peut-être des dates qui sont complètes d'ailleurs, depuis - 11, 12 juin, 14, 15, 18, 19 juin. 120.000 tickets vendus en 48 heures,. Je le disais, c'est la plus grande star française et mondialement reconnue, on en a parlé ce soir dans "Le Lab"...
Mylène Farmer : Oula ! (rires)
Lionel Virgille : Mais non, mais c'est vrai, c'est vrai ! C'était un plaisir de vous avoir tous les deux vraiment dans "Le Lab" ce soir sur Virgin Radio...
Mylène Farmer : Merci. Merci beaucoup.
Feder : Merci à toi.
Lionel Virgille : ... avec tous les souvenirs que ça comporte. On passe donc votre playlist. Désenchantée, Avant que l'Ombre.. c'est ça ?
Mylène Farmer : Oui.
Lionel Virgille : Point de suture, Pourvu qu'elles soient douces, California, Histoires de fesses c'est dans "Le Lab" et c'est maintenant la spéciale Mylène Farmer avec Feder ce soir sur Virgin Radio.
Mylène Farmer : Et merci à Feder !