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Mylène Farmer et Feder - Interview - Radio FG - 19 décembre 2018





Interview enregistrée quelques jours avant sa diffusion dans un palace parisien. Elle est diffusée entre 19h et 20h sur Radio FG, en deux parties.
Interview pour la promotion de l'album Désobéissance dont une réédition en coffret est sortie le 30 novembre, ainsi que pour les concerts de juin 2019 à Paris La Défense Arena.


Antoine Baduel : Et c'est un événement ce soir sur Radio FG. Mylène Farmer et Feder sont mes invités. Pour son onzième album studio, Mylène Farmer a frappé à la porte d'un producteur français, Feder, un artiste FG. Admiratrice de Feder et de son électro, parfois sombre, avec des tubes comme Goodbye, Lordly, Mylène Farmer lui a confié un, deux, puis finalement sept titres de l'album Désobéissance. Une collaboration étonnante, détonnante, surprenante, quoique pas tant que ç,a quand on sait la faculté qu'a Mylène Farmer à se mettre en danger. Un danger maîtrisé, parce qu'on parle quand même de Feder, une pointure de l'électro française. Mylène Farmer et Feder sont mes invités. Une interview qu'ils ont accordés à FG dans leur hôtel parisien.
Nouvel album pour toi Mylène. C'est toujours un événement. C'est toujours un succès, évidemment. C'est toujours une part de toi que tu livres au public. Alors moi, j'ai quand même une question : Est-ce qu'on s'habitue à la naissance d'un album ou est-ce qu'il y a toujours un moment presque douloureux, de se dire que maintenant, et bien, son travail, son bébé va grandir tout seul, et que maintenant il est entre les mains du public ?"

Mylène Farmer : Je vais vous répondre que le processus de création est toujours un moment douloureux parce qu'il est parsemé de doutes, mais qu'une collaboration avec Feder rassure énormément...
Feder : Merci !
Mylène Farmer : ... parce qu'il a plein d'idées, c'est un laboratoire, c'est quelqu'un de très doué, c'est quelqu'un de passionné, c'est quelqu'un qui fait attention à son public, à mon public, et voilà, c'est une très très jolie rencontre. Donc, pour vous répondre, oui, c'est toujours douloureux, c'est toujours anxiogène, et à la fois, c'est une chance merveilleuse que de pouvoir écrire un album.

Antoine Baduel : Comment vous vous êtes rencontrés ? Ça s'est passé comment cette rencontre ?
Feder : Par l'intermédiaire des managers, en fait... je pense que Mylène, justement - tu m'arrêtes si je me trompe - cherchait tout d'abord à faire un premier titre ensemble, parce que je pense que tu avais écouté, comme tu m'avais dit, Goodbye, et cet univers un peu dark, et je pense, du coup, que cette envie de collaborer sur un premier titre a fait qu'on s'est rencontrés dans mon studio dans le IXème, et en fait, du coup, j'avais préparé quelques... on va dire, quelques démos, quelques univers un peu différents. Et voilà, et en fait, de cette rencontre, et de ces écoutes, on a commencé à se projeter sur un peu plus loin parce que déjà, dans un premier temps, Rolling Stone, le premier titre avait pu être validé et a été un premier coup de coeur de la part de Mylène, et donc du coup, cet univers, ce premier univers a donné naissance à d'autres titres.
Mylène Farmer : Je confirme. J'avais très très envie de rencontrer Hadrien, Feder, pardon...
Feder : Hadrien... Non, non, Hadrien ! J'aime bien quand tu dis Hadrien.. (rire de Mylène).
Mylène Farmer : J'aimais beaucoup son univers, ses titres, sa façon de produire. J'ai regardé évidemment... alors je n'ai pas assisté à ses concerts, mais néanmoins, j'ai pu regarder sur le net, comme tout le monde, ses prestations, et voilà, j'avais très envie de le rencontrer, et il se trouve que, comme je le disais précédemment, c'est une très très jolie rencontre. C'est quelqu'un qui a un univers que j'aime beaucoup, quelqu'un qui a à la fois une musique qui est très sexy, je crois qu'il la définit aussi comme ça. C'est sexy, c'est dark, c'est sensuel, c'est sombre parfois, c'est mélancolique, c'est... il y a tous les ingrédients qui m'interpellent.

Antoine Baduel : C'est ça qui est drôle, parce que certaines personnes ont été très étonnées de votre collaboration au départ, et en fait, ça ne nous a pas étonnés, parce qu'il y a dans ton parcours, Mylène, quelque chose de très intéressant, c'est que tu n'as jamais hésité à te remettre en question. Est-ce que c'est aussi ça qui t'a plu chez Feder ?
Mylène Farmer : Là encore, je pense qu'il n'y avait pas vraiment préméditation de ma part, si ce n'est que ce sont des élans de vie, des instincts. Mon instinct voulait que... me diriger vers quelqu'un qui allait effectivement m'apporter des choses autres. J'aime l'idée de la renaissance, de se réinventer tout en ne se trahissant pas soi-même. Et c'est là où Feder a été essentiel dans cet album, c'est qu'il avait le souci de toutes les personnes qui, jusqu'alors m'écoutaient, et qu'il a dit : "Je ne veux en aucun cas trahir ce qu'ils ont aimé, mais apporter quelque chose de nouveau", et c'est ce qui a donné naissance à cet album.

Antoine Baduel : Et puis, vous avez un point commun tous les deux, c'est que vous jouez toujours entre, d'un côté la noirceur, la mélancolie, et puis, à côté de ça, quelque chose de très dansant.
Mylène Farmer : Quelque chose de très vivant, de très vivant et très dansant. Oui, oui, c'est notre paradoxe.
Feder : C'était quoi la phrase du coup, faire danser la mélancolie, c'est ça ?
Mylène Farmer : Oui, c'était ça...
Feder : Et je trouve que c'est vrai... Les mots clés qui ont été cités tout à l'heure sur le côté sexy, dark, groove, tout ça... je trouve que ce sont des mots clés qui se retrouvent dans les deux univers, et je pense que c'est pour ça que ça s'est fait assez naturellement, assez de manière fluide, parce que la sensibilité, elle se rejoint sur ces points-là. Et voilà, et en fait, ça a été facile de travailler avec Mylène, ça a été très plaisant, en fait, parce que je pense que ses codes, justement sont les mêmes, et le langage est le même dans la musique, donc voilà, le résultat; il est que l'album représente aussi ces mots clés.

Antoine Baduel : De retour dans un instant avec Mylène Farmer et Feder qui sont mes invités ce soir à l'occasion de la sortie de l'album Désobéissance dont on écoute un extrait tout de suite, c'est Sentimentale sur Radio FG.


Diffusion de Sentimentale.


Antoine Baduel : Alors, l'un des derniers singles de l'album, c'est Histoires de fesses (Histoires de fesses, à l'époque de cette interview n'est pourtant pas un single de l'album, ndlr) sur lequel tu as travaillé, toi, Hadrien. Avec un album nommé Désobéissance, comment, Hadrien, on met en composition des mots qui sont aussi forts en symboles et des terminologies qui se clashent, parfois ?
Feder : Mais c'est plus la force de Mylène, là, pour le coup, parce que, on va dire, que sur les mots, le choc des mots et les choix aussi, c'est vraiment de la part de Mylène, et les titres, finalement, je ne les ai qu'à la fin, finalement, moi, tu vois. Donc, en gros, je travaille sur une nappe, sur des idées instrumentales, mais derrière, c'est Mylène, si je puis dire, qui plante le décor, en fait, derrière, en disant : "Voilà, ça sera comme ça avec ces signes et ces idées-là."
Mylène Farmer : Je vais compléter la réponse. En fait, ce qui n'est pas très compliqué avec Feder, parce que quand on a, comme il dit la musique avec des toplines, avec une mélodie, c'est très simple d'y mettre des mots. Moi, ce que j'aimais bien aussi quand j'écoutais, en fait, il suffit d'écouter trois mesures, trois notes, et tout d'un coup il y a tout de suite une idée qui vient, il y a un paysage, il y a une émotion, donc c'est quelque chose, j'allais dire presque avec facilité, sans effronterie de ma part, mais c'était quelque chose de facile de travailler avec Hadrien.

Antoine Baduel : Ça a toujours été dans le même cheminement, c'est-à-dire, Mylène, toi, tu arrives avec une mélodie derrière laquelle Hadrien compose ou est-ce qu'au contraire il n'y a pas d'ordre établi sinon celui de votre complicité ?
Mylène Farmer : On accepte, oui, la complicité, l'anarchie éventuelle, mais malgré tout, il y a quand même un travail de mélodie qui est déjà bien bien planté, implanté. Oui, c'est vraiment un travail complémentaire...
Feder : C'est des heures en studio aussi ensemble parce que, si tu te souviens, il y a des moments où on écoutait de la musique. En fait, je composais à côté de Mylène, et en fait, je disais : "Qu'est-ce que t'en penses ?". Ou même des moments où Mylène n'était pas là, je pouvais envoyer 1'30 de musique avec beaucoup de stress. Je t'appelais avant en disant : "Ecoute, voilà, je pense que tu vas pas m'aimer, je pense que tu vas m'en vouloir, je t'envoie quelque chose, et je pensais que ça pouvait lui plaire, mais, vu que des fois j'essayais de casser certains codes, j'avais un peu peur. Et en fait, à chaque fois, les retours... c'est ce que j'admire justement chez Mylène, c'est que avec toute la discographie, être encore capable de prendre des risques aujourd'hui... Et j'ai ce souvenir-là, en fait, c'est que il y a un truc qui se passait où je me suis dit : "En fait, on arrive à se comprendre !" J'aurais envie d'argumenter avant de pouvoir le présenter, mais je pense que c'était même pas utile, et donc voilà, c'est ce que j'ai beaucoup aimé, c'était toujours des bonnes surprises, c'était confirmer aussi un style que je développais, donc voilà, et c'est tout pour mettre en confiance.

Antoine Baduel : Alors toi Mylène, t'es une fonceuse, et en même temps, tu as un public hyper fidèle. Comment quand on est innovante, fonceuse comme toi, on gère avec la fidélité de son public ? C'est quelque chose qui est angoissant ? Est-ce qu'au contraire, c'est quelque chose de très libératoire, finalement de savoir qu'on peut aussi partager ses découvertes, ses émotions avec son public ?
Mylène Farmer : Je pense que ça fait partie de cette notion de désobéissance. C'est-à-dire, je pense qu'il faut pour ne pas se trahir s'écouter soi, malgré tout, penser à l'autre, mais en aucun cas n'être régi par la peur ou l'angoisse d'un résultat. Et c'est vrai que dans ces cas-là, je suis plutôt fonceuse, et je crois profondément en ce que je fais, et puis après, ma foi, c'est la chance d'être écoutée ou pas.

Antoine Baduel : Et finalement, Hadrien, de cette année de collaboration, qu'est-ce que Mylène t'aura le plus appris ?
Feder : Une liste entière pour faire simple, mais la première, et qui d'ailleurs fait partie peut-être des premiers conseils que j'ai reçus, c'est le fait de rester soi-même par rapport aux conseils qu'on peut recevoir d'une équipe, et le fait d'écouter les personnes avec confiance, et voilà, boire les paroles d'une personne. Typiquement, Mylène m'a appris à prendre du recul par rapport à tout ça, d'essayer de rester moi-même, de rester sur une ligne que je fixe, moi, et ça, c'est quelque chose d'ailleurs qu'on peut respecter chez Mylène Farmer, et voilà, et moi, de mon côté, je l'apprends tous les jours un peu plus. Ça je l'ai appris par Mylène.
Mylène Farmer : Je crois que c'est une question... parce que ce dont Hadrien parle, Feder parle, c'est avoir confiance en son instinct profond, voilà, ce qui ne veut pas dire qu'on a raison ou tort, mais, c'est être en harmonie d'avec ce qu'on a envie d'exprimer, et son instinct profond, et au-delà du fondamental... pour vivre bien sa musique et sa création, c'est important qu'on... voilà, sur son oreille, on se dise : "Je veux ça Je veux ça, et on verra bien...!"

Antoine Baduel : Comment ça va se passer la suite, c'est-à-dire, évidemment, il va y avoir une tournée, un live (en fait des concerts uniquement à Paris La Défense Arena en juin 2019, ndlr). Est-ce qu'il faut s'attendre à voir sur scène projetée cette complicité que vous avez jusque là construite dans l'intimité, dans le studio ?
Mylène Farmer : C'est encore une surprise... j'ai quand même envie de vous répondre que j'aimerais l'avoir à mes côtés de temps à autre. Pourquoi pas ?
Feder : Et moi, je suis tétanisé. Donc... (rire de Mylène)

Antoine Baduel : Merci en tous les cas tous les deux...
Feder : Merci pour cette interview.
Mylène Farmer : Merci à vous.

Antoine Baduel : Et surtout, bravo pour ce travail, parce qu'on est ravis en tous les cas de l'accompagner sur FG.
Mylène Farmer : Et merci pour cette fidélité aussi. C'est important pour moi et pour nous, j'imagine.
Feder : Oui.
Mylène Farmer : Merci à vous.

Antoine Baduel : Numéro 1 des ventes avec plus de 150 000 exemplaires, le nouvel album de Mylène Farmer produit avec Feder est un énorme succès. ils étaient mes invités ce soir, et on les remercie de nous avoir accordé cette interview exclusive.