Interview accordée par Mylène lors de ses
concerts du Mylenium Touren
Russie et publiée dans plusieurs magazines du pays.
Mylène
Farmer, la rouquine du Canada, est l'une des chanteuses
rock les plus célèbres du monde. Ses disques se
vendent à plusieurs millions d'exemplaires et les
clubs de fan poussent comme des champignons des deux
côtés de l'Atlantique. Pourtant, la vie
de Mylène reste un mystère
impénétrable. Tout ce que l'on sait sur
elle est son véritable nom de famille - Gautier. Mais la vie
personnelle, les passions et les petites faiblesses de la chanteuse
sont consciencieusement cachées au grand public par
Mylène. Avant sa tournée en Russie,
Mylène Farmer a néanmoins accepté de
dévoiler quelques-uns de ses secrets.
Kirill Privalov : Mylenium, votre nouveau
spectacle qui a déjà attiré plus
d'un million de spectateurs, frappe non seulement par ses
dimensions prodigieuses, mais aussi par son déluge de
mysticisme. Telle l'antique Athéna, vous naissez
sur scène de la tête d'une immense
divinité installée sur scène et
à la fin vous vous endormez dans sa large paume, telle la
Petite Poucette...
Mylène Farmer : Il me semble que je suis entrée
dans une période
de ma vie où il est temps de réfléchir
au sens de mon existence dans l'univers. J'ai
déjà 38 ans...
L'idée du nouveau spectacle est née
après avoir lu Le
Livre
tibétain de la vie et de la mort. Cette
approche philosophique a bouleversé ma vie, elle
m'a forcée à appréhender de
manière radicalement différente ce qui se passe
autour de moi...
Mylenium
reflète
en quelque sorte à travers la musique et la danse ma
nouvelle conception de la vie.
Qu'est-ce qui a
changé en vous ?
Je suis devenue complètement différente, vous
comprenez ? Plus humaine, peut-être... Et
puis, ces derniers temps, il m'arrive souvent des choses
étranges. Par exemple, il y a peu de temps,
j'étais à Prague (pour le tournage du clip Optimistique-moi,
ndlr). À cinq heures du matin, l'aube ne
s'était pas encore levée,
j'ai soudain eu l'impression qu'une force
m'obligeait à me lever, m'habiller et
quitter l'hôtel. Je suis sortie sans savoir
où j'allais, me laissant guider par mes jambes
seules, et tout à coup je suis arrivée au Pont
Charles. Quelle beauté ! Comme
ensorcelée, je regardais la Vltava, les lointains
châteaux et palais et puis j'ai vu cette petite
église. Et, vous n'allez pas le croire, elle
était ouverte ! Pendant qu'un vieux
prêtre allumait des cierges, un orgue retentit je ne sais
d'où... Je suis restée assise
sur les durs bancs de l'église pendant trois
heures. Tout était comme dans Kafka...
Il semblerait que vous
lisiez beaucoup?
Oui, je vis
retirée et les livres sont mes principaux amis. Je connais
pas mal la science-fiction. J'aime la poésie,
j'écoute avec plaisir les classiques de la chanson
française. Je connais mal la musique rock contemporaine, je
ne vais pratiquement pas aux concerts de mes collègues.
Parlez-nous de votre
famille. Vous évitez
d'habitude ce thème, mais puisque vous
êtes lancée... Un jour vous avez
déclaré à un journaliste de France
Soir : "Pendant vingt- trois ans
j'ai maudit ma mère de m'avoir mise au
monde"...
J'ai vécu trop longtemps comme une
étrangère sous mon propre toit, je manquais
terriblement d'amour, d'attention. Du reste, ces
vieux problèmes appartiennent désormais au
passé.
Mais dites-nous au moins
comment vous étiez
enfant ?
Jusqu'à quatorze ans, j'avais
l'air d'un petit garçon teigneux. Et
tous mes amis étaient des garçons. Je portais
uniquement des pantalons. Et pour ressembler encore plus à
mes amis – ne riez pas ! – je fourrais un
mouchoir dans mon pantalon ! Pour plus de
"virilité"...
Plus tard, mon corps a brusquement pris des formes et je me suis sentie
comme dans la peau d'un autre. C'était
comme si j'étais dans un film fantastique
hollywoodien et qu'on m'avait revêtue
d'un costume invraisemblable entravant mes mouvements. Ce
n'est que très récemment que je me suis
débarrassée de cette sensation de gêne.
Et qu'est-ce qui vous a
permis de remporter cette victoire
sur vous-même ?
Avant tout l'amour et le dévouement du public.
C'est important pour toutes les femmes de se sentir
désirées et aimées, mais pour une
artiste ça l'est deux fois plus. L'engouement du public pour
ma tournée européenne et le succès de
mon dernier disque Innamoramento
m'ont emplie d'une énergie nouvelle. J'ai cessé
de me sentir comme un vilain petit canard. Je dois même
ajouter que si auparavant l'idée-même de voir
quelqu'un prendre ma succession me plongeait dans l'effroi,
aujourd'hui, je voudrais avoir des enfants.
Quels hommes vous
plaisent ?
Ceux qui ont plus de quarante ans. J'ai besoin d'une protection, d'une
tutelle. Les tournées m'épuisent totalement, j'ai
besoin d'une maison grande et confortable. Je veux un nid ! On
ne peut pas vivre tout le temps "la tête dans les
étoiles" comme il est dit dans l'une des chansons que
j'interprète.
Savez-vous
cuisiner ? Quel est votre plat
préféré ?
Oh ! En cuisine, je me sens comme dans un champ de mines. La
seule chose que je sais faire avec une gazinière, c'est
cuire un œuf dur. Une omelette, pour moi, c'est
déjà de la haute voltige...
Où
résident pour vous les petits plaisirs de la vie ?
J'adore les bons vins. Les vins rouges et uniquement les vins
français. Les bordeaux "Pétru",
"Côte-Rôtie", "Médoc". Les bons vins et
les cigarettes chères sont mes seules habitudes bourgeoises.
Vous fumez ?
Cela n'est-il pas mauvais pour votre voix ?
- Non, comme vous le voyez... Et pour le reste de mes petits plaisirs,
je suis simple et droite comme le manche d'une guitare. Ma couleur
préférée ? La plus
modeste : le blanc. Mon parfum
préféré ? Celui d'une ferme
paysanne – l'odeur de la paille, l'odeur qu'exhale la terre
fraîchement labourée et l'arbre chauffé
par le soleil... J'aime aussi l'hiver. Il y a deux jours,
j'étais au Luxembourg et je suis sortie dans le jardin
– tout était recouvert de neige : le sol,
les arbres. J'ai foulé le sol blanc, puis j'ai fait des
boules de neige...
Vous devez absolument
toucher les choses pour les aimer, vous attacher à
elles ?
Les odeurs et les sensations tactiles occupent une place
particulière dans ma vie. Je pense qu'à l'odeur
je suis capable de distinguer une bonne personne d'une mauvaise, une
gentille d'une méchante, une malade d'une saine. Ne riez
pas ! Toutes les femmes rousses sont un peu des
sorcières. Au Moyen Âge, on m'aurait sans doute
brûlée sur un bûcher.
Traduction effectuée pour le site
Mylène.Net par un traducteur de langue native russe.