La date exacte de diffusion de cette interview sur cette radio locale
n'est pas connue mais Mylène donne une petite
précision sur un concert qu'elle est allée voir.
Il s’agit de celui de Michel Berger, qui s'est produit le 18
avril 1986 au Zénith de Paris. Nous pouvons donc en
déduire que cet entretien s'est bien
évidemment déroulé après.
Mylène Farmer
: Bonjour, c'est Mylène Farmer, je suis Libertine sur
Cocktail FM Magazine... Cocktail FM : Mon Dieu,
vais-je tenir une heure en compagnie de Mylène Farmer ?
Cocktail FM : Date et
lieu de naissance ?
Mylène Farmer : Alors, le 12 septembre 1961 à
Montréal, au Canada, dans la province de Québec.
Cocktail FM : Signe du
zodiaque ?
Mylène Farmer : Je suis vierge ascendant vierge.
Cocktail FM :
Ça existe, ça ?
Mylène Farmer : Oui, ça existe ! C'est quelque
chose de formidable, d'ailleurs !
Cocktail FM : Dernier
film vu ?
Mylène Farmer : C'était au
magnétoscope, et il s'agissait de La fièvre au corps,
que j'ai vu trois fois. (film de Lawrence Kasdan sorti en 1981, avec
Kathleen Turner et William Hurt, ndlr)
Cocktail FM : Dernier
livre lu ?
Mylène Farmer : C'est un livre de Tournier qui
s'appelle Gilles
et Jeanne, et qui retrace la vie de Gilles de Rais et de
Jeanne d'Arc. (livre de Michel Tournier paru en 1983, ndlr)
Cocktail FM : Dernier
disque acheté, ou éventuellement
emprunté à ta maison de disques ?
Mylène Farmer : Non, non, j'ai acheté ! J'ai
cassé ma tirelire et j'ai acheté V.I.P. de
Françoise Hardy. (titre sorti en 1986, ndlr)
Cocktail FM : Je te dis
ça parce que je sais qu'il y a beaucoup d'artistes qui,
quand ils vont chercher...
Mylène Farmer : Effectivement, on fait son marché
!
Cocktail FM : ... leur
plan de promo, ils en profitent pour faire leur marché !
Mylène Farmer : Pour ça, faut-il y avoir des
artistes que l'on chérisse pour pouvoir faire son
marché ! Je crois que j'ai fait le plein en ce qui concerne
Polydor !
Cocktail FM : Deux
dernières choses : sport pratiqué
éventuellement ?
Mylène Farmer : Heu... que je ne pratique pas en ce moment,
mais l'équitation, beaucoup.
Cocktail FM : Tu es
très branchée cheval ?
Mylène Farmer : J'ai pratiqué
l'équitation pendant six ans assidûment , et puis
j'ai arrêté parce que j'ai commencé ce
métier, donc c'est beaucoup de temps pris.
Cocktail FM : Dernier voyage réalisé, mais hors
profession ?
Mylène Farmer : Eh bien... je ne m'en souviens pas ! (Rires)
Cocktail FM : Je pense
que tu fais partie de ces gens qui jouent plus leur chanson qu'ils ne
les chantent. C'est-à-dire que tu les interprètes
au sens premier du terme. En plus, quand on voit la vidéo de
"Pas grandir" (sic), c'est du cinéma, et dedans tu joues
vraiment. As-tu participé à
l'élaboration de la mise en images de ta chanson, ou bien
t'es-tu contentée de l'interpréter ?
Mylène Farmer : J'ai réalisé le
story-board. C'est un mot un peu complexe, mais il s'agit de la mise en
images, image par image, avec les positions des caméras, et
tout ça mis en scène. Ce sont des petits dessins.
J'ai également fabriqué la poupée, qui
est une pièce maîtresse du clip. Quant au
scénario, j'y ai mis mon grain de sel, bien sûr !
Cocktail FM : Depuis
quelque temps, je ne sais pas si c'est dans ta vie ou dans
ta profession, dans ta tête ou quoi, mais on sent une
certaine évolution. Il y a quelque temps, tu chantais (le
présentateur fredonne) "J'veux pas grandir nanana..." (sic),
et maintenant c'est carrément Libertine
!
Mylène Farmer : Parler d'évolution par rapport
aux textes, c'est peut-être un peu
prématuré, parce que je n'en ai pas tant que
ça. Il y a certainement eu une évolution
à un autre niveau. En ce qui concerne Libertine, c'est
parce que je suis une catin, je n'y peux rien ! (Rires) Je suis un
paradoxe ambulant...
Cocktail FM : C'est un
scoop, ça ! (Rires) On sait enfin des choses qu'on ne savait pas ! Depuis quelque
temps, j'ai remarqué que les petites jeunes femmes avaient
très envie de grandir et de devenir des grandes dames. Je pense
à toi et à Jeanne Mas, qui disait il n'y a pas longtemps, avant
l'Olympia : "Je suis une petite dame qui veut devenir grande".
Est-ce que tu la rejoins dans ce genre de choses et...
Mylène Farmer : Où est la
sincérité ? Je ne répondrai pas
à cette question...
Cocktail FM : Est-ce que
c'est difficile maintenant, dans les années 80, de faire
cette profession quand on est une fille ?
Mylène Farmer : Il y a beaucoup de jeunes filles qui
essayent de percer, mais est-ce que c'est une profession difficile ?
C'est une profession qui est surtout cruelle, c'est plus le terme. Ma
foi, tous les métiers artistiques sont comme ça.
Spécialement en 1986, c'est peut-être plus
difficile que dans les années 60-70, où,
là, c'était formidable de démarrer,
parce qu'on parlait de carrière plus que maintenant.
Maintenant, on parle plus de coup, de tube...
Cocktail FM : Est-ce
qu'une fille qui démarre dans ce métier doit plus
soigner son look qu'un garçon, ou est-ce que le fait
d'être simplement mignonne ou d'avoir une
personnalité lui suffit ?
Mylène Farmer : Tout dépend de ce qu'on a envie
de proposer. En ce qui concerne le look, je pense que c'est aussi
important pour une fille que pour un garçon. La preuve,
Cure, on les reconnaît parce qu'ils ont du rouge à
lèvres et les cheveux dressés sur la
tête ! (Mylène parle ici du groupe de rock anglais
Cure, qui a particulièrement cartonné dans les
années 80 et 90, ndlr) Pour moi, c'est capital d'avoir un
look plus ou moins défini. On a vu des personnes qui
mettaient des petites croix ou des chaînes et qui
s'habillaient en noir, et ça frappe tout de suite
à l'oeil (sic). Il y en a d'autres, ce sera au travers de
chansons, de textes... Enfin, le look est important ! (c'est en avril
1986, donc probablement à la période de diffusion
de cette interview, que Mylène a radicalement
changé de look et est devenue rousse, ndlr)
Cocktail FM : Tu fais
partie des gens qui sont optimistes ou de ceux qui sont pessimistes, en
ces fins d'années 80 (sic) ?
Mylène Farmer : Heu... je n'ai pas envie de me situer entre
l'optimiste et la pessimiste. Je pense être
réaliste, et je crois qu'on est dans une période
qui est très difficile.
Cocktail FM : Donc on a
intérêt à être optimiste ?
Mylène Farmer : Mieux vaut être optimiste pour
continuer à gravir les échelons !
Cocktail FM :
Aujourd'hui, plus que jamais, on dit que si un disque marche, s'il est
bien programmé, les artistes n'ont plus trop à se
fatiguer à monter sur scène, à prouver
leur talent. Comme tu le disais, on parle plus en termes de "coup".
D'un autre côté, je pense qu'un artiste fait
vraiment ses preuves quand il est sur scène...
Mylène Farmer : Oui, tout à fait.
Cocktail FM : Tu y penses
?
Mylène Farmer : Oui ! Là aussi, ça
fait partie d'un travail personnel. En ce qui me concerne, la
scène, ce sera peut-être dans un an. Ce n'est pas
encore défini. Pour l'instant, j'apprends mon
métier. Je pense que je me débrouillerai aussi
bien que n'importe qui, sinon mieux !
Cocktail FM : Tu vas
particulièrement soigner la mise en scène de ton
spectacle ?
Mylène Farmer : Oui, c'est quelque chose qui
m'intéresse beaucoup. Je voudrais un coté visuel
prononcé, y ajouter du théâtre...
Enfin, il y a des milliers d'idées qu'on peut
concrétiser, mais là aussi, il faut travailler
longtemps, et peut-être voir d'autres spectacles, d'autres
personnes, parce qu'on apprend tout ce qu'il ne faut pas faire ! (Rires)
Cocktail FM : Quel
concert as-tu vu récemment ?
Mylène Farmer : Michel Berger !