Valérie le
Mouël : La chanson, c'était un rêve ?
Mylène
Farmer : Je n'ai pas choisi de chanter,
par contre j'avais envie de faire un métier artistique. J'ai
suivi des cours de théâtre jusqu'au jour
où j'ai rencontré Laurent Boutonnat (compositeur,
producteur et réalisateur), c'est à ce
moment-là que j'ai commencé à chanter.
Cela doit faire 5 ans 1/2 maintenant.
Ce métier est
plein de
facettes, avez-vous une préférence (sortir un
disque,
être sur scène) ?
J'ai besoin de tout. J'aime écrire les textes de mes
chansons
mais j'ai également besoin de retrouver l'émotion
que
l'on éprouve en étant sur scène. C'est
pour moi un
véritable combat. Je suis plutôt
discrète, mais
dans ces moments-là tout est décuplé :
sentiments,
impressions, capacités...On est à la fois
conscient et
complètement inconscient. Il est difficile d'exprimer ce que
l'on vit, mais c'est une émotion énorme. J'aime
aussi
faire des clips, l'histoire vient d'abord du texte de la chanson, mais
également du dialogue que j'ai avec les gens qui
m'entourent. En
fait, j'ai toujours besoin de plus et d'aller plus loin.
N'aimeriez-vous pas faire
du cinéma ?
Le cinéma est effectivement un projet. J'ai eu quelques
propositions depuis 2 ans, mais je n'ai pas le temps d'y songer
sérieusement. Mon film culte est La fille de
Ryan, j'ai adoré aussi L'important c'est
d'aimer. Je trouve les films de Bergman, de Spielberg et
les
anciennes
productions splendides, certainement parce que j'ai du mal à
me
projeter dans notre époque. J'aime l'ambiance de ces films
et
l'élégance des vêtements d'autrefois.
Il me semble
qu'il y avait une histoire dans chacun d'eux alors que ceux que l'on
fait actuellement n'ont pas d'âme.
Qui crée vos
costumes de scène ?
Thierry Mugler a créé les costumes du spectacle
du
Palais des Sports en mai dernier et ceux de Bercy. Nous lui
présentons le projet de la scène et lui propose
ses
idées. Il a une démesure étonnante et
sait faire
abstraction de la mode. Le spectacle de Bercy sera exactement le
même que celui de ma tournée en province. Nous
avons
essayé de créer un personnage qui
évolue dans le
temps en jonglant avec les ambiances et les saisons. Il y aura en tout
sept changements de costume.
Et vos cheveux ?
Ma coiffure reste très simple, je n'aime pas être
sophistiquée. Je n'aime même pas l'envisager, cela
ne va
pas du tout avec mon caractère. Je
préfère le
dépouillement. Vous voyez : pas de vernis, pas de boucles
d'oreilles, sinon j'ai l'impression d'être travestie. Si je
porte
un bijou, il est toujours très sobre.
Vos créateurs
préférés ?
J'apprécie beaucoup ce que fait Roméo Gilli,
Thierry
Mugler bien entendu, Azzedine Alaïa et Fayçal Amor.
Mais je
vais voir peu de défilés car je n'aime pas
l'effervescence et je n'aime pas être prise en photo. Donc
plutôt que de me trouver dans une situation de conflit,
j'évite de me rendre dans les lieux où je vais
rencontrer
journalistes et photographes. Je me promène de temps en
temps
dans le Marais et vers la place des Victoires, où il y a de
très belles boutiques.
Il paraît que
vous collectionnez les chaussures...
En effet je voue une véritable passion aux chaussures ! Pour
les bottines très fines et les chaussures plates. Je vais
souvent chez Stéphane Kélian, Philippe Model et
Charles
Kamer. Je ne suis pas conservatrice sauf pour les chaussures dont je
n'arrive pas à me défaire et pour mes costumes de
scène. Cela me plairait de constituer un petit
musée
(à titre privé).
Comment vivez-vous la
mode au quotidien ?
La silhouette que je préfère est celle de
Katherine
Hepburn : chemise, gilet et pantalon. Une apparence masculine qui est
en fait extrêmement féminine. J'ai
complètement
banni jupes et robes, je m'habille de façon
décontractée. Cela ne veut pas dire blue
jean/baskets,
disons plutôt faussement décontractée
car j'aime
l'élégance. Je porte des vêtements aux
formes et
aux couleurs sobres. Je trouve le pourpre très beau mais je
n'en
porte pas souvent simplement parce que l'on n'en trouve pas. J'adore
le blanc cassé, le noir et les tons pastels. Je
préfère les vêtements d'hiver
à cause de
l'atmosphère de cette saison. Un grand bonheur serait
d'aller
faire un jour un reportage sur la banquise !
Vous devez aimez les
matières confortables ?
Je suis fascinée par le cachemire, le velours de soie et par
la
soie d'une façon générale. En Inde,
j'ai vu des
tissus fabuleux...
Vous avez beaucoup
voyagé ?
Non très peu. Avant je n'en éprouvais pas
l'envie, maintenant si mais je ne trouve pas le temps. J'aimerais
retourner en
Inde pour y faire quelque chose d'utile. Je n'ai pas un
tempérament à apprécier la farniente,
je m'ennuie
très vite en vacances. En plus de découvrir un
pays, il
me faut un but. La Russie m'attire, mais je ne veux pas m'y rendre en
tant que touriste puisque l'on ne voit rien, je veux être en
contact avec les gens des campagnes et approcher des choses
fondamentales.
Vous ne parlez pas du
Canada...
Je n'ai pas envie de retourner au Canada, ce pays me semble trop
calme. Par contre aller aux Etats-Unis, ça oui. Pour moi
c'est un pays de gagnants, un pays qui bouge. J'ai une vie
très
remplie, le mode de vie des américains me plairait
certainement.
Les américains
sont fervents de sport, vous pratiquez une activité sportive
régulièrement ?
Je fais du jogging dans la forêt du bois de Boulogne. Au
départ, je courais pour avoir de l'endurance, pour
être en
forme sur scène et puis j'ai continué. C'est un
bienfait
extraordinaire. Je suis très
persévérante, un peu
bornée même ! Je vais au parc Monceau quand j'en
ai
l'occasion, mais pour m'y promener simplement.
Faites-vous attention
à votre image ?
Je ne fais pas une fixation sur mon image, mais j'ai un minimum
d'hygiène de vie bien sûr. Par contre, je ne fais
pas
très attention à ce que je mange, c'est trop
triste de se
priver. Pour les photos c'est vrai que je suis vigilante. J'ai un
droit de regard. Ce que je ne peux hélas pas
contrôler, ce
sont les tournages télé. Je trouve la
lumière
rarement belle. L'ambiance est peu propice à de belles
images.
Vous avez une peau
magnifique, un tel atout ça s'entretient par des soins en
institut, des crèmes...
Je ne fréquente absolument pas les instituts. Cela me
dérange et je ne m'y sens vraiment pas à l'aise.
J'utilise une crème pour mon visage, c'est tout. Je ne suis
pas
du style à essayer les dernières
crèmes qui
sortent sur le marché, ça ne
m'intéresse pas.
Etes-vous
également fidèle à un seul parfum ?
J'adore les parfums, je porte Shalimar qui est pour moi
l'évocation du passé, Heure Bleue,
Chloé et Femme
de Rochas.
Je crois que c'est Alain
Divert qui vous a transformée en rousse, l'idée
vient de qui ?
Bertrand LePage m'a donné l'idée de changer de
couleur.
D'ailleurs maman est rousse. Alain Divert m'a fait ma
première
coloration (un roux plus électrique que maintenant). Nous
avions
de très bonnes relations mais à
présent je vais
dans un petit salon où l'ambiance est presque familiale. Je
m'y
sens mieux que chez un grand coiffeur. Je me rends une fois par mois
chez Margaux. Elle me coiffe de façon très
naturelle :
catogan ou cheveux défaits, parfois relevés mais
cela n'a
rien d'habituel. Chez moi : shampooing Phytosolba et
après-shampooing. Ah, je vais peut-être couper mes
cheveux
! La décision n'est pas facile à prendre mais
j'aime
beaucoup le style garçonne qu'avait Jane Birkin au temps de Je t'aime moi non plus.
Vous me verrez avec des
cheveux
courts mais pas avant un an.
C'est vous qui avez
lancé la mode du catogan. Cet hiver, les
deux points d'orgue de la coiffure sont les rousses et les coupes
boules. Vous lisez les magazines de mode ?
Je lis n'importe comment, je ne suis pas attachée
à un
magazine. De temps en temps, il m'arrive d'avoir de
véritables
boulimies de magazines.