Michel Cotet : Anamorphosée,
bien que
ayant déjà quelques mois, il est encore tout
frais et
tout présent à notre mémoire et on se
laisser
bercer en ce moment par l'excellent titre Rêver.
Et
puis, il y a cette tournée, non pas
gâchée mais interrompue pour une
stupidité. Alors, il ne
m'appartient pas de déverser une kyrielle de qualificatifs
pour essayer de vous cerner, de vous faire réagir ; c'est
toute la magie d'un personnage. Ceci dit, tout ce mystère
qui débouche sur un statut de
phénomène : est-ce que
vous n'avez pas l'impression, quelquefois, que cela fait
ombrage à votre vrai statut, qui est avant tout quand
même, si je ne m'abuse,
auteur-compositeur-interprète ?
Mylene Farmer : Ombrage, je ne sais pas bien. Est-ce que j'en
souffre ? Non, pas vraiment. J'ai décidé de ce
mystère en ce sens que je parle peu et que je
réponds peu
aux questions en général. Donc, je crois que j'en
suis l'auteur donc je n'ai pas à m'en plaindre.
Je ne parlais pas
forcément du mystère mais du fait
qu'à force de vouloir justement le percer, on en oublie de
parler avec vous de ce qui quand même nous séduit
au
préalable, c'est-à-dire votre musique, votre
façon
d'écrire, votre façon de paraître sur
scène. Est-ce que quelquefois vous n'avez pas
l'impression d'être dépassée par
vous-même, en quelque sorte ?
Je ne suis pas sûre de pouvoir répondre
à
cette question ; si ce n'est que c'est vrai que
l'évocation de l'écriture est quelque chose,
dans le fond, d'assez rare de la part d'un journaliste
parce que je crois qu'il est plus enclin à parler, ou
d'une vie privée que l'on ne veut pas
dévoiler, ou des choses qui sont "plus racoleuses". Donc,
peut-être que je souffre de ça un peu, oui.
On y reviendra et
j'espère comme ça que votre
passage à Nostalgie vous aura ôté un
peu de
souffrance parce qu'on évoquera votre écriture.
Ce
que l'on sait, c'est que vous avez quand même "fui"
à Los
Angeles pour essayer de retrouver une
forme de solitude. Vous avez vos repères, j'ai les miens.
Moi,
c'est Léo Ferré qui disait : "Dans la solitude,
le
désespoir est une forme
supérieure de la critique. Pour l'instant, nous
l'appellerons bonheur". Le désespoir, vous
l'avez touché ?
Je crois qu'il a fait partie de mon quotidien. Mais,
maintenant, je ne pense pas être la seule. Je pense que le
commun
des mortels a des moments de bonheur et des moments de
détresse
absolue. Je crois que même une journée peut
être
comblée par bonheur et tristesse à la fois.
Maintenant,
est-ce que je fais l'apologie de la détresse et du malheur
: non. Je l'ai exprimé, en tout cas.
Cette solitude,
vous la recherchez ?
Je ne suis pas sûre de me définir comme
quelqu'un étant solitaire. J'aime parfois
avoir des moments, oui, seule. L'écriture est un moment
privilégié pour ça. Maintenant, j'aime
bien
la compagnie de personnes choisies.
Quel est le moment
le plus fort, justement ? C'est rentrer
dans cette solitude ou en sortir pour retrouver l'autre ou les
autres ?
Je crois que les deux sont à déguster. (rires)
Je poursuis avec ce
texte de Ferré, toujours sur cette
solitude : "je voudrais m'insérer dans le vide
absolu et devenir le non ,dit, le non avenu, le non vierge par manque
de
lucidité". Ne pas rencontrer le bonheur, est-ce que
c'est pour autant être lucide ?
Ne pas rencontrer le bonheur... Je ne sais pas. En
tout cas, j'aime l'idée de s'approcher de ce
vide et de ne faire qu'un avec ce vide. C'est vrai
qu'il y a quelque chose dans l'idée du néant qui
est quelque chose de très happant. C'est vrai que parfois,
on a envie de se confondre avec le vide, avec le rien.
Ce que vous appelez
le non-dit, qui est essentiel dans la réussite.
Oui.
Diffusion de
California.
Mylène
Farmer est votre invitée aujourd'hui
dans ce "Déjeuner de gala" sur Nostalgie, avec
cette notion de non dit. Ne pas énoncer, ne pas expliquer
pour
susciter la curiosité : est-ce que c'est bien compatible
avec une autre notion, qui est celle de la
fidélité ? Je
veux dire par là, quand on côtoie des gens ou des
habitudes, forcément on perce le mystère, donc
là,
c'est un peu antinomique, non ? Parce que vous êtes
quelqu'un de fidèle, je parle d'un point de vue
professionnel.
Je pense être quelqu'un de fidèle, oui, dans
tous les sens du terme et toutes les situations. Maintenant,
pardonnez-moi, j'ai oublié la question... (rires)
Je disais,
parallèlement à cette
fidélité, vous êtes porteuse de cette
idée de
non-dit, de 'je garde le mystère, je ne veux pas qu'on
me dévoile et je ne veux pas dévoiler'. Est-ce
bien
compatible ces deux approches ?
Là encore, je... Le non dit... j'aime les
non-dits. Maintenant, est-ce que je suis
caractérisée par
le non-dit, je ne le crois pas. Maintenant, j'ai choisi de dire
certaines choses, de dévoiler certaines choses, de les
clamer
parfois et, quand une question ou un sujet me dérange,
là
effectivement, ce sera ou un non-dit ou un non tout court. (rires)
Donner un sens
à tout, c'est ridicule pour vous, finalement ?
Je sais pas si, là encore, c'est ridicule...
pardonnez-moi... (rires) Je ne pense pas avoir, d'abord la
prétention et, je ne pense pas que la vie vous offre un sens
à tout. Je crois que ça fait partie aussi du
mystère de la vie, du mystère de la mort, de
toutes ces
choses qu'on ne sait pas et qu'on ne saura probablement
jamais. Parfois, on peut en souffrir de ce silence et des ces
nonréponses et, parfois je trouve ça
plutôt bien.
C'est une forme de liberté aussi en soi.
Je vais
peut-être vous soulager, je viens à votre
secours - si tant est que vous en ayez besoin. Finalement, c'est
pour ça que vous redoutez l'exercice que nous sommes en
train de faire, parce qu'il est communément admis
qu'à toute question doit correspondre une réponse
et en plus logique.
Oui. Oui. C'est vrai que là, dans le fond je
n'aime pas la logique, je n'aime pas le rationnel et,
c'est un exercice qui est difficile, uniquement parce que je dois
parler de moi, dans le fond c'est aussi bête et simple que
ça. C'est un exercice difficile pour moi.
Parler de soi,
parler d'idées qui vous
traversent la tête, c'est peut-être pas
forcément parler de vous, c'est peut-être plus
facile ?
Oui, mais c'est une façon que de se mettre en avant et
c'est vrai que, là, ça fait partie d'un
exercice qui est probablement utile à l'artiste, en tout
cas on lui demande. Mais si j'avais à choisir, je crois
que j'aurais rayé cette mention. (rires)
Le non dit, c'est
aussi l'imaginaire. Est-ce un jardin dans lequel vous aimez
flâner ?
J'aime surtout, je dirais, au travers de lectures. Quant
à mon imaginaire, oui, je cultive ce jardin, je crois, oui.
Maintenant, là encore, j'aurais du mal à en
parler
parce qu'il est imaginaire, justement.
Mais un auteur se
doit d'imaginer et l'imagination
c'est une forme de liberté que vous recherchez.
Oui.
Diffusion de publicités.
Retour dans
"Déjeuner de gala" sur Nostalgie.
On parle avec Mylène Farmer, votre invitée, de la
liberté. Quels sont les situations, les mots, les
événements dans lesquels vous ne vous sentez
justement
pas libre ?
Les dîners où il y a beaucoup de personnes...
(elle hésite - silence- rires)
Une foule, c'est
pas beaucoup de personnes, c'est une personne
raisonnée ?
Oui. Oui, c'est toujours un peu facile comme
détournement,. Mais, dans le fond c'est vrai. C'est
vrai, quand on est en face d'un public, quelle que soit la salle,
à partir du moment où il y a plus de deux
personnes,
trois personnes, mais plus le nombre est grand et plus il ne reforme
qu'un et qu'une énergie, en tout cas.
En tête
à tête, vous vous livrez plus ? Parce
que sur scène, on peut dire que vous vous livrez... vous
vous
livrez plus que devant une multitude de gens ?
Non. Je pense que c'est faux. Je pense que je me livre
davantage, mais peut-être sans la présence des
mots ou en
ayant choisi les mots. Maintenant, je crois que l'émotion
que moi je ressens sur scène et que je peux offrir est
quelque
chose qui est... c'est une mise à nu, qui est beaucoup plus
importante
que dans une interview. J'ai malgré tout le
contrôle
de moi-même et de mes silences aussi.
Ça fait
douze ans, mine de rien, que vous êtes dans ce
métier de la chanson. Est-ce
que la situation a failli vous échapper une fois durant ces
douze ans ?
M'échapper, non, je ne le crois pas. Je ne sais pas
à quoi vous faites allusion
précisément, mais
j'ai...
Être
dépassée par ses propres motivations,
s'embarquer dans un chemin...
Avoir envie d'arrêter parfois tout, oui, ça m'est
arrivé.
C'est une
façon de contrôler, justement, comme cette fuite...
De nombreuses fois, oui. Hier encore...
... "J'avais vingt
ans"... mais ça
c'est Aznavour... (rires) La fuite dans les mots,
c'est quand même plus bénéfique que la
fuite
à Los Angeles ? Vous l'évoquiez tout à
l'heure avec mon jardin imaginaire...
Oui. Je crois que j'ai eu besoin pour continuer
d'écrire, puisqu'on parle des mots, que j'ai
eu besoin de ce passage. Maintenant, il s'est effectué
à Los Angeles. Dans le fond, ça aurait pu
être
ailleurs, en tout cas un pays 'dit' étranger. Mais, j'y ai
trouvé, oui, si ce n'est une réelle source
d'inspiration, en tout cas, moi, je me suis nourrie, si je puis
dire, à ma façon. J'y ai trouvé
quelque
chose, oui.
C'est Jean-Louis
Murat qui, à ce même micro -
je fais allusion à lui parce que vous l'avez
rencontré, ne serait-ce que pour un duo - qui expliquait
que,
dans un texte, finalement, le texte n'était jamais aussi
beau que lorsque à la fin de la chanson on n'avait pas
forcément tout compris.
Oui.
Et pour vous aussi,
je crois, à savoir que les mots ont plus d'importance que
l'idée.
Je pense qu'il vaut mieux savoir, en tout cas pour
soi-même, face à soi-même, savoir ce
qu'on a
voulu dire. Maintenant, je suis d'accord que la chose trop
expliquée, qui ne laisse pas dans le fond à
l'autre
une liberté, me dérange.
Diffusion de
L'Instant
X.
Mylène
Farmer qui est notre invitée dans
ce "Déjeuner de gala" sur Nostalgie
aujourd'hui samedi. Je fais une petite digression avec les
images, je voulais en parler un petit peu plus tard. Vous parlez de
notion de liberté quant à la perception d'une
chanson. Le clip, pour le coup c'est bien souvent quelque chose
de très cadenassé. On nous impose des images, on
nous
fait une explication... ça ne vous concerne pas tout le
temps,
mais n'est-ce pas un piège ?
C'est vrai, c'est un piège. Mais, là
encore, est-ce qu'on a le choix de ne pas faire sur une chanson
une mise en images ? Là encore, malheureusement, je n'ai
pas ce choix-là, parce que ça serait suicidaire.
Mai,s sur
certaines chansons, c'est vrai que certainement je n'aurais
pas fait de clip, parce que justement il y a une réduction
du
sujet évoqué, et puis parfois c'est magique
aussi,
donc...
J'ai lu que vous
disiez : "Quand j'écris
mes textes, je livre beaucoup plus de moi que vous ne croyez. Il suffit
de savoir écouter". Est-ce que vos chansons sont
codées ? C'est un exercice qui peut vous amuser,
ça
?
Ecoutez, non, je ne suis pas sûre d'être aussi
intelligente que ça. En tout cas, j'aime bien les mots,
donc j'aime jouer avec les mots...
Pas de fausse
modestie, jeune fille ! (rires)
... mais codés, non. Non, non, je n'ai pas ce
sentiment-là.
Y a-t-il quand
même une notion - j'ai cru vous
entendre le dire, cette fois-ci, donc la véracité
du
propos est entière - que vous aimiez cette forme
d'irrationalité dans un texte et, comme vous venez de le
souligner, à vouloir forcément faire une
d'explication,
c'est pas le but. Cette notion d'irrationnel, elle vous
caractérise lorsque vous écrivez ?
Non, je ne pense pas. Je ne pense pas, maintenant, sans parler de
moi, quand je lis par exemple Cioran, puisque ça m'arrive
de le lire en ce moment, a cette faculté que vous donner
des mots-clés, et là encore de vous laisser votre
propre
imagination. C'est un peu confus, ce que je dis mais... Un peu comme
les haïkus, vous voyez, ces poèmes qui
sont très, très courts. On vous donne deux mots,
on va
vous dire, je dis n'importe quoi : un chien, une fourmi et
la senteur du foin et tout à coup, ça va
évoquer
une multitude de choses. Mais là, ça sera
à chacun
d'interpréter ou d'imaginer. Donc, j'aime, en
tout cas si c'est ce que vous évoquez comme étant
une irrationalité, alors, ça en est une, oui,
parfois.
C'est finalement
l'éducation que l'on
reçoit lorsqu'on allait à la maternelle qui se
transforme avec des beaux mots. Mais c'est ça en fait. On
apprend aux enfants, on leur montre un chat et leur imaginaire... Vous
faites allusion,
donc, à Emile Michel Cioran, ce philosophe
français
pessimiste, dont l'œuvre s'exprime souvent par
aphorismes. Vous en avez des favoris, vous ? Des proverbes, des...
Je n'ai malheureusement pas beaucoup la mémoire
des… (rires) Je retiens difficilement...
"Tomber 7 fois", il
y a déjà ça...
"Tomber sept fois", c'était court donc
facile à retenir. (rires) Oui, il y a ce proverbe,
effectivement,
japonais qui dit :"tomber sept fois, toujours se relever
huit", donc je l'ai... volé.
Vous êtes
charmée par ce genre de formules ?
Là encore, c'est le plaisir des mots et
l'intelligence qui peut s'en dégager. En tout cas,
sans parler même d'intelligence, là, à
la fois la
précision dans la non précision. Il y a cette
phrase
maintenant qui me revient... (rires) Je vais faire mon exercice...
(rires)
Allez-y ! Soufflez
bien !
"Tout ce qui ne m'a pas tué me rendra plus fort"
Pause publicitaire
Voilà.
De retour avec Mylène Farmer qui est notre
invitée aujourd'hui dans ce "Déjeuner de
gala". Je faisais référence à cette
chanson
qui figure sur l'album Anamorphosée. C'est la première
fois où vous signez la musique. Tomber 7 fois...
Oui, oui. Absolument. Oui.
Après
les mots, la musique. C'est une forme de
défi que vous vous êtes lancée
à
vous-même ?
Non. Là encore, ça s'est passé
relativement naturellement. J'ai une guitare à la maison,
donc il m'arrive parfois de tenter d'y jouer. Et, ma foi,
voilà, j'ai trouvé donc cette chanson. Mais,
est-ce
que j'ai envie de faire ça et de prolonger ça,
non,
je ne le crois pas.
Vous vous
êtes surprise vous-même ?
D'une certaine façon, oui, probablement. (rires)
Vous avez
regardé autour si personne ne vous avait vue
commettre cet acte affreux qui était d'écrire une
musique...
(rires) Oui, dans la mesure où je n'ai pas de formation
de musicienne. J'en ai le goût, en tout cas. Mais je pense
qu'il faut plus de talent pour composer.
Vous êtes
quand même pluridisciplinaire. On
évoquera plus tard le goût de la peinture. Vous
écrivez, vous chantez, c'est tout à fait dans vos
cordes, en tout cas c'est dans votre mentalité.
C'est aussi de la liberté, finalement, que de savoir faire
plusieurs choses, non ? C'est pour ça que cette notion de
devenir compositrice, compositeur pardon, ça
pourrait aussi vous
aller, non ? C'est pas un défi qui vous...
Non, parce que là encore, sans parler de talent, je sais ce
que je suis "capable" de faire, en tout cas de revendiquer,
on va dire. Maintenant, quant à la musique, là
encore, la
composition, je sais que je m'essoufflerais très,
très vite parce que manque tout simplement de connaissance,
là encore.
Vous voyez que vous
êtes intelligente, puisque l'intelligence c'est de savoir
reconnaître ses limites.
Je ne ferai pas de commentaires. (rires)
On saute du coq
à l'âne, c'est le cas de
le dire. Vous aimez les animaux. Je vous emmène sur le
terrain
des animaux. Comment va E.T. ?
Très bien !
Ce qu'il y a de
fabuleux dans la communication avec
les animaux, c'est que l'on émet des mots, eux les
perçoivent comme des sons suivant l'intonation. Et,
finalement, là on retombe sur... c'est presque une chanson
qu'on écrit avec les animaux. Ils interprètent
comme ils le veulent. Est-ce que mon parallèle vous choque ?
Non. Vous faites ce que vous voulez, d'abord. (rires) Mais,
effectivement, oui, les animaux, en tout cas, ce singe
connaît probablement les sonorités, mais les
visages aussi.
Elle interprète beaucoup l'expression (Mylène
parle probablement de E.T.,ndlr), liée au son
probablement. C'est un être, là pour le coup,
relativement intelligent, caractériel aussi, qui a ses
humeurs,
mais c'est toujours aussi passionnant d'avoir un singe.
C'est l'animal,
nous en parlions tout à
l'heure, qui se rapprocherait le plus de nos réflexes.
C'est pour ça que vous l'avez choisi ?
Je crois que j'ai tout simplement une passion pour le singe. A
chaque fois que je vois un documentaire sur ces animaux, j'ai
envie de changer de vie et d'aller les retrouver, de les aider ou
d'essayer de dialoguer, de m'y intéresser en tout
cas. J'ai vu beaucoup, beaucoup de reportages sur les
chimpanzés, les orangs-outans ou les gorilles. C'est vrai
qu'une vie comme celle de Diane Fossey est une vie passionnante,
mais c'est une vie difficile aussi.
C'est une grande
tendresse que vous avez envers les animaux. Tout à l'heure
vous étiez avec les chiens. Vous
aimez leur naïveté, leur
fidélité ?
C'est ce qui vous attire ?
Là encore, je vais probablement vous décevoir
mais
je ne suis pas sûre d'analyser toutes les envies que
j'ai, ou les communications que j'ai. J'aime les
animaux parce que dans le fond, c'est très
spontané. Maintenant, si vous voulez vraiment trouver
pourquoi
on aime un singe, pourquoi on aime un chat ou un chien, dans le fond,
ça, ça ne m'intéresse pas de savoir
pourquoi
je les aime. Je les aime, tout simplement.
Diffusion de
Mylène
s'en fout.
Mylène
s'en fout.
Mais, pas nous. Elle est
votre invitée aujourd'hui sur Nostalgie, dans ce
"Déjeuner de gala". Alors, on a aimé et on aime
toujours
cet album, notamment, Anamorphosée. Je voulais
juste un petit mot sur cet univers musical. Il y a eu une
évolution. Est-ce qu'on peut la qualifier, cette
évolution, de tonique, d'énergique ?
Ça serait le
bon mot ?
Je vais être obligée, moi, de revenir vers mes
albums
précédents. Je n'ai pas eu le sentiment que ces
albums n'étaient pas énergiques. Donc, en ce
sens, je
ne peux pas aller dans cette idée de 'plus
d'énergie'. Je crois que parce qu'il y a des
guitares, beaucoup plus de guitares qu'avant, peut-être que
l'énergie vient aussi de là. Peut-être
dans
la façon de chanter qui est probablement un peu
différente. Je chante plus grave... en tout cas, je
me suis
autorisée...
Dans le ton,
rassurez-nous... (rires)
Dans le ton ! Plus grave... Là,
j'avoue que je ne sais pas bien...
Désenchantée,
pour moi, par exemple, est une
chanson extrêmement énergique... mais
ça
n'engage que moi ; au même titre que
L'Instant X, si ce
n'est que la production est
très différente. Là, oui.
Voilà,
justement. En quatre ans, est-ce que vous avez eu
l'impression de vivre une révolution musicale...
... Non…
... d'abord, est-ce
que vous avez écouté ce qui se
faisait ? Quand se passent comme ça quatre
années, est-ce
qu'on a le doute de se dire : "je vais décrocher", "je
vais avoir un handicap insurmontable" ? Parce que c'est un
métier qui va très, très vite ; je
parle de la
technologie, ne serait-ce que ça.
Oui. Là encore, c'est plus une envie
profonde, non pas que de changer radicalement, mais simplement puisque
j'ai passé un certain temps aux Etats-Unis, c'est
vrai qu'on est enclin à écouter beaucoup plus de
musique. Si on écoute la radio, on n'écoute que
de la
musique américaine en tout cas et qui est essentiellement
beaucoup de guitares, beaucoup de... et puis aussi dans les
mélodies... Donc, en ce sens je ne me suis pas dit,
là
encore : "Pour
le prochain album, il va falloir faire attention". C'est
simplement un désir, tout simplement, que d'aller vers
quelque chose de plus ce qu'on appelle 'live', moins de gimmicks.
Je sais pas si j'ai répondu à votre question ?
(rires)
Si ! Faire office
de référence, comme vous le faites
aujourd'hui, est-ce que c'est une forme de reconnaissance
éternelle ?
Référence ?
Vous êtes
une entité.
Oh ! Pardon ! Moi ?
Oui ! Est-ce que
c'est une forme de reconnaissance ?
Est-ce que je suis une référence ?
Quoiqu'il advienne,
à partir de ce jour vous resterez
quelque chose auquel on pourra s'identifier, auquel on fera
référence. Est-ce que cette reconnaissance, vous
la
percevez ? Et, comment vous l'acceptez ?
Je la perçois parfois. Quand je monte sur scène,
je
crois que c'est le moment où l'on vous applaudit,
tout simplement. Donc, on vous dit que vous êtes
quelqu'un d'important à ce moment-là.
C'est important au moment où je le fais. Maintenant, vous
dire est-ce que ça me rassure ou est-ce que c'est
important pour moi, je ne suis pas sûre, là
encore, de
pouvoir répondre à cette question. Je ne sais
pas...
(rires) J'aurais plutôt une humeur aujourd'hui de 'nous somme
peu de choses' donc ça va être difficile pour
moi que de vous dire : "Je suis une référence".
(rires)
Mais nous sommes
peu de choses, je vous le confirme. (rires) C'est pour ça
qu'il vaut mieux en rire.
J'aime ce que je fais. Je crois que je vais essayer, là
encore, de faire ou une pirouette ou une réponse plus
concise.
J'aime profondément ce que je fais. Donc, c'est le plus
important.
Diffusions de publicités.
Bien. De retour
dans "Déjeuner de Gala" sur
Nostalgie avec Mylène Farmer. Il y a quelque chose que vous
aimez et que vous ne faites pas encore et que vous allez certainement
faire parce que vous n'êtes pas être à
vous
laisser abattre, c'est le cinéma. Et, tout ce que vous
entreprenez sur scène, sur disque, sur les clips, il y a,
j'ai l'impression - arrêtez-moi si je me trompe - une
approche cinématographique.
Oui.
Votre bonheur total
serait aujourd'hui, ou dans quelques
années d'avoir une pile de disques de diamant et puis une
pile de bobines de films, quand même, non ?
Là encore, je ne suis pas sûre. Il y a quelques
années, j'aurais... et je l'ai dit, que de ne pas
faire de cinéma, j'en mourrais.
Je vous le
confirme... Oublions tout ça ! Voyons devant...
Non, non. Je le révoque, parce qu'aujourd'hui
je crois que je peux m'en passer tout à fait. Ça,
c'est pour répondre à la notion de pile (rires)
et de
collection. J'aimerais refaire un film, avoir un
rôle qui, bien sûr, m'intéresse.
Maintenant, me
projeter dans un avenir de cinéma, pas du tout.
Honnêtement, pas du tout.
Mais, cette
approche, et j'en finirai avec le cinéma...
Mais j'aime le cinéma donc voilà pourquoi j'aime
l'image.
Voilà !
Ce qui explique peut-être votre petite
différence, enfin, pas votre différence, ce que
j'expliquais tout à l'heure, le
phénomène musical parce que vous
appréhendez les
choses avec un autre regard, celui de la caméra,
même si
on parle d'une chanson.
Là encore, parce que mon goût probablement pour
oui, le cinéma, pour l'image, pour l'évocation.
Donc, là c'était une rencontre formidable... en
tout
cas, quand j'ai commencé ce métier, à
savoir
que le clip était un élément essentiel
pour un
artiste et ça a été quelque chose de
magique pour
moi ; déjà d'avoir travaillé avec
Laurent
Boutonnat, qui a fait quand même la plupart de mes clips et
qui
est quelqu'un de grand talent. Et, là encore, c'est
l'idée de rencontre, que de pouvoir aller voir Abel
Ferrara et lui demander de travailler avec lui, Marcus Nispel, autant
de gens qui ont beaucoup de talent. Et là, c'est plus
l'idée - on parlait de solitude tout au début-
là c'est l'idée réellement de deux ou
de trois, de ne pas être seule justement dans une
création.
Vous citez Bergman,
Polanski, Annaud - je lis, hein - Sergio
Leone, dans le monde du cinéma. Est-ce que vous avez eu des
rencontres fascinantes, au-delà des œuvres, avec
ces gens
ou avec d'autres ? Ou est-ce qu'il y a des gens que vous
aimeriez rencontrer ? Vous aussi, certainement, vous êtes
titillée par ces...
J'aurais adoré rencontrer Bergman mais il ne
m'a pas attendue. (rires) Maintenant, là encore, est-ce
que j'ai des vœux : non. J'aurais aimé
rencontrer Cioran, mais il n'est plus. J'avais très,
très envie de rencontrer Abel Ferrara et, c'est chose faite.
Vous avez
percé un peu le mystère ?
De ce Monsieur ?
Ben oui !
C'est quelqu'un d'assez
fascinant, aussi bien dans la destruction que dans
l'énergie. Mais c'est quelqu'un de fascinant
en tout cas.
Donc c'est
intéressant, finalement, d'essayer
de percer le mystère des gens et de les rencontrer ?
Oui. Bien sûr. Bien sûr. Mais, là
encore,
c'est quelqu'un qui se dévoile très,
très peu.
C'est d'autant plus
passionnant...
Il faut comprendre des choses, accepter d'autres,
tolérer, parfois. (rire) Mais, c'est quelqu'un de
très
riche, oui.
"A force d'ignorer
la tolérance, nous ne marcherons plus ensemble".
Oui. (rires)
Diffusion de
Rêver.
Juste avant ce
titre, on parlait justement de chansons, du disque.
En parlant de chanson, c'était l'album L'autre... : "Agnus
Dei, moi l'impie je
suis saignée aux quatre veines". A défaut de
mépriser la religion, le bouddhisme c'est quand
même
quelque chose que vous avez cerné avec le livre de Sogyal
Rinpoché, auquel vous rendez hommage d'ailleurs sur la
dédicace de l'album. Vous avez lu Le livre tibétain de
la vie et de
la mort. Cette philosophie consiste à vivre le
moment
présent. Concrètement, c'est quoi ne pas vivre
les
moments avant et après qui peuvent redonner le sourire comme
ça ?
Ne pas vivre les moments avant ou après ?
Puisque la
définition, je vais droit...
Oui, oui. C'est une façon de ne plus se mettre en
réel danger. Mais ça, c'est une notion dans le
fond
que je n'aime pas parce que j'aime le danger, j'aime
l'inconnu. Mais, en tout cas, d'un danger qui n'est
pas réellement intéressant, à savoir,
c'est
vrai que le passé peut être un fardeau. L'avenir,
l'idée de l'avenir, que de se projeter dans l'avenir
et de se dire : "Qu'est-ce que je vais faire demain ?"
est quelque chose de terriblement angoissant. Donc, quand on a
à
la fois la connaissance qui est celle des autres, puisque vous
évoquiez ce livre, cette philosophie est un pansement.
Maintenant, il y a des choses que l'on accepte et puis
d'autres que l'on rejette. Et, c'est vrai que
l'idée, la notion de vivre son présent est
quelque
chose de cicatrisant, dans le fond.
Malgré
cette référence, je crois savoir que
vous n'épousez pas pour autant la cause du
bouddhisme, parce que, en gros c'est...
Non. C'est-à-dire que c'est toujours pareil. Puisque
j'ai évoqué ce livre dans mon album,
après
c'est toujours difficile, parce que si les médias
s'en emparent, on va vous dire : "Donc vous êtes
bouddhiste". Et c'est vrai que moi j'ai quelques
nuances, en ce sens que je ne le pratique pas tous les jours, je
n'ai jamais rencontré le Dalaï-lama, je n'ai
jamais réellement rencontré de bouddhistes mais
je
m'y suis intéressée et c'est quelque chose,
une fois de plus, qui m'a fait beaucoup de bien, que je trouve
très sensé et surtout très
réparateur. Et ce
n'est pas une religion, c'est plus une philosophie donc
c'est quelque chose de plus tendre.
Je parlais de
tolérance tout à l'heure. C'est une de vos
valeurs essentielles.
Là encore, j'en ai besoin et c'est vrai que je
le réclame chez l'autre. Là encore, c'est un
apprentissage parce qu'on ne devient pas tolérant comme
ça, du jour au lendemain. Il suffit de quelque chose qui
vienne
percuter votre esprit, quelque chose de violent par exemple et
j'aurais presque envie de nier tout ce que je viens de dire donc,
là encore, c'est un chemin qui est long. Mais c'est
vrai que cette notion de tolérance est quelque chose
d'indispensable pour l'être humain.
Et quand la
tolérance confine presque au pardon, c'est un peu facile
quand même, non ?
Pardon ?
Lorsque la
tolérance confine au pardon, c'est un peu
facile comme attitude : il faut quand même se
révolter, se
battre, non ?
Oui. Maintenant, l'idée du pardon, là, je pense...
Je ne parle pas du
grand pardon. (rires)
Non, non... brutalement à un article que j'ai lu sur ces
femmes et hommes qui ont perdu des êtres chers et qui sont
allés voir les bourreaux de ces personnes perdues.
Là,
c'est une idée du pardon qu'on pourrait qualifier de
presque insoutenable mais c'est quand même une grande
idée. Donc, j'aime, j'aime cette idée du pardon.
Un que vous
pardonnez, parce que je présume qu'il est
toujours numéro un dans votre cœur, dans la
littérature, c'est Edgar Allan Poe. Allan,
la chanson, oui, c'était ça ?
Oui, bien sûr !
Bon, on ne sait
jamais !
Non ! (rires)
Il y a le corbeau,
avec l'emblème
sur... C'est toujours le numéro un dans votre
cœur ?
C'est quelqu'un que j'aimerai
éternellement, ça oui ! Maintenant, j'ai des
lectures un petit peu plus légères en ce moment,
qui sont
Mary Higgins Clark...
Très en
vogue, oui.
...dont je suis en train de dévorer tous ses livres. C'est
plus léger, mais c'est assez passionnant. C'est bien
écrit, en tout cas. (rires)
C'est
très en vogue, presque à la mode d'ailleurs.
Oui. C'est plus vulgaire. (rires)
Ça lave
l'esprit ?
C'est une détente en tout cas, oui. (rires)
Diffusion de publicités et des infos.
Effectivement,
retour sur Nostalgie dans ce "Déjeuner de gala" avec
Mylène Farmer. On parlait de littérature, on
parlait d'Edgar Allan Poe et puis de Mary Higgins Clark et de sa
soi-disante légèreté. Parmi les
lectures qui sont
plus tendues,alors, j'avais noté Henry James et puis Julien
Green - c'est drôle, on en parle alors qu'il veut
être révoqué de l'Académie
Française alors qu'il n'en a pas le droit, ce brave
homme - avec ses angoisses métaphysiques. Est-ce
qu'ailleurs c'est toujours mieux que là où on
est ?
Je le pense de moins en moins. Est-ce que c'est le voyage qui vous
donne ces...
Vous vous
éloignez de notre ami Julien, là.
Oui. (rires) Là encore, c'est l'idée de
projection ou d'anticipation, d'imaginer effectivement que
l'autre va vivre mieux, que l'ailleurs est un meilleur.
Dans la mesure où j'essaye de vivre des moments
présents, ce seront mes moments à moi ; non pas
que je
n'envisage pas l'autre, mais je me dis que dans le fond
j'ai de la chance de vivre ce que je vis, même si parfois
c'est difficile donc, de ne pas chercher justement cet ailleurs
hypothétique.
Alors,
j'évoquais Julien Green, philosophe mais aussi
photographe avec des autoportraits, des photos de famille (Michel
Cottet se trompe et prononce "des autos de famille" avant de se
reprendre ce qui fait rire Mylène). Le pauvre, il est
né au
début du siècle, des autos il devait pas
tellement en
voir.
Changez la question ! (rires)
Non, non
je la conserve ! Julien Green, j'aimais beaucoup sa
définition d'un cliché parfait. Je lis les trois
points : savoir voir, être rapide et être patient
pour
réussir donc, une photo. Est-ce que ce ne sont pas un
procédé qu'on pourrait appliquer à une
chanson, finalement, pour sa réussite ?
Savoir voir, être rapide et
être patient... Oui ! Oui, ça peut
être... (Mylène est très
hésitante)
Non... c'est pas
grave, c'est pour mes enchaînements comme ça on
arrive...
Oui, oui, j'entends bien ! (rires)
... on arrive sur
la peinture, n'est-ce pas, vous voyez...
Parce que vous, tout est écrit ! Moi, rien ! (rires)
Je suis
obligé de prendre des notes, sinon j'aurais
été... (rire de Mylène) Donc, je
voulais faire
un parallèle entre la photo, la chanson et la peinture, qui
est
quand même un art aussi qui, si je ne m'abuse, vous
titille...
J'adore la peinture. Je la connais depuis peu, dans le fond.
J'ai rencontré certaines personnes qui font partie de ce
métier, donc de la peinture, qui m'ont, d'une
certaine façon éduquée.
Lesquelles ? Enfin,
si toutefois ça...
Pierre Nahon, que je connais peu mais... Albert Koski est
quelqu'un qui m'a aidée et puis, ma foi, après
ce sont des expositions, ce sont des livres. J'adore acheter des
livres de peinture, j'adore acheter quand je le puis quelques
peintures.
Des livres pour
essayer de reproduire ou simplement pour la beauté de...
Pour une évasion, là encore. C'est aussi
intéressant de feuilleter un livre de peinture qu'un
roman. J'aime beaucoup Egon Schiele, j'aime Max Ernst,
j'aime Klimt...
Je suis
largué en peinture. Alors là, je dis rien, je
fais celui qui connaît, mais alors là, non...
Non, non mais... Henri Michaux, l'écrivain,
qui était également un peintre. Et puis, beaucoup
d'autres.
Vous aimez la
peinture, c'est pas pour autant que vous aimez vous emmêler
les pinceaux, ha-ha-ha...
(rires) Je dois répondre ? (rires)
Non ! J'en aurai
presque fini avec mes références
littéraires, enfin celles d'une époque qui
n'est pas forcément celle que vous vivez actuellement ; il
y avait notre ami Kafka. J'avais lu un bel article sur Prague,
vous dévoiliez la ville de Prague avec beaucoup de bonheur
(article paru dans le magazine "Femme" en juin 1996 - à lire
dans la rubrique Presse 1996, ndlr). C'est parce qu'elle vous
rappelle Montréal, de par son climat, de par...
Très honnêtement, je ne me souviens pas de
Montréal, si ce n'est que j'ai le goût de la
neige donc, probablement lié à cette
époque. Je
n'y suis retourné qu'une fois et extrêmement
brièvement et c'était quelque chose que je
qualifierais de pas très agréable. Donc, je ne me
souviens pas de
Montréal, en somme.
Je ne sais pas si
vous vous souvenez de cet article sur Prague que
vous avez formidablement bien rédigé...
Non, je ne m'en souviens pas. (sic)
C'est un art que
vous aimez aussi. Il était
axé sur les monuments historiques, sur les gens de la
littérature etc. Ça vous passionne,
ça, l'Histoire
des villes, l'histoire des...
Oui. Je suppose que c'est à peu près normal
quand on découvre une ville que de savoir ce qui s'y est
passé, quels étaient les écrivains,
qui a
hanté qui (rire) ou qui a hanté quoi. Oui,
là
c'est encore un intérêt pour l'autre.
Il y a Kafka. Il y
a notre ami le marquis. Ça, vous aimez bien, aussi ?
Le marquis, oui.
Le marquis de Sade.
Le divin marquis ! (rires)
Il va bien ?
Je l'ai délaissé, lui, un petit peu. (rires) Il
trépigne !
Justine va
être en colère.
Diffusion de
Comme
j'ai mal.
Comme j'ai mal. C'est bien entendu
Mylène Farmer, extrait de l'album Anamorphosée. Mylène, notre
invitée
aujourd'hui sur Nostalgie dans ce "Déjeuner de gala",
invitée avec des chansons, avec des livres. Parmi toutes ces
lectures,
qui une nouvelle fois, ça a pu changer ou
évoluer, ceci dit,
celles qu'on a évoqué et que vous revendiquez,
c'est quand même un monde fantastique et morbide. Est-ce
que le suicide peut flirter, être limitrophe de cet univers
que
représentent les Julien Green, les Cioran etc. ?
Est-ce que je...
Le suicide, la
notion de suicide peut être limitrophe de cet univers
pessimiste...
Là encore, est-ce que ce sont des thèmes de
prédilection ? Je m'y sens bien...
Pour
l'époque où vous vous sentiez bien. Je ne veux
pas vous...
Non, non. Je m'y sens toujours très bien.
Est-ce que cette
notion de suicide, qui est quand même une
limite à franchir ou ne pas franchir après tout,
est-ce
qu'elle était présente dans vos lectures
? Le Mythe de
Sisyphe de
Camus, est-ce que vous l'avez lu
par exemple ?
Non, non, non. Est-ce que vous faites allusion à moi, est-ce
c'est quelque chose qui m'a hantée ou est-ce que
c'est quelque chose...
Oh non ! Je n'irais
pas jusque là. Non, non.
D'une façon générale, quand on est
"imbibé", non pas d'alcool - bien que vous
appréciez le Bordeaux et je vous en félicite -
mais
imbibé de ce genre de lectures, aussi divers
soient-ils...
Oui. Ce sont des chemins dangereux. Effectivement, si on
s'imbibe et fait une indigestion d'auteurs comme ça,
de lectures, ça devient sa vie de tous les jours, ses
pensées de tous les jours donc on finit par... A la fois
c'est passionnant et pourquoi c'est passionnant ? Parce
qu'on ressent ces mêmes choses. Donc, fatalement, se
crée un lien entre l'auteur et le lecteur. Maintenant,
ça peut être dangereux si on ne s'abreuve que
de...
C'est pour
ça qu'il y a Mary Higgins Clark...
... Oui, peut-être. Parce qu'il y a toujours ces
ingrédients mais il y a toujours une notion d'espoir,
j'imagine. Oui, il faut avoir le recul nécessaire pour ne
pas effectivement essayer d'illustrer ce que l'on lit, en
tout cas de l'appliquer à sa vie, voilà.
Vous êtes
en train de nous avouer quand même,
professionnellement, à travers vos lectures, vous avez une
formidable
conscience des limites, un recul, une
sérénité par
rapport à vous-même...
Oui, je le pense. Parfois, je n'aime pas ça, je n'aime pas
cette maîtrise.
Ça vous
empêche une folie, ça empêche une folie
d'être trop maître de soi, d'être trop
lucide finalement ?
D'une certaine manière, oui. Et une trop grande
lucidité mène à un cynisme parfois. Et
ça,
je m'en défends aussi parce qu'être cynique,
je crois, ce n'est pas très intéressant pour sa
vie ni
pour les autres. Mais, là encore, c'est moi qui suis
responsable de ça.
Diffusion de publicités.
Retour sur
Nostalgie dans ce "Déjeuner de gala" avec Mylène
Farmer. Un petit clin d'œil
à votre nom : 'Farmer', c'était un
personnage d'un film que Jessica Lange a tourné etc. Enfin,
bref... Aujourd'hui, si vous deviez choisir un autre nom en
référence, ça serait Greta ?
Non ! (rires)
Non ? Ça
changerait pas ?
E.T., ça me conviendrait parfaitement. (rires)
Greta,
ça m'arrange, c'était sur Cendres de lune...
J'ai bien compris, oui ! (rires)
Léo
Ferré, j'y reviens - oui, chacun les siens -
c'était la mélancolie, "la
mélancolie, c'est revoir Garbo" dans La
reine Christine. Pour vous, c'est quoi, la
mélancolie ?
Qu'est-ce que pour moi la mélancolie ?
Vous avez autant de
temps que vous voulez pour répondre...
Oui, mais plus je vais mettre du temps et plus la réponse
sera décevante...
Non,
peut-être que vous n'êtes pas
mélancolique. Donc, c'est un sentiment qui
n'évoque rien de spontané, justement.
Je la trouve très souvent dans la musique. Ecouter une
musique évoque chez moi une mélancolie. Mais
là,
précisément, non, je n'ai pas de
réponse...
Ecouter les Doors,
les Eagles, Gainsbourg, Dutronc, ça
c'est de la mélancolie, c'était votre...
Oui.
Vous êtes
allée voir, par exemple, Dutronc au Casino y a quatre ans ?
Non.
Barbara, aussi, qui
a bercé votre... Non ?
Non. Le dernier spectacle que j'ai vu, c'était Alanis
Morissette.
Barbara, qui vient
de sortir un album. "Il me revient, il me revient en
mémoire, il
me revient une histoire, il me revient des images". Ça,
c'est pas votre cas, ça, hein ?
Qu'il me revienne des images ? J'essaye le moins possible. (rires)
L'adolescence ne
revient jamais ? Vous n'aimez pas
l'adolescence d'une façon générale.
Est-ce que c'est parce que vous n'appréciez pas le
manque de personnalité chez l'autre ? Est-ce qu'on
peut faire le lien ?
Je n'aime pas l'adolescence... Là encore, je
n'ai évoqué que la mienne. C'est un passage
que je n'ai pas aimé du tout, du tout.
Peut-être
dans le regard des autres adolescents que vous croisiez à
l'époque ?
Ça, de toute façon. Mais avant tout, on ne s'aime
pas
soi-même et là, pour ça, je crois que
je
n'avais même pas besoin du regard de l'autre.
Ça vous
plaît aujourd'hui d'être presque adulte ?
Je crois que je ne le serai jamais !
J'ai dit :
"presque"...
(rires) Oui, je me préfère aujourd'hui
qu'il y a cinq ans, six ans, dix ans, vingt ans. La trentaine est
quelque chose, oui, de plus doux pour moi en tout cas.
Ça
correspond à ce que vous imaginiez lorsque vous
étiez adolescente ?
Non. Là encore, je me suis toujours envisagée...
c'est plus une détresse qui venait à moi, donc de
s'envisager plus grand dans le temps est quelque chose qui
n'était pas là encore très doux.
Mantenant,
j'ai toujours entendu : "Vous verrez, l'âge de
trente ans ou la trentaine pour une femme est bien plus magique que
cette période qu'est l'adolescence" et,
j'avoue que je puis dire oui, en tout cas me concernant.
Là,
c'est à demi magique. Vous êtes au milieu de cette
décennie exceptionnelle.
Diffusion de
Vertige.
Vertige, toujours extrait de votre
album,
Mylène Farmer, Anamorphosée. Je vous
parle, puisque vous êtes notre invitée aujourd'hui
sur Nostalgie dans ce "Déjeuner de gala". On
parlait juste avant de votre adolescence. Vous ne répondrez
pas
si je vais un peu trop loin. Vous dites aussi avoir
été
en manque d'affectif. Est-ce qu'avec le recul vous avez
l'impression d'être passée à
côté d'une bonne thérapie pour soigner
cette
blessure ?
Là encore, puisque c'est une inconnue pour moi, je ne
peux pas répondre, en ce sens que je n'ai pas fait cette
démarche. Non, non... nous sommes tous d'abord des
êtres très sensibles mais il y a une
hypersensibilité que vous ayez dans le fond ou non cet
amour,
vous ne le percevez pas ou en tout cas pas peut-être
à sa
juste valeur, ou peut-être que vous en demandez une
surproduction
donc, en ce sens, vous allez souffrir. Donc, je dois faire partie, si
je
peux me caractériser, de cette catégorie
d'êtres hypersensibles donc, difficiles.
Et tournoie... : "Ton pire ennemi, tu peux
l'expulser de toi".
Là, ça fait partie, oui, de cette...
Il rôde
encore ?
Bien sûr. C'est pour ça. Là encore, je
pensais
à ça et à l'évocation du
bouddhisme
et toutes ces choses qui sont très belles et très
reposantes mais, malgré tout, on se lève le matin
et on
peut toujours avoir cette notion du mal qu'on a en soi, cette
capacité à faire le mal et cette
négation de soi et
toutes ces choses qui font que ça perturbe votre esprit. Et,
c'est là où c'est difficile, parce que
c'est là où vous décidez, vous
êtes
réellement maître ou de votre vie ou de votre
journée et décidez que non, ça va
aller mieux
parce que ça vaut le coup.
Ce
méchant, il s'appellerait Alice, l'araignée
malicieuse ?
Oui, tout à fait. (rires)
Alors,
ça m'amène à la scène.
Entre le
spectacle de 1989 et celui-ci, qu'est-ce que vous vouliez
absolument ne pas reproduire ?
Trop de tristesse.
Voilà.
On sait toujours ce qu'il faut pas faire. On
sait pas forcément ce qu'il faut faire. Mais
voilà,
c'est ça...
Oui, j'avais envie de... Mais là encore,
ça a commencé par l'écriture de
l'album. Donc, fatalement, la scène est
différente
puisque j'ai suggéré, moi, des choses avant, en
tout cas, mes changements intimes.
Ceci dit, si je
peux me permettre, le spectacle comporte la
quasi-totalité des nouvelles chansons mais, dans sa
globalité, ça ne représente que 40% et
pourtant le
spectacle a une tenue, c'est la même. Il est quand
même...
J'ai eu envie d'abord d'évoquer le blanc,
avec tout ce que ça peut évoquer pour l'autre.
Essayer de donner de la joie. Maintenant de la réflexion,
bien
évidemment, mais l'idée du show en soi.
L'idée du show qui est quelque chose de à la fois
factice, rapide mais quelque chose de fondé.
Diffusion de publicités.
Voilà.
C'est toujours votre "Déjeuner de gala"
sur Nostalgie. On est pratiquement en tournée. On parlait de
votre disque. C'est la scène actuelle. Ce soir vous serez
à Nîmes. Cet écran géant,
c'est votre
idée ? C'est pour avoir un spectacle à deux
vitesses ? Ce fameux show que vous venez de décrire et puis,
également, qu'on puisse vraiment lire dans vos yeux ?
D'une certaine manière, oui. Là encore,
c'est peut-être extrêmement narcissique mais
c'est... pensons aux personnes qui sont tout au fond et qui ne
voient que des petites choses sur scène qui bougent donc...
j'allais dire je me devais, non je ne me devais pas de le faire
mais, moi étant spectateur, c'est vrai que j'ai une
frustration si je ne vois pas les yeux de la personne. Donc,
voilà pourquoi cette idée de l'écran
géant et parce qu'il y a eu...
Surtout quand ils
sont jolis...
(rire) Et puis, l'envie aussi
de projeter des choses sur cet écran, parce que bien
évidemment il n'y a pas que moi. Evoquer
l'abstraction et, là encore, c'était une...
Et vos sourires, on
dirait - c'est peut-être fait
exprès - mais il y a des expressions très
agréables qui
nous propulsent vers le blanc, couleur de...
Là, c'est peut-être la différence alors
là par exemple entre la première scène
et la deuxième. Sur la première, je n'aurais
jamais pu avoir une
caméra qui reproduise justement mon visage en gros plan.
Ça,
c'est quelque chose qui m'aurait mortifiée parce que
peut-être que je n'étais pas prête pour
ça alors
que là, c'est quelque chose que je... c'est sans
doute, ça, le vrai changement : c'est de devancer
ça
et de dire : "Voilà, maintenant je vais vous donner aussi
mes clignements d'œil, mes larmes, mes joies, mes sourires,
mauvais ou bons profils, peu importe, je me livre." (rires)
"Dieu vomit les
tièdes", ça c'est vous qui l'avez...
C'est dans la Bible ! (rires)
Oui, oui. Je vous
cite. Je l'ai noté et je voulais
rebondir là-dessus. Vous êtes dure dans le travail
? Vous
avez l'œil à tout ? Vous maîtrisez tout ?
Maîtriser, je ne sais pas, mais en tout cas je fais en
sorte, oui, que de maîtriser le maximum. Dure, probablement.
Pénible, à mes heures sans doute. Mais,
maintenant, je
respecte l'autre, donc je pense que...
Les
réactions, lorsqu'il y a un point qui vous agace,
elles sont spontanées ou réfléchies
pour apporter
la solution ou pour essayer d'imposer votre vision des choses ?
Elles sont... Là encore, c'est pas aussi simple
que ça. Je m'enflamme très, très vite.
Donc, parfois, je...
Même si dans le fond, la réponse a
été
donnée tout de suite, parfois elle est un petit peu trop...
je ne
trouve plus le mot... démesurée, mais, en tout
cas, elle
est instinctive.
Diffusion de
Laisse
le vent emporter tout.
Laisse le
vent emporter tout.
C'est
Mylène Farmer, extrait de votre album Anamorphosée. Continuons ce
"Déjeuner de
gala" sur Nostalgie. On faisait référence tout
à l'heure sur l'album aux guitares de Jeff Dahlgren.
Est-ce qu'il y a eu d'autres ingrédients comme
ça sur l'album et sur la scène que vous vouliez
absolument avoir à vos côtés pour
perdurer ce
nouvel élan ?
Sur la scène, oui. Avoir des musiciens qui ont envie de
jouer.
Pourquoi...
ça existe...
Oui. Parce que dans ce métier, ça peut devenir
une
routine très facilement. Donc, on vient en studio, on fait
une
séance et on s'en va... Qu'il y ait une
énergie centrale sur scène, qui sera la mienne
puisque je
vais être le point central et, à la fois des
danseurs et
des musiciens. Si i'il n'y a pas une osmose parfaite, en tout
cas un réel désir commun, je crois que c'est
quelque chose qui est à moitié gagné.
Donc, outre
les capacités et les talents de musicien, il y a aussi ce
vrai
désir que de se dire qu'à chaque fois un
spectacle est quelque chose d'exceptionnel et qu'il faut
tout donner.
Cette osmose, on la
ressent tout de suite ? Non. Bien entendu, il faut du temps.
Je crois que là encore, c'est plus
l'idée de l'instinct qui vient quand on fait le
choix des musiciens et puis après, je crois que c'est,
malgré tout à la fois et un travail et un
partage.
C'est-à-dire, c'est vrai qu'il y a beaucoup de
moments, par exemple pendant les répétitions, que
ce
soit avec des danseurs ou avec des musiciens, il y a beaucoup de
moments, après la scène, avant le spectacle, et
tous ces moments-là sont... à la
cantine... Ça peut paraître ridicule, mais ce sont
des
moments qui sont importants à chaque fois parce qu'il y a
une vraie ou communication, ou communion et que c'est là
que se construit réellement ce que les gens vont ressentir
sur
scène.
A la cantine,
comment on se détend ? On parle de blagues ou
on continue à peaufiner les détails ou se dire
: "Ca, c'était pas bien ; ça,
c'était bien" ?
Il y a toujours ces choses-là qui surviennent. Mais en
général, pour un tel spectacle, parce que c'est
quelque chose qui est obligé d'être
extrêmement calibré. Après, vient le
temps de...
Ça doit
être parfait avant qu'on l'ait commencé ?
Parfait... là encore, je me méfie un petit peu de
ces
mots en parlant de moi et de ce spectacle, mais en tout cas les choses
techniques, par exemple, doivent être extrêmement
étudiées sinon, on va à une
catastrophe.
Vous vous aimez,
parfois ?
(hésite, soupire puis rit) Sans doute, oui. Sans doute.
Vous aimeriez
être l'amie de Mylène Farmer ?
Je... Euh... Posez-moi une autre question ! (rires)
"De ce paradoxe je
ne suis complice - Souffrez qu'une
autre en moi se glisse". Eh, Eh ! Est-ce que
l'illogisme serait donc la seule logique possible ? Oh ! C'est
compliqué !
Je vais avoir mal à la tête bientôt !
(rires)
On a
bientôt fini, ... docteur ! C'est vous qui... c'est en lisant
vos chansons, en les écoutant ça inspire ce genre
de... Mon imaginaire a fonctionné, vous voyez. Donc,
forcément,
c'est vrai que vous avez peut-être des difficultés
à y répondre puisque... "Mais qui est l'autre" ?
Diffusion de
Et
tournoie...
Et
tournoie... C'est
Mylène
Farmer, bien entendu, notre invitée aujourd'hui dans ce
"Déjeuner de gala". Je reviens sur la scène.
C'est Paco Rabanne qui vous habille. Vous voyez, j'ai
tout noté parce que je peux pas tout me souvenir, moi... En
1989, c'était Thierry Mugler, qui avait fait aussi le clip
de XXL...
Oui...
Il y a eu Gaultier
sur le clip de Je t'aime
mélancolie,
Alaïa Azzedine sur le clip de Que mon
cœur lâche... Non ? C'est pas ça
?
Oui !
Bref... C'est une
vraie collection ! C'est drôle, ça... (ironique)
Oui. J'aime bien les couturiers.
Vous jouez sur
scène avec ces tenues ? C'est une façon de vous...
Oui. Là encore, j'ai travaillé assez longtemps
avec l'équipe de Paco Rabanne.
C'est une
volonté de changer, comme ça,
d'aller de l'un à l'autre qui ont quand
même des styles très différents ? C'est
pour...
Oui. Encore que sur la première scène,
à part
deux ou trois tenues, Thierry Mugler n'était pas si en
avant que ça. C'est-à-dire qu'il a
accepté
de prêter son talent mais de respecter aussi mon univers. Je
fais
allusion à
Tristana,
par exemple, qui
était des manteaux russes avec des écharpes, des
gants :
c'est pas très Thierry Mugler ! Maintenant, pour Paco
Rabanne, l'idée c'était que ce soit
près du corps, que ce soit ce qu'on appelle sexy !
(rires)
Et talons hauts,
cette fois-ci !
Et talons qui sont très, très hauts. (rires) Et
Paco Rabanne, là encore, ça fait partie des
rencontres et
des choses qui deviennent presque une évidence une fois que
c'est choisi. C'est quelqu'un qui aime le blanc,
c'est quelqu'un qui aime l'énergie, qui aime
autant de choses qui avaient un rapport avec ce show.
Alors, dans le
monde de la mode, dans le monde de la chanson, il y a
forcément moult personnes qui essaient de vous approcher,
non ?
Des projets, vous devez en avoir...
Non. Pas tant que ça.
Pourquoi ? Vous
faites peur ?
Je ne sais pas. Mais non, il y a pas tant de...
Restons sur le
domaine de la mode. Il y a pas beaucoup de
personnes au monde qui réclament autant de tenues pour une
scène et surtout des tenues qui sont mises en valeur, qui
servent à quelque chose, non pas simplement à
dire : "Vous avez vu ? J'ai une belle tenue !". Donc
forcément, ça doit attiser les esprits fertiles.
Mais non ! Alors, est-ce que c'est propre à ce pays ?
J'en sais rien. Mais c'est plus à soi à
chaque fois de faire des démarches et d'avoir des
désirs et d'aller vers l'autre plus que créer
de réelles envies chez l'autre. Non...
J'avais juste
noté : il y avait Baudelaire aussi,
j'ai oublié, avec L'Horloge, que
vous aviez... sur l'album Ainsi soit
je... :
"Trois mille six cents fois par heure, la
seconde chuchote : souviens-toi'. Ça, ça doit
vous
énerver, ça ! C'est pas vous, ça !
(rires) C'est plus moi. Ou j'essaye de ne plus l'être. (rires)
J'avais
noté également, pour essayer
d'en finir avec cet album, Anamorphosée,
sur Mylène
s'en fout,
cette
pureté à travers le jade, ce minéral
chinois. La
pureté, ça pourrait être aussi un mot
pour vous
définir ?
Oh ! Là encore, c'est un exercice que je ne ferai pas,
tenter de me définir. Donc, je vous laisse ces
mots-là,
mais le jade, l'évocation du jade qui évoque
effectivement la pureté, l'idée aussi d'un
matériau brut, d'un matériau qui n'est pas
précieux mais qui devient avec le temps quelque chose de
précieux... mais là, je ne m'évoquais
pas moi,
précisément.
Alors,
j'espère que 'c'est sexy'
Nostalgie... En tout les cas, c'est vrai qu'essayer de
découvrir quelqu'un, de percer un
mystère,
ça peut amener un grand risque : la déception. Je
peux
vous dire que vous êtes l'exception qui confirme la
règle !
C'est gentil ! Mais, je pensais exactement à ça,
à savoir est-ce que je n'ai pas déjà
trop
parlé ? (rires)
Et, je voulais
finir en vous paraphrasant : laissons le vent emporter
tout, laissons Mylène prendre soin de tout. Voilà
!
(rires) C'est gentil à vous en tout cas ! Merci !
Merci.