Mylène
Farmer : Le bonheur je ne sais pas ce que c'est. Je ne connais que des
moments d'extase ponctués de désespoir et
d'anéantissement.
France Soir : Pour
la première fois elle a pris la plume et écrit
les textes de son album disque de platine Ainsi soit je...
Mylène
Farmer : J'ai le démon
de l'écriture. J'y pensais depuis longtemps et j'ai mis fin
à mes inhibitions. Ecrire, c'est à la fois un
viol et une jouissance.
France Soir : La
chanson Pourvu qu'elles
soient douces.
Mylène Farmer : J'avoue. C'est une chanson
pamphlétaire. Elle s'adresse à la grande
perversion des hommes, du moins celle qu'ils pensent s'accorder.
France Soir : Car
la perversion n'est pas l'apanage de la seule gent masculine.
Mylène Farmer : Je ne pense pas être une perverse
sexuelle. Et puis, une perversion, cela peut être la
normalité non ? Tout dépend de ses propres
valeurs.
France Soir : Le
sexe est-il la seule chose qui importe dans la vie de Mademoiselle
Farmer ?
Mylène
Farmer : Je crois que je pourrais
vivre sans. Mais pas sans fantasme : je vis de fantasmes et c'est une
mortification de savoir que je ne pourrai pas tous les assouvir.
France Soir : Son
fantasme habituel : vivre avec trois hommes sans qu'aucun ne connaisse
l'existence des deux autres.
Mylène Farmer : Trois amants car trois est le chiffre
parfait.
France Soir : Bien
qu'elle se dise pudique, elle n'hésite pas à se
montrer fort dénudée dans ses clips.
Mylène Farmer : Quand je me vois à
l'écran, je n'ai pas l'impression que c'est moi. Je suis
d'une pudeur maladive. Je suis gênée quand je me
déshabille, même devant l'homme que j'aime.
France Soir : A
défaut d'enfants (elle n'en désire pas) elle
élève deux singes capucins. Comme eux elle
possède de multiples facettes qui la rendent insaisissable.
Mylène Farmer : Je suis sincère. Je vis dans mon
monde pour oublier la réalité. J'ai peur du noir.
Quand je suis dans le noir, je ferme les yeux
France Soir :
Quelle serait la pire des audaces ?
Mylène Farmer : Vous embrasser sur la bouche, là,
immédiatement.