Mylène Farmer - Interview - Le 12/13 - FR3 Aquitaine - 06 mars 1985
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Date06 mars 1985
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Média / TVLe 12/13 - FR3 Aquitaine
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Interview parMichel André
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Catégories interviews
L'autre invité de l'émission est le célèbre acteur Jean Richard.
Michel André : Mylène Farmer avec son nouveau 45 tours et ce titre irrévérencieux On est tous des imbéciles.
(...)
Michel André : (s'adressant à Jean Richard) Alors je voudrais vous demander : vous connaissiez Mylène Farmer ?
Jean Richard : Pas du tout ! (rire de Mylène) Mais j'ai eu énormément de plaisir à l'entendre tout à l'heure !
Michel André : Vous avez entendu ce qu'elle a chanté ?
Jean Richard : Ah oui !
Michel André : Nous sommes tous des imbéciles !
Jean Richard : Tous des imbéciles ! Et elle a l'air de s'y connaître ! (Mylène rit)
Michel André : D'où vient ce titre ?
Mylène Farmer : D'où vient ce titre ? Je vais vous dire surtout qu'il est très bien accueilli en général.
Michel André : Ah ouii... Mais ça c'est un autre problème. C'est une provocation systématique ? Parce qu'une autre chanson, c'était Maman a tort.
Mylène Farmer : De la provocation, certainement. Agressive, je ne pense pas.
Michel André : Non, je n'ai pas parlé d'agressivité.
Mylène Farmer : Non, mais on m'a déjà parlé d'agressivité.
Michel André : Ah ! Oui, oui, mais attention, moi je ne suis pas responsable de ce qu'on a pu vous poser comme questions ailleurs qu'ici.
Mylène Farmer : Oui, oui, de la provocation je crois qu'on en a besoin pour sortir un peu de la masse.
Michel André : Alors vous êtes née à Montréal...
Mylène Farmer : Oui. Au Canada.
Michel André : Ah c'est au Canada toujours ? (avec un ton ironique / rire de Mylène) Et vous aimez les voyages. Vous y êtes retournée ?
Mylène Farmer : Non, je n'y suis jamais retournée. Je voyage dans la France pour l'instant. Et j'avoue que je ne suis pas retournée au Canada, non.
Michel André : Mais qu'est-ce qui vous pèse le plus dans cette France d'aujourd'hui, dans ce métier que vous faites ? Et, vous êtes quand même, je ne dirais pas débutante, mais vous êtes une toute jeune chanteuse.
Mylène Farmer : Oui. Qu'est-ce qui me pèse le plus ?
Michel André : Oui. Et qu'est-ce qui vous fait aussi le plus plaisir ?
Mylène Farmer : Si je pense à mon métier, je pense que c'est un métier difficile qui est pesant quotidiennement, mais qui est aussi à la fois essentiel pour moi et plein de réjouissances. Enfin, c'est...
Michel André : Vous aviez des raisons spéciales de vous lancer dans la chanson : une famille d'artistes ou de musiciens ou un entourage...
Mylène Farmer : Non. J'avoue que j'ai eu beaucoup de chance et c'est un peu par hasard. Moi je m'orientais plutôt vers une carrière d'actrice, si elle m'était proposée. Et puis la chanson est arrivée très, très vite.
Michel André : En ce moment, on passe de l'un à l'autre assez facilement, alors la carrière d'artiste ça sera peut-être dans quelques années...
Mylène Farmer : Absolument. Après, je pense qu'il est plus intéressant de commencer, enfin en ce qui me concerne, de commencer par la chanson pour accéder au cinéma. Parce que souvent, l'inverse est beaucoup plus médiocre.
(...)
Michel André : Je demanderais en même temps à Mylène Farmer : est-ce que le cirque vous paraît toujours un grand moment de la vie artistique ?
Mylène Farmer : Euh... Je... Moi, j'avoue que le cirque ne m'a jamais beaucoup attirée. Peut-être les...
Michel André : Ça vous fait peur ?
Mylène Farmer : Non ! J'ai l'impression que c'est toujours un peu la même représentation qui se fait. Donc on va une fois au cirque, j'ai l'impression que ça n'évolue pas beaucoup.
Jean Richard répond ensuite à Mylène sur le sujet du cirque.
Mylène Farmer : Mais je veux bien. J'avoue que de toute façon je suis profane en la matière donc c'est vrai que je n'ai pas vraiment à porter de jugement. Mais ce sont des gens que je respecte en tout cas parce qu'ils font un métier très dur et assez beau, oui.
(...)
Michel André : Et Mylène Farmer ? (le sujet abordé avec Jean Richard juste avant cette question était la formation des artistes pour le cirque dans des écoles)
Mylène Farmer : Moi j'avoue que je préfère, oui, les personnes qui apprennent sur le tas. (Jean Richard approuve) Je crois que c'est plus intéressant pour un artiste. Je pense pas qu'on apprend le talent, d'une part...
Michel André : Oui mais il n'y a pas un moment où, par exemple, sur le solfège, sur la composition, ou autre, il y a des besoins qui se font sentir ?
Mylène Farmer : Mais non, c'est justement un peu le propos de la chanson (On est tous des imbéciles, NDLR), c'est que effectivement il y a la musique, qui est quand même un art très large. Moi, c'est plutôt variété et je suis interprète donc, très peu musicienne, et je le reconnais et à la limite je le revendique. Donc c'est vrai que les notes de musique pour moi n'évoquent pas grand chose. J'ai pas besoin d'un... comment dire... d 'une éducation musicale pour faire ce métier.
Michel André : Mais comment en dehors de ça vous dialoguez, vous rencontrez le parolier, le compositeur, il y a une préparation qui se fait en commun ou ils vous amènent tout ça, tout prêt et puis vous prenez ça ?
Mylène Farmer : Non ! Bien sûr, il y a une préparation. Cela dit, moi j'interviens sur les terrains que je connais un petit peu, à savoir sur le texte, je peux intervenir, sur l'interprétation, ça c'est moi qui suis le maître, et puis les prestations... Mais en ce qui concerne la musique, je peux donner des indications ou donner mon avis. Mais c'est difficile de s'installer et de dire : "Voilà, je veux ça, ça, ça !" quand on ne connaît pas.
Michel André : Vous ne vous mettez pas au piano en préparant une chanson ?
Mylène Farmer : Non, j'avoue que je n'ai jamais joué de piano. Un peu de guitare, mais...
(...)
Michel André : Vous allez au cinéma, Mylène Farmer ?
Mylène Farmer : Oui. Moi si j'ai un jugement à porter, je dirais qu'il y a une carence effectivement dans le cinéma, mais français surtout. A savoir que je pense que...
Jean Richard : Ça en fait partie ce que je viens de dire là... le cinéma français en fait partie...
Mylène Farmer : Je pense qu'il y a suffisamment de metteurs en scène de talent, il y a beaucoup de moyens, beaucoup plus qu'avant. Et finalement, ça ne rattrape pas effectivement le cinéma de... d'avant...
Jean Richard : ... de 'papa' !
Mylène Farmer : ... qui était de qualité. Le cinéma de 'papa', oui.
Michel André : Quel est le genre qui vous intéresse le plus ? Le style fantastique ?
Mylène Farmer : Non ! J'aime pas du tout ! J'avoue que la science-fiction, j'ai beaucoup de mal ! J'aime bien les films qui ont des thèmes...
Jean Richard : Moi j'étale mes regrets sur la comédie américaine.
Michel André : Mais hier soir, FR3 a diffusé Dracula.
Mylène Farmer : Voilà. Ça je veux ! Tout à fait, oui !
(...)
Michel André : Alors, il faut écouter les chansons de Mylène Farmer ! Le prochain titre, vous l'avez déjà choisi ?
Mylène Farmer : Non. Le prochain, non. C'est en cours de préparation. Là, on prépare un album. Et je vous dirai ça dans quelque temps.
Michel André : Ça sera du même style que les deux précédents ?
Mylène Farmer : Ben, ça sera un peu de Maman a tort, un peu de On est tous des imbéciles, un peu de la face B, je crois qu'on essaye de...
Michel André : Ah oui ! Alors, la face B on n'a pas eu le temps de l'écouter, mais... L'annonciation...
Mylène Farmer : Ça s'appelle L'annonciation , oui, ce qui est encore assez provocant. (rire)
Michel André : Oui. Dédicace à Sainte Thérèse d'Avila et à Papa.
Mylène Farmer : Sainte-Thérèse d'Avila et à Papa, oui. C'était pour la rime. (rire) Et pour le plaisir aussi.
Michel André : Bien ! Bonne route et à Mylène Farmer avec ce nouveau disque...
Mylène Farmer : Merci.
Michel André : Vous le reconnaîtrez. Elle a une robe rouge sur le disque. Elle a voulu faire le contraste sur notre plateau. (Mylène est vêtue de vert pour l'émission, ndlr)
Mylène Farmer : Non. J'ai pris mon habit de clown pour Monsieur Maigret ! (rôle interprété pour le petit écran par Jean Richard, ndlr) (rire de Jean Richard)
Jean Richard : L'habit de clown pour Monsieur Maigret ! C'est très gentil comme idée.