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le 2/11/1986

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Mylène Farmer - Interview - Madame Figaro - 01er novembre 1991



  • Date
    01er novembre 1991
  • Média / Presse
    Madame Figaro
  • Interview par
    Danièle Thompson
  • Fichiers
    Mylène Farmer - Madame Figaro - 01 novembre 1991 Mylène Farmer - Madame Figaro - 01 novembre 1991
  • Catégories interviews


Les gens qui m'attirent sont ceux qui prennent des coups dans la gueule, ceux qui sont à la fois les plus brillants et les plus meurtris. Je n'ai aucune aigreur : le succès est venu si tôt. Mais aujourd'hui j'ai les moyens d'envoyer paître la vulgarité ! J'ai toujours considéré que j'avais tous les droits. Maintenant j'ai les moyens de mes convictions. Ce ne sont pas des caprices de star. Je me suis tracé un chemin, il ne me fait pas peur. Personne ne m'obligera à m'allonger sur une peau de panthère devant les caméras de télévision. Je ne l'acceptais pas quand j'avais besoin d'eux.
"Pour qui elle se prend celle-là ?" Je l'ai souvent entendu ! C'est encore plus facile de le refuser maintenant qu'ils ont besoin de moi.


Je m'ouvre doucement, instinctivement à l'art moderne et contemporain. J'aime la peinture abstraite parce que j'y lis ce que je veux ; on ne m'impose rien. C'est comme tomber amoureux de quelqu'un : on ne sait pas qui est vraiment "l'Autre" mais on a soudain envie de le connaître, de percer son mystère tout en sachant qu'on n'y arrivera jamais complètement.
J'ai une fascination pour les abstractions de Michaux et les toiles surréalistes de Marx Ernst. Je retrouve l'enfance, la magie du secret et de l'indéfini à travers leurs oeuvres. La peinture est un viol ; on s'y ouvre ou pas ; lorsque le viol se transforme en amour, c'est magnifique. J'aime aussi passionnément la peinture d'Egon Schiele. J'aurais pu être son modèle. Lorsque je me regarde dans un miroir, j'ai l'impression d'être une de ses rousses écorchées. Il a tout compris, jusque dans la manière de signer ses toiles. Il y a sans cesse en lui un mélange de vie et de mort, comme s'il avait été conscient qu'il disparaîtrait à vingt-huit ans. La peinture synthétise la vraie folie, l'exaltation la plus intime. Curieusement, j'ai connu quelque chose qui se rapproche dans mon esprit de cette exaltation créatrice lorsqu'il y a deux ans je suis montée pour la première fois sur une scène. C'est la plus belle expérience de ma vie. La plus déstabilisante aussi. Mais les mots restent l'essentiel pour moi. Ecrire mes chansons, c'est ma raison de vivre. Peut-être parce que dans mes textes je ne parle que de moi ! C'est de l'égocentrisme artistique...