Les brèves

Duel

Souviens-toi

MF 24/7 : les brèves

Nevermore à Melbourne
Insta Jeff Dahlgren
Reportage Mylène Delahousse...
Intro NEVERMORE LE FILM
Plus qu'une semaine !
Merchandising Nevermore

Souviens-toi du jour

le 2/11/1986

il y a 38 ans

Mylène invitée de "Coeur et pique" sur la RTBF

Duel L'Âme-Stram-Gram

Voter
2000
Mylenium Tour
Voter
2009
Tour 2009

Résultat du vote

29%
71%
X

Mylène Farmer - Interview - Mon zénith à moi - Canal + - 10 octobre 1987



  • Date
    10 octobre 1987
  • Média / TV
    Mon zénith à moi - Canal Plus
  • Interview par
    Michel Denisot
  • Fichier
  • Catégories interviews



Michel Denisot : Bienvenue à toutes et à tous ! Après Jean-Jacques Beineix et ses fauves, c'est Mylène Farmer et sa chimpanzé qui font leur "Zénith" ce soir ! Mylène nous expliquera dans quelques instants pourquoi cette passion pour les chimpanzés. D'abord, je voudrais rappeler que vous êtes installée dans le show-biz et dans le Top 50 depuis déjà trois ans, avec trois titres, trois succès, qu'on a une image peut-être encore un peu trouble de vous, en tout cas troublante ne serait-ce qu'à cause tous les clips que vous faits, une image assez troublante de Mylène Farmer. (...) Il y a eu Libertine, il y a eu  Tristana et puis vous aviez commencé avec une chanson qui s'appelle Maman a tort où vous étiez amoureuse d'une infirmière.
Mylène Farmer :  Absolument.


Michel Denisot : Vous entretenez une espèce d'ambiguïté autour de vous ?
Mylène Farmer : Je ne sais pas si je l'entretiens. Je crois que ça fait partie de ma vie, cette ambiguïté, ce paradoxe.


Michel Denisot : Alors, on commence par vos fantasmes. Votre fantasme c'est quoi ?
Mylène Farmer : C'est tout ce qui est paroissial. C'est vrai que c'est le prêtre !


Michel Denisot : Le prêtre, c'est un fantasme qui va jusqu'au fantasme sexuel ?
Mylène Farmer : Oui, ça pourrait aller jusqu'au fantasme sexuel. J'ai eu une éducation religieuse tout à fait normale, mais je n'avais de cesse que de séduire le prêtre qui enseignait le catéchisme !


Michel Denisot : C'est déjà arrivé ?
Mylène Farmer : Ce n'est jamais arrivé, je vous rassure tout de suite ! (rires)


Michel Denisot : Ça peut arriver ! Ça arrive au cinéma puisqu'il y a une référence cinématographique qu'on va faire d'entrée...
Mylène Farmer : Absolument oui, on a pris Les diables de Ken Russel.


Michel Denisot : Les diables, où c'est l'histoire d'un prêtre qui a une vie sexuelle assez intense.
Mylène Farmer : Voilà. Ca se passe sous l'Inquisition et c'est un film merveilleux.


Michel Denisot : Alors on voit un extrait des Diables et puis on est allé mener une enquête, on a demandé à deux prêtres, on leur a dit "Voilà, Mylène Farmer rêve de vous !". Alors d'abord l'extrait des Diables et puis la réaction au fantasme de Mylène Farmer. 



Diffusion d'un extrait du film Les Diables puis des deux témoignages des prêtres.



Michel Denisot : Le deuxième vous donne rendez-vous, mais quand même c'est pour vous ramener dans le droit chemin, si je puis dire !
Mylène Farmer : Dans le droit chemin, oui !


Michel Denisot : Vous pensez quoi de ces réactions ?
Mylène Farmer : Moi je trouve ça plutôt séduisant ! C'est bien de se prêter à ce jeu-là, déjà, à cette interview. Maintenant, ça ne m'empêche de garder, de conserver ce fantasme !


Michel Denisot : Et c'est un fantasme de petite fille que vous gardez ?
Mylène Farmer : Pas réellement de petite fille. Je crois que j'ai cultivé ça, et c'est vrai que c'est plus maintenant que ça ressurgit. Mais quand il dit (le premier prêtre, NDLR) qu'on est très éloigné de l'Eglise, au contraire : lors du confessionnal on est très, très approché, c'est très intimiste et c'est un moment qui est très proche pour les deux personnes.


Michel Denisot : C'est très émouvant une confession ? Vous y allez pour le plaisir ?
Mylène Farmer : Moi je vous avoue que je ne me suis confessée qu'une seule fois, et là c'était quand j'étais petite et c'est vrai que j'ai eu un trouble.


Michel Denisot : Vous n'avez pas envie d'y regoûter ?
Mylène Farmer : Non, pas dans l'immédiat, je vais attendre ! Je vais peut-être aller voir ce monsieur, alors ! (le second prêtre interviewé, NDLR)


Michel Denisot : En plus, enfin j'y connais pas grand-chose, ils ont l'air bien !
Mylène Farmer : Absolument ! (rires) Mais moi j'aime bien le prêtre version avec l'habit de ville, comme dans L'Exorciste, avec cet habit comme ça, avec le col roulé !


Michel Denisot : A plastron, costume de clergyman, quoi !
Mylène Farmer : Oui. Davantage, oui ! Parce que la robe, ça, non ça me gêne un petit peu !


Michel Denisot : Bien ! Alors, l'histoire du singe : vous vivez avec un singe ?
Mylène Farmer : Oui, j'ai un petit singe. C'est un capucin, qui est beaucoup plus petit que celui-ci (référence au chimpanzé assis aux côtés de Mylène pendant l'émission, NDLR) et que j'ai depuis deux ans.


Michel Denisot : Pourquoi ?
Mylène Farmer : Parce que j'ai une fascination pour cet animal parce que c'est du mimétisme avec nous, c'est fascinant.


Michel Denisot : Vous avez filmé le singe chez vous. Il est beaucoup plus petit que celui-là, hein ! 
Mylène Farmer : Oui, beaucoup plus petit.


Michel Denisot : Vous lui faites faire tout ce que vous voulez ?
Mylène Farmer : Tout ce que je veux ? Tout ce qu'il veut bien faire !


Michel Denisot : Oui ?
Mylène Farmer : Oui c'est différent !



Diffusion da la séquence filmée par Mylène.



Michel Denisot : Vous préférez la compagnie des singes à celle des hommes ?
Mylène Farmer : Non, ce serait idiot de dire ça. Mais c'est vrai que je me sens vraiment, j'allais dire, très proche d'eux, vraiment très, très bien avec eux. J'ai une communication qui est très facile avec eux. J'ai le souhait un jour d'élever beaucoup de singes.


Michel Denisot : Et pourquoi ? Parce que c'est plus facile à manipuler qu'un être humain ?
Mylène Farmer : Non, je crois qu'il faut pas essayer de faire de comparaisons. Simplement parce que j'aime cet animal, que j'ai une fascination vraiment pour cet animal.


Michel Denisot : Alors vous avez choisi pour la partie musicale... c'est une émission où il y a beaucoup de femmes ! (rires de Mylène) Il n'y a qu'un homme qu'on va voir sur un clip, c'est Peter Gabriel tout à l'heure sinon j'ai remarqué, c'est quasiment que des femmes !
Mylène Farmer : C'est contre ma volonté, alors ! J'avoue que j'ai pas du tout...


Michel Denisot : Ben c'est vous qui avez tout choisi, c'est pas moi !
Mylène Farmer : Oui, absolument mais j'ai pas du tout pensé à ça !


Michel Denisot : Faut pas que je cherche d'explications à ça !
Mylène Farmer : Non, réellement pas !


Michel Denisot : Alors les premières à chanter ce sont les Mint Juleps, qu'on commence à bien connaître en France, qu'on a découvert sur Canal déjà l'année dernière dans "Zénith". Ce sont quatre sœurs et deux copines en fait qui chantent quasiment sans orchestre, et ça c'est assez fascinant. Pour vous, c'est ça la vraie chanson ?
Mylène Farmer : Non, j'ai pas envie de qualifier ça. Moi j'ai découvert cette chanson au travers d'un film publicitaire et j'avoue qu'après je les ai découvertes elles et que je les trouve très, très bien, oui.



Les Mint Juleps chantent Every Kinda People sur le plateau de l'émission.



Michel Denisot : (...) Vous avez commencé à chanter à quel âge ?
Mylène Farmer : Je vais répondre comme presque tout le monde : sous ma douche certainement très jeune ! Mais réellement, à vingt-deux ans.


Michel Denisot : Vous avez décidé d'être chanteuse à ce moment-là seulement ?
Mylène Farmer : C'est-à-dire que j'ai eu beaucoup de chance. J'ai rencontré une personne qui m'a proposé cette chanson qui était la première, Maman a tort, et puis après ma foi, c'est beaucoup de travail et puis...


Michel Denisot : Sinon vous étiez partie pour faire quoi ?
Mylène Farmer : J'avais très envie, je suivais, moi, des cours de théâtre, donc j'avais très envie de m'orienter vers le cinéma ou le théâtre et parallèlement je suivais beaucoup de cours d'équitation. Donc j'avais cette dualité, je savais pas : peut-être l'équitation, peut-être le théâtre ou le cinéma.


Michel Denisot : C'est vrai que jusqu'à l'âge de 14 ans on vous prenait souvent pour un garçon ?
Mylène Farmer : Absolument, oui ! Moi j'ai cette réflexion qui est gravée dans ma mémoire, c'était un gardien de l'immeuble et j'étais allée chercher le courrier et il me demandait comme je m'appelais et j'ai répondu : "Mylène". Et il m'a dit : "C'est très joli Mylène pour un petit garçon". Très sérieusement.


Michel Denisot : D'où le titre peut-être de la prochaine chanson qui va sortir bientôt !
Mylène Farmer : Vous êtes bien renseigné ! (rires)


Michel Denisot : Qui s'appelle ?
Mylène Farmer : Ce sera Sans contrefaçon.


Michel Denisot : Sans contrefaçon, je suis un garçon !
Mylène Farmer : Je suis un garçon (sourire)



Pause publicitaire.




Michel Denisot : (...) On va commencer avec les images d'actualité que vous avez choisies. Ce sont des images, je préviens tout de suite tout le monde, qui sont très, très dures. Pourquoi ces images très dures ?
Mylène Farmer : Parce que j'aime la violence.


Michel Denisot : Vous aimez la dénoncer ou vous aimez la regarder ?
Mylène Farmer : J'aime la regarder.


Michel Denisot : Vraiment ?
Mylène Farmer : J'ai, je dirais pas un plaisir sadique, mais c'est presque ça. J'ai une complaisance dans la violence, dans les images de mort presque, oui.


Michel Denisot : Alors, là ce sont des images extraites d'un document d'Amnesty International, je crois. Ce sont des exécutions : on va voir des corps coupés. C'est troublant, ce que vous nous dites ! (des images où l'on voit des hommes sur une potence cagoulés puis pendus sont diffusées, NDLR) C'est un plaisir que vous avez à regarder ça ?
Mylène Farmer : C'est-à-dire qu'il faut faire attention à dire des choses comme ça mais c'est vrai que je dis que ce sont, moi, des images qui m'attirent. C'est des choses bouleversantes, oui. Là on a vu des pendus, par exemple, j'ai toujours pensé qu'un jour je mourrai pendue. Ça, depuis très longtemps la pendaison me fascine aussi.


Michel Denisot : Et là, celui-là c'est une exécution... (diffusion d'images d'exécution d'un homme au revolver, NDLR)
Mylène Farmer : Ça c'est une image, c'est dommage qu'elle soit statique parce que j'aurais bien aimé avoir le reportage parce que c'est l'appréhension de la mort, il y a toute cette approche, il y a cette personne qui va tirer... Enfin ça suscite plein de réflexions, c'est assez étonnant. J'aime bien voir ça.


Michel Denisot : Mais vous êtes attirée par ça ? La mort vous attire, vous excite ?
Mylène Farmer : Je suis attirée... Je crois qu'il y a une forme d'excitation, certainement. Moi j'ai très, très peur de la maladie mais de la mort, beaucoup moins. Et pendant ce temps-là Cheeta est en train de me mordre très fort les doigts ! 


Michel Denisot : Ouh lala ! Bon, on va la garder encore quelques instants et puis on va la libérer à son tour parce que pour elle c'est pas marrant...
Mylène Farmer : Oui...


Michel Denisot : Alors les photos personnelles que vous avez apporté : on va vous voir enfant. Votre enfance, vous l'avez passée où ?
Mylène Farmer : Je l'ai passée essentiellement à Montréal, au Canada. Et puis après, une vie...


Michel Denisot : (diffusion d'une photo de Mylène bébé allongée sur le ventre, NDLR) Alors ça, voilà ! On vous voit enfin nue ! (rires de Mylène) (diffusion d'autres photos de Mylène bébé, NDLR) C'était la première fois, parce qu'on vous a vue nue dans les clips, aussi, ensuite ! Vous aimez vous montrer ?
Mylène Farmer : Ben ça encore, c'est un paradoxe. J'aime me montrer... (diffusion d'une photo de vacances montrant Mylène et Laurent Boutonnat puis d'une photo blanche)


Michel Denisot : (il l'interrompt) (...) Une photo toute blanche, pourquoi ?
Mylène Farmer : Toute blanche parce que je voulais faire une trilogie, c'est-à-dire que c'était moi enfant, moi la rencontre de Laurent Boutonnat, qui est mon producteur et compositeur, et puis l'avenir...


Michel Denisot : L'avenir est en blanc ?
Mylène Farmer : L'avenir est en blanc pour l'instant.


Michel Denisot : Vous aimez vivre comme ça dans l'incertitude ? Vous n'aimez pas par exemple dire "Ma vie, ma voie est tracée, ma vie personnelle je sais comment ce sera" ?
Mylène Farmer : Oui, je crois que je préfère cette incertitude.


Michel Denisot : Totalement ?
Mylène Farmer : Oui. Oui, oui.


Michel Denisot : Vous avez envie de vous mettre en danger ?
Mylène Farmer : Je suis quelqu'un du danger. Je n'aime pas les choses faciles. J'aime les rencontres difficiles, les personnalités difficiles. C'est vrai que la facilité ne m'intéresse pas, ne m'attire pas du tout.


Michel Denisot : Vous avez choisi Basia...
Mylène Farmer : Oui !


Michel Denisot : Qui est un bon choix aussi !
Mylène Farmer : J'aime beaucoup cette femme.


Michel Denisot : Une autre femme, et j'allais dire une étrangère : c'est vrai que vous n'avez pas fait de choix français ! Vous n'aimez pas la chanson française?
Mylène Farmer : Pas du tout, c'est-à-dire que moi j'avais demandé deux, trois personnes et ces personnes-là maintenant il y a beaucoup de décisions promotionnelles...


Michel Denisot : Et ça collait pas ?
Mylène Farmer : Et ça collait pas.


Michel Denisot : C'était qui ? On peut le dire !
Mylène Farmer : Oui, bien sûr ! Moi j'aime beaucoup, et je l'ai toujours dit, Jacques Dutronc. J'adore son univers.


Michel Denisot : Un album qui sort bientôt !
Mylène Farmer : Voilà, et il n'a pas pu venir. J'ai demandé également Taxi Girl, qui sort un 45 tours. C'est quelqu'un que j'aime bien. Et la troisième personne, j'avoue que j'oublie !


Michel Denisot : Et donc on va écouter Basia que vous aimez bien.
Mylène Farmer : Que j'aime beaucoup, oui. C'est quelqu'un qui a beaucoup de classe. Une femme qui est très belle et puis qui chante très, très bien.


Michel Denisot : Vous aimez le style un petit peu jazzy ?
Mylène Farmer : Avec elle, oui !


Michel Denisot : Votre nouvel album, puisque vous préparez un album, y a un simple qui va sortir donc...
Mylène Farmer : Fin octobre, début novembre.


Michel Denisot : Et l'album sortira en janvier.
Mylène Farmer : Et puis l'album, janvier. (l'album Ainsi soit je... sortira finalement le 14 mars 1988, NDLR)


Michel Denisot : Avec une autre couleur ? Vous aimez cassez les images ?
Mylène Farmer : Je pense que oui, c'est très bien pour un artiste. Et puis moi, j'ai besoin de ça.


Michel Denisot : Alors on écoute Basia, qui est l'invitée de Mylène Farmer : New day for you.



Basia interprète son titre New day for you.



Michel Denisot : Alors, la mode c'est quelque chose qui vous touche mais je sais que là aussi, vous n'aimez pas la facilité, vous ne vous habillez pas systématiquement chez quelqu'un de la tête aux pieds. On vous identifie quasiment, même dans certaines émissions si vous commencez une chanson de dos, ce qui était le cas récemment, on vous reconnaît tout de suite, je sais pas à quoi ça tient ! Au début, je crois, vous vous habilliez un petit peu avec Kate Barry, c'est ça ?
Mylène Farmer : Absolument, oui.


Michel Denisot : Qui est la fille de Jane Birkin, que vous aviez rencontrée et puis vous étiez habillée par elle et puis maintenant vous avez un autre...
Mylène Farmer : Je dois être très infidèle mais là j'ai rencontré donc Faycal Amor...


Michel Denisot : Qui est un nouveau styliste marocain, qui est né à Tanger...
Mylène Farmer : Oui et qui est quelqu'un qui occulte un peu le star-system pour l'instant.


Michel Denisot : C'est la première fois qu'on parle de lui peut-être dans une émission.
Mylène Farmer : Oui peut-être, oui ! J'aime beaucoup. Sa collection, c'est intitulé "Les enfants terribles" donc ce n'est pas pour me déplaire, et que dire d'autre ?


Michel Denisot : Alors vous avez conçu, parce que vous avez beaucoup travaillé sur cette émission, vous avez conçu la mise en scène de la mode qu'on va voir maintenant de Faycal Amor.
Mylène Farmer : Oui.


Michel Denisot : Et on vous retrouve en train de feuilleter un bouquin. Tournage qui a été fait sur ce plateau immense.
Mylène Farmer : Absolument, oui. On a repris les pneus des photos. (rires)


Michel Denisot : Et les modèles sont sur le livre et sur le plateau. Les voici.



Diffusion d'une séquence dans laquelle on voit Mylène assise sur une pile de pneus en train de feuilleter un livre de mode, puis présentation des modèles.



Mylène Farmer : Je sais pas si vous reconnaissez la musique, c'est Pinocchio ! (rires) (chanson When you wish upon a star du film de Walt Disney, NDLR) Je crois qu'on pourrait résumer sa collection par la sobriété raffinée, voilà !
 

Michel Denisot : C'est tout ce que vous aimez aujourd'hui ?
Mylène Farmer : C'est tout ce que j'aime oui. J'aime la sobriété, j'aime le raffinement.


Michel Denisot : Voilà les modèles de Faycal Amor, donc qui est un couturier qui démarre. Il est installé à Paris ?
Mylène Farmer : Oui ! Il a une autre marque qui s'appelle "Plein Sud" qui est peut-être plus connue des gens, probablement oui. Et puis donc "Faycal Amor" qui est une signature plus haute couture.


Michel Denisot : Vous aimez, parce que pour l'instant on peut dire que c'est un couturier un petit peu marginal il a pas une grande notoriété et puis vous disiez qu'il fuyait un petit peu le star-system...
Mylène Farmer : Absolument, oui.


Michel Denisot : Sauf aujourd'hui avec vous ! Mais vous aimez tout ça, vous aimez aller fouiner, découvrir des choses qui ne sont pas évidentes ?
Mylène Farmer : J'aime bien quelquefois aller vers les gens, oui, même si je suis plus fascinée comme vous disiez par les singes ! Quelquefois j'aime bien découvrir l'univers des gens !


Michel Denisot : Et à Paris quand vous sortez, vous allez dans des lieux où tout le monde va ?
Mylène Farmer : Jamais ! Je sors très, très peu. Je suis plutôt casanière, j'aime bien me protéger et rester dans un milieu clos.


Michel Denisot : C'est comment chez vous ? C'est noir ? C'est blanc ?
Mylène Farmer : J'ai une chambre qui est, c'est une révélation, une chambre qui est noire. On dirait presque un tombeau parce que c'est très bas de plafond, et tous les murs et le plafond sont noirs.


Michel Denisot : Comme Dutronc et Françoise Hardy ! Chez eux tout est noir.
Mylène Farmer : C'est ça, oui !


Michel Denisot : Et vous vivez bouclée chez vous ? Vous mettez le verrou ?
Mylène Farmer : Oui !


Michel Denisot : Vous avez envie de vivre comme ça, j'allais dire quasiment dans une prison ?
Mylène Farmer : C'est-à-dire c'est pas une envie, c'est une défense parce que je me sens assez mal quand j'évolue dans la rue.


Michel Denisot : Vous faites quand même du spectacle !
Mylène Farmer : Et pourtant je fais un métier public. Mais c'est le paradoxe. Je l'accepte !



Pause publicitaire.



Michel Denisot : Dans "Mon zénith à moi", vous le savez, on donne chaque semaine à l'invité une caméra et l'invité filme ce qu'il veut. Souvent les artistes se filment eux-mêmes, je ne sais pas pourquoi, et vous Mylène Farmer vous avez fait un autre choix : vous êtes allée à Garches, à l'hôpital où sont les enfants accidentés de la route, et...
Mylène Farmer : Pas essentiellement. Il y a des maladies génétiques, il y a de tout mais c'est vrai que ce sont essentiellement des enfants, par contre.


Michel Denisot : Vous y êtes allé parce que je crois, quand vous aviez dix, onze ans vous faisiez des visites comme ça.
Mylène Farmer : C'est vrai. Tous les dimanches, moi pour essayer d'échapper à ce dimanche, parce que je hais les dimanches, j'allais fréquemment à l'hôpital de Garches pour rencontrer ces enfants parce que je me sentais bien.


Michel Denisot : Alors on va retrouver dans ce film qui a été fait par Mylène Farmer une petite fille de 11 ans qui ressemble un peu à Mylène. C'était elle quand elle avait onze ans, voilà ce qu'elle faisait le dimanche. C'est un très beau document.



Diffusion du document réalisé par Mylène.



Michel Denisot : Qu'avez-vous ressenti en retournant comme ça, quelques années après ?
Mylène Farmer : C'est très émouvant. Je crois que je n'ai pas du tout trahi mon souvenir. J'ai eu le même plaisir de retrouver ces enfants, la même pudeur aussi parce que rentrer dans leurs univers, c'est assez difficile, il faut pas les brusquer. Et puis j'ai surtout rencontré une petite fille formidable, qui est la petite fille brune (présente dans le petit film,NDLRui est Eléonore et qui a une maladie qui a un nom paradoxalement aussi beau pour la maladie, qui s'appelle la maladie des os de verre et donc qui est extrêmement fragilisée : elle peut se fracturer quotidiennement les os.


Michel Denisot : Pour la partie humour de cette émission, et là c'est pas facile d'enchaîner, vous avez choisi Zouc. C'est un thème de l'enfance, aussi, du prochain spectacle de Zouc.
Mylène Farmer : Ce n'est pas que l'humour, Zouc. C'est proche de tout ce que j'ai essayé moi de montrer au travers de ce début d'émission. C'est quelqu'un que j'aime vraiment beaucoup, oui.



Diffusion d'un extrait d'un sketch de Zouc. Au retour plateau, Zouc est assise aux côtés de Mylène.



Michel Denisot : L'autre jour, je vous ai vue dans une émission où vous ne parliez pas au présentateur ! Vous aviez un problème de voix ? (il s'adresse à Zouc, NDLR)
Zouc : Moi j'ai fait ça ? (rires de Zouc et de Mylène)


Michel Denisot : On va pas y revenir ! Vous n'aimez pas trop les interviews ?
Zouc : Si ! Si, si... C'est des fois difficile, hein.
Mylène Farmer : Très difficile !
Zouc : On est très sœurs, à un endroit...
Mylène Farmer : J'ai l'impression, oui. J'aime, j'adore l'univers de Zouc. Moi si j'avais une définition, c'est quelqu'un qui a le geste, la voix et surtout le silence. C'est pour moi un personnage de Bergman, et Dieu sait si j'aime le cinéma de Bergman. Voilà, je ne sais pas si c'est un compliment pour vous, mais... J'aime vraiment beaucoup cette femme.


Michel Denisot : (…) Est-ce que vous êtes proche de l'univers de Mylène Farmer ? Parce qu'on a découvert plein de choses, enfin je pense que peu de gens s'imaginaient tout ça !
Zouc : La fascination (...), cette attirance pour une chose qui fait peur et en même temps on peut pas s'empêcher... Moi j'ai fait la même chose à mon arrivée à Paris : je voyais toujours les ambulances (...) qui passaient comme ça, je trouvais terrible de voir une action mais de pas voir l'autre côté.


Michel Denisot : Vous vouliez voir ce qu'il y avait dans l'ambulance ?
Zouc : Oui et moi je suis allée au Samu et je les ai suivis pendant très longtemps et un jour, j'ai plus pu.
Mylène Farmer : Moi il y a quelque chose, j'ai lu le livre de Zouc – que Cheeta m'a complètement déchiré (rires) et qui est vraiment formidable, je l'ai lu en une heure de temps. J'ai pris en exergue une petite phrase qui relate de son enfance, et elle dit : "Je ne voulais pas être un chou, je ne voulais pas être ici. Est-ce qu'il y a quelque chose pour moi ?", c'est à peu près ça. Et moi j'ai eu aussi ce sentiment durant mon enfance, c'est-à-dire je cherchais vainement un lieu où je pouvais me blottir.


Michel Denisot : Un lieu ou une identité ?
Mylène Farmer : Plutôt un lieu, et peut-être l'identité qui vient après.
Zouc : Un endroit où on vous laisse tranquille ?
Mylène Farmer : Oui, c'est ça. Un cocon, quelque chose où on peut se recueillir.


Michel Denisot : (...) Vous avez fait un autre choix qui concerne l'univers des enfants, c'est Bambi. Mais vous n'avez pas choisi un extrait gai, non plus !
Mylène Farmer : Non, c'est vrai. Là, ce qui m'étonnait, d'abord je pense et je trouve personnellement que c'est le plus beau film de Walt Disney, que c'est certainement le film que je verrai le plus de fois dans ma vie, que là c'est vrai c'est un extrait qui est très douloureux. Et ce qui était intéressant, c'est de voir que c'est très rare de montrer la mort de quelqu'un dans un dessin animé qui est adressé aux enfants, enfin plus spécialement aux enfants, et qu'en plus c'est la mort d'un parent. Ça c'est quelque chose qui est assez étonnant dans un dessin animé. Et donc là, c'est l'extrait de Bambi qui perd sa maman et qui retourne sous le bois, c'est la protection et c'est son père, toute l'image du père.



Diffusion d'un extrait de Bambi puis pause publicitaire.



Michel Denisot : Dernière partie du "Zénith" de Mylène Farmer avec un dernier extrait de film, c'est un film qui s'appelle Requiem pour un massacre d'Elem Klimov, qui vient de sortir.
Mylène Farmer : Qui n'est pas une très jolie traduction. En russe, je crois, ça veut dire "Va et regarde" et je n'aime pas beaucoup la traduction française.


Michel Denisot : Alors, en deux mots l'histoire du film donc, c'est pendant l'occupation nazie en URSS, il y a un village où tout le monde a été massacré...
Mylène Farmer : Complètement décimé, oui.


Michel Denisot : Il y a un petit garçon qui revient dans le village...
Mylène Farmer : Qui est le héros, qui est un jeune paysan qui rencontre une jeune paysanne et qui va être projeté dans ce monde de guerre. C'est prodigieux, ce film. J'avoue que ça fait longtemps que je suis pas allée au cinéma. J'ai vu ce film, pour moi je le qualifierais presque de chef-d'œuvre.


Michel Denisot : Il y a encore beaucoup de cadavres !
Mylène Farmer : Par hasard, certainement ! Là c'est autre chose, c'est certainement l'histoire mais c'est aussi la façon de filmer, c'est les lumières qui sont magnifiques. Et puis le cinéma russe, pour moi, c'est un des plus beaux cinémas, c'est un cinéma de symboles et j'aime le symbole.



Diffusion d'un extrait du film Requiem pour un massacre d'Ellem Klimov.



Michel Denisot : (...) On va voir maintenant le clip que vous préférez aujourd'hui, qui est le clip de Peter Gabriel et de Kate Bush. C'est du haut de gamme, c'est sobre, exceptionnel.
Mylène Farmer : C'est les deux artistes que je préfère.


Michel Denisot : C'est une chanson qui a marché dans le monde entier sauf en France !
Mylène Farmer : C'est vrai, paradoxalement. Pourquoi ? Je ne sais pas...



Diffusion du clip Don't give up de Peter Gabriel & Kate Bush. Au retour plateau, Michel Denisot est filmé en gros plan par Mylène, qui a une caméra sur son épaule.



Mylène Farmer : Michel, vous me faites la "Maxi tête" ? (référence au jeu animé par Sophie Favier à l'époque sur Canal +, NDLR)
Michel Denisot : "La Maxi tête" ? Pourquoi ? Vous voulez renverser les rôles pour la fin de votre émission, prendre la caméra et me poser des questions comme je le fais de temps en temps, ce qui est très désagréable d'ailleurs !


Mylène Farmer : Je voudrais la "Maxi tête", vous savez le jingle qu'on fait sur Canal + !
Michel Denisot : Quoi ? "Canal +, c'est plus" ?


Mylène Farmer : Voilà, oui mais attendez : vous vous calez bien dans votre fauteuil et vous chantez ! (il s'exécute !) C'est très bien ! Michel Denisot : oui, mais pourquoi ? (rires)
Michel Denisot : Y a pas longtemps ! (rires)


Mylène Farmer : Michel, est-ce que votre maman regarde toutes vos émissions ?
Michel Denisot : Globalement, oui. De temps en temps, je lui dis que c'est pas la peine qu'elle regarde.


Mylène Farmer : Dites-moi le premier mot qui vous passe par la tête.
Michel Denisot : Maintenant ?


Mylène Farmer : Oui...
Michel Denisot : Tout va bien ! Ça va, finalement, c'est pas aussi désagréable que ça ! Ca dépend qui filme !


Mylène Farmer : Vous avez des fantasmes, ou un fantasme en particulier ?
Michel Denisot : J'en ai un qui se rapproche un peu du vôtre, sauf que c'est pas les curés évidemment. J'ai été élevé dans l'enseignement libre comme vous et je dois dire que les bonnes sœurs me tapent dans l'œil, comme vous ! (rires) (...)


Mylène Farmer : Snoopy a dit : "Un ventre plein est un ventre heureux". Est-ce que vous êtes d'accord avec lui ?
Michel Denisot : Pas vraiment, non. (...)Le ventre plein, c'est pas tellement mon truc, non.


Mylène Farmer : Vous avez des velléités d'acteur, je crois.
Michel Denisot : Non, y a eu une histoire comme ça, c'est quelqu'un qui voulait me faire tourner dans un film, ça na pas eu de suite.


Mylène Farmer : Vous n'auriez pas aimé remplacer Michel Blanc dans Tenue de soirée ?
Michel Denisot : (il éclate de rire) Non, non ! C'était un numéro d'acteur très difficile.


Mylène Farmer : Michel, faites-moi rire.
Michel Denisot : Qu'est-ce que je peux faire ? Il faut que ça soit macabre, il faut que je me coupe la tête, il faut que je m'arrache un bras, il faut que je fasse quelque chose d'épouvantable ! Qu'est-ce qui est plus épouvantable que les images que vous nous avez montrées ? Je sais pas, je peux pas faire ! J'ai pas envie de me suicider devant vous pour vous faire plaisir ! C'est ça qui vous ferait plaisir ?


Mylène Farmer : Peut-être ! Si je vous demandais de m'embrasser maintenant, vous le feriez ?
Michel Denisot : C'est pas facile, équipée comme vous êtes ! Je veux bien essayer...


Mylène Farmer : (rires) Très bonne réponse !
Zouc : C'est des excuses, Mylène !
Michel Denisot : Je biaise !


Mylène Farmer : Essayez quand même !


Michel Denisot : C'est marrant à faire ? (tenir la caméra, NDLR)
Mylène Farmer : C'est formidable !


Michel Denisot : Vous pouvez continuer, si vous voulez.
Mylène Farmer : C'était ma dernière question.


Michel Denisot : Merci beaucoup. Merci Mylène d'avoir fait ce "Zénith". (...) Vous avez consacré beaucoup de temps, vus avez beaucoup travaillé sur cette émission et le résultat a été je crois... Vous pouvez dire le mot de la fin, Zouc ? Comment a été cette émission ?
(Zouc fait «un smack avec ses lèvres).
Mylène Farmer : Formidable ! Merci !


Source retranscription : Inside Of - Référentiel des télés - Editions Why Not

Recherche Interviews

Rechercher dans les interviews
de Mylène Farmer