La première conférence de presse de la
carrière de Mylène Farmer pour annoncer les
concerts de janvier 2006, Avant
que l'ombre... à Bercy.
Elle se déroule dans les salons "France
Amériques" à proximité des Champs
Elysées le 16 décembre 2004 à 18h30
(elle débutera avec un léger retard vers 18h45).
Elle réunit de nombreux journalistes français,
belges ou suisses de la presse écrite mais aussi de
télévisions ou de radios.
Thierry Suc et Laurent Boutonnat sont aux côtés de
Mylène.
Thierry Suc : Bonsoir
à tous ! Le 8 mars 2000, donc il y a bientôt cinq
ans, Mylène Farmer donnait le dernier concert de sa
tournée Mylenium Tour, à
Saint-Pétersbourg, en Russie, devant 15 000 spectateurs. Et
cette tournée, qui a fait à peu près
quarante-trois villes, a réuni environ 400 000 personnes.
Depuis, il n'y a pas eu d'autres concerts. Et je suis là
pour vous annoncer qu'elle reviendra sur scène le vendredi
13 janvier 2006, pour treize concerts à Bercy uniquement.
Les spectacles précédents, Mylène a
toujours souhaité présenter le même
spectacle à Paris et en province, par respect pour son
public, bien évidemment. Là, nous allons
concevoir un spectacle qui sera intransportable. L'infrastructure
technique ne permettra pas d'aller en province, donc ce sera un
spectacle unique, j'espère, dans tous les sens du terme, et
intransportable, comme je vous l'ai déjà dit. On
a travaillé depuis quelque temps sur l'organisation de
packages de facilité, on va dire, pour les gens de province
qui vont venir. Je crois qu'il y a pas mal de personnes de province qui
sont là. Donc de toutes les grandes villes de province, il y
aura une possibilité d'avoir des tarifs
préférentiels avec Air France. On a
réservé pas mal de chambres d'hôtel
avec des tarifs aussi négociés, et les vendredis
et samedis, il y aura une possibilité accrue de
disponibilité de places pour les gens de province, de
Belgique et de Suisse. Il y aura également des bus qui vont
être organisés par les autocaristes (sic) pour
toutes les villes qui ne sont pas trop loin de Paris, qui permettront
aux gens de venir et de pouvoir rentrer après sans rester
dormir à l'hôtel. Qu'est-ce que je peux vous dire
d'autre ? Voilà... Pour vous présenterle
schéma de cette production : vendredi 13 janvier 2006,
treize concerts. Et je pense que, maintenant, on va accueillir
Mylène Farmer et Laurent Boutonnat pour parler, avec eux, de
ce spectacle.
Arrivée de Mylène et de Laurent Boutonnat.
Yves ("La
dernière heure", quotidien belge) : On a
déjà annoncé que c'était
votre concert d'adieu...
Mylène Farmer : Vous m'annoncez quelque chose que j'ignore.
Ce n'est pas mon concert d'adieu. Non, non, je souhaite faire ce
métier le plus longtemps possible !
Michel Troadec ("Ouest
France", quotidien régional) : Juste une question facile !
C'est la symbolique des treize concerts un vendredi 13. Comment est
venue l'idée ?
Mylène Farmer : Ecoutez, c'est vraiment un pur hasard.
J'avoue qu'on s'amuse de cette idée en tout cas ! (Rires)
C'est un pur hasard !
Thierry Suc : Vous savez, juste pour la petite histoire, c'est un vrai
hasard parce que Bercy est peu disponible, en fait, pour les
spectacles. C'est une salle de sport avant tout, et lorsqu'on a
téléphoné pour dire qu'on
préparait ce spectacle, il y avait une
possibilité à partir du vendredi 13 janvier, et
il y avait treize soirées de disponibles. Et je peux vous
dire que si vous additionnez vendredi 13 janvier, si vous faites 13
janvier 2006, (ndlr : 1+3+0+1+2+0+0+6 = 13) ça fait treize !
Michel Toradec : Pour
continuer, si c'est un spectacle intransportable, ça veut
dire que vous avez prévu des choses un peu par
ticulières, en tout cas des choses assez énormes.
Est-ce qu'on peut en savoir déjà ?
Mylène Farmer : Vous savez, ça fait pour
l'instant à peu près six mois qu'on travaille sur
le spectacle, avec quelques idées. Vous dire que ce sera
magique, je l'espère, que ce sera émouvant, je le
souhaite. Ma foi, après, il faut continuer pour nous de
travailler tous les trois ! (Rires) Si monsieur Boutonnat veut ajouter
quelque chose...
Laurent Boutonnat : Par rapport au fait que ce soit intransportable,
l'idée en fait, c'est d'utiliser toute la salle de Bercy,
qui est une salle assez incroyable, de pouvoir l'utiliser
complètement. C'est-à-dire de se dire que, tout
d'un coup, on n'a pas besoin deb restreindre la scène, etc.
On peut tout faire ! Avoir plusieurs scènes, maquiller toute
la salle, mettre du son partout, mettre des caissons de basse sous tous
les gradins. Par exemple, au niveau du son, essayer de mettre du son de
façon à ce que tous les gens, où
qu'ils soient dans la salle, aient la même direction sonore,
c'est-à-dire qu'il n'y ait pas de direction sonore face
à une scène. Donc on essaie plein de choses, on
va essayer plein de choses pour ça. Voilà. Plus
des tas d'éléments qui font que ce spectacle ne
peut pas être transporté.
Daniel Beaucourt
("Télé Poche", hebdomadaire
télé) : Je voulais vous demander... La
stratégie du silence, enfin ce qu'on a qualifié
de stratégie du silence, vous a plutôt
réussi ces dernières années. Pourquoi
vous la brisez aujourd'hui ? Puisque la conférence de
presse, ce n'est pas un exercice auquel vous ête
rompue, je crois, en tout cas pas en France...
Mylène Farmer : Non ! Et je suis très
intimidée ! (Sourire)
Daniel Beaucourt :
Pourquoi vous avez décidé de vous adresser aux
médias, cette fois-ci ?
Mylène Farmer : Ecoutez, je l'ai fait vraiment pour une
raison ! C'est pour répondre à une demande de
Thierry Suc qui est mon ami, mon manager, et producteur de spectacles,
parce que je pense que, parfois, il faut savoir être
quelqu'un d'autre que soi-même. Ma nature profonde est le
silence et, peut-être, le mystère. Je ne cultive
pas le mystère, contrairement à tout ce qu'on
peut dire sur moi. C'est ma nature profonde. J'ai beaucoup de mal
à parler de moi-même, j'ai beaucoup de mal
à me justifier. Maintenant, je pense qu'il était,
là, important de répondre à cette
demande.
Sonia (radio NRJ) :
Est-ce que vous pouvez nous parler du contenu du spectacle ? Nouvel
album, pas nouvel album ? Nouvelles chansons sur scène ?
Mylène Farmer : Oui, j'ai un nouvel album qui sortira, je
pense, mi-mars. (Ndlr : l'album est finalement sorti le 4 avril 2005)
Nous sommes en quasi finalité de cet album, en mixage donc.
Vous dire qu'il existera sur scène, certainement, dans sa
majorité, et puis, bien sûr, d'autres chansons
d'autres albums. Quant au contenu de la scène,
là, j'avoue que je ne peux pas répondre
précisément parce que c'est en cours
d'élaboration ! (Rires)
Sonia :
L'atmosphère des chansons, peut-être ?
Mylène Farmer : Ecoutez, l'atmosphère... En
termes de production, peut-être qu'il y a un petit
changement. Moi, je reste la même, donc la même
atmosphère...
Laurent Boutonnat : Vous savez, c'est difficile de répondre
précisément sur des choses qu'on fait soi
même, d'avoir du recul dessus, sur : "Est-ce qu'il y a des
choses qui changent ?", "Est-ce que c'est différent ?".
C'est toujours très difficile, ça...
Franck Besnier
("Egéries", mensuel gay) : Je voulais savoir s'il
était envisageable d'aller au-delà de ces treize
dates que vous avez d'ores et déjà
prévues, ou est-ce que c'est treize dates quoiqu'il en soit ?
Mylène Farmer : Là, je pense que c'est plus
Thierry Suc qui pourra vous répondre, mais je crois...
Thierry Suc : (qui la coupe) Pour l'instant, c'est vraiment treize
dates parce que les disponibilités de Bercy ne permettent
pas de faire autrement, donc les choses peuvent évoluer
encore avec le temps, mais aujourd'hui, c'est treize concerts.
X (journaliste inconnu) :
C'est un énorme travail pour treize
représentations. Je voulais vous demander si ce travail de
production est un travail que vous adorez, que vous attendez avec
impatience, dans lequel vous prenez votre pied...
Mylène Farmer : Mon pied ? Probablement ! (Rires) Vous
savez, la production d'un spectacle... Le travail... J'aime le travail,
j'aime travailler ! Ça donne un sens à ma vie !
Et la seule chose qui me guide, c'est l'envie d'être sur
scène et partager la scène avec le public, donc
quel que soit le travail, peub m'importe. Mais c'est beaucoup de
travail, en effet !
X : Justement, pour
seulement treize fois sur scène !
Mylène Farmer : C'est vrai ! C'est aussi une frustration,
croyez-moi ! Mais c'est mon choix, donc j'assume ce
choix-là. Et puis je sais que je remonterai sur
scène dans le futur, donc je sais que je retrouverai et la
province, et... voilà !
Antoine Menuisier ("Le
matin", quotidien suisse) : Est-ce qu'il y aura un DVD du spectacle ?
Mylène Farmer : Oui, bien sûr ! Comme pour tous
mes spectacles ! (e DVD Avant
que l'ombre... à Bercy sortira le 4
décembre 2006, ndlr)
Antoine Menuisier : Et
ensuite, à votre avis, la province ce sera pour quand ?
Mylène Farmer : La province ? Mais la province ne peut pas
être visitée, justement pour toutes ces raisons,
parce que nous ne pourrons pas transporter ce spectacle en province.
Mais sachez quand même que sur les trois scènes
précédentes que j'ai faites, nous avons... et
c'était vraiment très important pour, aussi, le
respect du public, et avant tout pour le respect du public, que de
transporter le même spectacle à Paris et en
province. Or là, c'est vrai que c'est une
décision, parce qu'il n'est pas transportable, je ne peux
pas voyager.
Laurent Boutonnat : Donc l'idée, c'est que les gens viennent
la voir.
Mylène Farmer : Voilà ! Très
humblement, je vais demander aux gens de venir à moi !
Thierry Suc : D'habiter Bercy complètement, de pouvoir faire
des choses dans Bercy qu'on ne peut pas faire lorsqu'on s'installe
quatre soirs, cinq soirs, ou six soirs.
Virginie Carton ("La Voix
du Nord", quotidien régional) : Vous avez
évoqué quelques éléments du
spectacle. Est-ce qu'il y aura aussi des chorégraphies,
est-ce que vous savez à peu près combien vous
serez sur scène ?
Mylène Farmer : Il y aura des chorégraphies, il y
aura des danseurs, il y aura, bien sûr, des musiciens
(Rires). Ma foi, combien serons-nous sur scène ? Je ne sais
pas actuellement. Peut-être Thierry...
Thierry Suc : Non, pour l'instant c'est vraiment la phase où
les castings vont commencer, etc. C'est un tout petit peu
tôt. On a commencé... Pour pouvoir mettre les
spectacles en vente, ils vont être en vente à
partir de demain matin, il y a un site également qui vient
d'être créé, qui sera
opérationnel demain matin avec la possibilité,
pour tous les gens de province, d'accéder, donc,
à ces fameux packages dont je parlais, pour ceux qui
voudront. Pour pouvoir mettre en vente, on a dû, donc, avoir
un dessin des scènes pour savoir un petit peu où
on allait, pour savoir quel serait l'angle de vision à tel
endroit ou à tel endroit, puisqu'on n'a pas du tout envie
d'avoir des gens qui se retrouveraient derrière la
scène, contrairement, parfois, à d'autres
spectacles. Donc c'est la seule chose qu'on sait aujourd'hui, si on a
avancé sur l'infrastructure, nous, pour pouvoir dire que les
gens placés à tel endroit verront bien, ceux qui
sont là, comme ils ne verront pas, on ne met pas ces
places-là en vente, etc.
X : Est-ce que ce sera
quelque chose de jamais vu ?
Thierry Suc : On l'espère !
Mylène Farmer : Ecoutez, ce serait un peu
présomptueux de notre part, mais en tout cas le plus magique
possible, oui.
Laurent Boutonnat : Ce qui est bien, c'est qu'on peut tout faire dans
un cas comme ça. Alors le but n'est pas de faire des choses
jamais vues, parce qu'il y a des choses, on croit que personne les a
jamais vues, et puis on s'aperçoit que... Mais en tout cas,
que ce soit surprenant !
Séverine
Servat ("Gala", hebdomadaire people) : Je me demande si ce n'est pas un
peu restrictif de faire ça sur Paris ? Et quel va
être le coût pour les gens qui vont venir vous voir
de province ? Je sais que vous avez fan-club très actif,
particulièrement fanatique d'ailleurs, mais...
Mylène Farmer : (qui la coupe) Aimant, peut-être
pas fanatique. Je préfère le mot "aimant". (Rires)
Séverine
Servat : On peut considérer qu'il est très
passionnel, votre public, quand même ! Mais donc, il va se
déplacer pour venir vous voir. Est-ce que ça lui
coûte cher ?
Mylène Farmer : Monsieur Thierry Suc ? (Rires)
Thierry Suc : Alors, les places... Bon je vais vous donner le prix des
places. Ça va s'échelonner de 54 euros, les moins
chères, à 132 euros, les plus chères,
au prix de vente public. Il y aura des packages, comme je vous l'ai
expliqué. Vous pourrez venir de Toulouse ou de Bordeaux,
suivant, bien évidemment... Chacun pourra choisir ! Parce
que je crois que ça va être aussi un rendez-vous,
peut-être, pour certaines personnes, de dire : "On vient
passer un weekend à Paris". Il y aura un spectacle, ils
auront une nuit d'hôtel, deux nuits d'hôtel. On a
des nuits d'hôtel en deux étoiles, trois
étoiles...
Séverine
Servat : Ah, il y a l'hôtel qui est prévu ?
Thierry Suc : On a fait travailler des gens, des agences de voyage, qui
ont essayé de négocier 10 000 chambres
d'hôtel au meilleur tarif possible. On a pris tout
ça en amont, on a eu une négociation avec Air
France, qui a permis d'obtenir un prix de billet à peu
près autour de 100 euros, d'où que ce soit que
les gens viennent, aller-retour, quel que soit le pays d'où
ils viennent. Donc je pense qu'aujourd'hui, bien sûr que
c'est de l'argent, et on en est très conscients, mais pour
moins de 300 euros, quelqu'un pourra venir voir le spectacle et passer
un week-end à Paris, pour un concert le vendredi soir ou le
samedi soir, par exemple. Je pense qu'on a essayé, vraiment,
d'obtenir les meilleurs tarifs. Ça se fait dans plein
d'autres villes dans le monde où il y a des villes de
spectacles qui attirent les gens qui viennent, comme ça,
régulièrement. Quand il y a un rendez-vous
lié à un projet artistique, je pense que
ça vaut la peine.
Aurélie (M6) :
Je voulais savoir : pourquoi avoir attendu cinq ans avant de remonter
sur scène, et est-ce que le public vous a manqué ?
Mylène Farmer : Le public me mange toujours ! (Elle se
reprend aussitôt) C'est un lapsus ! (Rires) Me manque
toujours, oui ! Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Parce que j'ai
eu besoin, d'abord, de faire un nouvel album, que j'attendais aussi que
Laurent soit disponible. D'autre part, je veux ces moments rares. Je
sais que je suis peu montée sur scène... j'ai
trois spectacles à mon actif... Pour cette raison ! Parce
que j'ai besoin d'avoir, probablement, une émotion intacte,
que j'ai besoin de ces moments de silence pour pouvoir revenir et,
j'espère, donner le maximum, et recevoir aussi.
Eric Jean-Jean (RTL) :
Deux questions sur l'album. On sait qu'il arrive en mars. (l'album
sortira le 4 avril 2005, ndlr) Qu'est-ce qu'on peut dire dessus ?
Comment il va s'appeler ? Et puis qu'est-ce que Mylène,
vous, auteure, vous avez envie de raconter dans ce nouvel album ?
Mylène Farmer : Je vais répondre surtout
à la première question. L'album s'intitulera Avant que l'ombre...,
avec trois petits points derrière. Vous dire qu'il y aura de
nombreuses chansons... Je pense quatorze titres enregistrés.
Et pour tenter de répondre à la
deuxième question, c'est continuer très
égoïstement d parler de moi, de mes
ombres, de mes lumières, et puis voilà !
(Rires)
Eric Jean-Jean : Vous en
êtes où dans l'enregistrement, mixage, production ?
Mylène Farmer : Très, très
avancé, là !
Laurent Boutonnat : Oui, l'album sera probablement terminé
à la fin de l'année. Le 31, je crois ! (Rires)
Thierry Suc : Pas le 13 !
Laurent Boutonnat : Pas le 13 ! (Mylène rit)
Voilà ! Ce sera pratiquement terminé à
la fin de l'année !
Thierry Suc : Et il y aura un premier single fin janvier. Fin janvier !
(Fuck them all
sera finalement mis en radio le 9 février 2005
pour une sortie physique le 14 mars 2005, ndlr)
X (Pink TV) : Je voulais
savoir... Pourquoi êtes-vous devenue une idole ou une
icône pour la communauté gay qui fait partie de
votre public ?
Mylène Farmer : (qui n'a pas compris la question)
Pourquoi... ? Pardon, je n'ai pas compris...
X : Pourquoi
êtes-vous devenue une icône, quelque part, une star
pour la communauté gay, qui vous soutient, qui est
très présente dans votre public ?
Mylène Farmer : Pour la communauté gay, c'est ce
que vous avez dit ?
X : Oui !
Mylène Farmer : Pourquoi ? C'est probablement plus
à eux de répondre pour moi ! (Rires) Si ce n'est
que la chose qui me vient à l'esprit, c'est :
peut-être ont-ils une sensibilité
exacerbée, comme la mienne. Et puis quoiqu'il arrive,
ça me réjouit !
David Lelait ("Nous
Deux", mensuel) : J'aimerais vous poser une question. Vous
présentez, depuis pas mal d'années
déjà, des spectacles très
impressionnants, vous êtes une show-woman, et j'aimerais
savoir si vous n'avez pas envie, par moments, de présenter
un spectacle plus intimiste ? Pourquoi pas l'Olympia, pourquoi pas une
petite salle ? Quelque chose qui ne soit pas un grand spectacle, mais
qui soit simplement un tour de chant. Est-ce que ça ne vous
fait pas envie, quelque part ?
Mylène Farmer : Ça peut être
envisageable dans l'avenir, mais c'est vrai que j'ai encore envie de
grandes salles, d'immensité. Mais pourquoi pas, c'est
possible ! Je ne connais pas, en tout cas, cette expérience,
mais ce dont je suis sûre, c'est que même si on
fait un Bercy ou, j'imagine, un Stade de France, pour ceu qui
ont envie de le faire, on peut tout à fait créer
une intimité dans une immensité. Donc
ça ne manque pas, a priori, une petite salle.
Peut-être pas au Stade de France, me dit Laurent ! (Rires) Je
ne sais pas.
Laurent Boutonnat : Non, mais Bercy est bien pour ça !
Mylène Farmer : Peut-être dans l'avenir...
Pourquoi pas ?
S. L. (Radio 6, radio de
Calais) : Bon nombre de vos clips sont de véritables
productions cinématographiques. Est-ce qu'on peut s'attendre
à un concert réalisé dans un univers
cinématographique, avec des effets 5.1... c'est à
la mode en ce moment... enfin bref, un environnement cinéma ?
Mylène Farmer : (qui s'adresse à Laurent
Boutonnat) à toi ! (Rires)
Laurent Boutonnat : Le problème du 5.1, c'est que
ça demande une direction. C'est-à-dire que si
vous envisagez du 5.1, il faudrait que les gens soient face
à une scène, avec une direction (il fait des
gestes avec les mains pour mimer les gens face à la
scène) un, deux, trois, quatre, cinq, etc.
L'idée, effectivement, c'est de jouer avec ça,
mais sans avoir de direction, en ayant, ce que je vous disais tout
à l'heure, la même direction, pour, où
que soient les gens... Par contre, jouer avec le son, avec les basses,
avec les effets, ponctuer, peut-être, entre des moments, ou
des chansons, avec des effets de lumières et de son, oui,
bien sûr. C'est vachement bien, ça !
Thierry Suc : Ce qu'on peut dire, c'est que le son va être
travaillé avec un jeune ingénieur du son
très talentueux, avec lequel on a déjà
travaillé, qui s'appelle Stéphane Plisson.
Jean-Louis
Gérard (MCM) : C'est aussi une question pour Laurent
Boutonnat... Quelle est la couleur musicale de l'album ? Qu'est-ce qui
vous a inspiré ? Vous étiez revenu avec un single
aux sonorités électro, L'Âme-Stram-Gram...
Laurent Boutonnat : (qui parle en même temps que le
journaliste) Il y a longtemps, alors ! (L'Âme-Stram-Gram
est est sorti en 1999, ndlr)
Jean-Louis
Gérard : Qu'en est-il cette fois-ci ?
Laurent Boutonnat : Oh, c'est difficile ! Je crois qu'il y a beaucoup
de... (Silence) Oh, c'est très difficile pour moi de
répondre ! Je sais qu'on aime beaucoup, Mylène et
moi-même, les mélanges. C'est un album
où il y a beaucoup de musiciens, un mélange de
musiciens, de sons électroniques. Beaucoup d'acoustique, un
peu d'électronique. Il y a beaucoup d'instruments
acoustiques !
Mylène Farmer : Je vais t'interrompre... Mais il y a sans
doute, par rapport aux autres albums, beaucoup plus de guitares
Laurent Boutonnat : Oui, beaucoup plus d'instruments... acoustiques !
(Rires)
Jean-Christophe Federici
("Star Club", mensuel jeune) : Je souhaiterais vous poser une question
par rapport aux concerts. Vous vous déplacez assez souvent
en concert, est-ce qu'il y a un performer ou un concert
récent qui vous a plus ou moins marqué ? Est-ce
que vous avez une référence scénique personnelle qui vous
tient à coeur ?
Mylène Farmer : La première, ou le premier groupe
qui me vient à l'esprit, c'est U2 qui, j'avoue, pour sa
musique et pour la performance, la voix, et l'âme surtout,
m'impressionne énormément. (Après un
silence) C'est toujours quand on vous pose la question qu'on a un
énorme trou ! (Rires)
Laurent Boutonnat : Contrairement à ce que vous dites,
Mylène ne va pas très, très souvent en
concert...
Jean-Christophe
Federici : Je crois que vous êtes allée
voir Madonna. Qu'est-ce que vous en avez pensé et est-ce
qu'elle vous a inspirée, justement, peut-être,
pour ce spectacle ? (Mylène avait assisté
à un concert de Madonna du Reinvention Tour, à
Bercy, en septembre 2004, ndlr)
Mylène Farmer : Ecoutez, je trouve que c'est
évidemment une personne de grand talent, une grande
professionnelle. Si je puis formuler une toute petite critique, je
trouve que ça manque un tout petit peu de sentiments, manque
d'âme. Maintenant voilà, ce n'est pas à
moi d'en juger. Puisque vous me posez la question donc je... Mais
néanmoins, c'est une personne, évidemment, de
grand talent.
D. B.
("Télépoche") : Contrairement à ce que
disait ma collègue, ma consoeur, (Séverine Servat
de "Gala", ndlr) vous n'avez pas de fan-club, je crois, en France. Vous
n'avez jamais voulu en avoir ?
Mylène Farmer : Non, je ne l'ai jamais souhaité !
D. B. : Toutefois, il y a
eu beaucoup de... Enfin il y a eu des publications qui, je ne sais pas,
ont vu le jour, peut-être avec votre assentiment ou non. En
tout cas je pense que "L'Instant-Mag" faisait partie de
celles-là ?
Mylène Farmer : (qui le coupe) Qui est de
qualité, d'ailleurs !
D. B. : Que vous
évoque, justement, la fin de ce magazine ? (le dernier
numéro d'Instant-Mag est paru durant l'automne 2004, ndlr)
Mylène Farmer : La fin... Il y a une fin à tout
donc je la prends avec... avec quoi ? Avec
sérénité ! (Petit rire) Et je crois
qu'ils ont l'intention de faire, de poursuivre un autre magazine, il me
semble ?
Thierry Suc : Ils en démarrent un autre, oui ! (Il est ici
question de "Mylène Farmer et vous",
édité jusqu'en décembre 2007, ndlr)
Mylène Farmer : Ils en démarrent un autre !
Thierry Suc : Mais rien n'est initié par Mylène
ou par son entourage. Les fans qui décident de
créer un fan-club peuvent le faire. On les a toujours
laissés complètement libres de le faire. Et ceux
qui décident d'arrêter quelque chose sont, bien
évidemment, libres de le faire également. C'est
leur choix de faire ou de ne pas faire !
D. B. : Enfin je pensais
que vous aviez quand même un certain droit de regard sur ces
publications ?
Mylène Farmer : Non, absolument pas !
Thierry Suc : Rien du tout ! Aucune ligne éditoriale n'est
contrôlée, regardée. Ils font ce qu'ils
veulent, ils disent ce qu'ils veulent.
Gilles Médioni
("L'Express", hebdomadaire d'actualité) : Je croyais que
vous aviez des projets cinéma. Est-ce qu'ils sont mis entre
parenthèses à cause de la tournée ?
Mylène Farmer : Ecoutez, moi-même j'ai
été assez surprise de beaucoup d'annonces
concernant le cinéma ! (Mylène évoque
sans doute la rumeur qui circula sur sa participation, en tant
qu'actrice, au film A
deux pas de chez toi, dont le scénario
était signé Marc Levy et pour lequel il fut
annoncé qu'Edouard Molinaro serait le
réalisateur, ndlr) Pour l'instant, il ne s'agit pas pour moi
de faire de cinéma. En revanche, j'aime le
cinéma. J'espère un jour faire un autre film, et,
pourquoi pas, m'essayer à la production ! En tout cas, c'est
un métier qui me passionne et que je sais très,
très, très difficile. Mais c'est un univers qui
m'intéresse.
Gilles Médioni
: Laurent Boutonnat, vous n'aviez pas un autre projet
cinéma, aussi ?
Laurent Boutonnat : C'est plus qu'un projet ! C'est un film qui est en
préparation aujourd'hui et qui se tournera en mars prochain.
Gilles Médioni
: On peut savoir le sujet ?
Laurent Boutonnat : C'est une adaptation, une vraie adaptation d'un
roman du XIXème siècle qui s'appelle Jacquou le Croquant.
Voilà ! (le film sortira le 17 janvier 2007, ndlr)
X : Pourquoi Giorgino n'est-il pas sorti en
DVD ? Une question de droits ou une volonté de votre part ?
Laurent Boutonnat : Non, c'est que... Ça a
été une histoire assez difficile à
vivre, Giorgino,
vu que ce film n'a pas marché du tout. Et à
l'époque, comme j'étais très... Enfin
j'ai presque financé moi-même presque 80% de ce
film, donc c'était... Il a fallu rebondir ! Et j'ai pu
récupérer, en fait, les droits de ce film, les
droits d'exploitation vidéo, etc. Et à ce moment
là, vous n'avez qu'une envie, c'est prendre les droits, les
mettre dans un tiroir, le fermer et ne plus jamais en entendre parler !
Donc voilà, c'est ce qui s'est passé ! C'est
aussi simple que ça ! Et peut-être un jour, je le
sortirai en DVD, oui ? Peut-être après un autre
film ou un truc comme ça ? Voilà ! («
Giogino » sortira en DVD en décembre 2007, ndlr)
Sophie Khairallah ("Too
Much", mensuel jeune) : Je voulais vous poser deux petites questions,
en fait. La première était par rapport
à l'album. J'avais entendu parler de collaborations, pour
les compositions de musique, avec d'autres artistes...
Mylène Farmer : Absolument pas, non ! Jamais. Jamais
envisagé. Donc non ! (Petit rire)
Sophie
Khairallah : D'accord ! Et la deuxième,
c'était tout simplement : qu'est-ce que vous pensez de la
biographie qui est sortie sur vous de Bernard Violet ? (il est ici
question de Mylène
Farmer,
biographie signée Bernard Violet parue durant l'automne
2004, et qui fit polémique, ndlr)
Mylène Farmer : Bernard qui ? (Rires) C'était
facile ! (Rires)
Laurent Boutonnat : Mais tu l'as lue, non ?
Fin de la conférence de presse. Les journalistes
applaudissent.
Mylène Farmer : Je vous remercie d'être venus, en
tout cas. Merci beaucoup !
Alors que Mylène Farmer, Laurent Boutonnat, et Thierry Suc
se retirent, les journalistes sont invités à
quitter la salle et à se rendre à un
apéritif dînatoire dans une salle à
côté, auquel ni Mylène ni Laurent
Boutonnat ni Thierry Suc ne sont présents.