Mylène Farmer - Album Monkey Me - Critique de Letoulousain
Si il est un retour musical des plus attendus, celui de
Mylène
Farmer fera sans doute date avec ce nouvel opus « Monkey Me
».
L’ambiance générale de cet album laisse
un
sentiment de nouveauté, de
fraicheur et
d’entrain.
Il faut pourtant noter que deux ans seulement séparent
«
Monkey Me » du dernier album de la
chanteuse « Bleu
Noir » . On aurait pu donc s’attendre, logiquement
à
un projet moins abouti que ses précédentes
productions.
Or, il n’en est rien. Et c’est bien là,
une surprise
de taille.
Les styles et sonorités de l’album vont
à la fois
se fondre en un mélange de sons pop/rock apaisants,
de sons
électroniques beaucoup plus recherchés et moins
lourds
que ceux utilisés par Laurent Boutonnat dans «
Point De
Suture ». Quelques libertés inhabituelles
à
l’artiste viennent aussi s’y glisser comme
l’utilisation détournée du
vocoder sur le
titre « A Force De… », un peu
à la
façon de Cher dans son titre « Believe
», mais
sur des notes haut perchées, laissant à
l’auditeur une voix à la fois aérienne,
métallique, puissante et quelque peu futuriste.
La particularité remarquable de « Monkey Me
» reste
sans doute la qualité de regrouper des chansons aux styles
assez
différents, tout en formant un tout cohérent et
harmonieux. Tout un art… Sans doute un contrepied
à
« Bleu Noir », où les sons
d’Archive peinaient
à s’intégrer aux beats
calibrés de RedOne.
Au chapitre voix, on retrouve ici une belle mise en avant des
capacités vocales de l’artiste, sans jamais
rentrer dans
une course à la performance. Puissante, oui, mais surtout
axée sur l’émotion et la force des
mots. Au final,
voix et musique cohabitent bien et ne tentent pas de
s’étouffer l’une
l’autre.
Elle A Dit :
Ce titre à lui seul représente la magie du
mélange
d’une ballade et de sons électroniques bien
présents sans jamais étouffer
l’ensemble. Ce titre
reste pourtant bel et bien une ballade. Le texte aborde pour la
première fois de façon directe
l’homosexualité féminine de
façon subtile et
sobre.
A Force De…
Les premières envolées de voix de
Mylène sur cette
chanson risquent d’en surprendre plus d’un.
Mylène
et l’utilisation détournée du
vocoder… Une
Première ! Et c’est un véritable tour
de force.
Seuls les couplets utilisent cette technique, tout en
enchaînant
sur un pont et un refrain plus rock. Là encore, le
mélange et les enchaînements sont parfaits.
« Monkey
Me » ne s’annonce définitivement
pas comme
l’album de la « facilité ». Le
texte
évoque une prise de conscience du temps perdu et
d’une
féroce envie de vivre.
Ici Bas :
Il est parfois des titres qui inspirent moins l’auditeur.
Sans
doute plus plat que le reste de l’album, « Ici Bas
»
est une ballade entêtante, certes, mais sans grande saveur.
Une
répétition des mêmes notes sur un fond
d’électro sans grand
originalité…
Sympathiquement audible, mais sans plus…
J’ai
essayé de vivre :
Ce titre reprend le principe de « Elle A Dit » ou
guitares
électriques viennent côtoyer des beats
électroniques légers. Les deux titres, il faut
être
honnête, se ressemblent assez au niveau du style. La voix y
est
assez haut perchée avec quelques jolies envolées
sur les
couplets. Les paroles évoquent un bilan de vie ou
l’artiste semble se livrer directement à son
public,
simplement, les mots y sont simples et sans artifices.
Je Te Dis Tout
:
« Je Te Dis Tout » est LA ballade par excellence.
Un doux
frisson dans la lignée des titres « Point De
Suture
» et « Bleu Noir » et « Avant
Que l’Ombre
», à la seule différence
près, que les mots
du titre sont plus pesés, moins mélancoliques et
torturés, nous sommes ici d’avantage dans le
registre
poétique. Aucune batterie ou si peu, synthés doux
et
profonds et une voix claire et cristalline. Un très beau
moment.
A l’Ombre
:
Lead Single de l’album, «A l’Ombre
», que
chacun connait désormais, s’intègre
plutôt
à l’ensemble sans difficulté. Cela
étant
dit, sans être mauvais, ce titre n’est pas le
meilleur de
l’opus. D’où la question de savoir
pourquoi a-t-il
été choisi pour introduire la promotion de
l’album… Sans doute plus calibré pour
les ondes FM
(visiblement pas suffisamment, à la vue du peu de diffusion
radio) que d’autres titres.
Love Dance :
Fermer les yeux… Pensez fort à un titre
d’Alizée ou au titre « Papa
m’aime pas »
de Melissa Mars avec ses « Lalala la », ajoutez y
un texte
français/anglais coquin, quoiqu’un peu
simpliste,
vous obtiendrez une parenthèse agréable et
étonnante ou le refrain vous restera en tête de
longues
heures durant. Ce titre est sans doute le plus particulier et celui
n’inspirant pour l’auditeur aucun compromis
possible. On
aime ou on déteste…
Monkey Me :
Pas d’électro pour ce titre, résolument
actuel, un
rock bien présent, nous rappelle la
période «
Anamorphosée ». Il a sans doute toutes les
qualités
pour être choisi comme le second extrait éponyme
de
l’album. Calibré pour les radios, refrain
accrocheur, ce
titre est un véritable coup de frais.
Nuit d’Hiver
:
Qu’on se le dise,« Monkey Me » sera
l’album des
surprises. « Nuit d’Hiver » semi-reprise
du titre
« Chloé » (1984) complètement
revisité. Fantasque, Morbide, Lourd, Etrange, ou comment
célébrer les heures musicalement sombres de
Mylène
Farmer des années 80/90 en revisitant ce titre
dérangeant, autant par ses paroles, que par la musique si
chère à Laurent Boutonnat, entre B.O de film
d’épouvante et parenthèse
schizophrénique.
Ovni ?... vous avez dit Ovni ?
Quand :
Subtile ballade pour les longues soirées d’hiver,
à
écouter au calme. Les mots glissent sur une
mélodie
sobre, le solo de saxophone, est aussi une première chez
l’artiste, peu habituée à utiliser ce
type
d’instrument. Là encore, l’ensemble, les
enchainements s’alignent à merveille. Une vraie
réussite.
A-t-On Jamais :
De belles envolées sur ce titre n’étant
ni une
ballade ni un titre « dance ». Un entre-deux ou les
«
Hallelujah » côtoient les « yeah - yeah
». La
voix y est bien mise en valeur et la musique donne un
côté
symphonique surtout sur les ponts. Ce style est vraiment nouveau pour
Mylène Farmer et, lui va plutôt bien.
Tu Ne Le Dis Pas
:
Indéniablement le refrain de cette chanson vous fera penser,
par
ses tonalités, aux titres « Tristana »
et «
Allan ». Le tout, sur un arrière son
électro des
plus réussis et des plus entêtants (la
encore surtout
sur le pont du milieu du titre).
En résumé, un album frais, changeant, harmonieux
et
cohérent, dans la lignée de ces
prédécesseurs, quoique plus aboutit et
travaillé
que « Point De Suture » et « Bleu Noir
». Un
opus qui saura visiblement contenter chacun par la
variété de ses sons, et par le potentiel
réel des
titres pour la scène.