Albert Spano :
Mylène Farmer, bonjour. Comment ça va ?
Mylène Farmer : Ça va bien, merci.
Albert Spano : Est-ce que
avec la sortie d'un album et probablement d'autres choses dont on va
parler, il y a une petite tension, un petit stress. Est-ce que
ça va vraiment ou est-ce qu'il y a une pointe d'excitation ?
Mylène Farmer : Je crois que c'est un peu tout
mélangé. Beaucoup beaucoup d'angoisse avant la
sortie de l'album, et je crois que c'est normal. Angoisse
partagée avec Feder, et puis les deux autres protagonistes.
Mais, maintenant, un soulagement parce que je pense déceler
un accueil qui est assez incroyable pour moi.
Albert Spano : On va
parler de l'album. On va parler également de la surprise que
vous faites à vos fans dont vous avez parlé au JT
de TF1 dimanche soir. Moi, j'avais une petite question qui n'est pas du
tout personnelle mais finalement, est-ce que vous êtes
devenue l'artiste que vous vouliez être il y a quelques
années ?
Mylène Farmer : C'est une question difficile. J'ai toujours
souhaité faire ce métier. J'ai toujours voulu me
différencier de... j'allais dire de la masse, ce n'est pas
un très très joli mot mais, en tout cas faire
quelque chose qui était unique. Que vous dire...
Albert Spano : Du coup,
ça l'est !
Mylène Farmer : (Sourire)
Albert Spano : Quand
même !
Mylène Farmer : Et c'est un métier qui est
incroyable. J'ai la chance de faire ce métier depuis si
longtemps et d'avoir un public qui est fidèle et qui est
exigeant. C'est une chance.
Elodie Gossuin : Désobéissance, votre onzième album
studio, ce n'est pas un simple album. Sur cet album, il y a douze
titres, des textes très forts dont un poème de
Baudelaire. Combien de temps pour réaliser, pour
voir se concrétiser un album comme celui-ci et à
quel moment a été le déclic ?
Mylène Farmer : Ecoutez, j'ai un petit peu de mal avec les
mathématiques et le temps en général
mais il me semble que j'ai commencé il y a à peu
près un an à travailler sur cet album. J'ai eu le
souhait de rencontrer Feder. Je connaissais son univers et j'avais donc
très très envie de le rencontrer et de partager
quelque chose avec lui. Et nous avons commencé par Rolling Stone.
Puis, je suis venue dans son studio, et j'ai découvert
quelqu'un de... je suis rentrée dans un laboratoire, en
fait. C'est quelqu'un qui travaille énormément,
c'est quelqu'un qui avait un très très grand
respect pour le public qui, jusqu'à présent m'a
suivie, et qui avait envie de m'accompagner, de ne pas trahir ce
public, justement. Et nous avons confronté, si je puis dire,
en tout cas confronter nos deux univers, et on s'est aperçus
que nous avions finalement beaucoup beaucoup de points communs. Et il
m'a apporté énormément de choses sur
cet album. Il a écrit sept titres. J'ai
été également accompagnée
par LP qui a écrit deux titres avec un autre compositeur, N'oublie pas et
puis Des Larmes,
qui a apporté une sonorité américaine
groovante. Et puis, un troisième compositeur qui est tout
jeune, qui s'appelle Léon, Léon Deutschmann, et
qui lui a 21 ans, je crois, et qui lui, vient plus d'une formation
classique. Et j'ai découvert un mélomane
incroyable. J'ai eu beaucoup de chance car ce sont trois univers
très très différents, et à
la fois, le pari était de faire quelque chose
d'homogène, si je puis dire.
Albert Spano : C'est
important pour une artiste confirmée comme vous de savoir
bien s'entourer ?
Mylène Farmer : C'est fondamental. On peut faire de bons
choix, de mauvais choix. J'espère et je pense avoir un peu
d'instinct. Et puis j'ai la chance d'avoir des personnes, des artistes
qui répondent : "oui" à une aventure.
Elodie Gossuin : Désobéissance, c'est votre
troisième single, le troisième single issu de cet
album qui s'appelle aussi Désobéissance. Mais est-ce qu'au final,
désobéir ce n'est pas ce qui vous anime depuis
toujours ?
Mylène Farmer : Je pense désobéir,
dans le fond, depuis longtemps. Fuir tous les diktats. Je m'ennuie, je
m'enuie facilement. Je m'enuie aussi de moi-même, en toute
humilité (rire). Mais c'est vrai que l'uniformité
de gens m'ennuie énormément, et que j'ai besoin
de crier ma différence.
Albert Spano :
Mylène, si je vous dis : "Dix Onze Douze / Pourvu qu'elles
soient douces", estce que la Mylène de la période
Pourvu qu'elles soient douces avait besoin de repasser une petite
tête en 2018 ?
Mylène Farmer : En fait je me suis amusée, dans
tout l'album il y a quelques... il y a Pourvu qu'elles soient douces qui renaît, il y a, je crois, Ainsi soit je... ou Ainsi soit-il,
j'ai oublié. J'ai fat des petis clins d'oeil comme
ça pour les personnes qui m'ont suivie depuis tant
d'années.
Elodie Gossuin : Dans
l'album il y a aussi Au lecteur et Au lecteur, c'est vraiment incroyablement
bon, incroyablement incarné. Vous rendez hommage
à Baudelaire, aux Fleurs du mal. Mais, pourquoi ?
Mylène Farmer : Pourquoi ? Parce que j'ai une passion comme
beaucoup d'entre nous, j'imagine, pour Baudelaire, pour sa
poésie, pour sa mélancolie. Parce qu'il a une
richesse, et de mots, et une capacité à vous
transmettre des émotions qui sont insensées.
Parce que j'adore la langue française, parce que j'adore la
poésie, et puis j'avais commencé avec L'Horloge justement, il y a très très longtemps, et
c'était, là encore , je ne sais pas si on appelle
ça un clin d'oeil, c'est un peu réducteur mais,
en tout cas, une envie de le revivre.
Albert Spano : Avec Histoires de
fesses, vous
tirez un peu sur la presse people mais...
Mylène Farmer : Si peu ! (rire)
Albert Spano : Oui mais,
on a le sentiment quand même que la presse people... est-ce
qu'elle vous a vraimenet embêtée ?
Mylène Farmer : Je ne la lis pas donc, je ne peux pas vous
dire.
Albert Spano : C'est
comme ça ? C'était votre envie du moment ?
Mylène Farmer : Voilà... Je sais qu'il y a
effectivement des choses qui sont violentes, des photos qui sont
difficiles à regarder, et c'est vrai que je n'aime pas voir
ça. Je n'aime pas qu'on se nourrisse de ces
choses-là. Mais, je parle surtout d'histoires de fesses dans
le fond, c'est ça qui nous intéresse,
non ? (rires)
Albert Spano :
Mylène, on est très très fiers,
puisque nous, RFM, on va être partenaires, non pas d'une
tournée puisqu'il n'y en aura pas mais d'une
série de concerts, de plusieurs shows...
Mylène Farmer : Ca c'est vrai !
Albert Spano : ... qui
auront lieu à Paris La Défense Arena,
ça commence le 7 juin..
Mylène Farmer : Oui.
Albert Spano : Les
locations ouvrent dans quelques jours, le 13 octobre. Il y a une
volonté chez vous de ne pas bouger..
Mylène Farmer : C'est vrai que j'ai
énormément de témoignages, entre
autres, mais particulièrement de cette scène
à Bercy qui était en 2006 je crois ou 2003, j'ai
un problème avec les dates. Et donc, cette salle m'offre la
capacité, la possibilité plutôt d'offrir un
spectacle qui, je l'espère sera grandiose, en tout cas
unique. Et c'est parce que c'est intransportable, et c'est parce qu'on
a justement la possibilité dans ce lieu-là, et
d'avoir une enceinte complètement fermée donc, on
peut accrocher énormément de choses. Donc, on
peut inventer énormément de choses. Et c'est vrai
que malheureusement pour la province, on n'a pas toruvé de
salles équivalentes. Donc, c'est vrai que je demande au
public de venir à moi pour essayer de leur donner le
meilleur de moi-même, et puis une magie, une
poésie, j'espère.
Albert Spano : La dernire
question, Mylène Farmer. Vous avez fait le Stade de France,
c'est vous qui battez le record, vous êtes l'artiste
française qu remplit en trois minutes...
Mylène Farmer : Je l'ignorais... (sourire)
Albert Spano : Vous avez
fait des shows incroyables. Est-ce que vous n'avez jamais eu l'envie
d'offrir peut-être à votre public, et on terminera
avec ça, un concert intimiste, quelque chose d'acoustique,
ou est-ce que vous avez besoin de l'énergie du public ?
Mylène Farmer : Je pense qu'un concert intime comme vous le
suggérez est peut-être tout à fait
extraordinaire. Maintenant, pour l'instant, mon souhait
présent, c'est de faire encore du grand, de
l'immensité mais je pense qu'on peut aussi créer
tout à fait une intimité dans du très
grand, dans de l'immense. Maintenant, est-ce qu'un jour j'aurai l'envie
de faire quelque chose comme vous l'évoquez, de plus
intimiste, peut-être ? (sourire) Je vis au jour le jour et le
moment présent, et pour l'instant j'ai encore besoin de ce
vertige-là.
Albert Spano : En tout
cas, on sera très heureux de venir vous applaudir
à Paris La Défense Arena. Je rappelle que c'est
à partir du 7 juin. Six concerts exceptionnels. Je rappelle
aux fans et à tous ceux qui veulent venir vous voir que la
billetterie ouvre le samedi 13 octobre. Et Mylène, on vous
remercie de nous avoir accordé du temps sur RFM. Vraiment,
ça a été un honneur. Et puis, bonne
chance pour l'album qui cartonne déjà, et
évidemment pour le spectacle. Merci beaucoup.
Mylène Farmer : Merci. Merci infiniment. Merci à
vous.
Elodie Gossuin : Je suis
vraiment très honorée de vous avoir
rencontrée.
Mylène Farmer : C'est moi !