Créateur
des lumières du Tour 2009
2010
Vidéo
Stade de France
- Bonus "Le rayon vert"
Ce que j'aime, moi, c'est faire la conception et tenir la console.
Faire de la lumière. C'est la première fois qu'on
travaille ensemble. Thierry (Suc, ndlr) m'a demandé si je
voulais le faire et j'ai répondu, "Bien sûr !". La
question ne s'est même pas posée une seconde,
parce que j'aime bien Mylène et que j'ai toujours
été voir ses shows pour prendre du plaisir
à voir un show. Il y a un esprit, une direction. Quand tu
bosses avec eux, tu pars avec eux dans leurs délires.
Moi, j'ai beaucoup bossé avec Laurent (Boutonnat, ndlr), en
accord complet avec lui sur ses décisions, sur ses
goûts. Il m'a apporté beaucoup dans la
création des lumières.
Le premier rendez-vous, j'ai découvert le projet de
décor. Travailler sur un décor de Mark Fisher,
c'est plutôt sympa (rires). Puis, on a travaillé
sur le décor, sur les matières du
décor avec l'équipe qui fabriquait le
décor. On est allé faire des
repérages, plusieurs fois. Voilà, c'est tout un
petit puzzle qui s'est assemblé au fur et à
mesure.
Puis, on a fait des tests, on a fait des essais, on fait des
démos, on a monté une partie du
matériel pour faire des essais de vidéos, des
essais de lasers, des essais de chorégraphies dans le laser.
Voir ce qui pouvait fonctionner, ce qui pouvait donner d'autres
idées.
J'ai eu une vraie angoisse, c'était de me retrouver sans
fumée et qu'on ne voit pas les faisceaux lumineux. Donc, le
challenge c'était d'arriver de faire de la fumée
en stades.
Il y a plein de contraintes techniques. Le moindre angle de projecteur
qui se projette sur le sol et qui va éclairer une statue,
c'est un cauchemar. La moindre poursuite qui va éclairer le
musicien alors qu'il ne joue pas, tout ça, c'est... on ne
peut pas y échapper. Mais, c'est pas mal car, c'est
ça qui fait avancer. C'est d'essayer d'éviter des
contraintes qui fait qu'on découvre des choses.
La barre est haute, mais, je savais plus ou moins pourquoi
j'étais là c'est à dire pour faire
quelque chose d'un peu plus rock, d'un peu plus techno. Je
suis allé à fond dans certaines directions. Dans
le stromboscope, dans le laser. J'ai pu travailler très vite
comme on était à quatre consoles en
même temps. On encodait le show pendant le filage. Je disais
à un : "mets un petit peu de bleu", je disais
à l'autre : "mets un petit peu de stromboscope sur le
refrain". Puis, on voyait si tout allait bien ensemble et on commentait
ce qu'on avait fait l'après-midi. Et, c'était
validé au fur et à mesure par Laurent et
Mylène, par tout le monde. Et puis, ça s'affine
après.
Travailler avec la lumière, avec l'image et avec les
musiciens tout en même temps, c'est un confort. On sait ce
qu'on doit faire, on sait où on doit éclairer, il
n'y a pas à réfléchir quand on a un
réalisateur comme ça . Une artiste qui va se
placer là où elle a envie de se placer, c'est
parfait.
J'ai monté une équipe de quatre consoles dont
moi. Chacun avait sa mission. Il y en avait un qui ne s'occupait que du
mur, qu'on appelait le mur de ? (propos non compris, ndlr) qui
est au fond sous le
décor, qui est en fait une sorte de vidéo avec
des lampes, qui gérait tout ce qui est LED, LED qu'il y a
partout dans le décor, qui descendent, qui montent, tout
ça. Et, des chorégraphies. Les
chorégraphies, c'est aussi dur à
éclairer que les décors parce qu'il faut qu'on
les voit sans détériorer les costumes, qui
prennent du relief, qu'on voit les mouvements, qu'ils ne restent pas
sur une ligne. Et, c'est pour ça qu'on a mis une personne
que pour ça, qui a appris en fait les
chorégraphies. Il y en avait un autre qui, lui, s'occupait
d'éclairer les musiciens, le public et puis,
derrière le décor. Et, un autre qui, lui, avait
tous les effets lumière, tous les mouvemements, tout
ça. Et moi, je m'occupais des lasers.
Je les connais bien et, chacun avait sa mission. Ils savaient qu'il ne
devait pas polluer l'autre et faire de la place aux autres. C'est
à dire que de temps en temps, quand ils peuvent se couper,
ils se coupent.
Il n'y a pas une image d'Alain (Escalle, concepteur des images de
scène,ndlr) qui est pareille. Je ne suis pas allé
en opposition. J'avais préparé, moi, des teintes
qui allaient avec ces images. Et puis, des fois, lui, il laissait la
place complètement, parce que quand on voit
l'échiquier qui passe, ça sert à rien
de l'éviter. Il y avait juste à rajouter un petit
peu de blanc pour éclairer les chorégraphies et
puis c'est tout. Et puis, prendre la place de temps en temps quand il y
a un creux dans l'image, reprendre ma place. C'est un nouveau tableau
à chaque fois, vraiment différent. Chaque titre a
une histoire, un vécu, quelque chose à raconter.
Passer du techno au rock, du gothique au sexy.
Moi, je voulais mettre du laser que pour des raisons
recherchées c'est à dire pas mettre du laser
gratuitement dans les titres où ça bouge
spécialement. Je voulais mettre du laser pour qu'il parle
d'un truc et, la voir au milieu de ce cône de laser avec Yvan
Cassar, j'avais vraiment envie de ça. Et puis, faire entrer
les gens dans le laser avec elle. Et, le cône pour
ça c'est génial, les gens ont vraiment
l'impression d'être sur scène avec elle.
L'étoile c'était juste le passage piano-voix,
donc le passage intime. Et puis, ça s'est
transformé en un lieu magique. Là, il a fallu le
faire vivre. Pour finir, on l'a mis en couleur.
J'ai rencontré Yvan (Cassar, ndlr) sur cette
tournée. Je ne le connaissais pas avant. Et, c'est un mec
génial. Il se passe quelque chose, c'est un vrai
échange. Ce rapport avec Mylène quand ils ne sont
que tous les deux, c'est génial.
Quand elle retourne sur scène pour disparaître
avec les projos qui se lèvent, j'avais mis en valeur
l'endroit et puis, quand je l'ai vue revenir, je me suis dit, si
à chaque fois qu'elle marche sur un truc ça se
lève, ça peut être magique.
Il fallait vraiment que les gans fassent partie du show. C'est quelque
chose dont on a parlé avec Laurent et avec
Mylène. Que les gens ne se sentent pas isolés du
spectacle. Qu'ils la voient sur scène et en grand sur les
écrans et que, eux, ne se sentent pas passifs. C'est eux le
show aussi. Quand ils applaudissent, quand ils sont debout, quand ils
pleurent.
Voir la scène, voir l'écran, me tourner, voir les
gens, c'était un vrai plaisir.
La caméra qui passe au-dessus, l'éclairage du
public, moi, je me suis régalé.