Ce qu'il y a d'assez
formidable c'est de sentir que mon
désir de
faire ces costumes a été partagé avec
le sien que je les lui fasse.
Quand même, c'est toujours des shows assez extraordinaires
donc qui peuvent laisser libre cours à une grande
imagination. Donc, ça c'est absolument génial, ce
n'est pas du tout comme faire des collections de
Prêt-à-Porter, là, c'est
liberté ouverte et, avec elle, ça
déménage quand même assez
incroyablement.
Son univers, on le connaît déjà un
petit peu, parce qu'elle a quand même un style particulier,
un univers particulier. D'elle-même émanent des
choses particulières. Donc c'est
déjà... Une chose que je lui avais dit que je
trouvais vraiment très, très bien c'est
qu'à son concert précédent - parce que
même si je n'avais pas fait les costumes j'allais voir quand
même ses spectacles que j'adorais...
C'est vraiment des grands moments de joie, d'exaltation et de
créativité. C'est vraiment très
enrichissant d'aller voir ses spectacles.
Une chose qui reflétait un petit peu ce fait qu'elle a
déja une ambiance, c'est que je me souviens, le spectacle
d'avant, on entrait dans une lumière rouge avec une musique
qui avait été choisie, c'était dans
son univers à elle, un peu gothique et très
particulier.
La première entrevue, ça a
été de parler un petit peu du show, les
idées qu'elle avait en tête, comment elle le
voyait. Déjà avec des idées, elle m'a
montré un bouquin, des choses comme ça qu'elle
aimait bien pour que je me fassse peu à peu vers
où elle allait. Et, c'était plutôt
intéressant parce que, déjà, j'avais
des idées qui venaient et des choses auxquelles j'avais
pensé.
Rien que la parole peut évoquer, et sa parole peut
évoquer des idées et des images, des couleurs et
des mouvements.
Donc, au départ c'est assez nébuleux. Un petit
peu en ouverture d'esprit, de propositions, de suggestions et
après, de réalisations.
Il y a eu d'abord parler des différentes
séquences en gos qui étaient
déjà un petit peu structurées.
Après, j'ai fait des croquis et j'ai proposé
plusieurs interprétations. Puis, après, chaque
séquence, plusieurs suggestions. Et puis, après,
il y a eu des nécessités.
Donc, on a commencé à se mettre d'accord sur
certaines choses d'après les croquis. Et, après,
il y a eu des suggestions de matières, des suggestions de
brillance. Des possibilités après, en
même temps, les accessoires, les bottes, pas de bottes. La
stabilité de la botte pour pouvoir danser et la cuissarde,
la cuissarde rouge... Enfin, tout ça ça
intervient, ce qui est normal dans le.... Ce qui est nomal, mais, qui
fait qu'on est toujours en train d'essayer de chercher le mieux.
Toujours ce souci de "perfection".
Es-ce que j'y ai pensé dès le départ
pour les écorchés ? Je ne suis pas sûr.
En tous les cas, elle a adoré tout de suite
l'idée.
J'aime bien le travail par rapport aux tatouages et aux choses comme
ça. Mais là, le fait qu'il y avait des
squelettes... Parce que le squelette, ça avait
été choisi dès le départ
par Boutonnat et Mylène. Donc, je savais qu'il y aurait les
squelettes. Ayant ça en tête, je pense
qu'à un moment, c'est arrivé... Evidemment, je
n'allais pas lui faire un squelette.
Il y a eu réunion technique aussi pour l'arrivée
parce qu'il y avait plus exactement cette espèce de descente
qui devait se faire. Donc, toutes les choses techniques.
C'était un petit peu l'idée de la carcasse qui la
recouvre au tout départ. Cette espèce de
squelette, on ne sait pas trop quoi, une espèce d'alien.
Donc, c'était un petit peu dans l'idée d'un
squelette, son squelette à elle-même.
En fin de compte, l'idée de l'écorché
est venue plus loin que le squelette. Et là,
l'irréel, c'est rentré dans le réel
puisqu'en fin de compte les écorchés, cet
imprimé d'écorché, c'est devenu
l'intérieur à l'extérieur. Il y a
ça aussi, l'intérieur, avec toutes les veines, le
coeur, le sang. Le sang et le rouge que j'associe beaucoup avec
Mylène. C'est le noir et le rouge aussi, Mylène.
Donc, si vous voulez, le terme est là, c'est une
écorchée vive, voilà !
L'écorché un peu sublimé.
Jusqu'aux dernière répétitions il y a
eu des changemeents. Là, faut peut-être changer de
longueur, changer de matière, peut-être changer de
tout. Et, ça, ce que je trouve assez génial,
j'aime bien avoir d'une part cette liberté là et
puis, que elle aussi, elle laisse, ce qui est normal.
Il y avait une espèce de remise en question à
chaque fois. Pas de tout, mais disons simplement cette ouverture pour
aller plus loin et faire le mieux possible.
Evidemment, on doit pouvoir faire des extensions, des mouvements
exagérés et donc, il y a une espèce
d'élasticité du corps qu'il faut suivre par une
certaine élasticité aussi ou souplesse du
vêtement. Et, là où ça
n'allait pas, on a corrigé. Ce qui compte, c'est le
résultat.
Tout intervient. Quelque fois c'est à cause ou
grâce à la chanson. Quelque fois, c'est
grâce à un effet scénique un peu
envisagé.
Il y avait le côté, toujours par rapport
à un côté gothique, un peu religieux,
mystique, et donc, mystérieux. Donc, cette robe, qui fait
comme une espèce de croix noire, avec le corps en
transparence, le body. Et, on entraperçoit ses
très belles jambes.
Il est sûr que les effets et tout ce qui est visuel, tout est
en relation. Aussi bien, elle, tenir compte de la couleur de ses
cheveux, que la couleur de sa peau, que son effet, elle, en tant que
vêtement, par rapport aux décors, par rapport aux
danseurs. Tout est un effet de rapports, d'harmonie, de
désharmonie, de contrastes.
"Sans contrefaçon, je suis un garçon",
c'était évident qu'il fallait jouer avec le
côté masculin - féminin. Donc, il y a
cette espèce de costume hybride. En dessin, ça
lui a plu tout de suite. C'était très elle et
très moi en même temps. Du mélange
masculin, féminin, la rayure avec cette chemise blanche qui
devient en même temps une espèce de tutu.
Et puis,
pour les danseurs aussi, j'oubliais, il y avait aussi pour les
danseurs. Donc, ça, ça a
été très rapide et très
clair. C'était presque une évidence qu'il fallait
que je fasse mélange-là de choses qui
s'elevaient et, elle se transformait, peut-être plus
féminine. Sa féminité, c'est elle
avant tout.
Quelqu'un qui tout en étant charmante, adorable, un amour,
c'est quelqu'un qui sait ce qu'elle veut, sait ce qu'elle ne veut pas
aussi. Savoir ce qu'on ne veut pas, c'est déjà
savoir ce qu'on veut. Sachant à la fois ce qu'elle veut et
ce qu'elle ne veut pas et, laissant quand même la
liberté créative en en ayant elle-même.
En cela, elle a cette générosité en
même temps. Une générosité
et une créativité qui font que c'est un vrai
dialogue et une vraie collaboration. Et, en ça, c'est
passionnant, parce que je suis là pour la servir en
même temps. Qu'elle se sente bien, qu'elle soit
elle-même et, qu'elle soit bien dans les mouvements et,
qu'elle soit bien dans les vêtements.
Ce qui a de fou, c'était de la voir elle-même par
rapport à la réaction du public qui
était vraiment, devenait Mylène Farmer. On
sentait une espèce de connexion totale qui est
très émouvante et très
étonnante quand même que ce soit à un
point aussi fort. Une vraie relation amoureuse.
Photos : Capture de la vidéo Mylène
Farmer Stade
de France - Bonus "Ecorchée vive"