En
1988,
Mylène remporte le
trophée de l'artiste interprète
féminine de l'année.
Elle est
présente lors de la cérémonie
diffusée sur TF1 le 19 novembre 1988 mais
n'interprète aucune chanson recevant simplement son
trophée des mains d'Alain Souchon.
Les deux autres chanteuses nommées étaient Guesch
Patti et France Gall.
"C'était un grand moment d'émotion. J'ai toujours
eu du mal à distinguer le bonheur de la tristesse. Chez moi,
ils se conjuguent parfaitement. En prenant ma récompense,
j'ai vu défiler les plus belles images de ma vie et les plus
cruelles aussi. On dit bien que la jouissance est une petite mort. Je
n'ai pas voulu chasser le naturel, je n'avais
préparé aucun texte, j'ai tout dit
spontanément. D'autres choses sont également
intervenues, mais je tiens à les garder secrètes.
(...) Dans la voiture, en quittant le Zénith, avec mon
manager Bertrand LePage, nous n'avons échangé
aucun mot. J'étais assise à serrer
très fort entre mes mains cet objet très lourd.
C'est ma manière de vivre les choses. Mon sens de la
fête est le repli sur soi, sans occulter le bonheur. Chez
moi, j'ai placé la Victoire dans mon salon, sur un
haut-parleur. Comme beaucoup d'artistes, j'ai été
étonnée. Je ne vois aucune inscription sur le
trophée, pas même la catégorie. Tout
juste ‘Victoires de la Musique 1988’. Je regrette
cet anonymat."
(Mylène Farmer - Tele 7 jours - 10/12/88)
Il faut reconnaître que les mois
précédents ont été
particulièrement riches en actualités et
succès pour Mylène avec l'album
Ainsi soit je...
(numéro 1 et disque de diamant) et
déjà trois tubes extraits,
Sans contrefaçon,
Ainsi soit je... et
Pourvu
qu'elles soient douces.
Un univers particulier qui se dessine progressivement avec notamment
des clips
étonnants, novateurs et qui ont fait beaucoup parler.
Mylène travaille alors sur sa première
tournée, le
Tour 89 qui débutera quelques semaines plus
tard le 11 mai 1989 à Saint-Etienne.
On a toujours dit que
Mylène aurait alors été refroidie ou
même choquée par l'hypocrisie ambiante dans les
coulisses.
"J'ai passé des heures en
coulisses pour les répétitions de cette
soirée télévisée. Tout le
gratin du show-business était là et ces gens
m'ont écoeurée. Ils se détestent tous.
J'étais triste d'avoir été
récompensée et reconnue par ces
gens-là. Ce sont les Victoire de l'hypocrisie !
J'ai failli m'enfuir, mais je suis restée pour faire plaisir
aux gens qui regardaient l'émission. Ils n'auraient pas
compris.."
(Mylène Farmer -
Télé Moustique - 12/10/1989)
Elle aurait même, selon la légende
refusé de chanter en direct
Sans Logique.
On notera sur cette
petite vidéo que Mylène
remercie uniquement le public alors que le prix était
décerné par les "professionnels" de la musique.
Déjà très symbolique.
Une incompréhension avec un certain milieu de la musique, un
lien unique avec son public et déjà,
Mylène, d'une certaine façon prend ses distances
avec les règles classiques de la promotion et fait
comprendre qu'elle fera à son gré et saura ne
plus respecter certains impératifs qui ne lui conviennent
guère.
Mylène sera régulièrement
nommée aux Victoires de la Musique jusqu'en 2001 sans
remporter de nouvelle "Victoire".
(nominations sans
victoire: meilleure artiste
féminine en 1992, 2000 et 2001, meilleur concert en 1997 et
2001, meilleurs clips en 1992 pour Désenchantée
et en 1987 pour Libertine)
Finalement, on ne l'a plus jamais revue aux Victoires de la
Musique même,
lorsqu'en
1997,
Anamorphosée
est sacré album
français le plus exporté.
En
2005,
Mylène obtient le prix du public de l'artiste
féminine des vingt dernières années.
Elle ne se déplace pas pour recevoir son trophée
(tout comme Jean-Jacques Goldman, élu artiste masculin des
vingt années passées).
Nagui, l'un des animateurs de la soirée, semblant un poil
aigri ou agacé dira que Mylène aurait
envoyé le message suivant :
"Merci. N'oubliez pas que mon dernier single s'appelle "Fuck
them all"..."