Concepteur
des images de scène Avant
que l'ombre... à Bercy
2006
Bonus DVD Avant
que l'ombre... à Bercy - "Works by Escalle"
Je m'appelle Alain
Escalle, je suis réalisateur en
infographie, c'est-à-dire que je fais beaucoup
d'images retravaillées sur ordinateur. Et, je
travaille
dans le milieu de la vidéo depuis à peu
près
quinze ans.
J'ai commencé à travailler un peu dans
la
publicité et à travailler aussi sur mes projets
personnels la nuit, quand les machines étaient libres,
après le départ des clients. J'ai
travaillé comme
ça pendant une dizaine d'années.
Mais, j'ai une approche assez autodidacte, j'aime
bien
bricoler, mélanger les techniques traditionnelles avec les
techniques beaucoup plus technologiques. C'est comme une
mayonnaise en fait qui prend petit à petit. Je
n'aime pas
trop figer les choses au début, donc, je fabrique beaucoup
de
matières, et, petit à petit les projets naissent
et les
choses progressent par petites touches.
C'est un medium qui permet de mélanger beaucoup de
choses
: la 3D, la vidéo, le film, du dessin, et travailler avec le
son
évidemment. Et, aussi, de pouvoir créer des
choses en
toute petite équipe jusqu'à faire des
choses tout
seul. C'est ce qui, moi, m'a permis de trouver mon
univers,
ma patte.
L'univers de
Mylène
Je suis assez éclectique en musique,
j'écoute
beaucoup de choses. Ça va de la
variété
française, mais aussi de la musique concrète
très
absconse pour certaines personnes. Là encore,
j'aime bien
avoir un champ, un échantillon assez large dans ce que je
peux
écouter ou voir.
Par contre, je savais que l'univers de Mylène
était
pour moi approprié, parce que, chaque chanson
développe
une thématique et fournit des
références autant
cinématographiques que littéraires, que
picturales. Donc
,c'est évidemment quelque chose qui parle. Je
pense aussi
que c'est lié à ma façon de
travailler,
cette espèce d'idée de 'on touche
à tout',
et pour monter quelque chose… qui crée un univers.
La rencontre
La maison de production a tout de suite envoyé mon
court-métrage, "Le conte du monde flottant", que
Mylène a vu, et me demande, non seulement de passer le film
en
première partie du spectacle, et, de réaliser les
images.
J'ai été plus que comblé, et
j'avais
envie de le faire.
Mylène a tout de suite parlé du rouge, du violet,
des
références à la Russie, à
la
religion
orthodoxe, donc des choses assez concrètes.
Moi, ma difficulté a été
plutôt
d'oublier le fait que je connaissais
déjà un peu
l'univers, et, essayer d'aborder ça
d'une
façon assez neutre et trouver, moi, mon propre style. Donc,
j'y suis allé moi en présentant une
sorte de cahier
de tendances, qui étaient en même temps des
touches
colorées mais aussi des références
picturales que
j'avais, qui sont tirées de l'histoire
de
l'Art, et, des choses que j'avais moi dans mes
œuvres.
Mylène m'a montré un dossier qui
concernait les
décors, les croquis concernant les costumes. On a
mélangé un petit peu tout ça pour
essayer, sur
chaque chanson, de se mettre au point sur une ambiance, une petite
histoire, qui au départ, était très
figurative.
Dans mes films, j'aime beaucoup travailler sur les corps, et,
donc, j'ai beaucoup présenté des choses
avec des
danseurs, des corps nus et des choses comme ça. Petit
à
petit, Mylène a demandé à pas mal
épurer
tout ça. Je pense que, évidemment,
c'est quelque
chose qui était bénéfique.
Ça aurait
été en trop, superflu.
La création
Dans un premier temps, j'ai simplement traité les
chansons
qui m'inspiraient. Donc, il y a des choses qui n'ont pas
été réalisées, mais, qui
étaient
plus pour privilégier un certain équilibre entre
les
parties illustrées, les parties chorégraphiques
et, les
parties sans images vidéo.
Moi, j'ai commencé à travailler en
octobre, et, je
n'ai pu voir les démonstrations sur les
écrans
géants que trois mois après. À la
disposition des
écrans et le mouvement des écrans, il y a une
première répartition que j'ai
suggérée à la remise des projets, et,
ensuite, une
répartition qui s'est faite sur un dialogue avec
Laurent
pendant les répétitions, suivant ce que lui
envisageait
en termes de scénographie et en termes de rythmique,
d'enchaînements des morceaux.
Ma vraie difficulté était aussi de
gérer
création des images et montage. Donc, il a fallu
avoir une
double équipe, avec un monteur qui travaille de son
côté sur les maquettes des premiers montages.
Les premières projections avec Mylène se sont
faites
presque un mois après. Laurent était
là aussi pour
avoir une vision, plus, de mise en scène. Donc, parfois,
moi, je
voyais peut-être un peu trop chaque chanson comme un seul et
même bloc qui se suffit en soi. Mais, eux deux,
étaient
toujours là pour, en fait, équilibrer le fait que
cela
devait s'intégrer dans une structure
d'ensemble.
Moi, j'étais assez vigilant par rapport
à certaines
images, comme par exemple "Ange, parle-moi" où
c'est une
thématique de vitraux, et, pour que ça fonctionne
bien,
il faut vraiment qu'on soit comme dans une église,
qu'il y ait une sorte d'obscurité et que
la
lumière naisse des vitraux. Donc, là, parfois,
certains
éclairages étaient un peu frisants, mais,
ça a
disparu au fil des répétitions. Plus
ça allait
être sobre, et mieux les vitraux allaient passer, en fait.
Je savais aussi qu'il y allait avoir l'implication
des
danseurs espagnols. Donc, je me doutais que certains morceaux allaient
quand même tirer vers des références
hispaniques,
d'où aussi , le fait, pour "Fuck them
all" par
exemple, de travailler sur des affiches, des textures
provenant de
la tauromachie.
(L'entrée en scène) J'imaginais des
végétaux. La scène serait du sang.
Mylène
à l'intérieur d'un embryon,
Mylène
naissante.
Tout le long du concert, j'intégrais, dans mes
premières envies, beaucoup d'images de
Mylène. Tout
ça a été évacué.
Donc, on en est
restés, à chaque fois, à
épurer sur l'ensemble, et ne garder que des choses
beaucoup plus universelles. Et, en même temps, j'ai
été surpris de voir qu'à la
fin tous les
éléments se mélangent aussi bien, et
que le fond
se liait à la forme. Je trouvais que les images finalement
collaient parfaitement à l'ensemble du concert.
Mylène
On peut se faire pleins d'images de Mylène en
fait.
J'ai été très
étonné par la
simplicité, et le respect surtout, qu'elle a pu
avoir
à mon encontre, par rapport à mon travail.
J'étais là pour conseiller, donner,
moi, mon avis
et, j'ai plutôt eu l'impression de
participer
à une carte blanche qu'une commande.