Concepteur
des costumes des concerts Avant
que l'ombre... à Bercy
2006
Bonus DVD Avant
que l'ombre... à Bercy
Le souvenir que j'ai du début de la rencontre avec
Mylène, c'est que Isabelle vient dans mon bureau
et me dit
: "Ecoute, je viens d'avoir un coup de fil de
quelqu'un qui
demande si tu serais intéressé pour faire des
costumes de
scène". Je lui dis : "Evidemment, bien sûr, que
ça
m'intéresse". Mais, bon,
c'était resté
très secret, on n'a pas su qui avait
appelé, pour
qui c'était, etc.
Et donc, on a rappelé, donc on a dit : "Bien sûr,
ça nous intéresse, etc.". Et, en fait
j'ai
rencontré Mylène le 11 juillet (2005).
Alors moi, je connaissais l'univers de
Mylène évidemment, au travers de toutes les
vidéos.
On est dans un univers de magie, de rêve et, en tout cas de
choses qui sont fortes. Et, c'est vrai que,
aujourd'hui, je
trouve qu'il n'y a plus beaucoup de personnes qui
représentent ça.
J'étais venu avec des dossiers photos pour montrer
un peu le travail des collections antérieures.
Mais
bon, pour moi, aussi, c'était important de
situer les
choses sur lesquelles Mylène allait
s'arrêter. Parce
que d'une part, il peut y avoir des choses qu'elle
aimait
personnellement, et puis, ce qu'elle aimait pour la
scène.
Pour moi, cette histoire, elle est très importante parce que
ma
création a toujours été
extrêmement
liée à la musique. Par exemple, les
premières
collections que j'ai fait, en 87,
l'idée,
c'était de dire : "Je prends une musique et
j'en
tire une émotion, et, cette émotion devient une
ambiance,
et, cette ambiance devient un vêtement". Donc, c'est vrai que
la
musique et la mise en scène sont toujours très
importants
dans les collections. Donc, finalement pour moi, il y a cette notion un
peu de boucler la boucle, c'est-à-dire
qu'on arrive
à ce qu'on a toujours voulu faire.
Mylène m'a expliqué qu'elle
allait descendre
du plafond dans une capsule transparente, etc. Moi j'ai tout
de
suite pensé à cette notion un peu de
sommeil, de
petite mort. Donc, ça m'a renvoyé
à des
images cultes, entre autres, ce fameux passage du film de Mankiewicz,
"Cléopâtre" où
Cléopâtre montre le
tombeau d'Alexandre à Jules César.
Donc, il y a ce
côté guerrier, en même temps mystique,
et, toujours
cette notion, quand même, victorieuse…
Ce qui est important, je trouve, dans toutes les histoires comme
ça, c'est la notion de culture. Par exemple des
choses
qu'on vous raconte, qui vous renvoient tout de suite
à
tout ce qui est pictural, à tout un ensemble finalement
culturel. Et, avec Mylène, il y a vraiment eu cette
rencontre,
c'est-à-dire vraiment, cette notion de culture et
de
curiosité.
Je ne fais pas un défilé, je travaille pour
quelqu'un, donc, l'idée, c'est
de rentrer dans
l'univers de cette personne et de se fondre dans cet univers
en
apportant sa touche, mais, de dire que je participe à une
aventure, à une histoire. L'idée
n'était pas du tout d'imposer quoi que
ce soit,
c'était de continuer dans cette voie en sachant
que
aujourd'hui, elle avait envie certainement de choses un peu
différentes qu'avant. Et, ce dont
j'avais envie,
c'était d'appuyer sur la vision que
j'avais
d'elle aujourd'hui.
Etape de confection de la
première tenue
Pour moi, ce qui était important,
c'était
d'abord de faire un vrai travail de couture, des choses
sophistiquées où, vraiment, le détail
est
important. Et l'idée après,
c'est de chercher
autour d'une chanson et d'un décor tout
l'univers qu'on peut y rattacher.
Il y avait aussi cette notion de changement à vue,
qu'est-ce qu'on peut retirer sur les danseuses la
première fois qu'elles apparaissent,
puisqu'elles
enlèvent leurs pantalons et elles enlèvent la
veste.
Il
fallait allier le fait que ça soit esthétique,
que
ça mette tout le monde en valeur, que ça soit
confortable, agréable à porter, ou en tout cas
pas trop
désagréable. Et, il fallait raccorder
après, les
danseurs flamenco avec les musiciens.
Et
puis, bon, on a fait aussi quelque chose
de particulier pour Yvan (Cassar) et pour les choristes aussi.
Une
chose qui était amusante, c'est
qu'on a ressorti
quelque chose que j'avais fait en 1990 et qui
était
justement l'armure du début. J'ai dit
à
Mylène : "Si tu aimes ça, on va le faire.
Effectivement,
ça pourrait être très beau, mais
là, on va
le faire couture. Donc, on l'a fait en tissu, ça a
été brodé en Inde, etc. Il y a eu
vraiment cette
notion aussi de vêtement qui voyage, qui se ballade, et,
finalement, ce qui était intéressant aussi,
c'était de revisiter son propre patrimoine, mais,
au
travers des yeux de quelqu'un qui est extérieur.
C'est vrai qu'il y a eu ces pièces qui
sont parties
en Inde, ll y a eu ce travail sur la première
tenue.
Le
manteau par contre, lui, a été fait
entièrement à Paris. Donc là, il y a
eu un boulot
énorme parce qu'il est entièrement
brodé, et
puis après, il est re-perlé. Il y a des perles de
Tahiti
dessus. Et puis, il y a aussi plein de petites médailles de
la
Chapelle de la ?.
L'idée
du manteau est venue rapidement. Par
contre, il y
avait quand même cette idée que manteau, il
fallait
l'enlever. Donc, tout d'un coup le point
d'interrogation, c'est : "Qu'est-ce
qu'on met
sous ce manteau ?". Là, on est retombés sur le
soutien-gorge et la culotte, qui ont été
repeints, etc.
pour avoir vraiment cette notion de nudité, et en
même
temps de brillance, etc.
Un
artiste sait exactement ce qui lui va et ce qui ne lui va pas. Et,
je pense que, en voyant comment ça s'est
passé pour
les costumes, je pense qu'elle est comme ça pour
tout.
C'est à dire qu'elle est impliquée de A
jusqu'à Z sur tous les fronts.
C'était une expérience
extrêmement
stimulante, parce que tout le monde ne rencontre pas
quelqu'un
comme Mylène Farmer.
Il y avait une notion de proximité, c'est assez
étonnant comme sentiment. Il n'y a pas eu de
barrière, c'était une espèce
d'accord
de sensibilités.