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Mylène Farmer - Interview - Antenne 2 Midi - 01er septembre 1986






Mylène Farmer et Laurent Boutonnat sont les invités du JT de la mi-journée d'Antenne 2.
Première et dernière fois (à ce jour) qu'ils sont ensemble sur un plateau de télévision.


Noël Mamère : (réaction à un reportage, ndlr) Est-ce que vous avez déjà fait du surf mademoiselle Farmer ? 
Mylène Farmer : Non. Parce que l'eau est un élément qui m'effraie. Donc, je préfère l'équitation !


Noël Mamère : Vous avez fait beaucoup d'équitation, racontez-nous ça.
Mylène Farmer : Oui, j'en ai fait pendant cinq ans.


Noël Mamère : Vous étiez forte ?
Mylène Farmer : Forte, je pense que oui, j'avais un bon niveau. J'avais envie de faire une carrière. Mais, j'avoue que j'ai abandonné l'idée à dix-huit, dix-neuf ans.


Noël Mamère : Et vous étiez une très, très bonne cavalière. Vous avez failli même être écuyère, je crois ?
Mylène Farmer : Non, n'exagérons pas ! (rires) Vos renseignements sont erronés.


Noël Mamère : Bon. Vous êtes en compagnie de Laurent Boutonnat, parce que Laurent Boutonnat travaille beaucoup avec vous. C'est lui, même, qui, je crois, vous a incité à faire de la chanson.
Mylène Farmer : C'est-à-dire que, oui, on s'est rencontrés et, lui, est compositeur, donc, a une passion pour la musique, pour le cinéma également...


Noël Mamère : On va en parler avec lui...
Mylène Farmer : ... et donc, m'a proposé avec une autre personne la première chanson, qui était Maman a tort. Et, depuis, voilà, nous travaillons ensemble.


Noël Mamère : Alors, comment bascule-t-on comme ça d'un coup de l'équitation à la chanson ?
Mylène Farmer : Une bonne étoile au-dessus de ma tête, certainement. Beaucoup de chance, et puis, depuis deux ans, beaucoup de travail, aussi.
Laurent Boutonnat : Parce qu'on tombe de cheval !


Noël Mamère : On tombe de cheval ! (rire) Laurent Boutonnat, c'est la voix, le physique de Mylène Farmer qui vous avaient séduit ou ce sont les deux à la fois ?
Laurent Boutonnat : Oui, c'est les deux à la fois, parce qu'on cherchait quelqu'un au moment où on avait fait cette chanson avec un ami, qui était Maman a Tort, qui est une chanson un peu spéciale qui se passait dans un hôpital psychiatrique, d'une petite fille... Et le jour où Mylène est arrivée, elle était... elle était parfaite, quoi ! C'était le personnage ! (rires de Mylène)


Noël Mamère : Parce qu'elle avait l'air un peu pervers, ou pas ?
Laurent Boutonnat : C'était pas tellement pervers, c'est plutôt... psychotique, je dirais. Quelqu'un d'un peu renfermé...


Noël Mamère : Une sorte d'ambiguïté, quoi ?
Laurent Boutonnat : Oui, oui, très bizarre. Ça a été elle tout de suite, quoi. Même avant de l'entendre chanter.


Noël Mamère : Alors, vous lui avez écrit Libertine, qui est un véritable succès, qui a fait un tabac cet été.
Laurent Boutonnat : C'est en train de faire un tabac. Je suis ravi que ça marche.


Noël Mamère : Alors, c'est un texte qui est aussi un petit peu pervers, ou peu ambigu, comme on voudra.
Laurent Boutonnat : C'est un texte qui n'est pas très simple, peut-être. Mais, curieusement, c'est assez drôle d'ailleurs d'entendre... c'est curieux que ça marche, enfin je suis ravi que ça marche... mais c'est drôle d'entendre dans la bouche des enfants chanter : "Je, je suis libertine/ Je suis une catin". Ça change un peu !


Noël Mamère : Ça doit vous amuser... Vous devez bien rire... (rires de Mylène)
Laurent Boutonnat : Non, non, je suis très, très heureux !


Noël Mamère : Et bien, on va écouter un extrait du clip que vous avez réalisé sur Libertine, avec Mylène Farmer et puis après, on parlera ensemble de votre collaboration et de l'idée que vous vous faites de votre métier.
Laurent Boutonnat : Oui…
Mylène Farmer : D'accord.


Diffusion d'un extrait du clip Libertine.


Noël Mamère : Voilà. Les amateurs de cinéma verront un clin d'œil à Barry Lindon et à tous les styles du XVIIIème.
Mylène Farmer : On dit Barry Lindon, c'est vrai qu'il y a une couleur, je crois que c'est une ambiance. Et puis, les gens n'ont de référence que ce film qui retrace le XVIIIème siècle, le libertinage : c'est Barry Lindon.


Noël Mamère : C'est un clip, un film, qui dure onze minutes. C'est pas très vendable, ça, à la télévision pour passer dans un journal, par exemple !
Mylène Farmer : Oui, c'est dommage. Mais je pense qu'il y aura une promotion cinématographique, c'est-à-dire dans les salles de cinéma, c'est en attente, c'est en pourparlers. Ce serait l'idéal pour ce clip. (ceci ne se concrétisera pas, ndlr)


Noël Mamère : Et vous pensez que ça aide beaucoup à la promotion d'un disque, la fabrication d'un clip très, très sophistiqué comme celui-là ?
Mylène Farmer : Moi je veux pas faire de généralités. Je pense qu'en ce qui me concerne, le travail qui est fait depuis deux ans, pour moi, c'est essentiel d'avoir ce clip et le clip précédent, parce que c'est un travail d'image et puis c'est enrichir, je crois, un personnage, déjà, et puis une chanson, pourquoi pas.


Noël Mamère : Pour vous, les deux sont indissociables aujourd'hui, si j'ai bien compris ?
Mylène Farmer : Pour moi, indissociable réellement, mais parce que Laurent Boutonnat, parce que - vous parliez de mentor tout à l'heure - pour moi c'est surtout un admirable metteur en scène, mais dans toute sa généralité.


Noël Mamère : Et ça vous donne le goût de faire du cinéma ?
Mylène Farmer : Je rêve de faire du cinéma, là, depuis que je suis toute petite et j'espère en faire un jour. Mais tout ça, ce sera aussi très réfléchi.


Noël Mamère :  Alors vous, justement, Laurent Boutonnat, depuis que vous êtes tout petit, depuis que vous avez dix ans je crois, vous faites du cinéma. Et de la musique, mais aussi du cinéma.
Laurent Boutonnat : Oui. C'est-à-dire que j'ai fait du piano, j'ai appris la musique et l'harmonie très jeune, et j'ai commencé à faire des films très jeune aussi. A 10 ans comme ça, en Super 8, des petits films. Et c'est toujours deux choses que j'ai fait... j'ai toujours fait des petits films, j'ai fait la musique de mes petits films. Enfin, c'est toujours des activités que j'ai fait, comme ça...


Noël Mamère : Vous aviez une formation de classique, de conservatoire ?
Laurent Boutonnat : Pas de conservatoire, mais des cours de piano. J'ai commencé à faire du piano à cinq ans, jusqu'à treize, quatorze ans. Et puis après, j'ai tout envoyé ballader mais je m'y suis remis quand même.


Noël Mamère : C'est marrant parce qu'on assiste en ce moment à une éclosion de jeunes femmes comme vous qui ont des visages très doux, on leur donnerait le bon Dieu sans confession, si je puis dire...
Mylène Farmer : C'est vrai...


Noël Mamère : ... et puis qui susurrent, qui chantent des chansons très, très libertines.
Mylène Farmer : C'est là que réside toute la perversion de l'histoire ! (rires)


Noël Mamère : Vous croyez que c'est un phénomène d'époque, ça ?
Laurent Boutonnat : Non, mais je pense que c'est plus intéressant de travailler... parce qu'une chanson, c'est bien, mais c'est un peu... c'est quelque chose de très simple, mais travailler autour de ça, l'image et tout ce que ça comporte, ça c'est passionnant.


Noël Mamère : Bien. Et bien, écoutez, merci d'être venus à Antenne 2 Midi, Mylène Farmer et Laurent Boutonnat.
Mylène Farmer & Laurent Boutonnat : Merci !


Noël Mamère : Je rappelle ce titre, Libertine, mais qui est déjà très, très connu. Il doit être dans le Top 50 déjà, non ?
Mylène Farmer : Ça y est, oui. La Bible du français, actuellement c'est le Top 50 ! (sourires)


Noël Mamère :  J'écoute pas beaucoup la radio,  mais je sais que le Top 50 c'est une référence.
Mylène Farmer : C'est vrai, nous sommes dans le Top 50. Ça veut dire que le disque vend, voilà, que l'artiste fonctionne.


Noël Mamère : Tant mieux pour vous !


Noël Mamère lance ensuite un reportage sur le pianiste Jean-Paul Farré, en précisant qu'il note une ressemblance entre sa chevelure et celle de Laurent Boutonnat. Ce dernier en rit et semble apprécier ce pianiste qu'il dit trouver "très bon".


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