Mylène
Farmer et Laurent Boutonnat sont
les invités du JT de la mi-journée
d'Antenne 2.
Première et dernière fois (à ce jour)
qu'ils sont ensemble sur un plateau de télévision.
Noël Mamère :
(réaction à un reportage, ndlr) Est-ce que vous
avez déjà fait du surf mademoiselle Farmer
? Mylène
Farmer : Non. Parce que l'eau est un
élément qui m'effraie. Donc, je
préfère l'équitation ! Noël
Mamère : Vous avez fait beaucoup
d'équitation, racontez-nous ça. Mylène
Farmer : Oui,
j'en ai fait pendant cinq ans. Noël
Mamère : Vous étiez forte ? Mylène
Farmer : Forte, je pense
que oui, j'avais un bon niveau. J'avais envie de
faire une carrière. Mais, j'avoue que
j'ai abandonné l'idée
à dix-huit, dix-neuf ans. Noël
Mamère : Et vous étiez une
très, très bonne cavalière. Vous avez
failli même être écuyère, je
crois ? Mylène
Farmer : Non,
n'exagérons pas ! (rires) Vos renseignements sont
erronés. Noël
Mamère : Bon. Vous êtes en compagnie de
Laurent Boutonnat, parce que Laurent Boutonnat travaille beaucoup avec
vous. C'est lui, même, qui, je crois, vous a
incité à faire de la chanson. Mylène
Farmer :
C'est-à-dire que, oui, on s'est
rencontrés et, lui, est compositeur, donc, a une passion
pour la musique, pour le cinéma
également... Noël
Mamère : On va en parler avec lui... Mylène
Farmer : ... et
donc, m'a proposé avec une autre personne la
première chanson, qui était Maman a tort. Et,
depuis, voilà, nous travaillons ensemble. Noël
Mamère : Alors, comment bascule-t-on comme
ça d'un coup de l'équitation
à la chanson ? Mylène
Farmer : Une bonne
étoile au-dessus de ma tête, certainement.
Beaucoup de chance, et puis, depuis deux ans, beaucoup de travail, aussi. Laurent
Boutonnat : Parce qu'on tombe de cheval ! Noël
Mamère : On tombe de cheval ! (rire) Laurent Boutonnat, c'est la
voix, le physique de Mylène Farmer qui vous avaient
séduit ou ce sont les deux à la fois ? Laurent
Boutonnat : Oui, c'est les
deux à la fois, parce qu'on cherchait
quelqu'un au moment où on avait fait cette chanson
avec un ami, qui était Maman a Tort, qui
est une chanson un peu spéciale qui se passait
dans un hôpital psychiatrique, d'une petite
fille... Et le jour où Mylène est
arrivée, elle était... elle
était parfaite, quoi ! C'était le
personnage ! (rires de Mylène) Noël
Mamère : Parce qu'elle avait
l'air un peu pervers, ou pas ? Laurent
Boutonnat :
C'était pas tellement pervers, c'est
plutôt... psychotique, je dirais. Quelqu'un
d'un peu renfermé... Noël
Mamère : Une sorte
d'ambiguïté, quoi ? Laurent
Boutonnat : Oui, oui,
très bizarre. Ça a été elle
tout de suite, quoi. Même avant de l'entendre
chanter. Noël
Mamère : Alors, vous lui avez
écrit Libertine, qui est un véritable
succès, qui a fait un tabac cet été. Laurent
Boutonnat : C'est en train de faire un
tabac. Je suis ravi que ça marche. Noël
Mamère : Alors, c'est un texte qui est
aussi un petit peu pervers, ou peu ambigu, comme on voudra. Laurent
Boutonnat : C'est un
texte qui n'est pas très simple,
peut-être. Mais, curieusement, c'est assez
drôle d'ailleurs
d'entendre... c'est curieux que ça
marche, enfin je suis ravi que ça marche... mais
c'est drôle d'entendre dans la bouche des
enfants chanter : "Je, je suis libertine/ Je suis une catin".
Ça change un peu ! Noël
Mamère : Ça doit vous
amuser... Vous devez bien rire... (rires de
Mylène) Laurent
Boutonnat : Non, non, je suis
très, très heureux ! Noël
Mamère : Et bien, on va écouter un
extrait du clip que vous avez réalisé
sur Libertine,
avec Mylène Farmer et puis après, on parlera
ensemble de votre collaboration et de l'idée que
vous vous faites de votre métier. Laurent
Boutonnat : Oui… Mylène
Farmer : D'accord. Diffusion
d'un extrait du clip Libertine. Noël
Mamère : Voilà. Les amateurs de
cinéma verront un clin d'œil
à Barry
Lindon et à tous les styles du
XVIIIème. Mylène
Farmer : On
dit Barry Lindon,
c'est vrai qu'il y a une couleur,
je crois que c'est une ambiance. Et puis, les gens
n'ont de référence que ce film qui
retrace le XVIIIème siècle, le libertinage :
c'est Barry
Lindon. Noël
Mamère : C'est un clip, un film, qui dure
onze minutes. C'est pas très vendable,
ça, à la télévision pour
passer dans un journal, par exemple ! Mylène
Farmer : Oui,
c'est dommage. Mais je pense qu'il y aura une
promotion cinématographique, c'est-à-dire dans
les salles de cinéma, c'est en attente,
c'est en pourparlers. Ce serait l'idéal
pour ce clip. (ceci ne se concrétisera pas, ndlr) Noël
Mamère : Et vous pensez que ça aide
beaucoup à la promotion d'un disque, la
fabrication d'un clip très, très
sophistiqué comme celui-là ? Mylène
Farmer : Moi je veux pas
faire de généralités. Je pense
qu'en ce qui me concerne, le travail qui est fait depuis deux
ans, pour moi, c'est essentiel d'avoir ce clip et
le clip précédent, parce que c'est un
travail d'image et puis c'est enrichir, je crois,
un personnage, déjà, et puis une chanson,
pourquoi pas. Noël
Mamère : Pour vous, les deux sont indissociables
aujourd'hui, si j'ai bien compris ? Mylène
Farmer : Pour moi,
indissociable réellement, mais parce que Laurent Boutonnat,
parce que - vous parliez de mentor tout à l'heure
- pour moi c'est surtout un admirable metteur en
scène, mais dans toute sa
généralité. Noël
Mamère : Et ça vous donne le
goût de faire du cinéma ? Mylène
Farmer : Je
rêve de faire du cinéma, là, depuis que
je suis toute petite et j'espère en faire un jour.
Mais tout ça, ce sera aussi très
réfléchi. Noël
Mamère : Alors vous, justement, Laurent
Boutonnat, depuis que vous êtes tout petit, depuis que vous
avez dix ans je crois, vous faites du cinéma. Et de la
musique, mais aussi du cinéma. Laurent
Boutonnat : Oui.
C'est-à-dire que j'ai fait du piano,
j'ai appris la musique et l'harmonie
très jeune, et j'ai commencé
à faire des films très jeune aussi. A 10 ans
comme ça, en Super 8, des petits films. Et c'est
toujours deux choses que j'ai fait... j'ai
toujours fait des petits films, j'ai fait la musique de mes
petits films. Enfin, c'est toujours des activités
que j'ai fait, comme ça... Noël
Mamère : Vous aviez une formation de classique, de
conservatoire ? Laurent
Boutonnat : Pas de conservatoire,
mais des cours de piano. J'ai commencé
à faire du piano à cinq ans,
jusqu'à treize, quatorze ans. Et puis
après, j'ai tout envoyé ballader mais
je m'y suis remis quand même. Noël
Mamère : C'est marrant parce
qu'on assiste en ce moment à une
éclosion de jeunes femmes comme vous qui ont des visages
très doux, on leur donnerait le bon Dieu sans confession, si
je puis dire... Mylène
Farmer : C'est vrai... Noël
Mamère : ... et puis qui
susurrent, qui chantent des chansons très, très
libertines. Mylène
Farmer : C'est là que
réside toute la perversion de l'histoire ! (rires) Noël
Mamère : Vous croyez que c'est un
phénomène d'époque,
ça ? Laurent
Boutonnat : Non, mais je pense que
c'est plus intéressant de travailler...
parce qu'une chanson, c'est bien, mais
c'est un peu... c'est quelque chose de
très simple, mais travailler autour de ça,
l'image et tout ce que ça comporte, ça
c'est passionnant. Noël
Mamère : Bien. Et bien, écoutez, merci
d'être venus à Antenne 2 Midi,
Mylène Farmer et Laurent Boutonnat. Mylène
Farmer & Laurent Boutonnat : Merci ! Noël
Mamère : Je rappelle ce titre, Libertine, mais qui
est déjà très, très connu.
Il doit être dans le Top 50 déjà, non ? Mylène
Farmer : Ça y
est, oui. La Bible du français, actuellement c'est
le Top 50 ! (sourires) Noël
Mamère : J'écoute
pas beaucoup la radio, mais je sais que le Top 50
c'est une référence. Mylène
Farmer : C'est
vrai, nous sommes dans le Top 50. Ça veut dire que le
disque vend, voilà, que l'artiste
fonctionne. Noël
Mamère : Tant mieux pour vous ! Noël
Mamère lance ensuite un reportage sur le
pianiste Jean-Paul Farré, en précisant qu'il note
une ressemblance entre sa chevelure et celle de Laurent Boutonnat. Ce
dernier en rit et semble apprécier ce pianiste qu'il dit
trouver "très bon".