Mylène Farmer - Interview - Gai Pied - 12 janvier 1987
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Date12 janvier 1987
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Média / PresseGai Pied
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Interview parPablo Rouy
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Fichier
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Catégories interviews
Mylène Farmer : (Evasive) J'aime toujours les plaisirs impolis... Le texte a été un handicap au départ, mais ce côté sulfureux existe même s'il dérange. J'aime ce qu'on m'interdit !
Mylène, je trouve superbe ton premier 30 cm Cendres de lune. Tu y abordes surtout la sexualité féminine...
Mylène Farmer : Non, pas la sexualité, mais la sensualité. Ce mot se rapproche plus de moi... Je ne pense pas être une bombe sexuelle ! (Elle rit.)
Disons alors les émotions, les vibrations physiques. Pourtant Vieux bouc est une espèce de messe noire.
Mylène Farmer : (Après un long silence) Il m'arrive d'avoir le feu dans les veines. De temps en temps, je suis le Diable !
(Effaré.) Alors tu jettes des sorts ?
Mylène Farmer : Non, non, rassurez-vous ! Mais quand j'étais petite, je modelais des poupées aux effigies de quelques personnes. Je ne les ai jamais percées avec des épingles.
Dans Chloé, on trouve encore l'enfance !
Mylène Farmer : C'est ma comptine... et aussi l'innocence et la cruauté des enfants. C'est diabolique ! (Encore !) Une petite fille aux yeux bleus et au sourire angélique qui vient vous dire qu'elle a tué sa petite copine...
(Enervé.) Est-ce de la sororité ou de la lesbianité ?
Mylène Farmer : Non, ce n'est pas mon propos. Il serait plus intéressant de poser cette question à l'auteur qui a écrit cette chanson, car c'est un homme. Il a projeté ses fantasmes sur moi.
Parle-moi de toi.
Mylène Farmer : On peut chanter "je suis libertine, je suis une catin", et avoir beaucoup de pudeur. Il faut savoir garder des choses qui n'intéressent que vous. Il ne faut pas faire de vivisection de l'artiste. Je n'ai pas à ouvrir mon ventre. S'il y a quelque chose à dire de moi, c'est que je suis une personne très nerveuse, en aucun cas passive. Voilà ! (Rires.)
Tu crois aux valeurs individuelles comme la sincérité, l’intégrité ?
Mylène Farmer : Oh ! là ! là ! J'ai horreur de ces mots ! Faire ce métier, c'est un manque de sincérité.
Tu aimerais que ton homme reste à la maison ?
Mylène Farmer : Non, pas du tout ! Je préfère rester avec mon petit singe E.T. qui est déjà suffisamment caractériel...
Si un homme t'agresse sexuellement dans la rue, que fais-tu ?
Mylène Farmer : Ma main dans la figure ! Je tape ! Vous connaissez l'histoire de cette femme violée par trois hommes. Ensuite elle a laissé son adresse et son téléphone en leur assurant que ça lui avait bien plu. Elle leur a donné rendez-vous chez elle, les a endormis et castrés. C'est le genre de choses que je pourrais faire !
Si c'est une femme ?
Mylène Farmer : Je lui réponds "je ne suis pas celle que vous croyez".
Tu es une fille à pédés ?
Mylène Farmer : Non. J'aime les gens que j'ai envie d'aimer. Peu importe leur sexualité. Les homosexuels m'ont toujours porté un grand intérêt et de la chaleur. J'en suis ravie, mais je ne vis pas dans leur monde. Il est vrai que je travaille avec des homosexuels et que je m'en porte bien ! (Rires.) J'ai très faim. C'est bientôt fini ?
A l'église, tu te marierais comment ?
Mylène Farmer : Toute nue !
Ton héroïne favorite de roman ?
Mylène Farmer : Justine de Sade, évidemment.
Comme pâtisserie, que serais-tu ?
Mylène Farmer : Une religieuse ! (Sans hésitation.)
Comme fleur ?
Mylène Farmer : Une tulipe noire.
Si tu étais un poisson ?
Mylène Farmer : Je déteste les poissons. J'adore le foie gras.
Sur une île, tu emmènes un seul livre. Lequel ?
Mylène Farmer : J'hésite. Disons : la moitié des oeuvres de sainte Thérèse d'Avila et la moitié des écrits du marquis de Sade.
La dernière fois que tu as fait l'amour ?
Mylène Farmer : Je ne réponds pas ! (Faussement offusquée.)
Ton homme idéal ?
Mylène Farmer : Mickey Rourke.
Avec qui ferais-tu du cinéma ?
Mylène Farmer : Stanley Kubrick.
Et ta réincarnation ?
Mylène Farmer : J'étais un petit rongeur et je redeviendrai rongeur !
Tu as déjà fait l'amour dans une sanisette ?
Mylène Farmer : Non, jamais ! Je vous le jure.
La première fois qu'un garçon t'a dit je t'aime, c'était comment ?
Mylène Farmer : Il ne me l'a pas dit.
Comment tu dors ?
Mylène Farmer : Toute nue. J'ai trop faim. C'est fini !