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Mylène Farmer - Interview - Graffiti - Mars 1987



  • Date
    Mars 1987
  • Média / Presse
    Graffiti
  • Interview par
    -
  • Fichier
    Mylène Farmer Presse Graffiti Mars 1987  Mylène Farmer Presse Graffiti Mars 1987
  • Catégories interviews



Graffiti : Eh bien, chère Mylène, nous allons parler de votre discographie, plus particulièrement de Tristana, votre dernier single. Un titre, tout nouveau, tout beau qui n'apparaît pas dans l'album.
Mylène Farmer : Effectivement. Et on va l'y insérer car il va y avoir une nouvelle sortie de l'album sur vinyl bien sûr mais aussi en compact. J'ai envie de faire exister ce 30 centimètres un peu plus qu'il n'a existé. De plus, comme j'ai bénéficié d'une chanson qui a bien marché, Libertine pour ne pas la citer, j'avais envie aussi que Tristana figure sur mon premier album.


Graffiti : Maman a tort, On est tous des imbéciles, Libertine, un univers "indéfini". Farmer ne refait jamais du Farmer, avez-vous raison ? Et est-ce le bon choix de renaître à chaque fois sous une forme différente ?
Mylène Farmer : Je sais que ça tourmente beaucoup de personnes. C'est vrai que Tristana ne ressemble pas à Libertine même si ce titre est de la même veine que l'album mais je ne voulais en aucun cas imiter ou faire la plagiat de Libertine parce que ça ne m'intéresse pas.


Graffiti : Interprète avant tout, un statut confortable ! Etes-vous à l'aise dans la peau d'une muse inspirant ses auteurs attitrés ?
Mylène Farmer : En ce qui concerne les textes j'y suis pour quelque chose dans la mesure où soit je les co-signe, soit je les inspire. Et puis, pour les musiques, c'est pareil, je m'y intéresse de très près. Je suis quand même très présente même si c'est vrai que ma signature n'apparaît que très rarement sur l'album. Quant à l'interprétation, c'est à moi de faire le travail de chorégraphie, le travail de l'artiste en fait, normal.


Graffiti : Une équipe autour de vous, alors si vous présentiez ceux qui se cachent dans l'ombre de leur star préférée ?
Mylène Farmer : C'est la même équipe depuis le début. Il y a le compositeur qui est aussi le réalisateur du clip, c'est Laurent Boutonnat et il y a quelqu'un qui me suit de très près, c'est Bertrand Lepage. Il est, un mot que je n'aime pas beaucoup, mon manager, mais en définitive c'est beaucoup plus que ça et puis bien sûr il y a la maison de disques qui est toujours derrière nous, avec nous.


Graffiti : Mannequin hier, chanteuse désormais, un changement de décor dû au hasard ou répondant à une nécessité absolue ?
Mylène Farmer : Ce sont les rendez-vous de la vie qui vous mènent là où vous allez. Chanter, ce n'était pas une vocation bien que la musique m'ait toujours accompagnée. Je m'orientais plus vers le théâtre ou le cinéma, c'est  vrai, mais je voulais de toute façon, occuper une place artistique et faire un métier de création.


Graffiti : Importante l'apparence chez vous, la forme contre le fond ? Un match au sommet, qu'en pensez-vous ?
Mylène Farmer : Avant tout je cherche à me faire plaisir mais il est un fait aujourd'hui que l'image l'emporte sur le reste et que les gens sont plus accrochés par une coiffure, des vêtements, une façon de s'habiller, les attitudes ou les comportements arrivant en 2ème position. Les apparences c'est ce que l'on peut prendre tout de suite, instantanément. Il y a une femme que j'aime vraiment beaucoup c'est Kate Bush justement parce qu'elle a exploité tous les domaines ! D'abord elle bouge très très bien, elle sait se servir de son corps merveilleux et puis elle a aussi des chansons qui me fascinent.


Graffiti : Distante, soit, prenez-vous du plaisir à exercer ce métier de professionnelle avancée ?
Mylène Farmer : Bien sûr, jamais je n'aurais pu travailler dans 1 bureau ! C'est un plaisir extrême mais les contraintes sont inévitables ! Nous sommes des privilégiés, on nous donne l'antenne, l'image, la possibilité de chanter, d'occuper les ondes. C'est formidable.


Graffiti : Êtes-vous perfectionniste ?
Mylène Farmer : Maniaque même, je tiens cela de mon papa. Je suis aussi très colérique. On ne peut pas dire non plus que je sois facile à vivre pour mon entourage.


Graffiti : Vous ne regrettez rien et surtout pas votre existence de mannequin ?
Mylène Farmer : Tout à fait. Ce métier n'avait aucun intérêt mis à part de me permettre de gagner facilement et rondement ma vie.


Graffiti : Alors comment s'improvise-t-on chanteuse ?
Mylène Farmer : On ne s'improvise pas, je crois aux vertus du travail, de la persévérance et de la chance. Maman a tort, mon premier 45 tours, a super bien fonctionné, ensuite il y a eu On est tous des imbéciles qui n'a pas connu le succès public escompté mais ce n'est pas grave, car il faut savoir faire avec les hauts et les bas. On apprend, on se construit, à travers des disques et des images.


Graffiti : A quand les nouvelles images de Farmer clippées ?
Mylène Farmer : Très prochainement sur nos écrans, les amis ! Et ce clip risque de vous surprendre. Il y aura des loups, de la neige et une belle histoire avec la participation d'une star dont je ne peux pas encore divulguer l'identité.


Graffiti : Mylène actrice ! Une éventualité ?
Mylène Farmer : Oui, mais il faut bien le reconnaître, je ne croule pas sous les scénarios et puis les propositions ayant été inspirées par Libertine les films tournaient tous autour du même sujet si vous voyez ce que je veux dire.


Graffiti : Justement, penchons nous sur les images, celles du clip Libertine n'étaient pas à mettre devant tous les yeux ?
Mylène Farmer : Ce clip, c'est surtout un amour du cinéma et des images. Moi je le trouve au contraire très romantique. On n'a pas "appuyé" sur les mots, mais on a raconté une histoire avec des bagarres entre filles, avec des chevaux.


Graffiti : "Libertine", "Catin" un langage 18ème désuet aux antipodes du clip branché, un vocabulaire facile à défendre ?
Mylène Farmer : C'était marrant de remettre au goût du jour, ces mots d'une autre époque et puis être chanteur c'est aussi savoir faire l'acteur. Etre capable d'interpréter une prostituée et le lendemain être crédible sous les traits d'une religieuse.


Graffiti : Solitaire, indépendante, des qualificatifs qui vous vont à ravir n'est-ce pas ?
Mylène Farmer : Complètement, n'est-on pas définitivement seul ?


Graffiti : Conserve-t-on ses amis malgré le succès ?
Mylène Farmer : J'ai un cercle d'amis très restreint et pour eux je suis restée Mylène, sans Farmer.


Graffiti : Les chanteuses se déshabillent, une mode qui vous ravit ?
Mylène Farmer : J'ai remarqué, à mon avis, c'est devenu un peu trop systématique, et puis il ne suffit pas de vêtir un porte-jaretelle pour se vouloir sexy. C'est plus subtil que cela.


Graffiti : Vous verra-t-on à la une d'un magazine de "Fesses", au féminin ?
Mylène Farmer : J'ai mes clips pour ça.


Graffiti : Vous n'êtes pas comme tout le monde.
Mylène Farmer : On n'est jamais réellement comme tout le monde parce que lorsque vous marchez dans la rue, les personnes vous reconnaissent. On ne peut plus regarder les autres, car ce sont eux qui nous observent, et on ne peut jamais être soi-même, puisqu'il y a forcément 1 regard. Parfois c'est très gênant.


Graffiti : Comme dirait Gainsbourg, A quoiboniste, vous répétez sans cesse ah quoi bon, ah, quoi bon...
Mylène Farmer : Merci, Monsieur Gainsbourg de me l'avoir soufflé.


Graffiti : La chanson est-ce un art mineur ?
Mylène Farmer : Qui encule les arts majeurs (rires).


Graffiti : Des voyages au bout de l'horizon ?
Mylène Farmer : Le Canada, bien sûr, où je vais faire de la promo et ce qui va me permettre surtout de renouer avec ce pays de mon enfance. D'y retourner avec un métier dans les mains ça me fait vraiment très plaisir.


Graffiti : Mission secrète ! Vous ne vous dévoilez guère ?
Mylène Farmer : Il y a des choses que je trie en interview parce qu'elles appartiennent à mon intimité.


Graffiti : Etes-vous révoltée ?
Mylène Farmer : Je suis née révoltée, alors !


Graffiti : Encaissez-vous les coups ?
Mylène Farmer : J'ai appris, je suis devenue juge ! J'encaisse, je souris, je ne dis par merci mais presque. A mon avis, c'est plus intelligent que de répliquer parfois !


Graffiti : Etes-vous si mystérieuse qu'il y paraît ?
Mylène Farmer : Non, mais il y a mon métier d'un côté, mes disques, mes clips, mes prestations à part cela le reste c'est mon jardin secret.


Graffiti : Optimiste !
Mylène Farmer : Pas vraiment, disons qu'à un moment de mon existence, je suis tombée dans un lourd pessimisme et puis je me suis replongée dans l'action. Voilà, c'est ce qu'on appelle la philosophie non ?


retranscritpion le 19/07/2012

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