Mylène
Farmer à accordé des interviews à
plusieurs radios fin novembre - début décembre
2010 avant la sortie de l'album
Bleu Noir.
L'interview pour Hit West a été
réalisée par Lucas dans une suite de
l'hôtel Park Hyatt à Paris et diffusée
le jeudi 09 décembre 2010 dans "Backstage" entre 21h et 22h.
Diffusion de
Oui
mais... Non
Hit West : Bonsoir
Mylène Farmer.
Mylène
Farmer : Bonsoir.
Hit West : Vous vous
faites très, très rare dans
les médias. C'est vraiment un plaisir de passer cet instant
avec vous, ce soir.
Mylène
Farmer : Merci.
Hit West :
Première question : comment allez-vous ?
Mylène
Farmer : Ça va bien,
merci.
Hit West : Votre nouvel
album Bleu
Noir vient de sortir. C'est un album, une nouvelle fois
très, très attendu par vos fans, par le public
plus généralement. Huitième album.
Vingt-cinq années de carrière. Est-ce qu'il y a
toujours cette excitation, cette impatience de sortir un nouvel album ?
Mylène
Farmer : Vous voulez dire cette
angoisse ! (Rires.) Elle est là, elle est
présente et bien présente, oui, bien
sûr. Excitation également. Mais, pour l'instant,
c'est plus de l'angoisse qu'autre chose.
Hit West : Toujours
impatiente de délivrer de nouveaux
titres ?
Mylène
Farmer : Oui. C'est quelque
chose... et d'abord, ce pour quoi je vis, j'allais dire, oui. J'ai
besoin de la musique pour vivre, pour survivre. J'ai besoin de
déposer mes mots. Et, c'est ce pour quoi je suis
rentrée en studio assez rapidement, finalement.
Hit West : Alors,
pour ce nouvel album Bleu
Noir, Mylène, vous avez fait appel à
RedOne qui a produit notamment des titres pour Mika, Enrique Iglesias,
Kylie Minogue ou encore Lady Gaga, entre autres. Vous avez longremps
collaboré avec Laurent Boutonnat. Qu'est ce qui vous a
poussé à vous tourner notamment vers RedOne ?
Mylène Farmer : Alors, en tout cas, pour les trois
participants, si je puis dire, c'est une question de rencontres avant
tout. Je vais commencer plus par.... après je vous
répondrai pour RedOne. Mais, je connais Moby depuis de
nombreuses années maintenant. Archive est un groupe que je
connais aussi depuis de nombreuses années. Et, j'avais envie
communément de marier, si je puis dire, nos univers. Et,
RedOne est le dernier que j'ai rencontré. Il y a peu de
temps finalement. Et, c'est parce que Pascal Nègre m'avait
parlé de cet homme-là, de ce compositeur et
producteur. C'était lors d'une soirée, ils ont
évoqué mon nom. Et, il s'est aperçu
que ce RedOne en question aimait bien mon univers, aimait bien mes
chansons. Et, j'ai eu envie de le rencontrer. Donc, j'ai envie de
rencontrer avant même le producteur, l'être humain.
Nous sommes restés quelques heures ensemble et,
voilà, je me suis dit, ce serait bien d'essayer de tenter
quelque chose. Et, il m'a proposé plus tard Oui mais... Non et
puis le deuxième titre.
Hit West :
Finalement, avec ces nouvelles collaborations, vous en parliez
à l'instant, Moby, Archive, RedOne : est-ce que vous
cherchiez un nouvel univers que vous n'aviez peut-être pas
exploité jusqu'à présent ?
Mylène Farmer : Là encore, il y a vraiment une
absence, j'allais dire de préméditation parce
qu'il s'agit à nouveau, je vais me
répéter, de rencontres, d'hommes. Moby m'a
envoyé un jour un cd qui comportait, je crois, dix-sept
maquettes. Et, j'en ai choisi six. Ça s'est fait assez
spontanément. Voilà. Envie de poser tout de suite
des mots sur ces musiques. Et, de la même façon
avec Archive, nous avions l'envie, là encore, de travailler
ensemble. Et puis, ça s'est fait, là encore,
spontanément. Au risque de me répéter,
c'est plus...tout
ça, ça naît de pulsions, de
désirs, d'envies. Voilà, c'est quelques chose de
plus doux que de... 'qu'est-ce que je vais faire demain, etc, etc... ?'
Hit West : Vous
retravaillerez avec Laurent Boutonnat ?
Mylène Farmer : Bien sûr. Bien
sûr, bien sûr !
Hit West :
Peut-être pour un prochain album ?
Mylène Farmer : Probablement. Et, j'espère le
prochain album, oui. Laurent était occupé, lui,
parce que c'est aussi quelqu'un qui est doué et qui aime le
cinéma. Il est doué pour le cinéma.
Et, c'est quelqu'un qui, actuellement, est en train d'écrire
un scénario. C'est aussi ce pour quoi nous ne pouvions pas
nous réunir pour ce projet.
Hit West : Ce soir,
Mylène, c'est l'occasion de découvrir ce nouvel
album Bleu Noir qui
est disponible depuis lundi. On va découvrir des extraits de
cet album comme Toi
l'amour qu'on écoute maintenant sur Hit West.
Vous avez travaillé aux côtés de Moby.
Diffusion de Toi l'amour
Hit West : Quand vous
travaillez sur un nouvel album, est-ce que vous
pensez un petit peu à la scène ou alors est-ce
que vous vous concentrez entièrement sur votre opus ?
Mylène
Farmer : Non, je me concentre
vraiment sur l'album en question. Maintenant, c'est vrai que parfois
quand un titre... un titre peut vous interpeller et vous pouvez penser,
oui, à des images de scène. Vous pouvez penser
à : 'tiens, ce titre aurait une énergie pour une
introduction de spectacle ou, celui-ci pourrait être pour une
fin de spectacle'. Il y a forcément des images qui viennent,
oui.
Hit West : Vous
êtes, Mylène, une des rares
artistes françaises à proposer des shows
incroyables, très, très attendus. On en ressort
à chaque fois conquis, on se prend même une claque
à chaque fi n de concert. (Rires de
Mylène.) Est-ce qu'on peut imaginer
qu'un jour Mylène Farmer puisse aller vers quelque chose de
plus intimiste, pour le coup, moins spectaculaire ?
Mylène
Farmer : Non ! (Rires.)
Non ! Pour la bonne raison... si on veut parler
d'intimité, moi, j'ai toujours eu la sensation - alors
peut-être avec prétention - mais, en tout cas, le
sentiment et le ressenti que de créer une
intimité même si il y a devant moi un parterre de
10 000 - 15 000 - 80 000 personnes. Il y a des moments de
grâce comme ça. Je crois qu'elles sont... parce
que j'ai... non, je n'ai pas, il y a un public qui m'entoure qui est
assez incroyable, réceptif, qui est exigeant aussi. Mais,
qui m'offre ces moments de grâce. Donc, voilà,
pour conclure: l'intimité pour moi n'est pas uniquement une
capacité, ni une petite salle, ni moins d'effets. Et,
j'aime, j'aime le surdimensionné. Qu'y puis-je ? (Rires.)
Hit West : Nous aussi !
Ca tombe bien. Dans un instant,
Mylène, on va parler de vos passions. Il ya bien
sûr la chanson, il y a le dessin et le cinéma
puisque vous avez prêté votre voix au personnage
Sélénia de Luc Besson pour "Arthur et les
minimoys". On revient dans un instant sur Hit West.
Diffusion de
Appelle mon numéro.
Hit West :
Mylène, vous avez d'autres talents. On sait que
vous aimez beaucoup le dessin. Vous avez réalisé
les dessins du clip C'est
une belle journée, c'était il y a
quelques années, en 2001. (Mylène acquiesce.)
Vous avez aussi prêté votre voix à
Sélénia le personnage de Luc Besson dans "Arthur
et les minimoys". Ce sont des sas de décompression pour vous
?
Mylène
Farmer : Certainement. En tout
cas, ce sont des expériences qui sont toujours et
intéressantes, enrichissantes, parfois même
drôles. Pour "Arthur et les minimoys", c'est beaucoup,
beaucoup de travail. On est souvent sept à huit heures
d'affilée derrière un micro, concentré
sur un écran et une bande qui défile. Mais, ce
sont aussi des éclats de rire, une connivence avec Luc
Besson et puis, et puis, c'est un exercice qui est tout nouveau pour
moi et qui est très intéressant, je dois dire.
Hit West : Le
dessin, ça fait un petit bout de temps ?
Mylène Farmer : Le dessin, là pour le coup, c'est
surtout en studio que, pendant les longues heures qui passent, qui
défilent, où j'ai un crayon et je me mets
à dessiner. Un petit personnage est né qui est
celui de Lisa, Lonely Lisa. J'aime dessiner, je crois que ça
me calme, ça m'apaise.
Hit West : Vous
êtes, Mylène, une des premières
artistes françaises à avoir
réalisé des clips sous forme de courts
métrages. Est-ce que ça a
été pour vous une façon d'explorer le
septième art ?
Mylène Farmer : Peut-être inconsciemment et puis,
plus tard, consciemment. Mais, c'est vrai que Laurent Boutonnat,
puisque c'est lui qui était majoritairement le
réalisateur de ces tous premiers clips... nous sommes l'un
et l'autre nés de la musique mais, pour autant, nous
étions l'un et l'autre très attirés
par le cinéma. Moi, de mon côté, je
prenais des cours de théâtre au Cours Florent et,
lui, déjà, commençait et avait
réalisé, je crois, son premier long
métrage à dix-sept ans. Et puis, pour prolonger
cette réponse, j'ai eu la chance aussi de rencontrer des
cinéastes que j'adore comme Abel Ferrara et...
évidemment je vais oublier les autres : Luc Besson, bien
sûr, un réalisateur espagnol, un
réalisateur chinois qui m'apportent à chaque fois
un univers qui est le leur et qui finit par se fondre au mien. C'est
passionnant. Et, j'espère, d'ailleurs, dans l'avenir
retourner vers des réalisateurs de cinéma.
Peut-être !
Hit West :
Mylène, on a parlé il y a quelques instants de C'est une belle
journée. Je vous propose de le
réécouter maintenant sur Hit West.
Diffusion de C'est une
belle journée.
Hit West : Alors,
Mylène, Michael Jackson nous a quittés il y a un
peu plus d'un an maintenant. Voue êtes de la même
génération. Il a été, lui
aussi, un des premiers à travailler ses clips sous forme de
courts métrages et à faire des shows incroyables.
C'est un artiste qui vous a influencée ?
Mylène Farmer : Là encore, je ne sais pas si
c'est en terme d'influence. En tout cas, c'est quelqu'un dont
j'appréciais énormément, et le
travail, la personnalité. Un être
cabossé, un être... C'était un
génie de toute façon. Je crois qu'il y en a un et
il n'y en aura pas d'autre. Vous dire qu'il me manque : oui ! Vous
n'avez pas posé la question, mais je vous le dis, oui ! J'ai
vu tous ses spectacles. Non, c'est quelqu'un d'incroyable, c'est
quelqu'un presque d'une autre planète.
Hit West : Les shows de
Michael Jackson vous on ont donné
des frissons ?
Mylène
Farmer : Bien sûr. Oui.
Parce que, là encore, il y a
énormément de travail. Mais, une fois que ce
travail est, comment dirais-je, digéré, parce que
là, on parle de répétitions,
après, on ne voit plus qu'une personne mais, c'est
l'âme de cette personne qui émerge. Et, c'est ce
qui m'intéresse, moi, aussi, dans le spectacle. C'est,
certes, beaucoup d'effets, des artifices, une préparation
mais, tout ça n'existe pas si il n'y pas la personne, au
milieu, qui va faire vivre et, si il n'y a pas surtout le public qui va
répondre à cet émerveillement.
Hit West : On est avec
vous Mylène pendant quelques minutes
encore. Votre album Bleu
Noir est donc sorti lundi dernier. Vous pensez
déjà à votre prochain retour sur
scène ?
Mylène
Farmer : Pour l'instant, non.
C'est trop prématuré. Non. Je crois que j'aurai
envie d'écrire un autre album et puis, de
présenter un spectacle, alors.
Hit West :
Dernière question, Mylène, que vous
vous posez peut-être parfois. Si la chanson n'avait pas
été votre voie, qu'auriez-vous fait ?
Mylène
Farmer : Je vais vous
répondre quelque chose de très dramatique. Je
pense que je ne serais plus là. Tout simplement. J'ai un
cadeau immense qu'on m'a fait, je ne sais pas d'où il vient,
mais... Que de pouvoir poser mes mots justement parce que
c'était quelque chose d'essentiel à ma bonne
santé, on va dire. Donc, j'ai la chance et j'ai de la chance.
Hit West : Merci
Mylène Farmer de nous avoir
reçus et d'avoir répondu à toutes nos
questions !
Mylène
Farmer : C'est moi. Merci beaucoup
!