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Mylène Farmer - Interview - Le Journal du dimanche - 08 janvier 2006






Interview avant les premiers concerts à Bercy. Mylène a souhaité ne rien révéler sur le spectacle et garder pour son public "les nouveautés et les surprises".
Entretien centré sur sa collaboration avec Franck Sorbier qui a créé les costumes pour ce spectacle.


Mylène Farmer, à quelques jours de votre premier concert, quel est votre état d'esprit?
Hypersensible. Angoissée. J'ai la peur au ventre. Mais je me sens, aussi et surtout, très heureuse, tellement heureuse de retrouver mes fans. Il s'agira de l'un des moments essentiels de ma vie. J'ai hâte.


Pour votre retour sur scène, vous cherchiez des idées pas cousues de fil blanc et un couturier qui vous taille des costumes dans l'étoffe de ses rêves.
J'avais une seule idée en tête. Trouver quelqu'un ayant un véritable univers, et des correspondances avec le mien. Le hasard me l'a fait rencontrer en la personne de Franck Sorbier.


Que vous ne connaissiez pas auparavant?
J'avoue. Ce qui n'a rien d'étonnant puisque non seulement je n'assiste pas aux défilés de couture, mais encore je ne sors jamais.


Puisque vous ne mettez jamais les pieds dehors, comment alors l'avez-vous découvert?
Chez moi, j'ai vu dans un magazine un joli reportage sur les préparatifs et les répétitions d'un opéra magnifique, La Traviata. Je suis tombée en admiration devant l'une des robes de l'une des cantatrices. Elle était longue, façon Second Empire revisité. Elle s'étalait rouge sang. Somptueuse, gigantesque. Comme une coulée de tissu, une cascade de lave voluptueuse. J'ai compris immédiatement que c'était là le genre de tenue que j'attendais. Un coup de foudre et une évidence.


Alors votre première rencontre?
En silence. Je lui avais demandé de venir à moi. Seul. Franck est quelqu'un d'extrêmement secret qui ne sort pas facilement de sa réserve et qui ne trahit pas aisément ses émotions. Un langage que je comprends très bien. Nous nous sommes d'emblée reconnus et bien entendus, sans avoir à nous parler. Nous vivons, l'un et l'autre, dans le doute permanent. Avec, par dessus-tout, le souci du travail très bien fait.


Qui a donné les idées à l'autre?
Franck n'était pas, je crois, plus familier de mon univers que je ne l'étais du sien. J'avais des thèmes en tête quant aux décors et quant aux costumes.


Etes-vous intervenue dans leur élaboration?
Oui. A partir des croquis qui m'ont été proposés. J'ai découvert les métiers à l'ancienne qui composent le monde de la haute couture. Je n'ignore plus rien du vocabulaire des tissus. J'ai partagé toutes les étapes de la création. Nous sommes partis de choses existantes, revisitées par moi. Au final, ce ne sont pas des costumes que je porte, ce sont ces costumes, fous et insensés, qui me portent et me transportent. Chacun des sept.


Qu'allez-vous faire de vos costumes, le spectacle terminé?
Je vais les garder chez moi. Tous les garder. J'ai même déjà acheté des mannequins de modéliste pour les mettre dans une pièce.


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