Interview
avant les premiers concerts à Bercy. Mylène a
souhaité ne rien révéler sur le
spectacle et
garder pour son public "les nouveautés et les surprises".
Entretien centré sur sa collaboration avec Franck Sorbier
qui a créé les costumes pour ce spectacle.
Mylène Farmer,
à quelques jours de votre premier concert, quel est votre
état d'esprit?
Hypersensible. Angoissée. J'ai la peur au ventre. Mais je me
sens, aussi et surtout, très heureuse, tellement heureuse de
retrouver mes fans. Il s'agira de l'un des moments essentiels de ma
vie. J'ai hâte.
Pour votre retour
sur scène, vous cherchiez des idées pas cousues
de fil blanc et un couturier qui vous taille des costumes dans
l'étoffe de ses rêves.
J'avais une seule idée en tête. Trouver quelqu'un
ayant un véritable univers, et des correspondances avec le
mien. Le hasard me l'a fait rencontrer en la personne de Franck Sorbier.
Que vous ne
connaissiez pas auparavant?
J'avoue. Ce qui n'a rien d'étonnant puisque non seulement je
n'assiste pas aux défilés de couture, mais encore
je ne sors jamais.
Puisque vous ne
mettez jamais les pieds dehors, comment alors l'avez-vous
découvert?
Chez moi, j'ai vu dans un magazine un joli reportage sur les
préparatifs et les répétitions d'un
opéra magnifique, La
Traviata. Je suis tombée en
admiration devant l'une des robes de l'une des cantatrices. Elle
était longue, façon Second Empire
revisité. Elle s'étalait rouge sang. Somptueuse,
gigantesque. Comme une coulée de tissu, une cascade de lave
voluptueuse. J'ai compris immédiatement que
c'était là le genre de tenue que j'attendais. Un
coup de foudre et une évidence.
Alors votre
première rencontre?
En silence. Je lui avais demandé de venir à moi.
Seul. Franck est quelqu'un d'extrêmement secret qui ne sort
pas facilement de sa réserve et qui ne trahit pas
aisément ses émotions. Un langage que je
comprends très bien. Nous nous sommes d'emblée
reconnus et bien entendus, sans avoir à nous parler. Nous
vivons, l'un et l'autre, dans le doute permanent. Avec, par
dessus-tout,
le souci du travail très bien fait.
Qui a
donné les idées à l'autre?
Franck n'était pas, je crois, plus familier de mon univers
que je ne l'étais du sien. J'avais des thèmes en
tête quant aux décors et quant aux costumes.
Etes-vous
intervenue dans leur élaboration?
Oui. A partir des croquis qui m'ont été
proposés. J'ai découvert les métiers
à l'ancienne qui composent le monde de la haute couture. Je
n'ignore plus rien du vocabulaire des tissus. J'ai partagé
toutes les étapes de la création. Nous sommes
partis de choses existantes, revisitées par moi. Au final,
ce ne sont pas des costumes que je porte, ce sont ces costumes, fous et
insensés, qui me portent et me transportent. Chacun des sept.
Qu'allez-vous faire
de vos costumes, le spectacle terminé?
Je vais les garder chez moi. Tous les garder. J'ai même
déjà acheté des mannequins de
modéliste pour les mettre dans une pièce.